Le Juif sans kippa expliqué aux nuls, aux médias et aux Juifs avec kippa


Je crois pouvoir affirmer que je suis juif.

Les lecteurs de ce blog, les malheureux, en savent quelque chose.

Cependant, au risque de vous décevoir, je ne porte pas de kippa, je ne bouffe pas casher, je ne mets jamais les pieds à la synagogue ou alors seulement pour assister au mariage de la fille de Simone Boutboule, je ne porte pas de papillotes et pas seulement parce que je suis chauve, je ne lis pas l’hébreu, je ne vais pas en vacances en Israël et je donne pas d’argent au CRIF (par contre s’il veut bien m’en donner, je suis preneur)

Les Juifs que je connais et hélas j’en connais beaucoup sont exactement comme moi.

Pour tout vous dire, de tous les amis juifs que j’ai eu, et là aussi j’en ai eu beaucoup mais vraiment beaucoup, aucun, absolument aucun ne portait la kippa pour aller acheter sa baguette de pain.

Jamais.

J’insiste, je ne suis pas un cas unique, je ne suis pas antisémite, je ne suis pas un mauvais Juif ou un renégat, je suis et me sens profondément juif, j’ai passé ma vie à fréquenter d’autres Juifs issus de milieux les plus divers, des Ashkénazes, des Sépharades, des lourdingues (surtout chez les Sépharades), des torturés du cerveaux (que des Ashkénazes) mais jamais, jamais je n’ai eu à me coltiner de Juifs qui se baladaient avec une calotte sur la tête.

A dire vrai, ces Juifs-là je ne sais pas bien qui ils sont, où ils habitent, à quoi leurs vies peuvent bien ressembler, s’ils ronflent en dormant, s’ils jouent au golf ou s’ils pratiquent les arts martiaux.

Surtout j’aimerais une bonne fois pour toute qu’on cesse d’associer le Juif de base, le Juif de souche mettons, le Juif sans signe distinctif particulier, le Juif comme vous et moi, au Juif religieux qui possède deux services à vaisselle, qui confond sa synagogue de quartier avec sa résidence secondaire, qui consulte la Bible avant de jouer au loto, qui s’habille comme Rabbi Jacob et dont la femme se prénomme Rachel et la maitresse Léa.

Ce Juif-là représente, il me semble, une très petite minorité des Juifs de France.

Une minorité visible mais une minorité tout de même.

Je le répète à l’intention des médias, des masses travailleuses, des Français de base, des directeurs de journaux, ce Juif-là qu’on vous montre sans arrêt dans les journaux télévisés ou à la sortie des écoles, est presque un Juif imaginaire.

Un Juif d’Épinal.

Une caricature de Juif.

Un Juif trop juif pour être juif.

Je sais : vu de l’extérieur, il est difficile de comprendre comment on peut se prétendre et se sentir profondément juif tout en mangeant du saucisson et en croyant en Dieu seulement quand on a une rage de dents.

Le Juif est aussi compliqué à saisir qu’une grille de mots croisés inventée par un aveugle.

Pour faire court, se revendiquer juif, c’est dire et affirmer et réaffirmer à chaque nouvelle génération son appartenance à un peuple, à une mémoire, à une culture, à une éthique qui remonte à la nuit des temps.

C’est avoir dans sa bouche le goût des cendres d’Auschwitz.

C’est se reconnaître dans un Dieu qui n’existe pas ou plus ou alors qui est parti en vacances sans laisser d’adresse où pouvoir le joindre.

C’est avoir constamment cet étrange sentiment d’être de nulle part et en même temps de partout.

C’est sentir couler dans ses veines le poids des déportations, des pogroms, des exécutions sommaires.

C’est une métaphysique de l’existence.

C’est avoir un goût pour tout ce qui touche au livre, à la loi, à l’étude, au savoir.

C’est une conscience et un défi à renouveler chaque jour.

Une désespérance et une souffrance dont on essaye de guérir par le rire.

C’est une méfiance née de siècles de persécutions pour tout ce qui n’est pas soi, qui n’est pas juif.

Surtout c’est une exigence.

Et c’est une morale héritée d’un Dieu dont on se plait à remettre sans cesse en question l’existence.

Ou comme dirait Woody Allen ” Non seulement Dieu n’existe pas, mais en plus nous sommes son peuple élu ”.

                                                                                                                                                                                                                                                     C’est tout, absolument tout sauf une question de kippa.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                             Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

45 commentaires pour “Le Juif sans kippa expliqué aux nuls, aux médias et aux Juifs avec kippa”

  1. Merci pour ce billet salutaire que je partage de ce pas !

  2. Juste pour signifier à tous ceux qui n’y connaissent rien, sagalovitsch ne représente aucunement les principaux courants juifs mainstream. Au contraire, il énerve la plupart d’entre nous.
    Btw cet article est à en vomir tellement il dénote d’une ignorance de la communauté.

  3. J’ai beaucoup aimé la 1ère partie de votre article que je trouve très juste mais malheureusement vous retombez très vite dans la caricature que vous dénonciez plus haut en annoncant qu’être juif c’est “Une désespérance et une souffrance ” , “une méfiance née de siècles de persécutions”, c’est “sentir couler dans ses veines le poids des déportations, des pogroms, des exécutions sommaires” ou “avoir dans sa bouche le goût des cendres d’Auschwitz.”.

    Vous en faites trop…Bien sûr que connaitre son histoire c’est important, mais il ne faut pas que cela devienne sa peine et son calvaire comme vous semblez le dire: l’histoire ne doit pas être un boulet que l’on traine

  4. J’aime bien ce ton, ce refus de délimiter une identité avec des contours bien définis qui rassurent ceux qui les édifient mais enferment ceux qui y sont soumis, cette verve, cette morgue.
    Ça fait du bien
    Je vous relirai

  5. Merci, tellement vrai!

  6. Je suis bien d’accord. Nous, on fête bien Noël, Pâques, la galette des rois… on se battrait pour garder les clochers dans nos villages, conserver dans nos musées les tableaux de Christ ressuscités et autres visitations à la Vierge, sans être ni croyants ni baptisés. C’est aux tripes que ça parle.

  7. Bonjour,

    Moi qui ne suis ni juif, ni religieux, et d’ailleurs qui ne connaissait pas vraiment l’existence d’une quelconque religion jusqu’à il y a 5 ans (date à laquelle j’ai rencontré ma futur femme, Mme Levy – je n’avais pas fait le lien à l’époque -), je pense que vous avez parfaitement raison !
    Cela dit, je pense que le judaïsme (non, plutôt le juif) fascine. J’ai même l’impression qu’il faudrait se présenter comme tel, genre “bonjour, M. X, juif” ça permettrait de voir qu’il y a bcp de gens qui sont juifs mais qui ne l’affiche pas 🙂
    Paradoxal n’est ce pas 🙂

    Oh si, une pointe de désaccord, je suis allé pour la première fois en Israel en octobre et c’est vraiment sympa ! Donc il faut y aller en vacances 🙂

    Bonne continuation, bon courage parce que c’est pas gagné !

  8. ben c’est marrant mais moi c’est l’inverse! Je cotoie enormement de juif, je travail dans une bank donc je ne suis pas a la yeshiva, et pourant la plupart de mes amis portent une kippa, ou en tout cas ont 2 vaisselles, mange casher etc.
    Et selon moi la majorité des juifs de france sont plutot religieux!
    C’est marrant qd meme!

  9. Merci. Juste merci.

  10. Vous dites ne pas connaître de juifs portant la kippa ? Serait ce parceque vous ne mettez le pied à la synagogue que pour le mariage de votre petite cousine par alliance. Pourquoi donc dire qu’il n’y a pas de juifs que vous qualifiez d’imaginaires en France alors que vous ne vous renseignez pas ? Votre article est desobligeant, limite insultant. Ce n’est ni plus ni moins du hilloul Hachem. Veuillez avoir l’obligeance de vous renseignez ne serait ce qu’un minimum avant d’énoncer de telles affirmations complètement aberrantes. Merci

  11. tu me fait penser à la musulmane non voilée et ses kilomètres d’ articles pour se justifier sur l’évidence ! mot pour mot !

  12. Bravo, texte superbe. Mais bon, tu devrais essayer de faire chabbat une fois ou deux.

  13. Toujours agréable de se rendre compte qu’on est moins seul qu’on ne le pensait.

    David, un Juif-Sans-Kippa de Belgique

  14. Merci,vous avez mis des mots sur ce que je ressens profondément.
    Yid sans kipa

  15. On sent le juif ashkenaz après 5 ligne on le devine

  16. Merci pour ce billet… Et non merci.

    Je suis juive, pas relig, et pourtant pas d’accord avec la moitié de ton article. Etre juif, c’est une “métaphysique de l’existence”, j’en suis d’accord et je te remercie pour ces mots, bien choisis et si justes.
    Cependant, non, avoir deux vaisselles ne fait pas de toi un extrémiste, non, manger casher n’est pas le fruit d’une dérive religieuse…
    Le juif “visible” est peut-être plus représenté dans l’imaginaire collectif que le français juif de base, mais il n’en reste pas moins le début d’un tout, le sommet de l’iceberg, une partie bel et bien existante, et non pas une image d’Épinal comme tu voudrais nous le faire croire. Bref, je t’en prie, cessons de se culpabiliser!!! Notre communauté est à l’image de la religiosité de chacun : changeante, unique et magnifiquement multiple. Ne cédons pas, nous sommes tous dans le même bateau…

  17. @josh,on sent le juif séfarade,après 5 mots,déjà des fautes d’orthographe 🙂

  18. Être juif c’est croire en UN dieu unique. Fin. Et l’histoire juive ne se résume pas que à des massacres.

  19. je crois être corse comme tu dis être juif !!*

  20. Cher Monsieur,

    Il s’en ai fallut de peu que je vous ressemble judaïquement parlant : je ne porte pas de kippa, je ne mange pas casher, je ne mets jamais les pieds à la synagogue ou bien pour faire honneur à la famille et aux amis etc. Je suis capable de manger un sandwich jambon beurre le jour de Kippour. Pas par provocation parce que je note pas les fêtes sur mon agenda.
    Je pourrai ajouter que je condamne la politique menée par la droite et l’extrême droite israélienne et que mes positions politiques sont alignées sur celles du mouvement “La Paix Maintenant”. Inutile de vous expliquer combien je suis détesté par les juifs religieux.
    Ces juifs, vous les présentez comme imaginaires alors qu’ils ne le sont pas. Je les rencontre à Paris. Nier leur existence en les présentant comme imaginaire, c’est une différence entre nous et il y en a d’autres.
    Une autre différence, c’est que religieux, orthodoxes, traditionnalistes, etc. ces juifs, je n’oublie pas que malgré le fossé qui nous sépare et qui ne se refermera pas, au delà de nos désaccords ils sont mes frères autant que les athées, les boudhistes, les musulmans, les chrétiens ou les aborigènes d’Australie.
    Je les accepte et les respecte tels qu’ils sont et je me garderai d’utiliser à leur égard une expression aussi blessante que “caricature de juif”.
    Enfin, nous sommes différents parce que je n’ai pas envie de proclamer ce qu’est un juif au risque de créer l’exclusion des juifs qui ne répondraient pas à ma définition. Il existe mille façons d’être juif, la vôtre, la mienne, celles des orthodoxes, celles des libéraux, etc. Toutes les façons d’être juifs méritent d’exister, d’être acceptées et reconnues dans la limites du respect des lois et des valeurs de la République.
    Bien à vous

  21. […] viens de lire votre billet « Le juif sans kippa expliqué aux nuls, aux médias et aux juifs avec kippa« . Un papier que je résumerais en une phrase : « y a des juifs avec des […]

  22. Stephane Kovacs a fait ma reponse
    J’habite en Israel (Ca limitera la portee du lynchage)

  23. Bonjour,
    Merci infiniment pour cet article. Il est sain et clair.

  24. Bravo. Juste et plein d’humour.

  25. C’est bien triste de lire un article tellement partial, mais avant même de débattre de la véracité de vos dires, le simple fait de vouloir définir le juif autrement que par le port de la Kippa (et évidemment que ce n’est pas que ce qui le définit!), le simple fait de vouloir “informer” que la grande majorité des juifs de France ne sont pas pratiquants prouve un immense complexe de cette judaïté. L’erreur est de penser qu’en relativisant les pratiques religieuses, les actes à notre encontre se feront moins fréquents, la sympathie de nos ennemis plus grande.
    C’est l’unique chose qui me dérange.

  26. billet agréable à lire mais seulement.
    Vous représentez une petite partie de la population qui en pensant comme vous ne croit plus au judaisme et donc à la force de l’unité du peuple juif qui de générations en générations disparait
    la kippa est certes un objet religieux mais il marque surtout l’attachement de l’individu à D. et cela ne concerne pas que le monde religieux.
    Vos propos signifieraient donc qu’en étant détaché totalement de ce symbole, le peuple juif existant depuis des millénaires n’a plu lieu d’etre.
    Je tiens à rajouter qu’avec cette forme de rejet à ces juifs et plus précisément aux plus religieux qui permettent à la religion de tenir, le message de solidarité d’autant plus important actuellement face à la barbarie qui est nécessaire à l’ensemble de la population ne semble pas pourtant s’appliquer pour eux.
    Il faudra qu’on m’explique pourquoi une distincion est à faire au sein du peuple juif alors qu’un juif non religieux est autant juif qu’un autre.

  27. J’ai partagé votre lien sur Facebook, et de nombreux amis partagent à leur tour, faisant la joie des ashkénazes agnostiques …

  28. Bonjour,

    Si votre mère est juive, vous êtes juif avec tout ce qui va avec.

    Que vous mangiez un sandwich jambon-beurre le jour de kippour n’y changera peut-être rien dans ce monde ci et ce n’est pas certain, pour après je laisse le débat ouvert.

    Porter une kippa ou pas vous regarde, et cela ni ne nous concerne ni ne va certainement empêcher le monde de tourner selon les lois de la nature, la seule question est de savoir si les lois de la nature sont celles que l’on conçoit avec sa propre intelligence, ou celles définies dans la Torah. L’histoire du peuple juif a déjà démontré, depuis des millénaire, que si les juifs sont encore présents à ce jour contre toute attente, ce n’est pas dû à ma logique ni à la vôtre.

    Chabath Chalom !

  29. Tout goy dirait, après la lecture de cette profession de foi (c’en est une !), que la distinction majeure entre le Juif à calotte en tous lieux et le Juif sans ressemble beaucoup à l’écart entre chrétien hyper dévot et chrétien sobrissime, et ainsi pour toute religion. S’il est vrai que « l’habit ne fait pas le moine », c’est bien parce que les hommes depuis la plus haute Antiquité, distinguèrent malgré lui les esbroufeurs et les Tartuffe des simples croyants. Lorsque vous plantez la dimension métaphysique du Juif que vous êtes dans tous ces passés tissés entre eux, jusqu’aujourd’hui, par « des déportations, des pogroms, des exécutions sommaires », lorsque vous sentez « dans [votre] bouche le goût des cendres d’Auschwitz », c’est qu’en somme, vous substituez, à une transcendance divine mal assise sur le doute, la certitude douloureuse du passé de votre peuple.

    Là devant, les goyim devraient font silence, moins parce que cela ne les regarde pas mais simplement que parce que l’attitude spontanée devant le lait aigre de la souffrance humaine ne saurait être autre. Dont acte.

    Mais tout goy ne sachant clore ses dires par une brachylogie, ou propos d’une excessive brièveté, l’on piochera de nouveau éhontément dans votre billet. Si le rire est peut-être (insistons : seulement « peut-être ») un antidote à « la désespérance et [à] la souffrance », l’on recourra, en substance, au fameux dit de John Maynard Keynes : dans cent ans nous tous serons morts. Et nous ne pourrons – ni vous, pondre des billets ; ni nous, les lire.

    Pourquoi les hommes s’entretuent-ils, encore et encore, au nom de dieux – du moins le prétendent-ils – qu’ils n’ont pas même entr’aperçus ? Woody Allen goûterait-il que l’on rie à cette question ?

  30. Vouloir sortir de la caricature pour en énoncer une autre… Merci à ce monsieur de définir si pitoyablement et si grossièrement ce que c’est qu’être Juif.
    Merci à lui de parler au nom de tous.
    Si, pour certains, être juif c’est porter la Kippa. Et puis Perec a dit sensiblement la même chose que lui, dans la deuxième partie, mais il parlait seulement en son nom propre,
    et beaucoup mieux!
    Je suis une Juive sans Kippa selon votre définition et pourtant vos généralités à l’emporte pièce sont pathétiques.

  31. sian pas sourti de l’ albergo .

  32. Sagalovitsch a trouvé le filon qu’il exploite chaque semaine sur Slate: le juif qui n’est pas juif tout en l’étant sans l’être, essayant de tout déballer en nous vendant de la soupe tiède sur laquelle flottent des références à ses origines sefardo-ashkénazes, les cuisines et le folklore qui va avec. Du NouvelObs sans papier glacé
    Il est tellement prévisible que je sais d’avance où il va insérer sa virgule

  33. J’adore toujours 2 juifs : 3 avis . Bon les non Juifs et les antisémites (c’est presque la même chose ) ne font pas de différence. entre “bon” et “mauvais” juif. Heureusement qu’ils existent ( humour ashkénaze ma femme dit çà ne fait rire que toi ).

  34. pourquoi 2 vaisselles ?

    Pour pouvoir se foutre sur la gueule sans avoir à manger dans des assiettes en carton ?

  35. Cher Laurent,

    Je crois pouvoir affirmer qu’effectivement, vous êtes juif.
    Vous êtes juif car les seules personnes qui arrivent à faire hérisser mes poils, sont d’autres Juifs.

    Je n’ai pas aimé votre billet (et Dieu sait, s’il existe, que j’aime les billets). Comme vous, je ne suis pas de ces Juifs juifs, ceux qui mangent Cacher, portent la kippa etc. Bref, ceux sur qui c’est marqué sur leur nez, comme dirait Jean-Marie, ou sur leur couvre-chef. Moi aussi, l’essentiel des Juifs que je connais ou que j’ai croisé dans ma vie ne portent pas la Kippa (quoi que, maintenant que je vis en Israël, les pronostics sont déjoués).

    Loin de moi l’idée de vous assimiler à un renégat, je n’aurais pas ce toupet moi qui vient de terminer un cheeseburger. Je vous sais sincère dans vos mots.

    Mais puisque vous vous targuer « d’expliquer aux nuls, aux medias, et aux Juifs avec Kippa », permettez-mois de mettre en doute vos talents d’analystes, au mieux en vous complétant, au pire en vous contredisant.

    La caricature que vous faites du Juif communautaire est affligeante (il serait assez archaïque pour avoir 2 vaisselles, donnerait de l’argent au grand méchant Crif, parlerait hébreu etc.). Là où vous avez raison, c’est que les médias associent trop souvent (pour ne pas dire toujours) les Juifs à cette frange de notre chère communauté. Bon, en même temps, comment leur en vouloir : si nous même n’arrivons pas toujours à saisir la complexité de notre communauté, comment eux y arriveraient-ils. Et entre nous, oui, c’est bien plus sexy de faire un reportage sur les italiens en interviewant un pizzaiolo avec un accent dolce vita. Pareil pour les Juifs.

    Là où vous avez également raison, c’est que ces juifs « habitués des synagogues » ne représentent pas la majorité des Juifs français. Ils seraient, selon des statistiques interdits sur l’ethnicité, de 20 à 30%. Soit.

    Je ne sais pas si c’est par mauvaise-foi ou mauvaise-vue que vous parlez de ce « Juif imaginaire », qui est pourtant plus présent que jamais. Peut-être que vous n’avez pas voulu le voir pendant des années, ou peut-être que vous n’avez pas simplement pas eu le temps. Moi, je le vois, puisque beaucoup de « ces Juifs » habitent maintenant mon pays, et je vous garanti qu’ils ne sont pas imaginaires.

    Je vais vous faire une confidence : ce Juif la, qui parle un peu fort, qui va à la synagogue, et qui donnerait de l’argent au CRIF s’il en avait les moyens, moi aussi, j’aime bien m’en moquer. Mais je m’en moque avec amour. Pas avec mépris, comme vous le faites.

    Car la vérité, c’est celle ci : il n’y a pas de Juifs sans Judaïsme. Et si le Judaïsme français a perduré, et que nous sommes aujourd’hui la plus grand communauté d’Europe, c’est parce que des gens peut-être plus pieux, pas forcement meilleurs que nous, mais au moins plus pieux, plus leve-tot, et téméraires, ont bien voulu ouvrir des synagogues, quit à en faire leur résidence secondaire, s’y asseoir sur ses bancs, ouvrir et s’occuper d’associations. La vérité est que le Judaïsme français (et/ou la communauté Juive de France) a vécu et continue de vivre par les gens qui portent des Kippa.

    De ce que je vois d’ici, ces 5/10 dernières années, la nature des alyot s’est modifiée : alors oui, « ce n’est qu’1% », mais ce pour-cent est celui qui nous est le plus cher, car ce sont les forces vives de la communauté, ce sont les chefs d’associations, les membres et formateurs des mouvements de jeunesse, les présidents de communautés, ou de simples habitués de synagogues. Ils sont le Judaïsme français.

    Je n’ai pas aimé votre billet.
    Vous faites dans votre papier une définition du Juif qui vous appartient. Elle est à la fois triste et touchante, vraie et tronquée. Elle m’a fait sourire, je l’avoue. Mais vous n’avez pas le droit de vous enorgueillir d’être la voix de la majorité en raillant la minorité, et vous n’avez pas le droit de vous poser en professeur avec ce titre d’article.

    Il y a autant de définitions de Juifs que de fils à une Kippa brodée. Chacun choisira la sienne. Celle que je choisis est celle qu’écrit d’Edmond Fleg dans « pourquoi je suis Juif » : Je suis juif, parce que, né d’Israël, et l’ayant perdu, je l’ai senti revivre en moi, plus vivant que moi-même. Je suis juif, parce que, né d’Israël, et l’ayant retrouvé, je veux qu’il vive après moi, plus vivant qu’en moi-même.

    Je ne sais pas vraiment ce qu’est un Juif. Ce qu’un bon Juif non plus. Mais je sais au moins comment on le devient. Je sais comment je veux le devenir : par mes enfants. Chaque Juif peut s’enorgueillir de l’être le jour ou il est en mesure d’affirmer : je suis Juif parce que mes enfants sont Juifs.

    Je n’ai pas aimé votre billet, car vous vous accaparez une définition du Juif en la faisant règle. Etre Juif, c’est ce que chacun veut y mettre dedans. Et je ne sais pas ou vous vivez, mais oui, c’est aussi une question de Kippa.

    Je n’ai pas aimé votre billet, car en le lisant, j’ai tout de suite pensé à cette suffisance « socialo-yeke » que nous avons connu en Israël durant des années, mais qui a surtout accompagnée nos dernières élections en toile de fond. Ici, on appelle pas la « itnassout ».

    Je n’ai pas aimé votre billet car je n’aime pas que des Juifs regardent de haut d’autres Juifs. Je n’ai pas aimé votre billet car il y a une place et un défi extraordinaire pour le Judaisme hiloni, via la musique, la culture, l’Histoire, l’humour, les senteurs, etc. et votre billet s’en éloigne et contribue à mettre de l’huile sur le feu des beignets séfarades .

    Je n’ai pas aimé votre billet tout simplement car il divise.
    Si on veut sauver le Judaïsme français de la communautarisation ou de l’exode, il faut que le Juif du saucisson aient un peu moins de mépris pour le Juif à kippa, et que le Juif du saucisson soit mieux intégré aux instances communautaires (ceci est déjà un autre débat).

    En tout cas, une fois n’est pas coutume, votre billet, je vous le rends.

  36. Les Juifs comme vous sont nombreux mais nullement majoritaire. Par exemple, la grande majorité des Juifs de France vont régulièrement en Israel. La majorité jeune à Kippour et va à la synagogue de temps à autre. Vous représentez une grosse minorité.

  37. Cher Monsieur,on verra si dans 2 générations vos petits enfants diront comme vous ou s’ils se rappelleront seulement qu’ils sont d’origine juive par leur grand père!!!

  38. j’ai des amis juifs, je n’ai pas le souvenir de les avoir vus porter la kippa en tout cas pas devant moi, comme quoi il doit y avoir une part de vrai dans ce “témoignage”

  39. Merci

  40. A quoi reconnais-t-on un juif français en Israel, bah il porte une Kippa… on se rend compte qu’il parle fort, est malpoli, fier de sa connerie
    Après, que des frustrés sexuels s’en prennent à ceux qui en portent évidemment, c’est gerbant, inquiétant…

  41. Le soutien-gorge pour faire l’amour, c’est la kippa des anti-sémites ?

  42. Merci tout simplement.

  43. J’essaie de me rappeler quand j’ai appris voire compris que j’étais juive. On me l’a dit trés vite sûrement mais j’ai surtout le souvenir, j’ai le souvenir m’endormant dans lit d’appoint dans le salon de mes grands- parents qui tapaient le carton avec d’autres coreligionnaires. L’ambiance était sympathique, mais tres lourde. Je fais partie de cette génération d’après guerre, les années soixante. J’ai le souvenir d’une chose gênante, de non dits, de personne qui ne reviendront pas, je ne comprenais pas. J’avais sept ans on faisait Yom Kippour et l’on habillait bien pour aller à la synagogue, mes parents étant dans les “schamtés” ( franchement je ne sais pas si cela s’écrit comme cela” j’étais très élégante et je jouais dans les recoins de la synagogue. A partir de la fin de la primaire, j’étais dans la laïque mais avec des filles. Elles allaient passer leur communion habillées de blanc comme des mariées avec plein de cadeaux, j’étais jalouse car àl’epoque les filles juives n’avait pas le droit de passer la bar mitzvah donc pas de fête pas de cadeau ! Je me souviens aussi des cours de Talmud où je ne voulais pas aller, j’aurai tellement aller au catéchisme comme tout le monde. Bien il a fallu se taper les colos juives et aller en Israël ( me taper Massada à pied …) Puis doucement le pire arrive enfin l’Histoire se dévoile avec toute son horreur que je ne peux supporter et que je trimballe depuis 55 ans. Je serai donc athée sans y croire vraiment, j’ai refusé de voir Shoah. Et j’ai épousé un flamand catholique provenant d’une famille croyante de sept enfants.à noel ils allait avant de boire un chocolat chaud et des madeleine. Je me sentais rassurée ! Et puis le temps est passé. J’ai commencé à assumer un peu, mais pas tant que cela. Mon fils n’est circoncis et ma fille s’intéresse à bien d’autres choses. Quant à mes parents depuis la mort de mes grands parents venant d’un petit ghetto de Varsovie, ils ne sont pas croyants, ni traditionnels ni rien,. Ni fière ni rien, je ne l’évoque ma judaïté sauf avec humour quand je sens les discussions débordent un peu antisémites, ce qui calme assez l’interlocuteur , mais je trimballe effectivement encore et toujours ce goût de cendre
    Merci pour ton article

  44. J’adore tout simplement votre article. Il est profondément humain. Il est drôle et roboratif. Il révèle la profondeur de l’humanité au-delà de toutes les religions et de toutes les idéologies. Vous affirmez vos racines en refusant tout repli identitaire. Chapeau !

  45. Merci à tous les juifs (croyants et) avec une conscience religieuse suffisamment exacerbée pour s’afficher autant à côté de la plaque en criant au “‘hiloul hachem”. Vous me faites beaucoup rire.

    Peut-être qu’un jour vous comprendrez que votre conception de la judéité peut être multiple et que ce ne consiste pas uniquement à rester dans un univers fermé et autosuffisant (quoique vaste) constitué de tout ce qui est “kodech”.
    Peut-être que l’esprit critique remplacera cette incroyable capacité à crier à l’hérésie.

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