Selon l’axiome bien connu que je viens pourtant d’inventer, un Juif de la diaspora, ça ferme sa gueule ou ça vient habiter en Israël ; en toute contradiction avec la maxime énoncée ci-dessus, je m’en vais tout de même l’ouvrir afin de confier ma lassitude devant les tragiques événements survenus ces jours derniers en Israël.
J’en suis arrivé à un point où je me fous de savoir qui a raison, qui a tort, qui a commencé, qui a provoqué, qui est dans son droit, qui était là le premier, à qui appartient tel lopin de terre, qui doit-on blâmer, qui est la victime, le coupable, le bourreau, qui est responsable, qui faut-il plaindre, quelle résolution de l’ONU faut-il appliquer, comment toute l’affaire a débuté, si le partage de 1947 était juste ou pas, si le premier homme à marcher sur cette terre fut juif, arabe, araméen, philistin ou marsupilamien…
Chacun a raison, tout le monde a tort, personne n’en sort indemne et aux morts s’ajoutent les morts comme dans une farce absurde et macabre où les personnages livrés à eux-mêmes commettent des actions sans plus connaître la raison de leurs agissements.
Le conflit israélo-palestinien finit par ressembler à ces absurdes querelles de familles où deux frères sont fâchés depuis si longtemps et sont tellement habitués à l’être qu’ils ne savent même plus pourquoi ils le sont : ils continuent à se regarder en chiens de faïence, à s’insulter ou à s’ignorer tout en sachant, au fond d’eux-mêmes, que tout cette comédie ne rime plus à rien, que les deux parties se retrouvent perdantes, que c’est désormais autour de leurs fils, de leurs petit-fils de perpétuer le feu d’une dispute mille fois millénaire.
Les autres membres de la famille ont abandonné tout espoir de les réconcilier, ils ont essayé de les raisonner, ils les ont menacés, ils les ont sermonnés, aucun des deux frères n’a voulu céder, personne n’est en mesure d’expliquer comment la dispute a commencé, cela remonte maintenant à trop loin dans le temps, les versions diffèrent et se contredisent, c’est un malheur pour tout le monde.
Pour sortir de cette ornière, il revient au fils aîné, fort de son assisse économique, géographique, technologique, de prendre le premier l’initiative afin d’aider son cadet à apaiser son courroux.
Autrement dit, il faut que les Israéliens rendent d’une manière ou d’une autre ces putains de territoires qui endeuillent la région depuis trop longtemps et empêchent tout le monde de dormir, moi le premier ; qu’ils rétrocèdent ces colonies à la noix quand bien même elles abriteraient les ossements du fantôme d’Abraham, rentrent dans leurs pénates et laissent les Palestiniens se débrouiller entre-eux.
Oui, il est fort probable que cela ne changera rien au fond de l’affaire, que quelle que soit la manière dont vous vous comportez dans le futur, on vous reprochera toujours votre présence en cette Terre Promise qui est la vôtre, qui est aussi un peu la nôtre à nous autres Juifs de la diaspora, qu’on cherchera toujours à se débarrasser de vous par tous les moyens, que vous n’aurez jamais la Paix, mais au moins vous aurez votre conscience pour vous.
Vous aurez essayé.
Vous aurez agi comme il convenait d’agir.
On continuera à vous haïr, à vous honnir, à vous tenir responsables des sécheresses à venir, du manque d’eau, des terres arides, on vous jalousera, on vous enviera, on vous conspuera, on priera pour votre disparition, on vous attaquera même, mais vous serez redevenus légitimes.
Légitimes à vous défendre.
Légitimes à continuer à être ce pays miraculeux, construit sur rien, que vous avez su rendre fertile et prospère, vous qui pourtant n’aviez jamais eu le droit de travailler la terre dans vos existences précédentes.
A être cette féroce démocratie là où tout autour de vous n’existent que dictatures, ploutocraties, régimes autocratiques.
A incarner, avec encore plus d’éclat et de force, ces hautes valeurs morales et séculaires du judaïsme qui nous ont permis de traverser les siècles sans jamais céder un seul pouce de nos impératifs éthiques.
Rendez ces territoires, ne sombrez pas dans l’obscurantisme, c’est le meilleur moyen pour que le Juif de la diaspora la boucle pour de bon.
Rien que pour cela…
Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true
Je comprend le raisonnement, il procède d’une logique: Israël rend les “territoires”, tous les territoires, hein, Jerusalem comprise, histoire de ne pas fâcher, et le Golan à Bachar ou Daesh, au choix, histoire d’avoir le massacre de 30 000 Druzes syriens qui vivent en paix avec nous depuis 1967 sur la conscience.
Mais on s’en fout, hein, Hallelouya, on redevient légitime à se défendre!
Et après? Quand Israel sera attaqué ( et il le sera) comme il le fut quasi quotidiennement entre 1948 et 1967, on fait quoi? Quand les massacres de “colons” seront remplacés par d’identiques massacres de citoyens lambda vivant dans les lignes d’armistices de 1949, quand Tel Aviv sera à portée de canon et la Knesset à portée de fusil, et que ces fusils et ces canons feront feu, on fait quoi?
On reconquiert les dits “territoires”, en position d’infériorité cette fois, au prix de milliers de vies israéliennes et palestiniennes?
Et on recommence à zero?
Si l’auteur est prêt a sacrifier sa vie et celles de ses enfants pour cette ineptie de légitimité, alors ce coup de gueule de sa part est lui aussi légitime. Sinon…
Ce Laurent est une nouvelle victime de la propagande à la Goebbels des arabes dits palestiniens et de la politique antisioniste virulente de Barak Hussein Obama et de l’UE.
S’il se fiche des “colonies” juives (les “putains de territoires”), du fantôme d’Abraham, ce type qui me rappelle le quatrième fils de la Hagada de Pessah, peut toujours rester où il est (en Diaspora si j’ai bien compris) et s’occupe en France de ceux qu’il considère comme ses “frères”. Qu’il nous laisse régler comme il le faudrait, nos problèmes avec nos ennemis puisqu’aujourd’hui il se fiche de savoir qui a raison. La galout t’a détruit, tu ne mérites pas (à moins de changer) de rentrer dans un pays qui est “un peu le tien” come tu l’écris.
Bonjour,
Vous dites “il faut que les Israéliens rendent d’une manière ou d’une autre ces putains de territoires” ,
j’aimerai avoir votre analyse sur le retrait israélien de la bande de gaza en 2008.
Celà à permis au hamas d’envoyer des roquettes à partir de cette zone ..
Merci …
Moi ce n’est pas la Galout qui m’a detruit (je vis en Israel depuis 1976). Ce qui me detruit petit a petit c’est l’imbecilite des troupeaux et des fanatiques de tous bords. Je suis tout a fait d’accord avec Laurent, qui voit clair, comprend la psychologie elementaire de tout peuple reprime (nous en etions un, de peuple reprime, en Galout justement, ca on s’en souvient bien sur mais d’autres peuples reprimes? Non, ca n’existe pas puisque les Palestiniens n’existent pas…), et nous le serons bientot a nouveau avec la mentalite repressive que nous avons developpee, avec le racisme abominable qui regne chez trop de nos jeunes. Les choses empirent et notre gouvernement, le plus atroce que nous ayons eu en tout cas depuis les 40 ans que je suis ici, notre gouvernement reste coince dans sa boite a miracles… Mais voila, les miracles ca n’existe plus.
Tout le contraire de ce qu’a ordonné le rabbi, qui connaît bien plus que tout le monde ici de quoi il parle.
Rendre des terres ne fait qu’augmenter l’insécurité.
Nous ne serons jamais légitimes.
Mais je veux rendre les territoires pour la seule raison qui est que je ne veux pas dominer un autre peuple.
Ca pourrit nos valeurs et notre société. Et c’est là le principal danger.
Lorsque l’attache consciente d’un différend avec la querelle d’origine se rompt, l’absurdité s’installe en lieu et place d’un possible compromis rationnel entre les parties. Israéliens et Palestiniens en sont là. Après des correspondants de presse qui travaillèrent sérieusement sur place pendant un quart de siècle et baissèrent les bras, vous renoncez à démêler les responsabilités des frères ennemis. Vous en êtes là. On vous comprend puisque, quoique goy l’on en est là aussi, se retenant de déplorer, comme longtemps naguère, qu’un Yigal Amir ait pu assassiner Yitzak Rabin pour faire publiquement part de son opposition aux accords d’Oslo (sept. 1993).
Une des pommes de discorde devrait enfin être mise au rebut, quand bien même rendre les territoires occupés aux Palestiniens, selon vous, « ne résoudra rien ». Votre optimisme n’éclate pas, car le sens des réalités vous incline à pratiquer un compréhensible pessimisme. Les Palestiniens, parvenant à une vision similaire assise sur des constats et arguments opposés, pourraient pourtant nourrir une opinion assez proche. Les deux frère ennemis en sont donc toujours là.
Meurtres et vengeances qui, au bout d’années d’escarmouches, de vilenies et de guerres asymétriques après celles qui furent « classiques », finissent généralement par aboutir à « la table de négociations ». Là, non. Faudrait-il en induire que les religions « du Livre » ne produisent aucun enseignement apaisant dans ce conflit aux explosives intermittences ? Et que le « machin » de New York est toujours incapable d’obtenir que les parrains des parties en présence accordent un jour, tels les musiciens de l’orchestre de Daniel Barenboïm, leurs violons ?
Merci Daniel pour vos sages paroles
Je ne suis qu’un goy qui aimerait comprendre. Que signifie être juif qu’on réside en Israël ou non ? De deux choses l’une : soit on est croyant, on a foi dans les écritures de l’Ancien Testament, la Torah etc., soit on est agnostique ou athée. Dans le premier cas, je comprends qu’on se sente en empathie avec tous les autres juifs de la terre et cela constitue une communauté confessionnelle comme toutes les autres religions. Dans le second cas, et je sais qu’il y en a parmi vous, je ne vois pas en quoi on peu se sentir juif ou d’une quelconque autre religion, et dans ce cas se sentir concerné par ce qui se passe en Israël. On est français, Américain, belge ou que sais-je encore, maIs pas juif, catholique, musulman etc… Si on se sent concerné par la guerre en Israël, ce ne peut être que d’un point de vue humaniste. Sinon, c’est que vous êtes tous croyants, que vous avez foi dans des textes qui ont été écrits (ou inventés) plus de mille ans après les faits qu’ils sont censés relater… Ceux qui ont la foi méritent bien sûr le respect, chacun est libre de ses convictions. Il me manque peut-être des clefs pour comprendre ce que vous seuls (je parle des “juifs agnostiques”) pouvez porter à ma connaissance.
@L/J : je crois que j’en parle ici : https://blog.slate.fr/sagalovitsch/2014/07/21/deux-trois-choses-que-je-sais-disrael-et-des-juifs/
OU ici :https://blog.slate.fr/sagalovitsch/2015/02/19/la-tentation-disrael/
Mais bien sur… et la marmite elle emballe le chocolat dans le papier alu.. ya un gros zappage de l’épisode de la rédition de Gaza là nan? rendre les terres a élu le Hamas à Gaza, ta naïveté et bien mignonne mais totalement conne..
Et donc alors St Etienne ?
@laurentsagalovitsch
J’avais déjà lu ces articles. Merci de les avoir rappeler, il sont éclairants. Mais dans tout ceci et là cela ne concerne que les juifs agnostiques (ce qui est un oxymore de mon point de vue comme on dirait un catholique agnostique), dois-je comprendre avec toutes les précautions de langage et je ne veux surtout choquer personne, que le statut de juif (non croyant je précise à nouveau) se résume à celui de victime et ce essentiellement depuis la Seconde Guerre Mondiale ? Pour dire les choses encore plus clairement, est-ce par la folie d’une idéologie incarnée par un homme il y a 70 ans que vous vous sentez juif aujourd’hui ? Ce serait un comble non ?
Par ailleurs, derrière le substantif juif, j’ai l’impression qu’il n’est pas qu’affaire de religion mais de race (le peuple élu de la bible dont peut-être certains se sentent appartenir mais surtout que la majorité vous attribue) qu’une autre prétendue supérieure devait exterminer (les aryens…). Vous penserez probablement que ces propos sont ceux d’un naïf (et pourquoi pas…), mais cela voudrait dire que les massacres depuis tant d’années à Gaza ne seraient dus qu’à un mot dont on sait aujourd’hui qu’il est dénué de sens scientifique : race… Ne serait-il pas plus approprié de réserver le mot juif aux habitants de l’ancienne Judée et aux pratiquants de la religion judaïque ? Et pour les autres qui n’ont pas la foi religieuse, porter simplement le statut de la citoyenneté nationale à laquelle ils appartiennent, ce qui est déjà assez lourd à parfois…
Il faut sans doute rendre les territoires mais ces derniers ne sont pas la source réelle du conflit car, bien avant la création de l’Etat d’Israël, les Arabes ont commis de nombreuses agressions contre les juifs dont la présence en Palestine est très antérieure à celle des Arabes, de même que les chrétiens ont précédé en Israël les Arabes de plusieurs siècles.
En effet, de nombreux heurts eurent lieu entre Arabes et Juifs jusqu’à un pogrom (autrement appelé Emeutes de Nabi Moussa), dans la vieille ville de Jérusalem du 4 au 7 avril 1920, suscité par le maire arabe et auquel participa activement Hadj Amin el Husseini, frère du mufti de Jérusalem et futur créateur de la 13e division de montagne de la Waffen SS Handschar (mais alors encore simple activiste). C’est en réponse à ces événements, les Juifs palestiniens ont créé la Haganah (la défense, en hébreux).
Il y eut également le massacre d’Hebron le 24 août 1929, etc…
Faut-il encore rappeler la connivence constante des nazis et des Arabes depuis la seconde guerre mondiale jusqu’aujourd’hui ? Voir notamment sur ce sujet :
. « Croissant fertile et croix gammée, le troisième Reich, les Arabes et la Palestine » de Cüppers Martin et Klaus Michael Mallmann © 2009 Ed Verdier ;
. « Le faisceau, la croix gammée et le croissant » de Fabei Stefano © Akribeia Saint-Genis-Laval 2006 pour la traduction française. Traduit de l’italien par Hans Moretus ;
. « Le croissant et la croix gammée, les secrets de l’alliance entre l’Islam et le nazisme d’Hitler à nos jours » de Faligot Roger , Kauffer Rémi © Albin Michel 1990.)
Faut-il rappeler que le Fatah a très longtemps entrainé des militants néo-nazis dans ses camps du proche-Orient ?
Faut-il rappeler le rôle que certains personnages, tel François Genoud ont joué dans le monde arabe ?
François Genoud fut un nazi fervent, légataire universel de Bormann et de Goebbels, éditeur du testament politique de Hitler, affairiste, banquier du FLN, soutien des réseaux terroristes palestiniens, organisateur de la défense de Barbie à Lyon (comme il l’avait été pour Eichman en Israël), « père spirituel » de Carlos.
Faut-il rappeler qu’après la guerre de très nombreux nazis ont été accueillis en Egypte où ils ont occupé de très importants postes dans l’appareil d’Etat égyptien ?
C’est notamment en cela que le nazislamisme, ou l’islamofascisme ne sont pas des termes vides de sens.
Au contraire, ils désignent clairement ce qu’il y a de plus réactionnaire dans un monde arabe dont l’antisémitisme est historique, institutionnel, et obsessionnel jusqu’à la folie.
Eh non! L.G. Votre appréhension est par trop réductrice. Il existe un entre-deux. Et “juif” ne peut être réduit à une simple appartenance religieuse. D’ailleurs, même converti à une autre religion, une personne d’origine juive n’en reste pas moins juive aux yeux de la société. L’antisémitisme millénaire de nos sociétés a en grande partie forgé ce sentiment identitaire qui transcende la croyance religieuse. Dîtes-vous donc que l’intérêt et/ou le soutien passif ou actif à Israël est indissociable de ce sentiment identitaire, inné, acquis (par l’existence de la Shoah) ou imposé par la société.
devermont, votre commentaire ne fait que corroborer ce que j’ai précédemment avancé : être juif, c’est souffrir ou subir l’antisémistisme, comme si la judéité ne se définissait que par défaut, par antithèse et pas de manière positive. Comment reconnait-on un juif agnostique S’IL N’AFFICHE PAS SA JUDÉITÉ (je mets de côté la circoncision qui n’est pas visible) ? De même que personne ne sera capable rien qu’en me voyant dans la rue de dire qu’elle est ma religion, si j’en ai une ou si je ne suis pas juif par hasard… Quand on aura répondu à cette question, on aura grandement avancé.