Le tango funèbre de l’Europe


Je ne sais pas ce qu’il faut entreprendre pour résoudre la crise des migrants.

J’ignore s’il existe une solution viable pour tous et acceptable par tous.

Et je serais bien incapable de dresser un plan d’action qui tienne la route et satisfasse tout son monde.

En revanche, je sais une chose, une seule : si ces familles entières venant frapper à la porte de l’Europe étaient blanches, chrétiennes et baptisées, depuis belle lurette une solution eût été déjà élaborée pour les accueillir.

En un tournemain, on aurait trouvé des logements adéquats, chaque pays de l’Union Européenne se serait enorgueilli d’ouvrir grandes ses portes à ces frères de cœur et de sang, les églises auraient sonné le rappel des troupes, les hommes politiques se seraient empressés de dérouler le tapis rouge pour faciliter l’intégration de ces brebis égarées dans le dédale de l’Histoire.

Personne, dans nos villes et nos campagnes, ne se serait fait à l’idée de laisser des centaines de milliers de familles, fuyant la guerre et les persécutions, errer à la frontière de l’Europe comme des fantômes et quémander la protection d’un des états membres.

Jamais on n’eût accepté de les laisser à leur triste sort, c’eût été le plus grand des péchés, le Christ ne nous a-t-il pas enseigné d’aider son prochain en toutes circonstances ? N’est-il pas de notre devoir sacré par-delà toute éternité de venir en aide à des hommes et des femmes chassés de leurs terres natales par des dictateurs sanguinaires ? Dieu tout-puissant ne nous l’ordonne t-il pas ?

On aurait même rivalisé pour être le meilleur élève de la classe européenne, on aurait débloqué des fonds par milliards, nul n’aurait trouvé à y redire : en trois coups de cuillères à pots, la crise eût été réglée, l’âme de l’Europe sauvée et on serait tous allé au Paradis.

Faudra-t-il donc que ces réfugiés qui croupissent hors de nos frontières aillent se faire, comme d’autres hier, baptiser en douce, changer la consonance de leurs noms, se ”décirconcir” le sexe pour qu’enfin la soi-disante toute chrétienne Europe daigne les accepter ?

Ou bien va-t-elle comme hier encore avec ses Juifs dont elle ne voulait rien savoir, tergiverser à l’infini, dire tout et son contraire, attendre que les choses finissent par s’arranger, s’inventer mille et unes excuses pour ne rien entreprendre qui puisse choquer les populations crevant de trouille d’être envahies par des bandes de sauvages, et dont on redoute par-dessus tout les changeantes humeurs électorales  ?

Combien de temps encore cette pitoyable mascarade va-t-elle durer ?

Combien de morts, de vies défuntes, d’existences broyées va-t-on devoir comptabiliser pour que cessent ces atermoiements, ces reculades, ces hésitations, ces incohérences, cette politique des petits pas où chacun se regarde en chien de faïence et rejette sur l’autre la responsabilité de son inaction ?

Combien ?

Va-t-on devoir attendre d’être au pied du mur pour enfin se décider à réagir ?

Est-il si difficile de comprendre que parmi tous ces gens implorant notre clémence se trouvent le futur chirurgien qui nous sauvera la vie, le prochain chercheur qui trouvera un remède au mal dont nous souffrons ou bien ces dizaines de milliers d’honnêtes travailleurs n’ayant que leur courage, leur ténacité et leur dignité à offrir, et qui demain combleront les attentes de nos entreprises désespérant de trouver des petites mains à même d’effectuer des taches rebutantes ?

Ces enfants aux regards terrorisés n’ont ni religion ni croyance ni couleur de peau : ils n’ont que leurs innocences à nous offrir.

Qui pourra nous faire croire que dans un continent fort de 508 millions d’âmes l’arrivée d’un misérable million de migrants serait une chose impossible à réaliser, représenterait un objectif inatteignable, concourrait à semer le désordre et la pagaille ?

De quels atrophies mentales doit-on souffrir pour s’imaginer un seul instant que ces personnes qui représenteraient 0.2% de la population européenne totale viendraient chambouler en profondeur l’ordonnancement de nos existences quotidiennes ?

Le souvenir de ces six millions de Juifs qu’on a laissé crever comme des chiens sous les yeux apathiques des gouvernements et opinions publiques d’alors ne vous somme-t-il pas de réagir avant que de pareilles tragédies ne se renouvellent d’une manière ou d’une autre ?

Aujourd’hui voilà qu’on dresse des barbelés à nos frontières et demain ce sera quoi ? Des miradors ?


L’humanité est une et indivisible.


Ou alors elle n’est pas.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

10 commentaires pour “Le tango funèbre de l’Europe”

  1. Je suis d’accord avec chaque mot que vous avez écrit ici, de même que dans votre article précédent mais je suis trop confuse et trop émue pour être capable de l’écrire moi-même. Merci.

  2. Sauf démenti des exégètes, pour Jésus-Christ, « le prochain » est tout humain, sans considération de confession, d’agnosticisme ou d’athéisme. Cela précisé – et au-delà ou, si vous préférez, en deçà de la désunion flagrante des États composant l’Union européenne –, vos considérations statistiques convaincraient le plus têtu des mulets. Plus encore peut-être celles relatives à l’origine géographique des réfugiés et – si l’on suppose inopérante la couleur de leur peau sur le faible sens de l’hospitalité européenne, ce qui est douteux – à la religion de nombre d’entre eux.

    Vous défendez un point de vue fondé sur la solidarité fraternelle entre êtres humains : les vies mises en danger par la guerre et les tyrans sanguinaires imposent que le devoir d’asile soit rempli. Vous n’ignorez pourtant pas que les « Pus jamais ça ! », tacitement présents dans votre évocation du génocide des six millions de Juifs d’Europe, ont une assez faible longévité, et que les passions les moins ragoûtantes obturent les mémoires.

    Si « l’humanité est une et indivisible », la preuve nous est une fois encore administrée que les traditions, mœurs et cultures des peuples la composant diffèrent. Ainsi, l’article 53-1 de la Constitution française dispose :

    « La République peut conclure avec les États européens qui sont liés par des engagements identiques aux siens en matière d’asile et de protection des Droits de l’homme et des libertés fondamentales, des accords déterminant leurs compétences respectives pour l’examen des demandes d’asile qui leur sont présentées. // Toutefois, même si la demande n’entre pas dans leur compétence en vertu de ces accords, les autorités de la République ont toujours le droit de donner asile à tout étranger persécuté en raison de son action en faveur de la liberté ou qui sollicite la protection de la France pour un autre motif. »

    Pour apaiser les peurs ambiantes, faudrait-il modifier le second alinéa de l’article ? Il est probable que remplacer – dans « les autorités de la Républiques ont toujours le droit donner asile… » – le mot « droit » par le mot « devoir » ne satisferait qu’une part réduite des Français.

  3. Très juste, je ne dis pas autre chose en voyant la situation chez moi, en Autriche, cf. par exemeple https://jsegalavienne.wordpress.com/2015/09/17/la-semaine-ou-leurope-a-cesse-dexister/

  4. Ah le yakofonisme du bloguer. entre lieux communs, vérités tièdes et accusations bidons à la cantonade. Je vous rassure, les familles serbes déplacées (les “méchants” de la guerre en Yougoslavie) du Monténégro et du Kosovo les petits blancs des quartiers qui se font défoncer la gueule pour être nés “Bolos”, les Ouygours, les réfugiés blancs de Rodhésie/Zimbabwé, les chrétiens d’orient persécutés ou les gays russes.

    Hein ces gens là les trous du cul de bobo s’en foutent. Et que Marianne fasse un spécial pour vous frotter la tête dans votre merde humanitaire et vous cataloguez le journal raciste. PAsque le gosse Ouzbéke tabassé sur un marché chinois, la minorité catho vendue pour faire la pute à Bagdad ça rentre pas dans votre grand plan global d’autoflagellation morbide.

    “Oh mon dieu j’ai honte de l’Europe”. Mais ferme ta gueule bouffonne. Moi je vous propose une vision différente: qui va faire des éditos pleurnichard quand la victime est blanche? Qui défend les réfugiés Ukrainiens?

    Ce n’est pas un service à rendre au monde d’arabe de s’accuser de tout et n’importe quoi. ca les empêche d’aller traîner par les couilles les ministres du Qatar, d’Arabie Saoudite qui financent ces dingues. Vous les empechez de contempler la dégueulasserie, le sexisme, l’homophobie et le racisme de leurs sociétés.

    Vos jérémiades malsaines font le jeux de Daesh, et à la fin de la journée que ca vous plaise ou pas, c’est chacun sa merde.

    Vos conneries clivantes d’abrutis pointeurs de doigts me fatiguent. Et le pire c’est de savoir que quand les premiers couacs auront lieu vous bramerez l’inverse et vous brandirez la corde quand un de vos pauvres petits réfugiés de guerre salafistes tunisiens à faux papier fera un carton dans une gare ou une école juive.

    Ayez le bon gout de fermer vos gueules, tous autant que vous êtes.

    Et vives les Kurdes!

  5. Oh capitaine, mon capitaine,

    J’aime beaucoup votre Punchline.

    Donc vous nous proposez de ne pas nous mobiliser pour l’accueil des réfugiers, chose dont les aboutissants sont totalement entre nos mains, pour se concentrer sur les tenants (Russie, Qatar, A-S, Turquie, Iran et le reste du moyen-orient) dont, vous pensez bien, personne ne se préoccupe ces dernières années vu le résultat obtenu.

    Quand ca veut pas… ca veut pas. what’s else?

  6. Captain nimp s’élève contre les indignations sélectives.

    Ses dernières paroles soulignent qu’aux yeux des belles âmes, la peau du Kurde a toujours moins valu que celle du Palestinien, aujourd’hui du Syrien…

    Beaucoup de ses observations ne sont pas contestables…

  7. @Philippe

    “vous brandirez la corde quand un de vos pauvres petits réfugiés de guerre salafistes tunisiens à faux papier fera un carton dans une gare ou une école juive”

    Son processus de sélection sent mauvais l’extrémisme tout de même, quand à son vocabulaire… et ce ne sont que de la propagande pour ne rien faire.

    Donc accueillons ces réfugiers de guerre, entre autres, d’origine, kurde, assyrienne…

  8. Le style de Captain nimp ne fleure pas le n° 5 de chez Chanel mais il est extrêmement expressif, drôle et plein d’inventions.

    Quand il écrit : «  Ce n’est pas un service à rendre au monde d’arabe de s’accuser de tout et n’importe quoi. ca les empêche d’aller traîner par les couilles les ministres du Qatar, d’Arabie Saoudite qui financent ces dingues. »
    Cela me semble effectivement incontestable.

    Quant aux événements en cours, il est impossible de ne pas penser qu’on dispose de centaines de photographies aussi bouleversantes que celle du petit Aylan… Elles montrent des chrétiens crucifiés, des femmes enceintes éventrées, des homosexuels massacrés, des enfants sous-alimentés.

    Le choix de mettre en avant une photo émouvante ne correspond pas à un impératif moral, mais à un projet politique.

    Cela paraît évident.

  9. Oui oui… belle Punchline, mais combien de réfugiés de guerre Quataris, Saoudiens, Russes sont à nos portes ?

    Ce n’est juste pas le sujet… et vous ne cherchez qu’à détourner l’attention pour ne pas vous plier à vos devoirs. Devoir de chrétien, qui plus est…

    Ce manège ne trompe personne et est d’une hypocrisie insidieuse et déshonorante.

  10. BRAVO !! Merci pour cet article doté d’une prouesse scripturale remplie de vérités qui me laisse sans voix ! Ce sont des articles comme cela qu’il nous faut, écrits par des personnes engagées comme vous ! J’aime votre écriture et la manière dont vous mettez à nu les faux-semblants de la soi-disante REPUBLIQUE ! Dans l’expectative d’une reconnaissance plus accrue de vos articles !

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