Apres la démocratisation du covoiturage, du peer to peer, du Crowdfunding, du vélo-partage, du couchsurfing et de la colocation, avez-vous déjà entendu parler d’un modèle collaboratif d’agriculture ? Oui les modèles collaboratifs dans le secteur productif sont possibles. Ils précédaient même les modèles numériques. L’un d’entre eux existe depuis 2001 en France mais émerge lentement : avez-vous déjà entendu parler des AMAP ?
Les AMAP sont des associations d’achat direct de fruits et légumes auprès d’un agriculteur. D’abord conçu pour soutenir l’agriculture paysanne et biologique face à l’agro-industrie, le principe de l’AMAP est de créer un lien direct entre paysans et consommateurs. Ces derniers s’engagent à acheter la production de celui-ci à un prix équitable et en payant à l’avance. Sur le terrain, le consommateur paye au début de la saison ou du mois ses légumes auprès de l’association. Puis il vient chercher un panier chaque semaine sur le lieu convenu. Le panier est une division de la production de l’agriculteur entre tous les membres de l’association. Il est, à la base, prévu pour deux personnes mais fluctue en fonction de la nature des récoltes. Ayant le monopole, les consommateurs peuvent ensuite s’accorder pour que l’agriculteur s’adapte à leur consommation.
En réalité, ce système bien pensé est une sorte de transposition du commerce équitable mais dans les pays du Nord. Mais devant le prix de la main d’œuvre française, comment un tel système peut-il être rentable ? Le raccourcissement du circuit de vente et l’absence de transport permettent de diminuer considérablement les coûts. La confiance instituée dans l’association délivre également l’agriculteur des couteux labels d’agriculture biologique et des négociations de vente chronophages. Si on ajoute à cela l’absence de gâchis et d’emballages, on obtient un prix très raisonnable pour des produits d’excellente qualité.
Ce modèle d’organisation tend à s’émanciper des courants écologistes militants. Il est aujourd’hui adopté par des « consomm’acteurs », néologisme qui désigne les consommateurs éclairés mettant en pratique l’idée de « voter avec son caddie » et consommant de façon citoyenne et non plus seulement de manière consumériste.
La santé publique : chaque semaine un scandale éclabousse l’industrie agro-alimentaire. Le dernier en date étant la réelle nature des poissons dans les plats cuisinés. Les consommateurs sont déboussolés et oscillent entre révolte et cynisme. Les campagnes sont tellement polluées par les intrants que les associations environnementales doivent installer des ruches dans les villes pour protéger les abeilles. La sacrosainte espérance de vie commence même à redescendre dans certains pays occidentaux. Les AMAP s’inscrivent dans une tendance de déconsommation, qui consiste à passer de la surabondance à la sélection des produits.
La relocalisation de l’emploi : on a tous été victimes du chantage au « consommez français » qui sous-entend que s’il n’y a plus d’emploi en France c’est de la faute du consommateur. Dans la pratique, le patriotisme économique est une lutte de tous les jours. En plus du prix excessif, cela demande un investissement personnel considérable qui déroute même les plus idéalistes. Si l’on sait qui on fait travailler, tout devient plus simple.
La reconquête de la souveraineté alimentaire des territoires : dans une situation où seules les subventions séparent la plupart des agriculteurs de la faillite, un regain d’autonomie de nos paysan devant les grandes entreprises mondialisées relèverait presque du droit des peuples à l’autodétermination. Avec des structures telles que celles des AMAP il devient possible d’avoir le choix de la sécurité alimentaire.
On a vu que le modèle de circuit court présentait des solutions concrètes et réalistes aux problèmes que traversent l’agriculture et la société française. Mais sans volonté politique, comment rivaliser avec les subventions ?
A moyen terme, si les aides de la PAC continuaient à diminuer en 2020 comme cela a déjà été le cas en 2013, on peut imaginer un rapide déclin de l’agriculture industrielle française. Au sein de l’union européenne, des pays comme la Pologne et la Roumanie négocient déjà sévèrement pour « nos » aides.
A long terme, l’avenir de l’agriculture française est incertain. Mais si un réseau solide fait d’initiatives citoyennes maille le territoire, il pourra prendre le relais en cas de changements.
L’AMAP pourrait se révéler comme modèle agricole alternatif … ou juste comme le meilleur moyen de satisfaire vos papilles.
Pour trouver une AMAP :
Pour plus d’informations en vidéo sur le système de l’AMAP:
https://www.youtube.com/watch?v=wGv39RMrskw&noredirect=1
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