Le jeu de massacre de la rentrée littéraire


Nous sommes plus de trois cents à nous aligner sur la ligne de départ. Trois cent soixante-trois pour être exact. Trois cent soixante-trois auteurs ou prétendus tels, moi compris, qui vont prendre le départ du plus grand jeu de massacre jamais organisé depuis la Saint-Barthélemy, j’ai nommé l’incontournable, la sacro-sainte rentrée littéraire dont, il faut bien l’avouer, tout le monde se fout ou presque.

Ce n’est évidemment pas raisonnable. C’est même d’un ridicule achevé. Une farce incongrue. Un miroir aux alouettes où se perpétue la croyance d’un pays marié de toute éternité avec la littérature. Une comédie des apparences qui ne rime à rien si ce n’est à semer la confusion chez un lecteur désorienté, confronté à une avalanche obscène de romans bien souvent insignifiants publiés dans le seul but d’assurer la visibilité de maisons d’éditions avançant leur garnison de romans dans l’espoir quelque peu vain de voir l’un d’entre eux franchir en vainqueur la ligne d’arrivée.

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Imaginer un seul instant qu’il puisse exister trois cent soixante-trois romans qui vaillent la peine d’être achetés et lus relève d’une hallucination collective, d’un dérèglement des sens, d’une mégalomanie galopante, d’une folie furieuse, d’un strabisme divergent, d’une diarrhée éditoriale, d’une incontinence littéraire, d’un phénomène de foire, d’une incapacité à s’autoréguler et à proposer au lecteur lambda un choix raisonnable de romans de qualité.

Ce n’est plus de la littérature de détail mais une sorte de farfouille littéraire où on publie tout et n’importe quoi, où plus personne ne sait qui a écrit quoi, où l’on comptera des livres qui par manque de place ne trouveront même pas leur place en librairie, où la grande majorité des titres proposés se vendront à quelques dizaines d’exemplaires, où des centaines d’auteurs vont tomber en dépression ou battre leur conjoint(e) ou torturer leur chat ou séquestrer leurs beaux-parents ou rejoindre les rangs de Daesh pour se venger de cette humiliation publique.

Pour ce qui me concerne, je me contenterai d’une grève de la faim à qui j’associerai mon malheureux chat qui se prolongera aussi longtemps que je n’aurai pas vendu un million d’exemplaires, chiffre à partir duquel, selon mes calculs, je pourrai prétendre prendre ma retraite et jouir d’une vieillesse passée à l’ombre de cocotiers, sur une île perdue dans l’océan indien où je brûlerai mes journées à converser avec des perroquets bariolés et des dauphins désorientés.

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Loin, très loin de tout ce tintamarre de la rentrée littéraire dont je suis par avance fatigué.

Dès jeudi, jour de parution de mon immortel chef-d’œuvre, il va me falloir me rendre dans toutes les librairies de France, tenter de débusquer un exemplaire de mon roman, et subrepticement, le placer en tête de gondole, juste à côté de la caisse, au vu de tous, afin que sur un malentendu, un lecteur garé en double file, déjà en retard au dîner organisé par la femme de son chef de service – ”une femme qui lit” aura-t-il appris de la bouche du responsable des ressources humaines, familier du couple – se précipite à l’intérieur de la première librairie rencontrée, et là, ne sachant où donner de la tête, rendu confiant par mon patronyme sentant bon la Grande Russie et ses écrivains majestueux, sans réfléchir, s’empare de l’unique exemplaire de mon livre et l’achète.

Sans même se soucier ni de son prix ni de son contenu ni de l’avis du libraire qui pourtant était sur le point de lui confier n’avoir rien entravé à ce roman rédigé par un auteur totalement surestimé qui ne devait sa présence en cette rentrée littéraire qu’à la surabondance de la juiverie israélienne dans les conseils d’administration des maisons d’édition hexagonales.

hush-hush

Bref ! la rentrée littéraire est comme un vaste autodafé où périront sans gloire des dizaines et des dizaines de romans, brûlés vifs par un trop plein de publications où seuls seront épargnés quelques livres qui, on ne sait trop comment ni pourquoi, auront eu le bonheur d’échapper à ce massacre de masse, à cette éradication de livres morts-nés, à cet holocauste de romans dont le souvenir perdurera jusqu’en décembre date à laquelle il faudra faire place nette pour accueillir la rentrée littéraire de janvier 2017…


D’ici là, faites vos jeux, rien ne va plus.

                                                                                                                                                                                      Pour suivre  l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

8 commentaires pour “Le jeu de massacre de la rentrée littéraire”

  1. La campagne multicanale d’auto marketing commence également. A la lecture de l’article, écrire un livre paraît l’épreuve la moins rude. Comparée à l’énergie nécessaire à la survie du livre.
    Peut être que la qualité d’un livre suffit à lui même pour survivre ?

  2. Ét oui! Mais quelle est la Solution?
    D’autres se plaignent que les éditeurs ne publient pas assez…
    D’autre part, les livres qui ne marchent pas, ce sont les éditeurs qui investissent financièrement, non l’auteur…

    Il en est de meme pour les

  3. Il en va de même dans L industrie du disque, du spectacle ou 10% des intermittents gagnent leur vie, de la peinture…

  4. Donc il n’y a que les antisémites qui n’aiment pas votre livre ? les gens raisonnables s’incline devant votre chef d’oeuvre je suppose ?

  5. Ne vous inquiétez pas il n’y en aura que pour le nouvel Harry Potter. Même en anglais il est N° 1 des ventes et il ne sortira en Français que pour le 14 octobre.
    Personne n’achètera rien d’autre. Sortez votre livre pour la rentrée 2017! 🙂

  6. Les JO du livre, plus de participant que de médaille distribuée. Que le meilleur gagne.

  7. Allons, allons Fabrice Paumé .

  8. c’est quand même le seul métier où l’on peut ne pas gagner d’argent sans être ridicule…
    avec constructeur de maquettes de galions en allumettes….
    mais avec les femmes,” écrivain “, ça marche mieux….
    petit veinard…..

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