Selon toute vraisemblance, on ne découvrira jamais ce qui s’est véritablement passé dans le cockpit du vol Barcelone/Düsseldorf.
Malgré tous les efforts déployés, on ne parviendra jamais à comprendre ce qui a bien pu amener Andreas Lubitz à commettre son geste insensé (dans l’exacte mesure où la thèse du suicide viendrait à se confirmer).
On pourra s’essayer à ébaucher des explications, bâtir des constructions intellectuelles plus ou moins pertinentes, interpeller les plus grandes sommités médicales, interroger l’entourage du co-pilote, fouiller son passé, convoquer ses anciens camarades d’école, scruter son emploi du temps, le mystère demeurera peu ou prou entier.
On découvrira peut-être, un jour prochain, le comment de toute cette affaire mais on se heurtera toujours à la question du pourquoi.
Pourquoi un homme décide-t-il d’emmener ainsi de la sorte cent quarante-neuf personnes vers une mort assurée ?
Quelles pensées mortifères a-t-il pu éprouver pour verser dans une folie si destructrice, à quelles pulsions d’une intensité si ravageuse a-t-il pu céder pour s’en aller percuter de la sorte la falaise d’une montagne à bord de son avion, sans que jamais l’absolue horreur d’une telle éventualité ne l’amène à reconsidérer son geste et à interrompre ce processus criminel ?
Dans quels impossibles tourments son cerveau se débattait-il pour que sa perception de la réalité soit si altérée qu’elle l’amène à se conduire avec une détermination si implacable qu’elle semble se situer au-delà du champ humain ?
Il est fort probable qu’à tous ces questionnements ô combien légitimes, on ne saura apporter de réponse entièrement satisfaisante : toujours il nous manquera une partie du puzzle qui pourrait d’une manière ou d’une autre nous éclairer sur ce comportement si singulier.
On dira bouffées délirantes, on dira accès de mélancolie sauvage, on dira troubles bipolaires avancés, on dira état paroxystique culminant dans une crise d’angoisse sidérante, on dira ébranlement soudain du psychisme en proie à des hallucinations sévères, on dira schizophrénie souterraine se révélant au grand jour, on dira irruption de voix intérieures incontrôlables…
On dira tout et son contraire pour ne pas avouer qu’on ne sait pas.
Que, malgré tous les salutaires progrès réalisés dans les sciences cognitives, dans la connaissance du fonctionnement du cerveau, dans la compréhension de l’âme humaine, l’homme demeure, envers et contre tout, cet être d’une radicale étrangeté qui restera jusqu’à la nuit des temps un mystère complet.
La science ne peut pas tout.
On aura beau obliger les pilotes à passer des batteries de tests, à les évaluer sous toutes les coutures, à les coucher sur tous les divans du monde, on éradiquera jamais la possibilité de voir l’un d’entre eux sombrer dans la folie la plus échevelée.
Il suffit de voir combien tout ce qui touche encore le domaine du sommeil et des rêves demeure une science parcellaire, balbutiante, lacunaire, incapable d’établir ou d’interpréter les véritables agissements du cerveau plongés dans cette nuit éphémère recommencée tous les soirs où la vie se continue en empruntant des sentiers si déconcertants.
Aussi, la décision des compagnies aériennes de rendre obligatoire la présence de deux personnes dans le cockpit est tout à la fois compréhensible et en même temps d’une vacuité rare.
Il arrivera forcément un jour ou l’autre un cas où l’on découvrira, tout aussi ahuris que nous le sommes aujourd’hui, que c’est précisément cette promiscuité forcée qui aura permis l’établissement d’une synergie négative entre les trois individus, capable de les mener à agir d’une manière totalement inconsidérée, les trois s’encourageant dans leur délire commun pour finir par former au final un trio infernal à même de provoquer une catastrophe sans précédent.
Ou alors, que le fait de se retrouver un court moment à trois dans une cabine de pilotage aura permis à deux comparses mal intentionnés de réunir leurs forces pour se débarrasser plus aisément du troisième, et permettre de la sorte la réalisation de leur funeste destin.
Ou bien encore un tout autre cas de figure auquel personne n’avait jamais songé. Une hôtesse malveillante. Un steward enragé. Un chef de cabine défoncé.
Que décidera-t-on alors dans la précipitation ?
L’obligation de voyager avec un chien policier capable de ramener à la raison nos pilotes qui montreraient des troubles du comportement évidents ?
Jusqu’au jour où c’est le chien en personne qui succombera à un inexplicable accès de folie canine et finira par détourner l’avion pour l’amener à s’écraser sur un chenil.
Florilège d’hypothèses absurdes tentant juste à prouver que l’homme étant un fou qui s’ignore, on ne s’épargnera jamais le risque d’une imprévisible sortie de route.
Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true
Lorsque que vous écrivez que « l’homme [est] un fou qui s’ignore », c’est exact – à ceci près : « qui s’ignore ». À moins d’ajouter : (qui s’ignore) au moment de l’action. Car, si l’humanité sait fort bien qu’elle est « folle » collectivement et dans chaque individu qui la compose, elle et lui l’oublient de temps en temps. L’histoire, « depuis la plus haute Antiquité », ainsi que l’écrivait plaisamment Alexandre Vialatte, l’atteste amplement !
Ce savoir intermittent sur soi explique d’ailleurs la sorte de schizophrénie parfois décelable en nous. De même que les hommes aspirent furieusement à la sécurité en tous domaines, de même vont-ils échafauder ces « florilèges d’hypothèses absurdes », dont la moindre – qui aura sans doute l’apparence la plus raisonnable – risquera d’être déjouée par le hasard, dont on n’aura pas assez été… fou pour ne pas lister les effets probables et possibles. Tant il est vrai qu’il ne suffit pas de se savoir apprenti sorcier pour se prémunir contre tous les risques !
Et par-delà les accidents, tel le dernier non encore vraiment élucidé mais, semble-t-il, aux causes et technique (le verrouillage du cockpit), et psychomédicale, et sécuritaire (le suivi défaillant d’une dépression nerveuse), il est sage de soupçonner que les diverses recherches « de pointe » en tous domaines, dont on nous abreuve chaque jour, nous réservent – ou plutôt à nos descendants – des surprises, hélas, pas uniquement enchanteresses. Probablement convaincront-elles encore les hommes futurs de « la folie des hommes ». En éviteront-ils les chausse-trapes ?
Les fervents répondront par un enthousiaste oui ! Grâce à « l’homme augmenté/transformé » à la création de qui œuvrent d’arrache-pied les « transhumanistes » ? Mais jusqu’où desserrer les limites de l’Humain, sans quitter notre espèce ?
Bon, ben nous vl’a bien. Heureusement qu’à force de perfectionner les drones, les gros porteurs (de nous) seront très bientôt sans pilote. Je veux dire sans pilote à bord. Parce qu’ils seront tous quelque part confortablement installés dans un manoir du Cher, du côté de Saint-Amand-Monrond (mais je ne peux en révéler davantage). On étudie également la possibilité du pilotage à domicile depuis iPhone 8, ce qui permettrait de réaliser d’importantes économies supplémentaires. Bien sûr un pilote de drone long courrier pourra toujours déjouer la sécurité du programme et d’un coup de joystick précipiter son A380 rempli jusqu’à la gueule de quidams trop confiants au fond du cirque de Navacelle. Mais on pourra au moins choper le gars vivant à la sortie, ce qui nous permettra de lui demander : “Warum ?”
Une hypothèse inquiétante de réponse : si tu possèdes une arme, c’est pour t’en servir. On peut regarder un 4X4 de deux tonnes comme une arme et être fasciné à l’idée des dégâts qu’il peut causer en choc frontal contre une Fiat 500. Cela explique peut-être quelques accidents inexplicables. Un Airbus me semble clairement une arme potentielle depuis le 11/9 et on a pas besoin d’une “cause” pour flasher sur le pouvoir de destruction qu’on a entre les mains. Faut pas me faire chier, vous entendez !
Fumer tue
J’opte pour un chat. Mais ils font tout le temps la salât c’est un musulman.
Il ne s’agit pas de folie au sens psychiatrique du terme.
“L’acte « suicidaire » du copilote allemand montre jusqu’où peut aller l’aspect narcissique, puisqu’il englobe littéralement le corps des autres qui l’entouraient. De son point de vue, il s’est tué tout seul, il n’a pas trouvé place dans sa tête, pour une représentation des autres, dans leur vie propre et leur autonomie. C’est comme s’il s’écrasait en étant enveloppé par l’avion plein de présences neutres, non-signifiantes, faisant partie de son décor. On sait que certains déprimés trainent pendant des années leur déprime et leur promesse de mourir, mais se contentent d’en « faire baver » aux personnes de leur entourage. Cet homme, lui, les a fait crever, presque en passant ; ces gens ne comptaient pas pour lui ; ils l’accompagnaient simplement ; il ne le leur a pas « demandé », puisqu’ils ne comptaient pas.”
http://danielsibony.typepad.fr/danielsibony/2015/03/le-flash-d%C3%A9pressif-du-pilote-allemand.html