«The Wire» enseigné à Harvard

omarDisons le une fois pour toute : la meilleure série de l’histoire du petit écran s’appelle The Wire, Sur Ecoute en V.F. Ce n’est pas un choix très original – la grande majorité des critiques s’accorde sur les immenses qualités de cette série – mais nous aurons largement le temps de défendre dans ce blog d’autres séries plus contestables… The Wire, produite et diffusée par HBO de 2002 à 2008 (actuellement sur Orange Cinéma Séries chez nous), suit le quotidien des stups, des dealers, des gangsters de tous rangs et des politiciens de Baltimore, une des villes les plus pauvres de la côte Est américaine. Un chef d’œuvre de réalisme, écrit et produit par David Simon, un ancien journaliste infiltré des mois durant dans le monde cru, violent et sans pitié qu’il met en scène. Interprétation magistrale, scénarios brillantissimes, dialogues d’une justesse et d’une force jamais atteintes à la télévision, The Wire est aussi un portrait sans concession des disfonctionnement de l’Amérique, de sa misère et de sa violence.

Comparé par de nombreux critiques à un véritable roman, The Wire a reçu dernièrement certains honneurs universitaires, et s’apprête à être au cœur d’un cours régulier de la prestigieuse université d’Harvard, qui s’attardera sur la pauvreté en Amérique via ce qu’en montre la série. C’est le professeur William J. Wilson, un des spécialistes de l’histoire afro-américaine les plus fameux du pays, fan de The Wire, qui assurera cet enseignement. L’annonce a été faite durant un colloque qui s’est tenu fin octobre à Harvard autour de certains des acteurs de la série. «Je pense que The Wire a fait plus pour nous aider à comprendre et à saisir les enjeux de la vie urbaine et ses inégalités que n’importe quel autre événement médiatique ou étude universitaire», explique William J. Wilson. Déjà, en avril 2008, il avait invité David Simon a venir discuter de l’impact de sa série dans le débat social et de ses éventuelles conséquences sur la société elle même.


Une série peut-elle vraiment faire avancer la société, en lui tendant un miroir inédit, capable de souligner habillement ses travers et les conséquences tragiques de ses disfonctionnements ? The Wire, considérée comme «la plus grande série de tous les temps que personne n’a jamais vue», n’a sans doute qu’un impact limité sur ceux qui sont directement concernés par le problèmes, ceux qui dealent, ceux qui trainent et qui souffrent pour de bon de la violence urbaine. Suivie de près par les intellectuels et les dirigeants – Barack Obama a avoué durant la campagne présidentielle que The Wire est sa série préférée et Omar, un gangster homosexuel braqueur de dealers (photo), son héros favori – Sur Ecoute a en revanche le pouvoir de provoquer le débat et, qui sait, de modifier les politiques de la ville de certaines métropoles confrontées à la misère et au crime.

Certains jugeront que cette utilisation universitaire de la série – déjà expérimentée dans le passé par l’Université de Duke (Caroline du Nord) et le Middlebury Collège (Vermont) – n’est qu’un énième bavardage théorique sans retombées réelles possibles. Les anciens producteurs et acteurs de The Wire espèrent eux en faire une tribune supplémentaire pour promouvoir leur association, Rewired, qui vient en aide aux jeunes des quartiers de Baltimore filmés dans la série. Une application bien réelles d’un phénomène encore marginal en France : l’approche sérieuse d’une œuvre télévisuelle par les plus hautes autorités intellectuelles du pays…

7 commentaires pour “«The Wire» enseigné à Harvard”

  1. Costaud

  2. euh ouais pas super la conclusion de l’article. Je sais qu’on a pensé à payer les élèves pour aller en cours mais si on en vient à étudier Julie Lescaut pour régler les problèmes de sécurité alors on est franchement mal barré.

    Nan plus sérieusement cette série est absolument mythique et tous ceux qui parlent, mangent et rêvent de vivre américain feraient bien de regarder cette série pour voir la différence entre ce que Hollywood nous vend et la réalité du terrain…

  3. je regrette de l’avoir déjà vue tellement elle est top!

  4. “Nan plus sérieusement cette série est absolument mythique et tous ceux qui parlent, mangent et rêvent de vivre américain feraient bien de regarder cette série pour voir la différence entre ce que Hollywood nous vend et la réalité du terrain…”

    Attention quand, c’est la “réalité” de Baltimore et de certaines villes US, mais les EUA n’ont pas qu’une seule facette.

  5. Cette série fait aussi l’objet de cours de philo en M2 à l’université de Nice Sophia Antipolis dans les Alpes maritimes…

  6. Le boulot fait par toute l’équipe, des scénaristes au comédiens, la prod, réal, dir photo et tous ces noms un peu frime mais qui ici disent “mains dans le cambouis”, est phénoménal. Avec une mention spéciale au casting figuration et les scènes de rue généralement confiées aux assistants. Je guette l’arrivée de Lehane, je ne sais pas quand, je n’en suis qu’à la saison 2. J’y vais doucement, je sais qu’après, ça va être assez difficile… Déjà fini Oz et Dexter… Avec The Wire, c’est la première fois que je retrouve Cassavetes… Géant.

  7. Bonjour, je suis étudiant en philosophie et j’aimerais savoir dans quels aspects de la série cette université (Nice Sophia) trouve de la matière à une réflexion philosophique. J’ai adoré la série et je suis curieux de savoir ce qu’il peut y avoir à dire dessus!

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