Ne nous y trompons pas.
La phrase lancée l’autre soir par Nadine Morano, ”Nous sommes un pays judéo-chrétien de race blanche”, cette phrase qui nous interpelle et nous choque, cette phrase abjecte, cette phrase de tous les racismes et de tous les ostracismes, cette phrase aussi immonde soit-elle, reflète une pensée partagée par un nombre de plus en plus grand de Français.
Ce n’est pas un écart de langage.
Ce n’est pas un dérapage ni un pétage de langue ni une quelconque déformation de sens.
C’est la mise en mots d’une ”idéologie”, celle de la France pour les Français, celle de la France profonde, celle d’une France arc-boutée sur elle-même, que partage, comme d’autres l’ont partagée avant, une frange non négligeable de la population française.
Le nier serait stupide, vain, voire criminel.
Oui il existe des gens de tous horizons, de toute tendance politique, de toute condition sociale, des retraités, des professeurs, des garçons coiffeurs, des péripatéticiennes, des secrétaires de direction, des chefs d’entreprise, qui, au plus profond d’eux-même, sans être forcément des racistes enragés ou des xénophobes acharnés, pensent que oui, la France, c’est avant tout un territoire qui a vocation à être peuplé de personnes qui leur ressemblent.
Ils sont riches, ils sont pauvres, ils sont analphabètes, ils sont de grande culture, ils habitent au cœur des villes, ils vivent à la campagne, ils sont célibataires, ils ont des enfants, ils sont jeunes, ils sont moins jeunes, ils sont athées, ils sont croyants mais tous partagent cette intime conviction que la France c’est d’abord une identité constituée de gens de “race” blanche, entretenant des rapports plus ou moins étroits avec la chrétienté et dont, dans l’idéal, les ancêtres vivaient déjà dans l’hexagone.
On en rencontre de plus en plus qui, sans même se cacher, sans prendre de gants, sans ambages, expriment cette féroce croyance en une France qui ne saurait être la France si elle devait composer avec des personnes issues d’une autre culture, d’une croyance différente, d’une couleur de peau trop bronzée pour être honnête.
La France, c’est la France, pas un assemblage de troupeaux bigarrés constitués d’êtres venus d’ailleurs qui ne partagent aucune valeur avec l’âme profonde du pays, qui ne peuvent pas saisir son essence même, qui quelque fut leur degré d’intégration, leur réussite professionnelle ou scolaire, leur enracinement, demeureront à tout jamais des ennemis de l’intérieur.
Qui le jour venu n’hésiteront pas à prendre les commandes du pays pour le précipiter dans les abîmes, le forcer à changer de paradigme, l’arabiser de force avant de prêter allégeance au Prophète.
C’est d’une bêtise sans nom, c’est une fantasmagorie absolue, c’est un raisonnement qui tient du délire le plus échevelé, c’est absurde, c’est révoltant de connerie mais c’est ainsi.
Et c’est sûrement commun à nombre de peuples.
Et c’est précisément parce que c’est une pensée qui se situe au-delà du champ de la raison qu’elle est comme impossible à combattre.
La bêtise a ceci d’effrayant que n’étant pas construite sur un raisonnement intellectuel articulé, ne reposant point sur une succession d’idées qui mises bout à bout finissent par aboutir à un semblant de pensée, celui ou celle qui s’efforcerait de la démonter sera voué à échouer.
Il aura beau la dénoncer, démontrer par a+b sa parfaite inanité, prouver sa totale absurdité, il faillira toujours à la faire disparaître.
La bêtise est plus forte que tout.
Elle triomphe de tous les raisonnements, elle terrasse toute intelligence, elle reste sourde à tous les discours de bon sens.
Elle est insubmersible.
Il ne sert rien d’essayer de l’attendrir, il faut juste savoir qu’elle existe, qu’elle est là, dans le cœur profond des hommes et des femmes, ne jamais la sous-estimer, la surveiller de près afin que de sentiment elle ne devienne pas action, c’est la seule chose qu’il convient de faire : la garder dans son viseur et sitôt qu’elle tente de s’émanciper, la forcer à regagner ses terres.
En employant tous les moyens nécessaires.
En ne tentant jamais de la justifier par je-ne-sais-quel conditionnement économique, d’essayer de la comprendre tout en la rejetant, de lui trouver des circonstances atténuantes là où elle demande une intransigeance infaillible.
Quant à Nadine Morano, nul besoin de lui tomber dessus.
Du haut de son indécrottable bêtise, elle nous domine et nous dominera toujours.
Il suffit juste de se boucher les oreilles.
Ou éviter de l’inviter à des émissions juste pour avoir la satisfaction de voir ses chiffres d’audience augmenter comme ces monstres d’autrefois qu’on exhibait dans les cirques pour mieux remplir les gradins.
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Merci. Je ne suis plus toute seule…
Monsieur que je ne connais pas et que je lis par ouverture d’esprit, je suis en accord avec votre point de vue sur Mme M mais du mal avec la propagande “anti” ceci ou cela qui est intégré sur votre chronique. Qui plus est je pense intimement que vous manquez d’ouverture d’esprit et que vous devriez au moins (si lire est trop long) ré-écouter Michel Onfray. Si beaucoup avaient sa démarche le monde serait plus juste.
Pleinement d’accord avec votre billet et, notamment, avec votre vision – sans une compassion qui serait de trop ! – d’une politique qui, pour avoir trop respiré les mégalomanes fumets qui asphyxièrent les proches d’un ancien président de la République, en vint (nous y sommes !) à devenir une caricature de caricature. Aux miasmes trop puissants, les faibles succombent… C’est pourquoi le marionnettiste en chef ne saurait se voir accorder la moindre once de pitié ou d’excuse !
Votre énumération de la masse (encore l’avez-vous réduite : l’hypotypose eût occupé tout l’espace) des « ennemis de l’intérieur » est substantielle, même si l’on parierait sans risque qu’elle est incomplète. Pourrait-on, au passage, en déceler d’autres – ennemis de l’intérieur –, bien plus habiles et ne se satisfaisant pas de la laïcité qui pourtant permet à tout croyant de pratiquer sa religion ? Se dissimulant eux-mêmes dans un « sac » tout autre que celui où vous regroupez les « ennemis de l’intérieur », ils n’en sont pas moins dangereux !!!
Votre conseil injonctif au nocturne amuseur médiatique de ne pas « inviter [ces politiques s’apparentant aux] (…) monstres d’autrefois qu’on exhibait dans les cirques pour mieux remplir les gradins, (…) juste pour avoir la satisfaction de voir ses chiffres d’audience augmenter » est évidemment excellent.
C’est d’ailleurs pourquoi il ne sera pas suivi : « c’est révoltant de connerie » perverse, « mais c’est ainsi ».
Nadine Morano est en retard de deux générations.
Et puis, elle a oublié ses origines ! Ceci montre que la pauvreté n’existe pas que dans ce qui est matériel, mais aussi et surtout dans ce qu’on peut définir comme intellectuel.
Avant elle il y eu un certain Balladur, Balladurian de son vrai nom (l’immigré arménien qui a fait sa place dans la société française) qui, devenant premier ministre de la France, avait aboli le droit du sol, privant ainsi de leur nationalité française les enfants nés en France (contrairement à lui) de parents étrangers.
Et beaucoup de politiciens français n’arrivent pas à suivre l’évolution de la société.
Merci pour cette analyse synthétique. Je suis de tout coeur avec vous, sauf pour la conclusion quelque peu pessimiste. Je pense que les mentalités, donc un certain imaginaire collectif, sont capables d’évoluer avec le temps et reste persuadé que l’avenir de l’humanité va vers le métissage plutôt que vers une communautarisation à outrance. Par métissage je ne sous-entends pas “uniformisation”, mais au contraire une ouverture qui s’imposera d’elle-même, peut-être pas sans heurts il est vrai.