Le don d’organes ? Sans moi, merci

                                                                                                                                                                                                                                                Apprenant que dorénavant le corps médical pourrait procéder au prélèvement d’organes sans accord préalable de la famille, j’ai réuni la mienne pour les avertir que, me concernant, il était hors de question qu’un toubib mal intentionné me ravisse mon foie, mon rein, mon cœur pour les greffer sur le premier demeuré venu.

Qu’en conséquence, si par malheur je venais à agoniser dans d’atroces souffrances, au lieu de rappliquer dans ma chambre pour la décorer de fleurs dont je me foutrais éperdument, occupé que je serais à papoter avec des éléphants roses, mes proches devraient plutôt filer voir le directeur de l’hôpital pour le sommer de ne point toucher à mes organes vitaux.

A aucun prix.

Je sais, c’est affreusement égoïste comme comportement mais j’ai toujours eu une sainte horreur de prêter mes jouets.

Déjà enfant, je rechignais à laisser ma petite sœur jouer avec mes aiguilles à tricoter.

Adolescent, je refusais à mes camarades de classe le droit d’user de ma calculatrice hyper-puissante offerte par mon oncle d’Amérique pour ma bar-mitzvah.

Adulte, j’ai séquestré à perpétuité ma femme dans la cuisine pour que personne ne me l’emprunte. 

Je ne suis pas prêteur, c’est tout.

Et puis surtout je suis prudent.

Qui peut m’assurer que si jamais je me présentais devant mon Créateur dépourvu mettons d’un cœur, d’une oreille ou même d’une demi-couille, je n’essuierais pas une soufflante divine, hein ?

Vous avez vu de quoi Il est capable quand Il se met en colère, l’Autre Empoté qui soi-disant veille sur nos destinées ?

Qui me dit que, constatant qu’il manque une pièce au corps que je lui ramène, Il ne va pas, comme un vulgaire loueur de voitures ayant pignon sur rue à Juan-les-Pins, exiger des réparations sonnantes et trébuchantes, me matraquer ma carte bleue, me menacer de poursuites, m’enfermer à triple tour dans son garage céleste et me condamner à récurer pour l’éternité le cuir de son trône marbré ?

Ou m’obliger à servir des repas à la cantine fréquentée exclusivement par des pédophiles versés dans le culte de popotins d’anges aux ailes blanches ?

Très peu pour moi.

Entre nous, je n’ai aucune envie de me le mettre à dos ce brave homme, surtout le jour de mon arrivée. Ça ferait tout de suite mauvais genre. Moi qui ai en horreur de me faire remarquer, je ne supporterais pas d’être mis à l’index de la sorte. Tel que je me connais, je serais capable de me choper une vilaine attaque de panique devant tous les autres défunts réunis pour le pot de bienvenue. 

La honte.

Et puis, ma mère m’a toujours appris à ramener les objets que j’avais empruntés dans l’état exact où on me les avait prêtés.

Et la parole d’une mère c’est sacré, non ?

D’autre part je ne supporterais pas l’idée que mon cœur, par-delà ma mort, puisse servir à alimenter en oxygène le cerveau d’un pauvre sbire qui passerait le reste de sa vie à pratiquer des jeux vidéos débiles, à supporter le PSG, à martyriser son chat, à voter à droite, à manger des pizzas surgelées, à courir des marathons, à lire des bande-dessinées en écoutant Lara Fabian, à regarder le journal télévisé de TF1, à se marier à l’église ou que sais-je encore.

Vous imaginez un seul instant le calvaire de ce malheureux cœur qui, après avoir sillonné la vie auprès d’un être aussi remarquable que moi, se retrouverait du jour au lendemain condamné à fréquenter une personne crasseuse d’insignifiance, vouant sa vie à collectionner par exemple des emballages de camemberts normands ?

Je ne peux tout-de-même pas lui faire ce coup-là.

                                                                                                                                                                                                                                             C’est pourquoi j’ai décidé, après en avoir longuement délibéré avec ma conscience, que je ne mourrai pas.

Ni aujourd’hui, ni demain.

C’est encore la meilleure solution.

                                                                                                                                                                                                                                          Circulez, y a rien à donner.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

18 commentaires pour “Le don d’organes ? Sans moi, merci”

  1. Un bon garçon, voilà ce que vous êtes. Malgré votre humour à la Soulages, malgré votre ironie décapante, malgré vos hurlements scripturaires, vous ne provoquerez pas l’ire honnie du biblique Dieu de colère. Vous avez raison de refuser de devenir un saint Martin de la greffe. Vous imaginez : un œil sur deux, un rein sur deux, un(e) génitoire sur deux ?! À quoi ressemblerait donc votre « image du corps »… ?

    Qui ne s’en serait douté ? Aux aperçus de votre mère, semés ici ou là dans ce blog, on comprend d’emblée cette remarque : « […] ma mère m’a toujours appris à ramener les objets que j’avais empruntés dans l’état exact où on me les avait prêtés ». Une maman supportant un fils saccageant les jouets qu’en confiance, on lui a prêtés ? Un fils distribuant ses organes ? Qui plus est, pour des survivants inconnus ? Impensable.

    Toutefois, sans vouloir chipoter, peut-on vous faire observer que votre décision de ne pas mourir, qui peut séduire, n’est qu’un sous-pari pascalien sur l’éternité. Est-il bien certain que « l’Autre Empoté qui soi-disant veille sur nos destinées » garantisse une promesse dont, jusqu’à plus ample informé, seuls les hommes Le décrète l’Auteur ?

    Surtout, à votre refus, l’on ne reconnaît plus en vous le citoyen que l’on suppose ménager des deniers de l’État et, en l’occurrence, de la cagnotte de notre chère protection sociale. Où mènera donc cet engouement pour les greffes salvatrices ? À prolonger des vies, partant, le paiement de pensions de retraite et le remboursement de soins que des décès, survenant à l’heure inscrite là-haut sur le grand rouleau qu’imagine Jacques le Fataliste, permettraient d’épargner pour le plus grand bien des survivants ? Quel manque d’altruisme !

  2. Depuis quand ceux qui vote à gauche croit il en Dieu ?

  3. C’est beau de se cacher derrière la religion pour justifier un profond égoïsme… C’est votre choix, assumez-le au moins. Ah oui, et autre chose, vous n’aimez apparemment pas vous faire remarquer comme vous le stipulez dans votre magnifique argumentaire, mais dites-moi monsieur, vous ne vous faites pas remarquer en publiant, en diffusant, en tentant de rallier a votre individualisme nauséabond, les gens?
    Et comme l’a signalé un commentateur sur facebook, c’est bien de signaler que vous êtes juif sachant que ça n’a aucun rapport avec vos opinions, ça ne nourrit pas du tout le terreau immonde du moment dans lequel vous vous pavanez.

  4. C’est une honte
    Vous n’êtes qu’un pauvre con faisant sûrement partie d’une secte, ou je ne sais quoi!

    Si On vous prélève des organes, c’est que vous êtes en mort encéphalique. Vous êtes condamné à mourir, alors pourquoi ne pas essayer de sauver une vie avant?
    Comme vous les dites, “Dieu” vous en serait sûrement reconnaissant, plutôt que d’être égoïste comme vous l’êtes!
    Qu’appellez vous le “premier demeuré venu”? Pour moi, le seul demeuré c’est vous! Ne jugez pas des gens ainsi, la plupart sont de bien meilleurs personnes que vous.

    Personnellement, j’ai 17 ans et j’ai eu la chance d’être greffé du cœur récemment. Je ne saurai jamais qui m’a fait don de l’organe, mais il y a une chose dont je suis sur, c’est que cette personne avait une raison, une générosité incroyable, un cœur quoi!!
    Il ne me reste que 20 ans à vivre, donc je profite de chaque instant, et le fait de tomber sur votre article (complètement nul et ennuyant au passage) m’a donné envie de me battre encore plus
    Mon quotidien n’est plus le meme, dans 20 ans (ou avant), je serai mort, mais au moins, grâce à une personne heureusement pas comme vous, j’ai gagné 20 ans dans ma vie.

    Sur ce, je vous souhaite une bonne réflexion, et j’espère de tout cœur qu’un jour vous aillez besoin d’un rein, d’un foie, ou d’un cœur. A mon avis vous serez ravi si vous trouvez un donneur, malheureusement, ce donneur ne saura jamais qu’il a donné son organe au “demeuré” que vous êtes

    Julien, 17 ans

  5. Moi qui étais encore hésitant sur la question … Le commentaire de Julien vient radicalement de me faire trancher. Il n’y a aucune forme de logique dans le fait de ne pas vouloir donner ses organes après sa mort, surtout si ça peut permettre à quelqu’un d’autre de vivre.

    Vouloir les conserver “au cas où” on en aurait besoin dans l’au-delà est complètement absurde.

  6. Votre raisonnement est irrationnel : vous utilisez quasiment uniquement des fallacies logiques dans votre argumentation, pour appuyer un point de vue qui manque clairement de réflexion objective. Pourriez-vous utiliser la logique pour votre prochain article, plutôt qu’une vague plainte dénuée de bon sens?

  7. Mais mais mais… C’est moi qui suis bête ou c’est vous, pour la plupart? Ne voyez-vous pas qu’il s’agit bien ici de défendre le don d’organe en dé-crédibilisant à l’extrême tous les arguments contre cette pratique ? Ne voyez-vous pas que rien ici n’est rationnel ou suis une logique raisonnable ? Ne voyez vous pas qu’il se moque des cons qui essaient de justifier leur refus de donner après leur mort ?

    Je suis peut-être bête, en fait…

  8. Non Emilie, vous lisez avec votre cerveau quand d’autres n’utilisent que leurs yeux!

  9. J’espère que c’est parce que vous n’avez pas lu l’article en entier que personne n’a compris que c’était en fait comme Emlie le dit, un article en faveur du don d’organe ? Et vous montez tous sur vos grands chevaux en traitant l’auteur d’idiot…

  10. Pour ce qui est de “ramener les objets qu[il] j’avai[t] empruntés dans l’état exact où on les [lui] avait prêtés.”, notre blogomane du jour me semble se faire de douces illusions.
    Il doit être encore un peu tendre en pensant qu’il maîtrise l’évolution d’un si beau corps sans doute plein de tablettes du côté des abdos, le cheveu gominé et l’oeil bleu tellement vif, les muscles (rouges et blancs) bandant de toutes es extrémités comme un Dieu.

    Attend un peu que son endocarde rencontre un Streptocoque A qui décide de s’y nicher bien au chaud,
    sa dure-mère s’enamourache d’un Neisseria meningitidis,
    son urètre se laisse aller avec un Neisseiria gonorrhoeae,
    ses poumons se laissent infleuncer par un Haemophilus influenzae,
    ses reins, se laissentr séduire par la douce odeur aromatique d’un Pseudomonas aeruginosa.

    Tout ça gracieusement offert pas Lui,
    Celui qu’il croit en train de guetter impatiemment de voir arriver sa silhouette, claudicante suite à la désintégration de sa tête de fémur droit par l’Acinetobacter baumannii, généreusement oublié là par un bistouri mal léché lors de sa pose de prothèse,
    l’accueillant à bras ouverts alors qu’il se chie dessus (Rotavirus du dernier repas),
    souillant la poche pendant piteusement entre ses guiboles parce ce que trop pressé de Le rencontrer, on n’aura pas eu le temps de la lui retirer,
    la tronche déformée par sa dernière curiethérapie penchant légèrement sur la droite pour admirer son Créateur, compensant ainsi la perte, en 2018, de son oeil gauche sur les barricades de Versailles, lors de la manifestation organisée à l’occasion du projet de loi du Sarkocuphiage pour tous visant à annuler à la fois le mariage du même nom, l’IVG pour toutes et le retrait de la morphine à tous de la pharmacopée des hôpitaux, pour cause d’usage de drogue illicite.

    Moi j’dis ça, j’dis rien… mais faut qu’il fasse gaffe, 007.

    Moi-même, quand je vois ce que le play-boy que j’étais est devenu…

  11. C’est la même méthode qu’utilise Montesquieu dans “De l’Esclavage des Nègres”, qui commence par prétendre défendre l’esclavage mais avance des argument tellement absurdes et évidemment fallacieux qu’ils discréditent cette thèse, défendant ainsi la liberté, la fin du commerce triangulaire.
    En 2009, 250 ans après la publication du texte, un de mes professeurs a cité Montesquieu comme un auteur ayant défendu l’esclavage. Ne faisons pas la même erreur, et ouvrons nos mirettes devant des schémas argumentaires peu communs qui peuvent être très puissant!

  12. bonjour à tous et toutes,
    Je rejoins l’ensemble de ces commentaires à propos de ce monsieur qui sous couvert d’un humour décalé nous baratine avec des considérations qui ne concerne que lui. Pauvre mec…!

  13. Je suppose que cet article est volontairement écrit au second degré mais présenté au premier degré, afin de faire réagir le lecteur dans les commentaires.
    Car j’ai du mal à concevoir que, en 2015, on puisse encore exprimer une idée irrationnelle dans un article et ne la justifier avec aucun autre argument que “parce que je le pense, allez vous faire voir”. Intérêt zéro.

    Je remercie d’ailleurs toutes les personnes qui ont commenté. Ils sont enrichissant, contrairement à l’article.

  14. Je n’aimerais pas être celui qui s’élancerait pour un marathon avec votre cœur…

    Regarder le journal de TF1 ne devrait par contre poser aucun problème le précédent propriétaire étant grand défenseur de celui de RTL.

  15. Ah! Ce “j’ai toujours eu une sainte horreur de prêter mes jouets”, cher mentor, vous ne prêterai rien, on vous les prendra, on vous les arrachera pour que vous vivez dans un autre “demeuré” encore plus farceur que vous d’habitudes, et, la mort n’a que faire de la “prudence”.

    En apostrophe un commandement arabe:” la parole d’une mère est sacrée”, ça c’est de la haute prophétie comme aux temps de Noé et d’Abraham, et sûrement pas comme celui d’un jésus ou d’un hamedy- pardon Mohammed- toujours des difficultés avec ces noms arabes. Pourvu qu’on ne me colle pas une Fatwa. 

    Vous êtes superbe et je vous aime pour cette sainte auto-dérision, cependant je suis pas prêt à vous faire un don cher grand frère.
    Votre petit demeuré et très content de votre sens d’humour.

  16. Priorité à la vie !
    Je suis choquée à la lecture de votre billet. Choquée et déçue.
    Altruisme ? Partage ? Don ? ça vous dit quelque chose ?
    De toute façon, une fois mort, ne vous en déplaise, reste les vivants.

  17. ah!
    enfin des commentaires énervés, ça nous manquait!
    je parlerai bien du don d’un certain organe mais j’ai peur que ça parte en live 🙂

  18. J’ai trouvé ce billet plutôt amusant, considérant qu’il s’agissait de second degré. Évidemment je ne peux souscrire à cette justification absurde. Néanmoins je suis homosexuel et le don de sang m’est interdit en France. Je suis donc pour le don d’organes mais refuse que mes organes soient prélevés sur le territoire français car comment peut-on utiliser mes organes en France si l’on considère que mon sang est impropre?…

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