L’Union Européenne revoit sa stratégie sur les matières premières

drapeaux européens (préfecture de l'Aube)

Depuis le début de l’année 2011, les instances européennes travaillent à une nouvelle stratégie intégrée pour les matières premières. Les différents rapports émanant de groupes d’experts et d’élus européens mettent en avant trois axes de réflexion : sécuriser l’accès aux matières premières, déployer une stratégie soutenable d’extraction et développer le recyclage des matières premières.

Le 30 juin, la Commission Industrie, Énergie et Recherche du Parlement Européen a adopté le rapport sur l’Initiative sur les matières premières de l’Union Européenne pour formuler les nouveaux principes directeurs de la future politique européenne  relatif à l’utilisation des ressources naturelles.  Les principaux éléments figurant dans le rapport soulignent la nécessité de pallier le manque de responsabilité de certaines entreprises extractives. Le rapport vise les violations des droits de l’Homme et des droits environnementaux et sociaux.

L’Union européenne poursuit ainsi sa politique de coopération avec les pays en développement riches en ressources naturelles. Actuellement, la Banque européenne d’investissement participe au financement des infrastructures de transport, énergétiques et environnementales pour améliorer les capacités de PVD à exploiter leurs richesses naturelles. En outre, la Commission Européenne soutient l’initiative ITIE (Initiative de transparence des industries extractives) dont plusieurs géants français sont signataires, notamment Total, Areva, GDF-Suez ainsi que le groupe Eramet, l’un des leaders mondiaux de l’industrie minière.

 

Eurodéputé reinhard buetikofer

 

Le Parlement Européen s’est également saisi de cet enjeu. Le rapport Reinhard Bütikofer -du nom de l’eurodéputé Les Verts/Alliance libre Européenne et adopté le 1er juillet en Commission Industrie- a identifié 14 catégories de matières premières exploitables « critiques » -dont des terres rares- nécessitant une étude approfondie sur leur potentiel. Le rapport préconise de mener une étude approfondie sur la rentabilité des matières premières au regard de leurs débouchés dans différents secteurs dont ceux des énergies renouvelables et des nouvelles technologies.

L’objectif de cette étude serait, selon le rapport, de « donner au marché des matières premières un cadre législatif dont les contours seraient plus nets » afin de « garantir l’accès aux matières premières » et de « développer une coopération avec les pays détenteurs de ces ressources ». Un groupe d’expert devrait être nommé à cet effet d’ici à la fin de l’année 2011.

« Un signal clair en ce qui concerne la future stratégie européenne dans le domaine des matières premières »

Dans le rapport Reinhard Bütikofer, les eurodéputés se sont positionnés en faveur de l’instauration d’une expertise complète du cycle de vie des matières premières. L’objectif vise à identifier les risques et les opportunités du marché ainsi que le coût global des matières premières de leur extraction à leur consommation. Les élus européens ont mis en avant l’importance de développer des processus de recyclage des matières premières plus économiques dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles. Pour le groupe des Verts, « le recyclage et l’efficacité des ressources sont la pierre angulaire de toute stratégie globale sur les matières premières ».

Reinhard Bütikofer –dont les propos sont relayés par le site d’information européenne Euractiv et par le site des Verts– considère que le rapport est une étape importante, « un signal clair », qui montre que « l’UE doit poursuivre une politique ambitieuse dans le domaine de l’innovation basée sur le recyclage des matières premières dans le but d’encourager la durabilité et la compétitivité ». L’eurodéputé explique que dans le contexte actuel de « raréfaction des matières premières » il devient nécessaire de « prendre en compte, dans l’exploitation des matières premières, toute une série de critères environnementaux et sociaux […] respectant les objectifs et les exigences d’une vraie politique de développement ».

Ces réflexions sur l’encadrement juridique des activités extractrices et le développement du recyclage des matières premières constituent une étape préalable à la production d’une nouvelle stratégie européenne sur les matières premières. Une feuille de route sur la stratégie européenne à horizon 2050 devrait voir le jour à partir de ces travaux et permettre, pour  Reinhard Bütikofer, de bâtir « la future stratégie européenne dans le domaine des matières premières ».

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