Pour éviter de finir comme Vincent Lambert, rédigez vos directives anticipées


L’épouvantable affaire Vincent Lambert avec tous ses impossibles rebondissements m’a ouvert les yeux. Je ne veux pas qu’un jour, ma famille se déchire à mon sujet. Je refuse de voir David Pujadas ouvrir son journal de vingt heures par ” Nouvel épisode dans l’affaire Sagalovitsch qui bouleverse la France entière depuis des semaines : sa grand-tante s’oppose à son transfert dans un hôpital israélien. ” Sa place est en France. Il est né en France. S’il doit mourir, que Dieu nous en préserve, il mourra en France a-t-elle déclaré à nos journalistes ”.

Afin d’éviter tous ces tracas, j’ai donc décidé de coucher sur le papier mes désidératas si jamais un jour je devais me retrouver dans le même état que ce pauvre Vincent Lambert.

C’est recommandé paraît-il.

Afin de permettre au médecin de prendre sa décision en toute sérénité puisqu’en dernier ressort, selon les dispositions actuelles de la loi, après avoir écouté toutes les parties concernées, c’est à lui qu’appartiendra la responsabilité de continuer les soins ou pas.

Il suffit d’envoyer une lettre au site de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité qui se fera un plaisir de la transmettre au grand manitou veillant sur votre destinée le jour où….sait-on jamais…un accident est si vite arrivé…allez savoir ce que l’avenir nous réserve…mieux vaut prévenir que guérir…la vraie mort est ailleurs. 

Ils nomment cela des directives anticipées. Elles sont valables durant trois ans.

Tout un programme.

Hier, à l’heure où ruisselle le Pastis, je me suis enfermé dans mon bureau, j’ai fermé les volets, j’ai mis le Requiem de Mozart à fond les basses et je me suis lancé :

” Cher docteur,

J’aurais aimé faire votre connaissance dans d’autres circonstances mais le destin ne l’a pas voulu ainsi. Quand vous lirez cette lettre, je serai dans un tel état que je crains de ne pas être en mesure de vous saluer. Ne m’en voulez pas pour ce regrettable impair. Ce n’est pas dans mes habitudes.

Si vous êtes à cette heure en train de parcourir cette lettre, c’est que je ne vais pas très fort. Disons même que je dois être aussi vaillant qu’un poisson rouge privé d’oxygène.

Si j’ai bien tout suivi, c’est à vous qu’il appartient de décider si je dois continuer à être alimenté artificiellement, à respirer à l’aide d’une machine, à me maintenir dans un état semi-végétatif ou s’il vaut mieux arrêter les frais ici.

J’imagine que vous avez déjà fait la connaissance de ma femme qui vous aura supplié, telle que je la connais, de me débrancher. Ne l’écoutez pas. Elle m’a épousé en espérant qu’un jour je deviendrais riche. A moins d’un imprévu difficile à concevoir, riche, je ne le serai pas devenu.

Je possède aujourd’hui 2354 euros sur mon livret A, et quand bien même devrais-je vivre encore plusieurs décennies, je crains fort que cette somme ne dépasse jamais la barre des cinq milles euros. Ma femme m’en a toujours gardé rancune. Elle se fera une joie de dépenser ce maigre argent en s’envolant pour Miami avant même le jour de mes funérailles.

N’écoutez pas non plus mes enfants, j’ai le regret de dire que j’ai engendré deux crétins absolus totalement incapables d’ébaucher le début d’une virgule d’un commencement de réflexion. Pour preuve, ils supportent l’Olympique Lyonnais, considèrent Paulo Coelho comme le plus grand écrivain vivant et prétendent que David Guetta est le Mozart de notre époque.

Si ma mère est encore vivante, ne l’écoutez pas non plus. Elle a toujours préféré mon frère aîné et n’a jamais pu accepter que je devienne écrivain au lieu de reprendre le magasin de feu mon père.

N’écoutez pas mon neveu, il vote à droite, il ne jure que par Sarkozy et possède un cœur sec comme un été sans pluie.

Si vous arrivez à joindre mon frère, entre deux avions, ne l’écoutez pas non plus : il prendra conseil auprès de sa secrétaire qui, c’est de notoriété publique, n’a jamais pu m’encadrer depuis le jour où j’ai refusé de coucher avec elle.

N’écoutez pas mes amis pour la simple raison que je n’en ai pas.

Je me suis disputé avec mon ami d’enfance au sujet d’une grille de loto sportif qui aurait dû nous apporter gloire et fortune. Cet imbécile a oublié de la faire tamponner chez le buraliste. Sa femme a retrouvé la grille gagnante quelques jours après dans la poche de son veston venant de subir un lavage/essorage de plus d’une heure.

Depuis ce regrettable incident, j’ai cessé toute fréquentation.

Quant à m’écouter moi, je ne vous le conseille pas non plus.

Concernant tout ce qui touche à la mort, je suis extrêmement pointilleux et peux me montrer des plus susceptibles si on se permet d’évoquer devant moi la possibilité qu’un jour je dois cesser de vivre.

Je vais cependant vous donner une piste, une seule, afin que vous puissiez déterminer mon niveau de conscience :

Si vous allumez le téléviseur et sélectionnez n’importe quel programme diffusé par TF1, je dis bien n’importe lequel, et que vous notiez alors chez moi le moindre début d’une interaction, un frémissement, même infime, au niveau de mes paupières, une quelconque palpitation, aussi minime soit-elle, de mon cortex cérébral, un emballement de mes doigts de pieds,  je vous en supplie, par pitié, j’en appelle à votre compassion, débranchez-moi sur-le-champ.

C’est que j’aurai atteint le fond du fond où il ne peut plus exister aucun espoir de guérison.

Pour le reste, je vous fais confiance.

Ayant étudié la question sous toutes ces coutures, j’en suis arrivé à la conclusion que personne ne savait rien sur rien, la pensée étant par nature une matière impossible à quantifier.

Autant que ce soit vous qui preniez la décision finale que mon boucher casher qui est un véritable escroc. Il vend sa viande quatre fois plus cher quand arrivent les fêtes. Je ne peux pas le blairer.


Bon courage et merci pour tout. “

                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

5 commentaires pour “Pour éviter de finir comme Vincent Lambert, rédigez vos directives anticipées”

  1. Ouverture du Vingt-Heures par Julian Bugier (1) :

    « – Une dépêche de l’Agence France Presse nous apprenait dans la journée que l’écrivain et blogueur Laurent Sagalovitsch, nous disons bien “blogueur” et non “blagueur”, vient d’inventer le concept de “SPA” pour suicide par autrui, par détestation de son boucher casher : “un véritable escroc”, écrit-il, qui “vend sa viande quatre fois plus cher quand arrivent les fêtes” ».

    [Suivent une mini-synthèse du blog du 27 juillet 2015 ainsi qu’une interview, par une journaliste de la chaîne, de la secrétaire du frère de l’écrivain, laquelle se dit « horrifiée » des propos évidemment mensongers tenus par Laurent Sagalovitsch].

    « L’on vient d’apprendre, poursuit Julian Bugier, que la Société protectrice des animaux s’insurge contre l’utilisation par France Télévisions du sigle “SPA”, dont elle rappelle posséder seule la propriété. Précisons, pour finir, que les chaînes d’information en continu ont invité cet après-midi des soutiens et des adversaires de la position de Laurent Sagalovitsch. Nos téléspectateurs se demanderont si l’écrivain n’a pas cherché ainsi un surcroît de notoriété ».

    ———

    (1) L’on apprenait de France 2 que David Pujadas, actuellement en congé, aurait donné son accord à Julian Bugier pour qu’il ouvre le Vingt-Heures sur cette question cruciale.

  2. le sujet ne passionne pas la foule
    ou alors elle en à peur

  3. c’est les vacances…..

  4. c’est les vacances…..

  5. erf!
    désolé pour le doublon 🙁

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