(Oui, je sais, telle entreprise a déjà vu le jour. Sauf que je proclame ici, en jurant sur la tête de mon chat, que j’ai bel et bien été le premier à accoucher d’une pareille idée. En effet, ce papier a été composé puis posté dans la nuit de lundi à mardi, très exactement à 3h31 du matin. J’ai des preuves, des témoins en veux-tu en voilà, des serments de paternité, des test ADN qui le certifient. Cette mise au point étant faite, je vous souhaite une bien agréable lecture.)
Je n’ai jamais mis les pieds en Grèce, je ne danse pas le Sirtakis ou alors seulement quand j’ai biberonné une bouteille d’Ouzo cul sec ; quand je vois un pope qui s’avance vers moi, je change de trottoir illico, je ne supporte ni l’Olympiakos et encore moins le Panathinaïkos, et le seul grec ou apparenté grec de valeur que j’aie jamais connu s’appelait Triantafilos et jouait pour l’Association Sportive de Saint-Etienne (Les Verts, pour les circoncis du foot) dans les années soixante-dix.
Pour autant je sais une chose, une seule : sans les Grecs, sans leur génie immortel, sans leur apport déterminant, nous en serions encore à chasser le mammouth, à nous gratter les couilles en nous demandant comment peut bien pousser une marguerite, à vivre dans des grottes insalubres puant le buffle mouillé, à taper sur nos femmes à coups de silex pour se plaindre de la cuisson du sanglier, à prier des demeurés de demi-dieux et à être aussi utile à l’humanité qu’un escargot asthmatique.
La civilisation européenne naît avec la Grèce, et ma mère m’a toujours appris qu’il fallait se montrer reconnaissant vis-à-vis de celui qui le premier a inventé la recette du couscous, sans quoi on en serait encore à bouffer des grains de blé moulus, à l’eau et sans boulettes.
Et de vous à moi, j’échangerais bien toute la littérature mondiale contre un seul chant de l’Iliade.
Bref, toutes ces circonvolutions foireuses pour arriver à vous dire, qu’en conscience, je ne peux rester indifférent au sort réservé à mes amis grecs, dont par ailleurs je me contrefous de savoir s’ils ont ou non payé leurs impôts à temps. Ce qui est fait est fait.
Ou si au lieu de travailler comme n’importe quel européen de souche, ils ont préféré s’enfiler des tartines de tarama en regardant les lumières du Pirée s’allumer une à une dans le crépuscule ensanglanté de la mer Égée qui, si ça se trouve, ne borde même pas Athènes mais je ne suis plus à une approximation près.
N’ayant aucune compétences en économie – je crois encore que le PNB est le sigle du Parti Nihiliste Belge et le FMI la Foire à la Masturbation Internationale – je me sens donc tout à fait légitime pour proposer une solution au soi-disant problème grec.
Je propose donc, via un site de crowdfunding ou comme dirait mes amis québecois, un site de sociofinancement ou de financement participatif, Kickstarter, Leetchi, peu importe, de lancer un appel aux dons qui, pour une fois, ne concernerait non pas ses rappetouts de banques centrales, non point ces jobards des grands fonds d’investissement, encore moins ces salopards de hedge funds, mais s’adresserait à nous, simples citoyens d’une Europe qui nous ressemble de moins en moins.
Et qui creuse avec une obstination rare sa propre tombe sous les coups de boutoirs de ronds-de-cuir aussi sympathiques et aussi alertes intellectuellement que Brigitte Bardot quand elle se prend pour la réincarnation de Virginia Woolf.
Un grand élan de solidarité, qui s’affranchirait de la tutelle de nos gouvernants, ferait la nique aux marchés financiers et autres banques centrales, et permettrait à la Grèce de retrouver des couleurs.
Chacun donnerait selon ses moyens : un euro, dix, vingt, cent, mille.
Dans l’anonymat le plus total.
D’une manière totalement désintéressée.
Sans chercher un quelconque profit mais juste par souci de donner à un coup de main à son voisin qui, suite à une succession d’infortunes, de difficultés financières et d’impayés, se retrouve sur le point d’être expulsé de sa maison.
Une simple entraide entre des gens de bonne volonté.
De la main à la main.
En échange de rien.
Animé de cette seule pensée que si jamais, par mégarde, il arrivait qu’un jour, à notre tour, nous ayons à subir ce même genre d’avaries, nous aimerions bien pouvoir compter sur la solidarité du plus grand nombre, et éviter d’avoir à composer avec notre banquier dont, à dire vrai, nous doutons de sa sincérité à nous aider vraiment.
Et puis aussi parce qu’un peuple qui nous a donné comme grands-parents des figures aussi illustres et recommandables que Sophocle, Euripide, Homère, Socrate, Platon… mériterait que pour une fois nous taisions nos égoïsmes imbéciles, nos pensées mesquines et nos rancœurs illégitimes.
Vous ne trouvez pas ?
Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true
C’est déjà fait:
https://www.indiegogo.com/projects/greek-bailout-fund#/story
Il m’a piqué mon idée cet enfoiré !
Les bons sentiments ne résolvent jamais les problèmes – la Grèce ne pas connaît un « soi-disant problème », mais bien un réel problème – ; les bons sentiments créent une asymptote aux solutions, lesquelles ne sont ainsi jamais atteintes. Et puis, d’autres pays, dans le monde, ne connaissent-ils pas des difficultés aussi, ou plus, tragiques ? Ils ne suscitent aucune compassion, aucun élan, aucune initiative de financement participatif. Il faut bien commencer, objectera-t-on, autant que ce soit avec la Grèce, notre génitrice en quelque sorte. Soit.
Quant à se contrefoutre, comme vous l’écrivez, « de savoir si [… vos] amis grecs […] ont ou non payé leurs impôts à temps. Ce qui est fait est fait », peut-on observer que, dans la République hellénique, la riche Église orthodoxe et les peu misérables armateurs passent entre les mailles du filet fiscal ? Qu’une disposition, fût-elle constitutionnelle comme paraît l’être leur exonération, peut être démocratiquement abrogée ? Enfin, quoique « ce qui est fait » soit, effectivement, « fait », n’en plus parler n’empêchera aucunement que cela ne se reproduise.
Aussi se demande-t-on si ce « fier » peuple grec accepterait aisément qu’un financement participatif mondial (en l’occurrence, il s’apparenterait grandement à simple charité) lui permette de sauver mise, ou face – sans d’ailleurs régler le moindre problème ? Car ce n’est pas ce qu’attendent le gouvernement et le peuple grecs. Ils ne quêtent pas une aumône, ils veulent un rééchelonnement et, s’il se peut, un allégement de leur dette.
« La balle », comme l’on dit couramment, n’est pas seulement « dans le camp des créanciers ». Pas seulement non plus « dans celui de la Grèce ». Mais – solidairement – des deux côtés. C’est pourquoi un référendum en Grèce, sans rien de démocratique au sein de l’autre partie, ne réglera sans doute rien.
http://www.theguardian.com/world/2015/jun/29/where-did-the-greek-bailout-money-go
“This eliminated about €100bn of debt, but €34bn was used to pay for various “sweeteners” to get the the deal accepted. That €34bn was added to the Greek debt. Greek pension funds, which were major private lenders, also suffered terrible losses.”
Ce qui est bien avec les faillites et les syndics, c’est qu’il y a toujours moyen de se faire un max…
Magnifique idée !!! pensez-vous que l’Allemagne qui, après la deuxième guerre mondiale a bénéficié de cette belle idée “d’entraide” qui leur a permis de se relever , pourrait retrouver la mémoire ?
Dans le dernier plan de mesures proposées par le gouvernement grec au FMI, Tsipras proposait d’augmenter la fiscalité des riches Grecs (500 000 euros et plus) et le FMI a refusé NET cette mesure lui préférant l’augmentation des denrées de base. Même le FMI protège l’avoir des riches!
“Et puis aussi parce qu’un peuple qui nous a donné comme grands-parents des figures aussi illustres et recommandables que Sophocle, Euripide, Homère, Socrate, Platon… mériterait que pour une fois nous taisions nos égoïsmes imbéciles, nos pensées mesquines et nos rancœurs illégitimes”
La dette grecque s’inscrit dans un cycle qui remonte à l’Indépendance de la Grèce moderne au début du XIXe siècle, puis au traitement de faveur dont elle a bénéficié, en 1919, après la Première guerre mondiale. Depuis que la Grèce a été ressuscitée dans les lieux où naquit la civilisation hellénistique, deux mille cinq cents ans plus tôt, les Grecs modernes ont bénéficié d’une indulgence exceptionnelle : les poètes comme les dirigeants européens ont projeté sur cette tribu ottomane toute leur nostalgie de l’Hellénisme. Cette tribu était “grecque” non pas parce qu’elle descendait des Hellènes, mais parce que de religion orthodoxe – byzantine donc plutôt que Hellène – dans un océan musulman. Ces néo-Grecs, reconnus par les Européens pour ce qu’ils n’étaient pas, ne se crurent jamais contraints de gérer leurs affaires de manière sobre : l’Europe payerait pour l’éternité, une pension alimentaire à la mère supposée de la civilisation occidentale et de la démocratie. L’entrée dans la zone Euro a encouragé les néo-Grecs à s’endetter plus encore, arc-boutés sur leur histoire longue réinventée, une caution définitive contre leurs créditeurs. Une institution à elle seule pourrait libérer la Grèce de sa dette : l’Eglise orthodoxe qui possède un tiers du territoire et ne paye aucun impôt. Mais nul, pas même un gouvernement gauchiste, n’ose incriminer cette Eglise, parce qu’elle fut et reste l’incarnation de la Grèce contemporaine à la manière dont l’Eglise catholique en Pologne n’a jamais cessé d’incarner la nation. A la lumière de cette histoire longue, la question est donc moins “La Grèce est-elle en Europe ?” que “L’Eglise orthodoxe est-elle en Europe ?”.
Bravo,
Je trouve cette idée géniale : la solidarité des peuples et non de ces dirigeants qui décident à notre place !!!!
J ai déjà contribué avec fierté et dans la mesure de mes moyens sur un autre site qui a eu la même idée !!
Mais je me connais et je sais que j’irai quand même y participer lol !!
Et de tout coeur, j espère que cela va rapporter et montrer qu’ en tant qu” être humain : on puisse tout simplement s’entraider.
Bonne Chance pour la suite et surtout comme tu le dis si bien à tous nos cousins grecs.
Idée très charitable mais (prétendre que “sans les Grecs, sans leur génie immortel, sans leur apport déterminant, nous en serions encore à chasser le mammouth, à nous gratter les couilles en nous demandant comment peut bien pousser une marguerite, à vivre dans des grottes insalubres puant le buffle mouillé, à taper sur nos femmes à coups de silex pour se plaindre de la cuisson du sanglier, à prier des demeurés de demi-dieux et à être aussi utile à l’humanité qu’un escargot asthmatique.”, c’est s’asseoir un peu vite sur les apports des civilisations mésopotamienne, égyptienne, arabe, précolombienne et chinoise (entre autres).
Laurent Sagalovitsch a toujours des bonnes idées !
Puis, c’est vrai, je n’aimerais pas être encore dans une grotte avec des rhinos féroces, alors moi, je marche !
Il y a quelques années, au début de la crise grecque, j’avais créé cette page Facebook:
https://www.facebook.com/pages/Pour-aider-les-grecs-%C3%A0-rembourser-leur-dette-cet-%C3%A9t%C3%A9-je-pars-en-Gr%C3%A8ce/114879738542258?fref=ts