La catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi est la conséquence de deux évènements naturels survenus le 11 mars 2011. Un puissant séisme d’une magnitude de 9 sur l’échelle de Richter tout d’abord, suivi d’un tsunami dont les vagues ont culminé à quatorze mètres de hauteur. Le séisme a occasionné diverses coupures d’électricité au sein des trois réacteurs à eau bouillante alors en fonctionnement sur le site de Fukushima Daiichi, provoquant un arrêt des systèmes de refroidissement des cœurs des réacteurs. Le tsunami a entraîné une inondation des locaux de la centrale, rendant impossible la mise en place de groupes électrogènes de secours, censés alimenter les systèmes de refroidissement. Bien que de possibles erreurs humaines aient été évoquées, notamment dans une publication du groupe TEPCO datant du 16 mai 2011, ces deux évènements naturels restent les causes principales de la catastrophe.
Leur conséquence principale est la fusion des cœurs des réacteurs alors en fonctionnement, qui aurait occasionné le percement de leurs cuves. « Aurait », car le phénomène n’a pas pu être vérifié. Des rejets radioactifs ont été constatés dans l’atmosphère, ainsi que dans l’océan Pacifique. Les premiers ont d’ailleurs occasionné une pollution de l’air et des sols environnant le site de Fukushima Daiichi, entraînant la nécessaire évacuation des populations locales. Cette catastrophe a été classée au niveau 7 de l’échelle INES (International Nuclear Event Scale), soit le niveau le plus élevé, et l’équivalent de celle de Tchernobyl, survenue en 1986.
Mais quelles ont été ses conséquences au niveau mondial ?
Les dirigeants européens ont adopté deux postures opposées en réaction à cette catastrophe, ce qui a eu pour effet de provoquer une réelle scission en Europe dans les choix de politique énergétique des Etats membres. Mais une amorce de politique européenne de sûreté nucléaire a par ailleurs vu le jour.
L’Allemagne par exemple, a fait le choix de revenir sur sa décision de prolonger la durée de vie de ses plus anciens réacteurs de 12 ans, prise à l’automne 2010, pour finalement en finir avec l’atome à l’horizon 2022. Ce choix, annoncé par le ministre de l’environnement le 30 mai 2011, a été approuvé un mois plus tard à une large majorité de 513 voix contre 79 par le Bundestag, fédérant alors les membres de la coalition au pouvoir et les membres de l’opposition. Il reprend l’idée initiée en 2000 par le Chancelier Gerhard Schröder, qui avait alors fait voter une loi visant l’abandon de l’atome. Alors que certains, parmi lesquels Anne Lauvergeon, alors PDG d’Areva, ont décrié cette mesure qu’ils percevaient comme purement électoraliste et destinée à endiguer la montée des partis écologistes à la suite des élections régionales, force est de constater que ce choix vient avant tout répondre à une forte attente de la population outre-Rhin, sans cesse exprimée à la suite de l’accident de Fukushima lors de manifestations, qui ont réuni jusqu’à 250.000 personnes dans les rues de Berlin, Cologne, Hambourg et Munich le 26 mars. Répondre à cette volonté constituait dès lors plutôt un simple moyen d’éviter le suicide politique pour la chancelière en place. Et de cette menace d’une montée des idéaux antinucléaires, en mesure de faire déchanter ses rêves de réélection, elle a tiré une opportunité de s’ériger comme la chancelière qui aura enclenché le virage vert allemand. Mais l’enclencher n’est pas tout, encore faudra-t-il transformer l’essai, et le défi s’annonce de taille. Il représente en effet un investissement colossal en vue de mettre en place les sources d’énergie de demain, dont la principale pour l’Allemagne sera l’éolien offshore, et de déployer de nouveaux réseaux de transport d’électricité. Le développement de ces derniers sera essentiel afin d’éviter que le Sud du pays, où l’industrie qui requiert de l’énergie est très présente, ne se retrouve pas en situation de pénurie.
Comme l’Allemagne, l’Italie a renoncé au nucléaire, mais par le biais d’un référendum, qui s’est tenu les 12 et 13 juin 2011. A cette occasion, 95% des votants se sont prononcé contre tout programme de relance de l’atome. Ce choix n’a pas eu le même impact qu’outre Rhin, puisque les Italiens avaient déjà, à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, exprimé leur rejet de l’atome. Chez nos voisins transalpins, ce « non » a connu deux causes majeures. La première est un rejet de la politique du gouvernement de Silvio Berlusconi, et donc une volonté de sanctionner les multiples frasques d’un Premier ministre fantasque. La deuxième, et non des moindres, tient en la crainte du risque sismique important auquel est confrontée l’Italie.
La France et la Grande-Bretagne ont pris un chemin tout autre. Bien que la France ait choisi de rationnaliser, d’ici à 2050, son choix du nucléaire et sa place dans son mix énergétique, en se lançant dans un exercice de prospective, annoncé par Eric Besson au début du mois de juillet, elle ne l’a pas moins confirmé, comme en atteste les propos du Premier ministre François Fillon qui n’a pas manqué de réaffirmer le 12 juillet « la nécessité pour la France de poursuivre ses investissements dans le nucléaire civil ». Ce qui reste tout à fait compréhensible compte tenu des choix historiques fait depuis les années 1960 et de la place que ce secteur y occupe, celui d’un symbole de l’indépendance énergétique, qui couvre aujourd’hui 75% de nos besoins en électricité. La pression populaire en France dirigée contre le nucléaire, n’aura pas eu raison de lui. Plus diffus, bien que fédérateurs, les mouvements anti-nucléaires français n’ont ainsi pas réussi à placer la question nucléaire au sommet du débat politique, contrairement à leurs homologues allemands. Au Royaume-Uni comme en France, la réponse à la crise née des évènements de Fukushima a elle aussi été pragmatique. Les Britanniques ont jugé un nouveau développement du secteur nucléaire sur leur territoire utile et efficace afin de remplir leurs ambitieux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique. Ils ont ainsi confirmé l’implantation future de huit nouvelles centrales nucléaires sur des sites côtiers, après avoir intégré les nouvelles exigences de sûreté liées à la crise japonaise, élaborées par Mike Weightman, inspecteur en chef des installations nucléaires.
Au milieu de cette cacophonie, l’Union européenne a su jouer son rôle. Ne disposant pas de pouvoirs coercitifs dans le domaine des politiques énergétiques des Etats membres, elle a tout de même réussi à placer la sûreté nucléaire comme enjeu majeur et à susciter la mise en œuvre de critères communs pour l’évaluer. Elle a également réussi à inciter les Etats membres à une coopération en la matière, formalisant un principe dit d’ « examen par les pairs ». Celui-ci entraine un droit de regard des autorités des Etats frontaliers des centrales sur la sécurité de leurs installations. Enfin, l’UE assimile de fait l’idée qu’un incident nucléaire ne connait pas de frontières.
Asie du Sud-est, entre traumatisme, réserve et action
Le traumatisme est logiquement venu du Japon, frappé de plein fouet par cette catastrophe. Au sein de ce pays dans lequel les mouvements contestataires sont peu fréquents, celle-ci a pourtant occasionné une vague de mobilisations sans précédent. Aujourd’hui, on s’interroge. Comment ce pays qui a connu les événements d’Hiroshima et Nagasaki a-t-il pu se lancer dans l’aventure du nucléaire civil sans avoir jamais suscité la moindre opposition significative ? Cela semble principalement dû à un manque d’indépendance offert à la NISA (Agence de Sureté Nucléaire japonaise), qui outre ses missions de contrôle du parc nucléaire, doit aussi promouvoir cette source d’énergie. Cela s’explique aussi par un manque de transparence de la bureaucratie japonaise. Mais les autorités semblent avoir compris le risque issu de la sismicité, et paraissent désormais enclines à développer de nouvelles sources de production d’énergie, sous l’impulsion donnée par leur Premier ministre, toujours impopulaire, Naoto Kan, qui souhaite réduire la dépendance de l’archipel à l’atome.
La Chine, pour sa part, a fait preuve de réserve en instituant un moratoire sur ses projets de construction de nouvelles centrales. Bien qu’il soit évident qu’elle les mènera à leur terme, une telle démarche est un signe fort, car il émane d’un pays bien souvent pointé du doigt pour ses technologies « low cost », dont la fiabilité est régulièrement mise en cause. Elle a ainsi démontré que la sécurité était pour elle aussi un impératif. Contrairement à l’Inde, qui semble foncer tête baissée en vue de combler les besoins énergétiques de sa population, et reste sourde aux mises en gardes lancées par les organisations écologistes sur ses projets. Elle recherche en effet actuellement un financement pour agrandir le complexe nucléaire de Jaitapur, situé dans une zone à forte sismicité, et donc soumises aux mêmes risques que le Japon.
Russie, une volonté de promouvoir la sureté mais certains progrès à faire
A la suite de la catastrophe de Fukushima, les autorités russes se sont érigées comme les défenseurs d’un secteur nucléaire sûr. Le Président Dmitri Medvedev et son Premier ministre Vladimir Poutine ont ainsi multiplié les déclarations, notamment dans le cadre du G8, prônant un durcissement des normes internationales de sécurité et des standards de l’Agence internationale de l’énergie atomique, allant jusqu’à proposer de les rendre obligatoires. Mais en parallèle de ces déclarations d’intention, on a pu constater que la Russie n’était en réalité pas maitresse chez elle. C’est un rapport de l’ONG norvégienne Bellona publié à la fin du mois de juin qui a révélé alors de nombreux cas de manquements aux règles de sécurité au sein des centrales nucléaires russes. L’ONG déplore une absence de prise en compte des risques sismiques dans les procédures de sécurité.
Etats-Unis, un soutien au nucléaire
Les Etats-Unis enfin ont maintenu leur soutien au secteur nucléaire. Confrontés à un vieillissement de leurs infrastructures, ils devront cependant réaliser d’importants investissements pour leur permettre de continuer à fonctionner. Le Président Barack Obama souhaite ainsi poursuivre le politique de relance de constructions de centrales nucléaires, annoncée en février 2010, qui était à l’arrêt depuis l’accident de la centrale de Three Mile Island en 1979, bien qu’il ait ordonné, à la suite de la catastrophe de Fukushima, un réexamen complet de la sûreté nucléaire dans le pays. Les autorités diplomatiques américaines ont par ailleurs cherché à diversifier les débouchés de leurs industriels dans ce secteur, multipliant les rencontres, avec l’Inde notamment, mais aussi et ce plus discrètement, avec l’Arabie Saoudite.
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La majorité des Français est consciente de l’impact de la consommation sur l’environnement. C’est ce qu’a révélé le baromètre annuel d’Ethicity et de l’ADEME « Les Français et la consommation durable », présenté à l’occasion de la semaine du développement durable 2011. Sept Français sur dix jugent que la consommation de produits respectueux de l’environnement est devenue une « nécessité » (contre deux sur dix en 2009). 60% des personnes interrogées se disent mêmes prêtes à payer un peu plus cher pour des produits respectueux de l’environnement. Mais les comportements des Français reflètent-ils les discours ?
Un passage à l’acte encore limité
La préoccupation à l’égard de l’environnement est une sensibilité montante chez les citoyens, qui sont désormais conscients de leur responsabilité mais aussi de leur marge d’action. Dans un contexte de défiance vis-à-vis des politiques et des grandes entreprises, l’individu s’en remet à lui-même pour agir concrètement en faveur de l’environnement. Selon l’édition 2011 de l’Observatoire Ifop du Développement Durable, 77% pensent que les actes individuels peuvent contribuer à protéger l’environnement. Une opinion mise en œuvre au quotidien à travers les éco-gestes – tels que trier ses déchets, ne pas laisser couler l’eau ou éteindre les appareils électriques au lieu de les laisser en veille -, répandus chez plus de ¾ des Français. En revanche, la consommation verte (aussi appelée consommation durable ou responsable) est loin d’être autant intégrée dans nos habitudes de consommation.
Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), la ‘consommation durable’ est “l’utilisation de biens et de services qui répondent aux besoins essentiels et améliorent la qualité de vie, tout en minimisant l’utilisation des ressources naturelles, les matières toxiques et les déchets et émissions de polluants, de manière à ne pas compromettre les besoins des générations futures”.
Le baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France de l’Agence Bio révèle qu’en 2010, seuls 43 % des Français ont consommé des produits biologiques au moins une fois par mois (contre 46 % en 2009). Selon Jean-Marie Boucher, fondateur du site ConsoGlobe (le premier portail Internet français dédié au développement durable et à la consommation responsable sous toutes ses formes), l’achat de ce type de produits ne pèse que 4% de la consommation de détail.
Si le marché du commerce équitable a progressé de 15% en 2009, il reste un marché de niche, avec un chiffre d’affaires environ dix fois inférieur à celui des produits «bio» (2,6 milliards d’euros en 2008) (source : étude «Marché du commerce équitable en France à l’horizon 2015», publiée en 2010 par le cabinet d’études sectorielles Xerfi). Une enquête réalisée par l’Observatoire Cetelem en décembre 2009 montre que seulement 10% des ménages français disent acheter «fréquemment» des produits équitables.
Malgré la forte médiatisation du succès des AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), ce système ne représente 50 000 familles et près de 200 000 consommateurs (soit un chiffre d’affaire annuel estimé à 36 millions d’euros) (source : MIRAMAP, janvier 2011).
Ces quelques résultats d’études nuancent l’idée selon laquelle les consommateurs adopteraient des comportements d’achats de plus en plus responsables et que le nombre de ces consommateurs « verts » augmenteraient. Des affirmations qui ne se reflètent pas dans les achats au détail. Mais ces décalages entre les discours et la réalité mettent surtout en lumière les contradictions des consommateurs, pris entre leurs préoccupations individuelles et les considérations du collectif social et environnemental parfois difficilement conciliables.
Consommer mieux… avant tout pour soi
La protection de l’environnement n’est pas la seule motivation ni même la priorité du consommateur responsable. L’individu est préoccupé avant tout par sa santé et le bien-être de ses proches.
« Consommer mieux » signifie pour lui d’abord d’augmenter sa qualité de vie, notamment en s’orientant vers une consommation plus qualitative. Cela se traduit par l’achat de produits plus durables et plus bénéfiques pour la santé. La santé devient ainsi le principal levier d’achat de produits « verts » pour 36% des Français, avant même le critère de préservation de l’environnement (27%) (source : Baromètre Ethicity).
Ce résultat est encore plus élevé pour les produits biologiques, puisque les effets positifs sur la santé sont la principale raison d’acheter bio pour 91% des Français, suivis de la qualité et du goût des produits (source : baromètre de l’Agence Bio).
La pollution, qui impacte la santé, est d’ailleurs la première inquiétude des Français, devant la pénurie d’eau dans le monde ou le réchauffement climatique.
Le local et la proximité sont les autres motivations d’achat de produits respectueux de l’environnement. Pour 52% des Français, un produit permettant de consommer responsable doit être fabriqué localement, afin de favoriser l’emploi pour 55% d’entre eux. L’origine des matières premières est ainsi la première information attendue sur l’étiquette.
On peut donc dire que l’écologie qui concerne le plus le consommateur est celle dont les problématiques le touchent directement au quotidien, avant même les grands enjeux planétaires. Mais c’est aussi celle dont la mise en œuvre cohabite le mieux avec ses préoccupations quotidiennes, comme la santé, son bien-être mais aussi son pouvoir d’achat. Le consommateur n’a pas nécessairement la volonté d’en payer le prix au quotidien.
Le vert toujours trop cher
En effet, le prix jugé plus élevé de ces produits « verts » est considéré comme le principal frein à l’achat pour 78% des Français. Ils sont encore nombreux (36 %) à se raviser pour l’achat de certains produits responsables pour cause de prix excessif, selon l’édition 2011 de l’étude Image Power Global Green Brands réalisée par l’institut PSB pour Cohn & Wolfe et Landor associates.
Dans un contexte de crise (perçue ou réelle) du pouvoir d’achat, tous les Français ne sont pas prêts à mettre 30 990 euros pour une voiture électrique (Nissan Leaf), 3,17 euros pour un café issu de l’agriculture biologique et du commerce équitable (Alter Eco 250g) ou 2,99 euros pour 500g de tomates bio.
Les pratiques qui n’ont pas d’incidences financières et qui plus est, permettent de faire des économies trouvent au contraire l’adhésion des consommateurs. C’est le cas des éco-gestes pour faire des économies d’eau ou d’énergie qui sont de plus en plus ancrés dans les habitudes. Mais c’est ce qui explique aussi le succès de l’autopartage, de la vente ou de la location entre particuliers, mais nous y reviendrons plus tard. Ces activités à la fois rentables économiquement et soucieuses de l’environnement sont regroupées sous l’appellation d’ « éconologie » (économie écologique).
Une communication nuisible
Le prix n’est pas le seul frein à l’achat des produits « verts ». La communication verte est également préjudiciable à la promotion de ces modes de vie responsables.
Tout d’abord, la communication des marques sème le doute chez le consommateur. L’excès de communication verte génère une confusion dans l’esprit du consommateur, qui se retrouve noyé face à une multitude de « démarches engagées » (développement durable, agriculture bio, responsabilité sociale des marques, commerce éthique), une surenchère de labels entre ceux officiels et les propres programmes crées par les marques et grands distributeurs.
Une confusion renforcée par le manque de précision et de preuves souvent volontaires des marques, à travers des pratiques de greenwashing (utilisation abusive d’un argument écologique dans une publicité sans engagement derrière). Selon la 3ème édition du baromètre sur le Développement Durable réalisé par Mondadori Publicité, les français attendent plus de preuves dans la publicité car 47% d’entre eux estiment qu’il y a trop de slogans “verts” sans preuves ou informations précises. Toutefois si les consommateurs restent méfiants et exigeants, pour la première fois depuis 2004 leur vision de l’engagement DD des entreprises s’améliore (Observatoire Ifop 2011).
Mais plus généralement, c’est l’ensemble des discours émis sur le sujet du développement durable, par les grandes entreprises mais aussi par les politiques, les ONG, les écologistes ou les médias, qui en entrainant une certaine banalisation des messages et une saturation, a eu un effet de rejet.
Cela a été très visible en 2009, qui a été une année marquée par une sur-médiatisation du sujet avec la multiplication des alertes sur le préjudice écologique et le changement climatique (les films Home d’Arths Bertrand et Le syndrome du Titanic de Nicolas Hulot, le mouvement Tcktcktck pour le sommet de Copenhague, les élections européennes, le débat autour de la taxe carbone…), créant un sentiment de sur-information qui s’est traduit par une baisse significative de la crédibilité à l’égard des publicités vertes et de l’intérêt sur le développement durable.
Un certain scepticisme s’installe même. En réponse à des discours parfois culpabilisant sur la responsabilité humaine dans les préjudices environnementaux, des interrogations et contestations émergent. Certains scientifiques, appelés ‘climato-sceptiques’ contestent la thèse d’un réchauffement climatique dû à l’homme. Une thèse qui rencontre un écho grandissant. Ces mêmes experts mettent en gardent sur les solutions du ‘Business Vert’ comme seule réponse pour remédier au réchauffement planétaire, qui serait une illusion et aurait même des effets pervers pour l’environnement. Parmi les fausses bonnes idées de croissance verte, sont pointés du doigt, entre autres : les agro-carburants qui s’avéraient plus néfastes pour l’environnement en se substituant aux cultures vivrières, la voiture électrique pas forcément écologique avec ses émissions de CO2 lors du chargement de la batterie, les lampes basse consommation qui seraient dangereuses pour la santé ou encore les importations de produits alimentaires bio qui détruiraient l’emploi dans les productions françaises et augmenteraient l’empreinte carbone.
Une consommation durable … mais avant tout économique
Pour autant, un mouvement durable et assez générale pour une nouvelle consommation est en train de se mettre en œuvre. Un mouvement que la récente crise économique a révélé et amplifié et qui prend pour nom la consommation collaborative. Il s’agit également d’un mode de consommation alternatif à celui actuellement à l’œuvre dans nos sociétés (quête de possessions individuelles et matérielles, renouvellement rapide des biens), qui à la différence de la consommation verte, va vraiment se développer car non seulement il permet d’entrer dans un mode de consommation plus durable, grâce à l’optimisation des ressources, mais surtout il permet aussi de répondre à la recherche de prix bas, qui reste une des préoccupations principales des consommateurs.
La consommation collaborative fait prévaloir l’usage sur la propriété, en s’appuyant sur l’optimisation des ressources grâce au partage, à l’échange de biens et ressources entre particuliers. Elle s’étend à de nombreux biens : de la voiture (autopartage, covoiturage, location de voitures entre particuliers) à l’habitat (colocation, location de logement entre particulier, partage temporaire et gratuit de logement), en passant par l’espace de travail (coworking), les objets dont on se sert ponctuellement ou dont on ne se sert plus, les productions individuelles jusqu’aux compétences.
La crise économique, en entrainant une dégradation (réelle ou perçue) du pouvoir d’achat, suscite une recherche d’optimisation des budgets et une vigilance quant au prix. Cela favorise (et valorise) le développement d’une culture de l’achat malin et de la bonne affaire, ainsi que la mise en place de système d’entraide, de solidarité. Ces pratiques sont également l’occasion de générer un revenu supplémentaire, en transformant une possession ou une compétence en cash.
« Tout ce qui touche au troc, à l’échange, au don, à l’entraide, à l’occasion… connaît une croissance importante » explique Jean-Marie Boucher. Il s’agit « de solutions qui touchent à la proximité, au commerce alternatif, à une consommation douce non marchande, aux bonnes affaires… qui parlent très fortement aux individus à la recherche de sens plus que d’acte politique. »
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