Je vais finir par me demander si, plutôt que des bombes, ce ne sont pas des bataillons entiers de psychiatres qu’il faudrait parachuter en Irak ou en Syrie.
J’ai beau avoir lu et relu tout Dostoïevski, j’avoue être dans l’incapacité de comprendre comment un être humain, né à la fin du vingtième siècle avec tout ce que cela suppose comme accès à la connaissance et à la raison, puisse, en pleine fleur de l’âge, décider de s’offrir en sacrifice dans l’espoir de recevoir les félicitations d’un jury céleste qui, pour l’ensemble de son œuvre, le récompensera dûment sous la forme d’un cheptel de soixante-douze vierges à déflorer.
Hein ?
C’est-à-dire que même sous acide, même en ayant sniffé un rail entier de cocaïne aussi pure que des neiges éternelles, même en ayant descendu un litre de Destop, je ne vois pas bien comment un cerveau humain même réduit à sa plus simple expression, même étant constitué d’une seule paire de neurones, même branché sur courant alternatif, puisse arriver à croire mordicus à ces fanfreluches métaphysiques.
En tant que féroce agnostique, je veux bien admettre toutes les hypothèses possibles quant à notre vie future, je veux bien essayer de croire en l’enfer ou au paradis, je veux bien imaginer l’existence d’un être supranaturel à qui il faudrait rendre des comptes, je veux bien adhérer à l’éventualité de monde souterrain, de royaume des morts, de nuit des morts-vivants, mais j’avoue avoir nettement plus de mal avec l’idée d’une partouze perpétuelle disputée dans des univers parallèles qui serait conditionnée à l’obligation de passer par la case martyr pour jouir de cette félicité éternelle.
Il faut tout de même se situer au-delà de toute névrose pour parvenir à croire en l’existence d’un Dieu qui exigerait de ses fidèles de se réduire eux-mêmes en charpie afin d’avoir une chance de décrocher le premier prix de la loterie interstellaire consistant à passer le reste de sa mort entouré de soixante-douze nubiles destinées à devenir leurs épouses.
Déjà que j’ai du mal à me débrouiller avec ma femme et à combler ses attentes, alors soixante-douze, vous parlez d’un paradis.
En soi, je ne conteste pas cette hypothèse.
Après tout, c’est une idée assez séduisante.
Quel homme n’a jamais rêvé d’être révéré par soixante-douze donzelles prêtes à tout pour réaliser ses moindres désirs ? Fais la vaisselle, descends les poubelles, change la litière du chat, passe l’aspirateur, appelle ma mère, repasse mes chemises, prépare le repas, débarrasse la table, allume la télé, sers-moi un cognac, va me chercher le chocolat… j’ai largement de quoi les occuper jusqu’à la nuit des temps.
Là où je reste franchement perplexe, c’est la corrélation avec un suicide assez spectaculaire à réaliser pour que de votre corps on ne retrouve rien si ce n’est le cadavre d’une molaire accroché au lustre du plafond de la maison d’en face, un suicide assez spectaculaire pour qu’il propage la mort tout alentour et fauche des innocents qui se trouvent parfois, souvent même, appartenir à la même confrérie que le suicidé lui-même.
Pourquoi ne pas récompenser plutôt celui ou celle capable de nager dans la Seine sans attraper la jaunisse, d’adoucir le tempérament de Jean-Luc Mélenchon, de rendre Jean-Pierre Pernaut sympathique ou alors d’éclairer la pensée de l’auteur de ce blog qui depuis vendredi dernier cherche à comprendre l’incompréhensible ?
Le monde entier vous en serait reconnaissant.
Moi le premier.
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Laurent, tu lui fais de la pub en mettant par deux fois sa tronche de barbare dans ton post. CQFD
Magnifique, encore!
Bravo… et encore bravo !
Un tantinet de dérision fait beaucoup de bien au beau milieu de toutes atrocités et ces absurdités.
Je suis pleine de colère et de connerie aussi, et je vous adore !! Merci d’avoir lancer ce baume, ça fait du bien.
Votre perplexité se partage, tel le pain que les peu éclairés boulotteraient pour compenser leurs énormes carences spirituelles. L’agnosticisme prive, c’est assez naturel, des lumières célestes. Il donne accès à la satiété alimentaire, mais refuse aux têtes peu imaginatives ce qui est accordé aux défunts éparpillés façon puzzle, dont parlait Bernard Blier dans « Les Tontons flingueurs ».
Quant au parachutage de psychiatres en terres irakienne et syrienne, force est de reconnaître que vous avez eu là un fichu flash, une sorte d’éclair très rare sous les crânes généralement peu éclairés comme les nôtres. Allez, on vous envie !
Il y a néanmoins fort à parier que les docteurs de la tête rechigneraient sans doute à monter dans des avions destinés à les larguer au-dessus du théâtre de guerre que vous évoquez. Il faut les comprendre : accepter un tel volontariat les conduirait immanquablement à se faire traiter de fous ! Les gens sont si méchants. Dès lors, adieu la carrière ! Adieu le confortable cabinet en ville, ou la direction d’un service à l’hôpital !
Pour ceux qui se dévoueraient, une consolation non négligeable : « Plus on est de fous, plus on rit ». Même si l’on peut, pour le rire, préférer des lieux plus hospitaliers. Une salle de spectacle, par exemple.
Il faut bien méconnaître la chose pour fantasmer sur une vierge. Si je puis me permettre, il n’y a rien de plus chiant dans un lit qu’une fille sans expérience, faut décidément tout leur dire. Et puis d’ici à ce que l’autre fasse des blagues de troll dont lui seul à le secret du type “Abaaoud et les 72 lesbiennes” vaut mieux en profiter tout de suite, on pourrait être déçu…
Je vous remercie beaucoup! Pour la première fois, j’ai ri franchement et spontanément en lisant un texte concernant ce sombre et glauque marasme!
L’épitre aussi était mieux avant: https://gloria.tv/media/qKpqb7J21aH
Hasna Aitboulahcen, la femme terroriste dont le corps a été retrouvé dans l’appartement de Saint-Denis, a-t-elle eu droit dans les cieux à 72 puceaux pour s’éclater autrement qu’avec une ceinture d’explosifs ?
Qu’en disent les très savants docteurs en mythologie musulmane ?
@Philippe
N’étant ni savant, ni docteur, ni mytho..mane, je me sens obligé de vous répondre:
J’ai ouie dire qu’en fait la promesse serait alors de retrouver son unique époux légitime, qui saurait alors la satisfaire ad viteam eaternam.
Un autre conte pour enfant.
Moi, pour 72 puceaux, en tout cas je ne signe pas…