Parfois je voudrais ne jamais être né.
Surtout les jours où votre paternel vous appelle pour vous demander d’apporter du pain lors de votre visite dominicale et d’en profiter pour passer à la pharmacie de garde lui retirer sa boîte de viagra.
La pharmacienne est au courant. T’as rien à payer.
Ta boîte de quoi ?
De Viagra ?
De Viaquoi ?!!!
De Viagra.
Mais pourquoi faire, papa ?
Comment ça pourquoi faire ? Tu crois peut-être que j’en ai besoin pour nourrir mon poisson rouge ?
Mais papa enfin, tu as quatre-vingt-deux ans.
Et alors, ça veut dire que je n’ai plus le droit de baiser ? Tu me prends pour l’Abbé Pierre ou quoi ? Que ça te plaise ou non, je ne suis pas encore mort. Je t’attends à une heure. Ne sois pas en retard.
Et il a raccroché.
On ne dira jamais assez le traumatisme que représente la vision de son père, deux fois quarantenaire, occupé à lutiner sa dame de compagnie, en train de s’envoyer en l’air avec la voisine du dessus ou de conter fleurette à l’entrejambe de la concierge de l’immeuble.
Vision d’horreur absolue, digne de figurer dans le Livre de l’Apocalypse !
J’eusse préféré apprendre son prochain passage sur le billard pour enlever une tumeur grossissante que de réaliser que malgré son âge canonique, il continuait à pratiquer le sport en chambre avec des mamies vacillantes sur leurs talons aiguilles, des grand-mères en porte-jarretelles tenant à grand-peine sur leurs cuisses décharnées ou des petites vieilles édentées à la bouche pourtant toujours aussi vorace.
Encore adolescent, l’idée même que mes parents puissent se servir de leur lit conjugal pour entreprendre des parades amoureuses similaires à celles pratiquées dans mes revues pornographiques cachées sous mon lit, suffisaient à interrompre sur-le-champ mes séances d’onanisme forcenées.
Arrivé aux abords de l’âge adulte, je n’arrivais toujours pas à réaliser ou à imaginer que mes propres pratiques sexuelles puissent ressembler d’une quelconque manière à celles se déroulant dans l’intimité de leur chambre à coucher.
Comment concevoir un seul instant mon père secouant ma mère comme un poirier, lui claquer plus ou moins rudement le postérieur, jouer à saute-mouton avec elle, dans un concert de feulements, d’encouragements, de recommandations allant crescendo jusqu’à la venue tant espérée de l’orgasme ?
A mes yeux, mes parents s’étaient donné l’un à l’autre juste dans l’unique but de me concevoir, et depuis respectaient une chasteté ne souffrant d’aucune exception.
Aussi de réaliser que votre propre père, à l’âge où il devrait collectionner des boutons de manchette, se passionner pour l’art floral ou s’intéresser à la mythologie égyptienne, continue de s’adonner au plaisir de la chair, vous laisse tout aussi songeur que si vous veniez d’apprendre la prédisposition naturelle de votre chat à utiliser des concombres à des fins toutes sauf alimentaires.
Je ne me souviens pas de Brel chantant,
Les vieux ne baisent plus
Ou alors seulement du bout de la queue
Même aphasiques ils sont lubriques et n’ont qu’un cul pour deux.
Chez eux, ça sent le foutre, le stupre et la chatte d’antan.
Non, sottement, j’imaginais que, parvenu à cet âge crépusculaire où l’ombre de la mort ne vous quitte plus, l’esprit aurait enfin remporté sa bataille sur le corps, que le désir s’en serait allé, laissant place à une existence passée dans la lente déclinaison des saisons, en un face-à-face avec soi-même, excluant toute inclinaison à la débauche ou à la simple consommation de plaisirs charnels.
D’évidence, je me trompais.
J’ai acheté du pain, je suis entré dans la pharmacie, j’ai dit qui j’étais, la pharmacienne m’a souri, s’en est allée chercher la précieuse boîte, me l’a tendue comme s’il s’agissait d’un médicament pour soigner un rhume des foins.
Sur le chemin du retour, je me suis arrêté sur un banc, j’ai ouvert la boîte de Viagra et j’ai soutiré deux pilules du contenu.
On ne sait jamais.
(Texte non autobiographique ! Quoique…)
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Et votre mère, donc ! J’espère qu’elle feulera encore et fera claquer des postérieurs jusque’à plus soif 🙂
Le Cinquième commandement ou Cinquième Parole décrète : ” Honore ton père….” ” ….כבד את אביך. ” que Daniel Sibony traduit au mot à mot par ” Donne du poids à ton Père ” Sagalovitch détruit son père en quelques lignes, commettant un parricide virtuel. OH ! Monsieur Sagalovitch, c’est pas trop tard pour ” tuer le Père ” ? grosse déception et plus du tout, mais plus du tout envie de continuer à vous lire.
plus ça va, moins ça va !
Safroulaye. Mon frère, c’est haram, tout ça. Fais pas comme le connasse de Jamel qui nique son père. Ton père y n’est pas arabe, il est feuj, youpin Ashkénaze. Mon fils, Sagalovitch, revient te va briler en enfer.
Oh merci pour ce moment de rire orgasmique.
Moi je suis plutôt scandalisé du contraire et que cet auteur puisse s’offusquer du plaisir que prenne les autres et en fasse un papier ! Vous le faites ? Les autres aussi ! Il y a des limites d’âge selon vous ? Où avez-vous lu ça ? Dans votre guide de l’intolérance ? Dans ce cas on en reparlera si un jour vous atteignez l’âge vénérable de ce monsieur qui profite encore heureusement de la vie ! Au lieu de publier ce genre de papier, vous devriez vous offusquer de ce qui est réellement scandaleux dans notre société ! 🙁
Rigolo cette bande d’offusqués donneuse de leçons… Hé les frustrés, c’est un blog !!! Le gars il dit ce qu’il veut, même si ça n’est pas toujours brillant. Allez donc commentez les blogs et les pages facebook des nazillons si vous souhaitez faire oeuvre utile ! Et continuez à vous tripoter la nouille, y’a pas d’âge pour ça :o) !!!