Big in Japan

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Nihongo o hanashimasu ka ? Parlez-vous japonais ? Les séries télé, elles, semblent avoir pris des cours de langue nippone ces dernières années. La mode est arrivée par Heroes et son geek tokyoïte Hiro, il y a un peu plus de trois ans. Des scènes entières de la série apparaissent alors en V.O, simplement accompagnées de sous-titres. Impensable il y a quelques années, dans un univers télévisuel où le confort du client, habitué à sa langue maternelle, était roi. Il y a deux semaines, rebelote. Cette fois-ci, c’est une autre série chargée en héroïsme qui se risque au japonais, Flashforward. Un épisode entier nous amène à Tokyo, où un Américain cherche la jeune Japonaise qui, selon lui, changera sa vie (la série met en scène une humanité consciente de son futur six mois à l’avance). La semaine suivante, c’est à Hong-Kong que Flashforward posera ses valises. Lost, avec ses deux héros Coréens, a elle aussi un pied en Asie…

Comment expliquer ce regard vers l’Est des séries américaines ? Disons d’abord que la pratique des langues étrangères n’est pas totalement une nouveauté. Cela fait bien longtemps que le chic du chic consiste à faire causer des personnages dans une langue « exotique », que ce soit en arabe – un paquet de méchants barbus depuis le 11 septembre – ou en français – très romantique, puis très suspect après le refus du gouvernement Villepin de s’engager en Irak. Heroes, Lost ou Flashforward sont plus que des séries intéressées par les cours de langue, ce sont des programmes fondamentalement internationaux, pensés pour convaincre les téléspectateurs de la planète entière qu’ils sont concernés par leurs histoires. Autrement dit, des séries globales.

En déplaçant une partie de leurs intrigues à l’étranger, elles tentent de se rapprocher de leurs fans. Contrairement à l’époque d’Alias, où une carte postale de Paris suffisait à nous faire comprendre que l’action se déroulait à Montmartre, Flashforward, Lost et Heroes travaillent la crédibilité des décors, tentent par tous les moyens de nous faire croire qu’on est à Tokyo, Hong-Kong ou Seoul – souvent avec succès. En revanche, quand Flashforward se déplace en Allemagne, rien n’est fait pour nous y faire croire – on y trouve juste un nazi, ce qui est un peu court.

Pourquoi ce souci de précision avec l’Asie ? Sans doute, surtout dans le cas de Heroes, parce que le Japon est indéniablement un pays de superhéros, culture manga oblige. Sans doute aussi parce que l’Asie conserve une part de mystère, de fascination exotique parfaitement adaptée à ces séries, notamment à travers des coutumes – à chaque fois lourdement soulignées via des figures paternelles strictes – lointaines de celles de l’Amérique, qui font l’ADN des séries. Enfin, bien entendu, parce que les Japonais, les Chinois et les Coréens sont de grands consommateurs de séries, et que le marché asiatique a été trop longtemps réduit aux horreurs du Vietnam, puis laissé en jachère…

Flashforward

Lost

9 commentaires pour “Big in Japan”

  1. Ce qui vaut aussi pour le cinéma! Et depuis bien plus longtemps, mais allant en s’intensifiant. Avec comme dernier magnifique exemple l’ode ridicule au “made in china” dans le pitoyable 2012.

  2. Le point de départ est intéressant mais le dernier paragraphe n’a vraiment aucun sens.

    L’auteur confond l’Asie avec les trois pays dont il parle ( Chine, Japon, Corée du Sud ) et nous balance de ci, de là des vérités sorties d’on ne sait pas où.

    “parce que le Japon est indéniablement un pays de superhéros, culture manga oblige”

    Si ce n’est pas un raccourci, je ne sais pas ce que c’est. La culture du super-héros est essentiellement américaine ( états-unienne pour être précis ) et les mangas n’ont rien à voir là-dedans. L’ignorance de l’auteur n’en est que plus flagrante.

    Il est intéressant de constater l’évolution des séries américaines vers des décors plus variés, des situations plus crédibles et une meilleure acceptation de voir des acteurs parler dans une autre langue que celle du téléspectateur américain.

    Cette évolution est due au fait que les producteurs arrêtent de sous-estimer l’intelligence du spectateur à comprendre des actions qui se passent dans des lieux exotique (dans son sens premier) et qui enrichissent la série, et elle est permise par une augmentation considérable du budget des séries qui dépassent maintenant celui de nombreuses productions cinématographiques hollywoodiennes.

    Cette augmentation hollywoodienne est possible grâce aux débouchés plus nombreux offerts par une série dite globale.

    Slate, entre ses articles mal traduits et ses mauvais articles en français me fait de la peine mais la marge de progression n’en est que plus grande.

  3. Cher ganondorf,

    Je suis navré que mon travail ne vous convienne pas.Il s’agit d’un blog, où j’exprime une opinion du moment. Dans sa forme, il se veut léger et sans gravité… Permettez-moi cependant de ne pas être d’accord avec votre jugement de “raccourci” : la Japon est bien un pays de superhéros : Dragon Ball, Bioman, Godldorak, les Chevaliers du Zodiac, Albator et j’en passe, ce ne sont pas des champions olympiques de judo à ce que je sache ? 🙂
    Cela étant dit, merci pour votre regard critique… J’espère à l’avenir “progresser” et être à la hauteur de vos attentes.

    Cordialement,

    P.L

  4. Cher PL,

    veuillez pardonner ma virulence. Comprenez que j’attendais beaucoup de la deuxième partie de votre l’article car je suis un téléspectateur assidu et critique des séries américaine de qualité et un fan absolu de la culture japonaise en général et des manga en particuliers.

    Dans un commentaire, j’essaie d’écrire ce que je pense, souvent sous le coup de la passion, je clique “envoyer”, je me relis, et je comprends que j’aurais pu mieux le dire. Encore une fois, j’étais en mode “super saïen” cher à Sangoku et j’ai pu me laisser emporter.

    Quitte à me répeter la phrase “parce que le Japon est indéniablement un pays de superhéros, culture manga oblige” me pose un double problème.
    – Pour une question de logique pure, la phrase permet un tour de passe-passe du type (je schématise) Japon = manga = super-héros
    QED
    Non, non et non, l’expression “manga oblige” n’a de sens qu’avec une implication stricte manga implique super-héros

    – L’acception du terme super-héros ne correspond pas du tout ( à mon humble avis ) à la culture manga.
    L’énumération proposée confirme une connaissance parcellaire du sujet : Bioman est une série sentaï alors que le reste sont des manga adaptés plus à la télévision avec le succès que l’on connaît. Si on peut rapprocher le sentaï des super-héros, sachez que le manga n’y a rien à voir.
    Le saviez-vous ?
    Alcor, personnage secondaire de la série Goldorak a été champion national de judo dans l’épisode 109, non diffusé en France, de la série Mazinger Z. Je ne pensais pas non plus.

    N’oublions jamais de nous occuper des choses légères avec sérieux, et de considérer les choses sérieuses avec légèreté.

    Votre politesse vous honore

    LGG (le grand ganondorf)

    permettez de nuancer mon propos

  5. « Contrairement à l’époque d’Alias, où une carte postale de Paris suffisait à nous faire comprendre que l’action se déroulait à Montmartre, »

    Comment on peut se vautrer comme ça ? Si Alias a pu utiliser parfois de gros clichés, elle a été la première à les dépasser et à introduire des dialogues en langues étrangères y compris par les personnages principaux. C’est même l’une des marques de fabrique de J.J. Abrams (Alias, Lost, MI3, Fringe)

    http://www.imdb.fr/title/tt0285333/

    Langue:
    Bulgare | Anglais | Arabe | Cantonais | Français | Allemand | Hébreu | Hindi | Hongrois | Indonésien | Italien | Japonais | Portugais | Roumain | Russe | Espagnol | Thaïlandais | Ukrainian | Uzbek | Hollandais

  6. Cher ganondorf,

    Je vous l’accorde, manga n’est pas = à superhéros. Ce n’est d’ailleurs pas ce que je voulais dire. J’entendais simplement que le Japon est, à sa manière, un pays qui aime les superhéros.
    Si ça peu vous rassurer, je suis moi-même en permanence en mode super saïen, version Broly privé de gouter… Décidément, ce post m’aura coûté cher. Errare Humanum Est…

  7. Cher Personne,
    Pas de panique, je ne dis pas qu’Alias n’a pas fait parler les gens dans toutes ces langues, je ne parle que des décors qui, avouez-le, étaient assez rudimentaires… Quant à votre jugement de “vautrage”, il n’engage que vous…
    Cordialement.
    P.L

  8. Sed perseverare diabolicum

    Pas de “vautrage non plus pour moi” en ce qui concerne la série Alias. Sydney enfile une perruque, change de vêtements et hop, elle devient quelqu’un d’autre. Les décors…n’en parlons pas, ils étaient tous plus minables les uns que les autres; une carte postale de la Tour Eiffel ET un personnage qui balance trois mots en français nous faisaient voyager pour peu de frais. Usage de stéréotypes obligatoires, mais, que voulez-vous ma bonne dame, il faut bien ça pour l’Américain moyen.

    Comme expliqué précédemment, ceci était dû à des questions d’argent. Avec le succès, M. Abbrams a pu faire des séries plus crédibles et inclure plein d’étrangers dedans.

    Moi aussi je peux citer Imdb
    http://www.imdb.com/title/tt0285333/goofs

    Pour ceux qui savent pas lire l’anglais, en gros, Alias est bidon sur la géographie et se moque du téléspectateur.

    Fusion !

  9. Dans ce cas quelle est la différence avec Heroes ? Un otaku salaryman frustré qui va se poivrer la gueule avec un collègue dans un karaoké et dont le fantasme est d’aller espionner les filles dans les toilettes. On a même droit à un plan sur le carrefour de Shibuya dans un coin pour faire encore plus cliché…

    Et ne parlons pas de FastForward, la japonaise surdiplômée embauché dans une société de robotique pour servir le thé qui veut s’échapper de sa vie étouffante et dont la mère cherche à arranger le mariage. Un sushibar, une maison en bois et hop on à notre dose de clichés.

    La différence est peut-être d’en avoir fait des personnages à part entière mais les clichés restent les mêmes.

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