J’ai rêvé que le prochain ministre de la défense s’appellerait Mohamed Kamal A.


J’ai fait un rêve.

J’ai rêvé que le prochain ministre de la défense de la République Française s’appellerait Mohamed Kamal A.

Qu’il serait musulman et fier de l’être.

Qu’il serait né en France de parents algériens.

Qu’il aimerait la France comme seul un immigré de la première génération peut l’aimer : entièrement, totalement, indéfectiblement.

Qu’il serait fier de ses origines arabes ou berbères, qu’il porterait haut sa double culture, qu’il n’aurait de cesse de la promouvoir et de s’en réclamer.

Un enfant de la République, élevé au sein de l’école publique, passé par l’Ecole de guerre, promu plus jeune général de France, ayant fait ses preuves sur plusieurs théâtres d’opération avant d’embrasser une carrière politique fructueuse, obsédé de rendre au centuple ce que la nation Française lui aurait permis d’acquérir, obnubilé par l’idée de service public.

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Il serait un Français  presque ordinaire.

Les armées et les corps constitués se mettraient au garde-à-vous devant lui.

Lui se tiendrait beau et fier face au drapeau tricolore claquant au vent au son d’une Marseillaise triomphante.

Il s’appellerait Mohamed Kamal A.

Ce rêve n’est pas sorti de nulle part.

Il se trouve qu’au Canada le ministre de la défense actuel se nomme Harjit Singh Sajjan.

Il est né en Inde.

Il est arrivé au Canada à l’âge de cinq ans.

Il est de confession sikh.

Il porte le turban.

Il est canadien.

Il existe vraiment, ce n’est pas un rêve, c’est la réalité.

Oui dans un pays occidental qui appartient au G8, qui est la dixième économie mondiale, qui peut se vanter d’être aussi une véritable puissance militaire présente en de nombreux points du globe, il est tout à fait possible de confier les clés de sa défense nationale à un citoyen qui n’est même pas né sur son sol.

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On nomme cela une intégration réussie.

La tolérance. L’ouverture d’esprit. Le décloisonnement des mentalités.

L’exemple que tout citoyen, quelles que soient ses origines, sa religion, son parcours, peut accéder en toute normalité aux plus hautes responsabilités à partir du moment où il a démontré par la seule force de son travail, de son talent, de son courage, sa parfaite aptitude à remplir la fonction.

Sans se soucier de rien d’autre.

Ni qu’il possède le teint cuivré, ni qu’il se promène avec un turban sur la tête, ni qu’il soit né en des contrées lointaines et que personne, absolument personne, ne s’en émeuve.

Bien au contraire, pensant même que l‘étonnant serait de s’en étonner.

Aussi quand je vois la France avoir peur de son ombre, quand je vois son président inscrire dans la constitution des dispositions visant a établir des différences entre les Français de souche et les Français rapportés, quand je vois avec quelle honteuse pusillanimité il se comporte dans la crise des migrants, quand je vois la blancheur de notre assemblée nationale, quand je me souviens du sort réservé à Madame Taubira, la façon dont on continue encore à jeter la suspicion et l’opprobre sur Najat-Vallaud Belkacem, quand je vois ce triste spectacle d’une république cadenassée malgré quelques avancées ici et là, je me dis que la France a tout faux.

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Qu’elle s’est trompée et se trompe encore.

Qu’au lieu de se replier sur elle-même comme une vieille dame cramponnée à ses maigres économies, jetant un regard suspicieux sur tout ce qui ne lui ressemble pas, elle devrait tout au contraire s’ouvrir au monde, vanter sa diversité, la chérir et la célébrer comme son bien le plus précieux.

Comprendre que l’immigration est toujours, au bout du compte, source d’enrichissement.

Parce que les autres, tous les autres, ne sont pas si différents de nous.

Que leur différence quand elle existe représente un atout plus qu’un obstacle, que si les premiers arrivants ont quelques difficultés à s’intégrer, leurs enfants tout naturellement se fonderont dans l’idéal républicain et le nourriront.

Et que d’avoir comme Ministre de la Défense Monsieur Mohamed Kamal A. devrait être non pas un rêve inaccessible mais le symbole d’une société arrivée à maturité, ayant enfin compris que plus un pays est riche de sa diversité, plus il est fort.


Et surtout plus apaisé.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

3 commentaires pour “J’ai rêvé que le prochain ministre de la défense s’appellerait Mohamed Kamal A.”

  1. Je l’aime bien depuis son élection, notre ministre de la défense. il s’exprime bien et n’a pas toujours le complet, cravate obligatoire à la fonction afin de respecter la rectitude politique et en plus, il a promis d’apprendre le francais. Un Québecois.

  2. Toutes ces splendides vertus, cette confiance, dont vous rêvâtes une nuit et rêvez tous les jours, ah, qui n’aimerait constater à tous coins de rues leur présence ?! Une France au goût et à la couleur de bonbon anglais, chimérique pays venu enfin à bout, après tant d’abstinence verbale, après tant de méchancetés foulées aux sages pieds des tolérants et de sans-rancœur, Dieu du ciel, comme on s’y vautrerait dans l’autosatisfaction méritée !

    Seulement voilà, les Persans de Montesquieu séduiraient moins les Français aujourd’hui qu’au Siècle Lumières ou au suivant ; l’on y regarderait sans doute d’un œil moins bienveillant les Mamelouks de la Garde impériale, chargés – tels ceux protégeant à Bagdad les califes abbassides – de veiller ce notre cher Napoléon, « le Grand », comme disait l’immense (épithète réflexe des hyperboliques contemporains) Victor Hugo. On rêve, et puis la réalité diffère. Si elle ne différait pas de nos doux rêves, rêverait-on ?

    Pour jouer l’avocaillon (pas besoin d’être un ténor du barreau) du Diable, l’on rappellera que toute société, fût-elle installée en Amérique septentrionale et partie du Commonwealth britannique, comporte toujours dans ses rangs quelques esprits hargneux, xénophobes et racistes, peu adeptes des cultures différentes, quoique leurs ascendants en vinssent jadis, ou naguère, pour se fixer dans leur actuel pays. De ces gens qui, une fois apprise avec délices et difficultés la langue qui est devenue la leur, ou le fut en raison même de leur naissance sur son sol, regimbent à en entendre d’autres – à l’exception peut-être de ces idiomes touristiques, baragouinés par des personnes de passage qui dépensent beaucoup, en échange des plaisirs que procure à tous leurs sens mal aiguisés ce pays « sublime » (voir ci-dessus) qu’ils visitent.

    Bien sûr, la laïcité, la tolérance aussi, et autres sources de sérénité pour « pays apaisé », cela compte beaucoup ! Et sans nul doute, autant, sinon plus pour ceux qui y vivent que vous ne le croyez, ou le répétez régulièrement dans vos billets. Mais la France fut toujours bien peu comparable à un Eldorado ; elle batailla énormément et non sans jouissance ; ses différents croyants s’écharpèrent jadis, pour raisons politiques, plus que de raison, et jusqu’à ce que massacre s’ensuive. Sur les sinistres violences (raccourcissantes) de son enviée Révolution, elle établit un nouveau Régime qui, au fil des décennies et encore en ce siècle, se révéla parfois peu reluisant, en tout cas pas plus, par bien des aspects, que l’Ancien, quoiqu’il rédigeât une fameuse Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, droits qui ne devinrent qu’avec une désespérante lenteur ceux des femmes, plus d’ailleurs dans le discours que les faits, si l’on en croit certaines légitimes colères féminines.

    Aussi – moins par vice que par simple observation (actuelle et passée) –, foisonnantes sont les raisons de penser que le progrès moral et, donc, politique est un grand danseur de tango.

  3. Et si le prochain premier ministre, ou même le prochain président de la République s’appelait Malek Boutih, ce serait bon pour la laïcité et la démocratie.

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