Discret comme un Juif anglais


Si le vent de l’Éternel veut bien souffler pour une fois dans la bonne direction, les Anglais se réveilleront demain matin avec un Premier Ministre juif à la tête de leur pays, en la personne du très estimé Ed Miliband.

C’est évidemment sans intérêt mais en tant que blogueur sémite appartenant de toute éternité à la tribu des nez crochus, je ne pouvais tout de même pas passer cette information capitale sous le talit.

D’autant plus qu’il est bien difficile de trouver chez le leader du Parti travailliste le moindre indice révélant son appartenance à cette race maudite.

Hormis une vague ressemblance avec Barton Fink, rien ne laisserait penser que cet homme forcément brillant, à l’intelligence ataviquement supérieure, puisse se réclamer d’une quelconque manière d’une lignée remontant à Moïse et Associés, petite entreprise plus ou moins prospère selon les époques, spécialisée dans la victimisation à-tout-va et championne hors catégorie en pogroms, génocides et autres holocaustes plus ou moins inventés.

Il faut le dire : je ne connais pas de Juif plus discret que le Juif anglais.

D’ailleurs, à part le fameux Benjamin Disraeli, je serais bien en peine d’en nommer un autre hormis Shakespeare, Margaret Thatcher, John Lenon, Morrissey et la Reine d’Angleterre, autant de Juifs qui simplement s’ignoraient.

Le terme même de ”Juif anglais” m’apparaît comme une incongruité linguistique, allant même jusqu’à revêtir une incompatibilité métaphysique, un anachronisme de premier ordre, rivalisant en étrangeté avec un Américain cultivé, un Français aimable, un Italien silencieux ou un Chinois hilare. 

J’ai beau chercher, ce Juif prétendument anglais, je ne l’associe à aucune image mentale, à aucun artiste illustre, à aucun personnage digne de figurer dans le panthéon de l’imaginaire juif.

Je vois un peu près à quoi peut ressembler un Juif hongrois, un Juif américain, un Juif français, un Juif allemand, enfin s’il en reste, un Juif tunisien, un Juif argentin, un Juif israélien (le pire de tous) mais un Juif anglais, j’ai beau chercher, à son évocation, rien ne me vient à l’esprit si ce n’est le fantôme d’une Kippa dansant dans un brouillard londonien à couper une brick au thon.

Une page blanche.

D’abord ça bouffe quoi au juste un Juif de sa précieuse Majesté ? Du couscous à la menthe ? Des boulettes à la confiture de prune ? De la carpe farcie pêchée dans la Tamise ? Du pudding au cumin ? Du crumble à la Boukha ? Du Fish and Ships à l’huile d’olive ?

Et la mère juive anglaise, si elle existe, à quoi elle peut bien ressembler, hein ?

Vous l’imaginez un seul instant téléphoner à son fils au milieu de la nuit pour lui dire ” I pray you my son but do you only know that your mother is not yet dead and that you can call her from time to time to give some news about you ” (je t’en prie mon fils est-ce que tu sais seulement que ta mère n’est pas encore morte et que peux l’appeler de temps en temps pour lui donner de tes nouvelles ?) 

Ou se plaindre à son coiffeur de l’égoïsme de son mari, Mark Bitbull (Maurice Boutboul) ?

Ou s’égosiller au téléphone avec son amie Jane Abetrish (Janine Abecassis) au sujet du prochain mariage de la fille Stockton (Shoukroun) avec le fils Borroway (Boujenah) ?

J’ai beau essayer, je n’arrive pas à me la visualiser cette mère juive, recluse dans son manoir anglais de la campagne du Sussex, occupée à siroter du thé avec ses amies de bridge, tout en chargeant la domestique de préparer le couscous.

The Truth if I Lie.

De toute évidence le Juif anglais n’existe pas en tant que tel.

Ou alors c’est un modèle d’assimilation tellement parfait qu’il a gommé toutes les aspérités héritées de ses ancêtres.

Un Juif rêvé en somme.

Qui ne la ramène jamais.

Poli jusqu’au bout de ses Burlington.

S’autorisant à jouer au poker mais arrêtant sa partie à neuf heures du soir pour s’occuper de son lévrier.

Passant ses weekends à tondre sa pelouse au lieu de débouler avec sa BMW dans les rues de Deauville, direction le casino.

Un Juif obséquieux et pluvieux.


A l’image de cet Ed Miliband qui ” je te le donne en mille, Simone, est Juif de chez Juif, sur la tête de mes enfants ma parole c’est vrai, je l’ai lu dans le blog de Sagalovitsch, tu sais le Schnorrer de chez Slate… “

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )

4 commentaires pour “Discret comme un Juif anglais”

  1. Le plus ironique dans tout ça, c’est que le vote des juifs anglais va aller au conservateur et pas au parti travailliste qui a un juif comme leader. Comme quoi la solidarité juif est toujours total….jusqu’à une certaine limite que Miliband aurait dépassé ?

  2. Du grand, du bon, de l’excellent Saga, comme on l’aime 🙂
    Suis au bureau, me suis fait griller en explosant de rire sur les boulettes à la confiture de prune.
    Encore !!!

  3. Les goyim « mettraient » peut-être, ou pas, cette information « sous le boisseau » (récipient qui servait d’unité de mesure des céréales) [Évangiles de Marc, 4, 21 et Luc, 11, 33 : parabole de la lampe qui n’est pas faite pour rester en un lieu caché ou sous un boisseau]. Qu’elle ait de l’intérêt pour vous, why not ? Précisons qu’Ed Miliband est fils de Polonais juifs, lesquels ne se trouvent pas sur la liste, probablement non exhaustive, des Juifs dont « [vous voyez] à peu près à quoi [ils peuvent] ressembler ». Fait plus intéressant, il est né un 24 décembre – mais pas à Nazareth. Et, s’il devenait Premier ministre, il aurait un prédécesseur illustre à ce poste : Benjamin Disraeli, à deux reprises Premier ministre conservateur : galop d’essai en 1867-18686, puis mandat plus long en 1874-1880. Ledit possible prédécesseur d’Ed Miliband fut « discret » comme Juif, moins comme Premier ministre.

    Ce type de rapprochement (très abrégé) permet d’observer, en qualité de goy et de voisin de la Grande-Bretagne, qu’Ed Miliband, en dépit des différences d’époque, de parti, etc., pourrait tirer enseignements de la carrière du fameux Premier ministre de la reine Victoria. Et ce, tout en faisant farcir, de temps à autre, une « carpe » – non point « pêchée dans la Tamise », sauf addiction prononcée au fumet d’hydrocarbures, mais dans un bassin, étang ou ruisseau ad hoc du 10 Downing Street.

    Le transit intestinal du Premier ministre s’en trouverait sûrement plus paisible.

  4. Votre dernière photographie est au poil [de castor du XVIe siècle]. Pourim à Londres.
    Les enfants, eux, ne sont pas déguisés mais portent l’uniforme de leur école.

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