Mon père, mon père, que n’avez-vous dit là ?

                                                                                                                                                                                                                                                        Évidemment tout cela n’est que manigance, stratagème, bluff.

De la poudre aux yeux balancée à la face de l’opinion publique afin de ratisser large et d’entrevoir des lendemains triomphants.

Un opéra-bouffe à la mise en scène poussive élaborée dans le seul but d’innocenter la fille de toutes arrière-pensées incompatibles avec le suffrage universel.   

L’interview foireuse à un torche-cul de journal, tout juste bon à récurer les fosses septiques de nazillons en culotte courte, les provocations à tout-va devant laquelle la fille, mise soi-disant devant le fait accompli, ne manque pas de pousser des hauts-cris d’indignation “Mon père, mon père, que n’avez vous dit là”, les cris d’orfraie du beau-fils putatif qui en rajoute une couche “Mes juifs, mes juifs, ne touchez pas à mes juifs”, tout l’appareil du parti qui s’émeut, ”Ah scélérat trop c’est trop, cette fois, ton compte est bon, de ta langue vipérine, nous n’en pouvons plus, il te faut nous quitter, l’heure de la séparation est advenue ; à minuit, de ton royaume tu seras excommunié.”

Grand rire gras du Père.

Il s’en va, la fille triomphe, le peuple applaudit.

Le faux-sacrifice d’un père, afin de permettre à sa fille de conquérir de nouveaux galons, de gagner en notabilité et en respectabilité, d’apparaître aux yeux de tous sous le doux visage d’une fille éprouvée par le comportement outrancier de son géniteur avec lequel elle se montre en complet désaccord.

On ne choisit pas ses parents.

Mon père, c’est mon père, moi, c’est moi.

Je ne suis pas le gardien de mon père.

Ô quel sort cruel que le mien.

Pour mon plus grand malheur, je fus élevée par mon père, sinistre personnage au caractère bien trempé, dont je ne partageais ni les idées ni les pensées. A plusieurs reprises je fus sur le point de rompre toute relation avec lui mais à chaque fois, prise d’un soudain remords, je me ravisais et endurais en silence sa compagnie, tout en jurant de prendre un jour prochain ma revanche sur cet être que j’exécrais avec une force indicible. (Le Pen Goriot)

On ne dira jamais assez l’infortune d’avoir pour père un homme dont le comportement tout au long de sa vie eut comme conséquence de me présenter aux yeux du monde comme une femme animée de pensées si viles que bien souvent, quand je me retrouvais dans l’intimité de mon appartement, je succombais à des crises de larmes que rien ne parvenait à apaiser. (Mémoires d’une jeune fille en peur)

Toute ma vie, j’eus à me battre contre l’influence d’un père versé dans l’art de déclencher l’opprobre par des discours dont la teneur morale m’effrayait et me scandalisait à un point tel que plus d’une fois je songeais à le quitter en m’engageant dans la marine marchande.(Madame Lepenory)

Longtemps j’eus à souffrir de la réputation de mon père. Souvent, au moment de me présenter à une élection, à l’heure où j’allais à la rencontre de mes concitoyens, je dus composer avec lui, avec ce fatras de pensées nauséabondes dont naguère il avait fait commerce et qui jusqu’à aujourd’hui, malgré les condamnations qui n’avaient pas manqué, non pas comme on pourrait le penser, de l’accabler mais bien au contraire de le ravir, continuaient à affleurer sous sa bouche comme autant de galets surgissant dans la mer étale au moment du retrait de la marée, dès lors qu’il se laissait aller à exprimer le fond de ces pensées qui, à peines rendues publiques, me plongeaient alors dans une profonde détresse, que ravivait encore le souvenir de ce père que malgré tout j’aimais comme seule une enfant sensible comme moi pouvait aimer, un amour impossible auquel il me fallut malgré tout renoncer. (Le Pen retrouvé)

                                                                                                                                                                                                                                                Le Roman des Le Pen, suite et… suite.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

7 commentaires pour “Mon père, mon père, que n’avez-vous dit là ?”

  1. Cher Monsieur,

    Quelques lignes hors de toute flagornerie (“apprenez que tout flatteur…”, vous devez connaître).

    Votre article fut un délice à lire. Je sais, je vous ai lu, vous vous “contrefou[tez] de savoir si” j’ai aimé votre prose ou pas. N’empêche, je vous le dis quand même. Et si cela vous déplaît, tant pis.

    Je ne suis pas forcément d’accord avec vous sur le fond de l’analyse et pense (peut-être à tort, on peut en débattre, c’est la chance d’être en démocratie) que l’on assiste à un intéressant renversement d’Oedipe : là, c’est le père qui aimerait zigouiller la fille. Freud s’en régalerait sans doute… Vous allez prendre le contre-pied de cette idée, fort bien, cela me permettra de débattre avec un animal en voie d’extinction : l’homo sapiens.

    Car, et c’est ce qui m’a fascinée, sur la forme, votre billet est époustouflant.

    Oui, j’ai aimé le pastiche de Proust, qui arrivait en point d’orgue d’imitations brillantes de Flaubert et Balzac.

    Oui, cette aptitude est rare et se moquer avec esprit et sans vulgarité n’est pas donné à tout le monde.

    Oui, cet esprit-là, il nous fut, il nous est, il nous sera toujours reproché par ceux qui estimèrent que l’occupation allemande ne fut qu’une promenade de santé, que le Vel d’hiv est un détail, et que ceux des nôtres que l’on gaza étaient des poux. Ceux-là sont notre repoussoir et nous sommes leur épouvantail.

    Oui, en cette période, je loue votre liberté de ton (il paraît qu’on fête la liberté en ce moment…)

    Oui, cette fête, je vous la souhaite heureuse.

    Oui, enfin, j’aime les anaphores.

    A vous le dé…

    C.

  2. Sus à ses compliments, je vais finir par attraper la grosse tête !

  3. Merci pour l’analyse des petites manœuvres à grosses ficelles, dont j’ai eu l’intuition dès l’annonce de la reprise du dégueulis. Tout amateur de polar connait la combine du bon et du mauvais flic.
    Et bravo pour les pastiches, excellents médicaments contre les nausées.

  4. Peut-être pensera-t-on (trop grand honneur !) à l’explication erronée du « glaive » (de Gaulle) et du « bouclier » (Pétain) ? Papa Jean-Marie/Pétain et fifille Marine/de Gaulle ? Ça ne vaut pas tripette. « L’amer Goriot » ? Ajoutons la sœur manquant à Anastasie et Delphine. Amer, le vieux, trahie par la cadette, « divine » mais traîtresse, sans même la reconnaissance du ventre ! Non ! Pas « Le Roi Lear » ! Dommage, il avait trois filles…

    Assez de lustre pour le duo méphistophélique ! L’un boutant le feu quand l’autre feint de l’éteindre, ça ne suffit donc pas ? Ni les gorges chaudes qu’en font les médias ?! Que l’on cesse d’en rajouter !

    Quelque regard que l’on porte sur pareil binôme, sa mise sous éteignoir serait un nécessaire début de traitement.

  5. Un cuistre se croyant spirituel est divertissant, se donnant des airs avertis et con-cernés, encore plus. Argumente–t-il sur un fond d’idées ? Non, il attaque “ad hominem” ce qui est le procédé le plus usité de la presse d’extrème droite dans les années trente, mais lui, lui c’est pas pareil. Propose-t-il quelque chose ? Une réfléxion ? Des idées ? Ce serait fatiguant, non, il admoneste, il sermonne, il moralise, c’est tout

  6. PS : Je constate d’ailleurs que l’auteur de ce blog, pas fou, défenseur du progrès et de la liberté d’expression, toussa, modère les commentaires…

  7. Amaury Grangil, dois-je conclure de votre vindicte à l’égard de notre hôte que vous soutenez le FN dans ses nouveaux habits ?

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