Les Gracques à la recherche d’avenir

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Bon diagnostic, pas encore de solution. C’est le sentiment qui dominait au sortir de l’université des Gracques samedi 28 novembre à Paris. La « post-gauche », comme l’a nommé le socialiste Manuel Valls, a encore beaucoup de travail, intellectuel et politique, avant de pouvoir proposer un programme pour 2012.

Les Gracques, organisation qui veut réconcilier la gauche avec le marché, les socialistes du CAC40 disent les détracteurs, espèrent bâtir un tel programme pour janvier 2011. Leur 3ième université avait pour objet de deviner les contours d’un « nouveau contrat social post-crise ».

Le diagnostic est partagé. La crise a marqué un échec du marché mais, pour autant, elle n’a pas réhabilité l’Etat « comme avant ». Le modèle social-démocrate reste atteint, incapable d’apporter une réponse aux déséquilibres de l’économie mondialisée d’aujourd’hui et il est muet face aux nouveaux défis de l’individualisme, des inégalités ou du potentiel conflit entre les générations.

Olivier Ferrand, président du Think Tank Terra Nova résume « l’échec des socialistes français ». Ils se sont réfugiés soit dans le conservatisme qui veut bloquer les évolutions, soit dans le social-libéralisme qui cherche à les accompagner et à en corriger les excès a posteriori. Mais ces deux issues sont des impasses, « il faudrait une régulation a priori, passer de la correction à l’anticipation ».

« Nous sommes à un moment idéologique. Nous devons complètement réinventer nos modèles », dit-il. Gilles Finchelstein de la Fondation Jean Jaurès approuve : « Nous sommes à l’heure du « pourquoi pas ? ».

Les solutions restent à inventer sur l’avenir des classes moyennes, sur le regain du « collectif », sur l’identité, sur la « crise salariale » qui pousse les jeunes hors des entreprises où ils sont maltraités, comme l’a justement souligné Lucile Schmid, vice-présidente du Laboratoire des idées. Sur toutes ces questions la panoplie des réponses est pauvre.

L’horizon pourtant est court : c’est l’élection présidentielle de 2012. Marielle de Sarnez pour le Modem et Manuel Valls sont d’accord : « il est de notre devoir de bâtir une alternative » à Nicolas Sarkozy. Du coup les politiques pressent l’allure. Manuel Valls a ouvert quelques chantiers : avoir un discours innovant sur le rôle de l’entreprise, tracer un horizon de long terme à un Etat qui doit aussi adopter la culture de l’évaluation, les retraites, la fiscalité. Rien de vraiment fracassant de nouveauté.

En conclusion, je sors de cette journée avec le sentiment que la gauche est face à deux hypothèses. Dans la première, les intellectuels parviennent à écrire un nouveau logiciel social-démocrate qui réponde aux défis. On ne distingue pas aujourd’hui cette nouvelle idéologie, même si on en voit bien quelques lignes de crête : le marchand/non-marchand, le collectif, le long terme/court terme.

Dans la seconde, faute de mieux, la gauche plonge dans les détails sur chaque sujet et invente sur le terrain des solutions de justice. C’est probablement cette seconde hypothèse qui s’imposera. Il n’y a plus ni Marx ni Keynes, la politique doit se faire humble mais précise.

2 commentaires pour “Les Gracques à la recherche d’avenir”

  1. En clôture de cette journée, Jacques Attali a fait une intervention, prônant un “altruisme intéressé” comme moteur naturel pouvant remédier aux maux qui rongent nos sociétés et entraînent la civilisation vers sa destruction …

    J’ai posté un billet sur le sujet :

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-altruisme-interesse-est-il-un-66050

    Je voulais le publier sur Slate.fr, mais je ne trouve pas l’option, bien que j’aie un compte … (suis-je nulle ?)

  2. Une gauche en dehors du capitalisme c’est pour quand? Entre les socialistes qui sont pour le Capitalisme et les communistes qui demandent un SMIC à 2 000 € pour que tout le monde consomme plus, il est là le problème de la gauche… le Capital…

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