Ne le dites pas à Fleur Pellerin mais j’aime autant Marcel Proust que Michel Platini

                                                                                                                                                                                                                                            Factuellement Fleur Pellerin a eu parfaitement raison de déclarer hier matin que lorsqu’on écoutait France Inter on n’écoutait pas RTL.

C’est qu’à moins de souffrir d’une schizophrénie aiguë se traduisant par un sévère strabisme auditif, il est d’évidence fort compliqué  d’entendre dans le même mouvement et France Inter et RTL

J’en déduis donc que Fleur Pellerin a voulu signifier par cette délicieuse boutade que l’auditeur qui se paluchait tous les matins en écoutant la matinale de la radio nationale n’avait pas grand-chose à voir avec son voisin s’éveillant avec le brouhaha intempestif de la radio préférée des Français.

Ou autrement dit que les sieurs de la France d’en-haut ne frayaient pas avec les ploucs de la France d’en-bas.

Que quand on était cultivé, bien né, propre sur soi, possiblement de gauche, on goûtait entre gens de bonne compagnie aux savants programmes concoctés par les équipes de France Inter, on se gaussait des délicieuses saillies de François Morel, on s’amourachait des pédantes analyses de Bernard Guetta, on riait de bon cœur aux chroniques pleines de fiel de Sophie Aram.

On était chez soi.

Tout le contraire de RTL où, dès potron-minet, on se farcissait les pétomanes de l’info, les Francois Lenglet, les Pascal Praud, les Alba Ventura, jacassant inepties sur inepties sous les ordres d’un Yves Calvi qu’on imaginerait plus volontiers comme patron débonnaire d’un bar tabac du côté de Mourmelon que comme maître de cérémonie d’une émission de radio digne de ce nom.

Madame Pellerin pratique et incarne le sectarisme comme personne.

De ce mal français qui barricade les gens dans une case sans jamais leur donner l’autorisation de changer de chemise de peur de brusquer les habitudes.

De ce système éducatif absurdement rigide qui trace dès l’adolescence des parcours professionnels qui ne permettent aucune sortie de route.

De cet insupportable snobisme de façade qui produit une élite intellectuelle incapable de parler ou de comprendre les vraies passions du pays réel.

De ce tropisme intellectuel qui érige une frontière intangible entre le corps et l’esprit.

Et qui se gausse de celui qui prétendrait aimer d’une passion égale et les circonvolutions narratives de Marcel Proust et les arabesques footballistiques de Michel Platini.

Qui apprécierait tout autant Marlon Brandon que Louis de Funès.

Morrissey et Mozart.

La Callas et Jean Roucas (c’est pour la rime).

Patrick Modiano et Jacques Chazot.

Tout et son contraire.

En restant néanmoins capable d’établir une hiérarchie entre eux sans pour autant privilégier l’un au détriment de l’autre.

Ce qu’on nomme tout simplement l’ouverture d’esprit et qui permet de jouir des plaisirs de l’existence sans avoir à s’encombrer d’œillères qu’on nous applique de force dès l’école maternelle.

Sans se référer à un supposé bon goût qui n’est que le reflet d’une puante suffisance intellectuelle à mille lieux de la vraie appétence pour les choses de l’esprit qui se fout bien des écoles, des académies et des cours de maintien.

Qui s’émancipe des règles établies et garde intacte sa capacité d’admiration sans se demander si la société autorise de pareils engouements.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Un esprit libre.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

8 commentaires pour “Ne le dites pas à Fleur Pellerin mais j’aime autant Marcel Proust que Michel Platini”

  1. Ne pourrait-on devenir « un esprit libre », quoique passé par l’École de la République et ce, très généralement, « dès la maternelle » ? Comme si sa mission était de nous « appliquer de force […] les œillères » dont vous parlez.

    Accuser de tous les maux le système public français d’enseignement n’est nullement interdit : la France est encore une démocratie. Mais taxer, fût-ce en substance, les fonctionnaires chargés d’instruire enfants et adolescents, d’étroitesse d’esprit est injuste, parce qu’excessif. La transmission des savoirs fondamentaux avec celle des savoir-faire (dont : apprentissage et pratique du discernement, esprit critique) est l’essentiel de leur mission. Ces tâches se confondent davantage à mesure que les élèves grandissent. Après quoi, l’émancipation leur est grande ouverte, telles les portes des établissements scolaires et universitaires qu’ils fréquentèrent. Durant leurs études, beaucoup purent lire (en extraits ou intégralement) « Les nourritures terrestres ». André Gide y fait affirme qu’avoir appris fonde la liberté de pensée, non la clôture de l’esprit : « Nathanaël, jette mon livre ! »

    Ne serait-ce d’ailleurs pas un peu à l’École que l’on doit de pouvoir écrire : « Madame Pellerin pratique et incarne le sectarisme comme personne » ? Ou bien que Madame Pellerin, malgré son apparente maîtrise, devrait rendre plus adroits quelques-uns de ses propos ? Ou tout autre chose encore ? L’École laïque et républicaine va jusqu’à inciter à méditer la parabole de la paille et de la poutre, énoncée par Jésus-Christ dans le sermon sur la montagne, mais de valeur universelle. Ce que j’en dis…

  2. Je ne sais pas si c’est le rôle de F. Pellerin de dire du mal de RTL.

    Il faut quand même bien reconnaitre que cette radio a un traitement assez abrutissant des actualités.

    La mise à toutes les sauces des micros trotoirs et le traitement en priorité des faits divers ne sont pas pour relever le débat.

    Et c’est un admirateur de Platoche qui vous le dit !

    J’espère que l’épisode du Nobel n’est pas à l’origine de cette chronique, de la part de celui qui ne se prive pas de pourfendre la médiocrité par ailleurs…

  3. Ne le dites pas à Laurent Sagalovitsch, mais j’aime autant F. Scott Fitzgerald que le jeu vidéo Zelda…

    ( https://blog.slate.fr/sagalovitsch/2011/11/14/la-trahison-du-grand-palais/ )

  4. Ce matin, comparatif entre un journal d’RTL et un journal de France Inter.

    Première information traitée dans le journal d’RTL : Les péages
    Première information traitée dans le journal de France Inter : Le Yemen

    Il en faut pour tous les gouts. Mais ayons l’honnêteté de reconnaitre que ces deux radios ne traitent pas l’information de la même façon. Et c’est tant mieux.

  5. j’ai jamais pu écouter France Inter plus de trois minutes, vous oui ?

  6. C’est bizarre de se moquer de l’idée de bon goût lorsque c’est le sujet de la majorité de vos billets.

    Le problème n’est pas de mépriser le mauvais goût, c’est de considérer que France Inter n’en est pas.

  7. O5Live : moi non !

  8. Les commentaires sur le net 2.0 ne suffisent plus pour déclarer suite à une généralisation “non mais pas moi !”. Il faut maintenant écrire des articles.

    Hmm.

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