Le rire assassiné

                                                                                                                                                                                                                                                       Voilà.

On a assassiné le rire.

De la plus lâche des manières.

On aura beau rebaptiser des rues du nom des victimes, décréter des minutes ou des siècles de silence, dire jusqu’à perdre la raison notre douleur et notre tristesse, il restera que des hommes ce soir ne rentreront pas chez eux.

Ni demain.

Ni jamais.

Des hommes comme vous et moi qui devant l’infinie et éternelle connerie du monde avaient pris le parti d’en rire et de s’en moquer plutôt que de soliloquer à l’infini dessus.

Cabu, Charb, Wolinski morts dans le massacre au siège de Charlie Hebdo.

A coups de dessins.

De simples dessins exécutés à l’aide de feutres, au coin d’une table, avec la gourmandise d’enfants qui rient d’avance de l’effet de leurs plaisanteries et mettent un point d’honneur à n’épargner quiconque dans leur combat à chaque croquis recommencé contre la bêtise.

C’était parfois de mauvais goût, c’était souvent féroce, c’était toujours outrancier, c’était irrespectueux à souhait, c’était d’une insolence ravageuse, c’était bête et méchant, c’était drôle à en mourir, c’était vulgaire, c’était jubilatoire, ce n’était juste que des dessins et des textes les accompagnant.

C’étaient de grands enfants.

Souvent d’irréductibles garnements âgés de soixante-dix ans et plus qui portaient le rire en bandoulière, qui continuaient à canarder les travers de notre époque par des caricatures tonitruantes, qui appuyaient là où ça faisait mal, qui n’épargnaient personne et surtout pas eux-mêmes.

Des fantassins de la liberté chérie.

De cette liberté magnifique, de cette liberté sacrée, de cette liberté absolue qui ose tout, ne se connaît ni Dieu ni maître, s’affranchit de tous les dogmes et de toutes les croyances, combat tous les obscurantismes, révèle à l’homme sa part de bêtise, consacre l’irrévérence et glorifie l’indépendance d’esprit.

Qui ne s’interdit rien.

On avait beau les mettre en garde, les vilipender, leur promettre le pire, jamais, jamais ils n’ont renoncé, jamais ils n’ont voulu reculer, jamais ils n’ont cédé à ces menaces édictées par des esprits étranglés d’indignation et de haine de se voir épinglés de la sorte.

Chaque semaine, les journalistes de Charlie-Hebdo leur tendaient le miroir criant de vérité de leur foi aveugle, de leur conduite sanguinaire, de leur obscurantisme échevelé.

                                                                                                                                                                                                                                                Des hommes ne l’ont pas supporté et les ont tués.

                                                                                                                                                                                                                                                 C’est dire combien ils visaient juste, nos enfants assassinés.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

5 commentaires pour “Le rire assassiné”

  1. Hymne à la médiocrité musulmane.

    Ils ont visé bien, ils ont visé juste.
    Dignes musulmans enfermants encore la douce senteur du djihad. Un concept qui, selon mon très admiré #Tariq_ramadan devra être actualisé, car le #jihad, est vie.
    Merci de le vivifier.

    Et 12 d’un coup!
    12 kafir, 12 mécréants, 12 iblis.
    Une Trinité heureuse englobant 12 apôtres du rire.
    Un chiffre éloquent et attrayant.
    Vous avez fait fort, vous avez fait des morts, et j’espère que vous aurez tort les frères K.

    Merci pour cette prouesse éclatante.
    Merci pour ce voeux de l’an enchanteur.
    Merci de nous rappeler de votre présence toujours dangereuse.
    Merci de donner raison au mage crochu #Houellebecq, au visionnaire machiste #Zemmour, et au très étincellent #Finkelkraut.

    Merci pour cet instant de soumission musulmane.

  2. La nouvelle caryotypique race musulmane

    J’entends par-ci et par-là; ces gens là ne sont pas des musulmans, ce sont des gens manipulés, et ils n’ont rien à avoir avec nous.

    Malheureusement vous avez avec eux tout en commun. Vous êtes tous musulmans et en face de vous, il y a des personnes qui sont à la suite de cet attentat devenues Charlie.

    La fuite en avant ne résoudra rien. Nous sommes à ce niveau d’incompréhension de notre culture parce que nous nous sommes toujours refusé d’assumer. Arrêtons de faire des transferts et remettons nous en cause. Tant que la religion musulmane ne négociera pas d’avec elle même, d’avec ses propres conflits, elle n’arrivera à rien. Et le musulman, tant qu’il ne deviendra pas le bon sauvage, restera une centrale nucléaire au bord de l’explosion pour chacun des habitants de la terre.

    De la même manière que les humours de Charlie Hebdo sont “lâches” de cette même manière et plus au delà le meurtre d’un criminel de la trempe même du Führer est aussi exécrable. Aucun de nous ne mérite la mort pour ces convictions.

    Ils n’ont pas tué Charlie hebdo, ils ont tué l’islam, ils ont tué des hommes dont les familles attendrons à jamais le retour. Ils sont allés plus loin dans la mort, ils ont fait des personnes qui ne seront ni vivantes, ni mourantes. Ils sont fait des loques humaines. Ils ont détruit l’islam, ils m’ont empêché de faire la salât pour Dieu, pour l’islam. Ils m’ont fait devenir athée.

    Pour une fois que vous êtes pas les bourreaux, résolvez-vous à prendre vos responsabilités! Ces gens là, sont bel et bien tout aussi musulmans que toi et moi. Il faut que nous l’intégrons pour une fois à nos manières d’agir.

    Au regard des événements d’hier, soyez hommes et vous autres musulmans bouclés là un peu. Les hommes font le deuil de leur semblable.

    P.S: je rappelle que je suis musulman.

  3. Cher Monsieur Sagalovitsch,
    ce ne sont pas seulement ces grands enfants qu’ils ont tués,
    c’est aussi un peu cet enfant qui a grandi avec les dessins de Cabu dans Récré A2, qui a jeté son dévolu sur les illustrations de Wolinski – seuls petits dessins à paraitre dans les journaux de grandes personnes puisqu’on ne le laissait pas lire des petits mickeys – qui, voyant accolés ces deux noms et d’autres qu’il ne connaissait pas au terme “morts”, s’est figuré, habitant dans un pays lointain, qu’il devait s’agir d’une rétrospective pour ces artistes disparus bien qu’il ne souvienne pas d’avoir lu auparavant qu’ils étaient décédés et qui a cliqué sur le lien en se disant qu’il apprendrait quand donc ils avaient bien pu mourir.

  4. Court, tel le trajet des balles. Oui pour « le rire assassiné ». Plus : assassinat de l’humanité même, se hissant au-dessus de la barbarie (« de l’animalité » insulterait les animaux) par l’esprit, qui engendre, entre autres, humour et liberté. Depuis les origines, l’espèce humaine tient pour dément cet abandon des hommes au « sacrifice » (sic) collectif – à quel dieu ou démon ? – d’innocents. Préméditant, planifiant, organisant, ces assassins-là ne méritent plus le nom d’ « humains ».

  5. oui oui oui – j’adhère avec tout ça, ce que vous dites, – tous les articles! je lis je lis – comme sortis de ma propre caboche, qui ne produit rien, bloquée, atterrée, effarée…. je tremble et je m’émeut, plus rien, plus un mot ne sort….

    Putain de bordel de merde!!! moi qui avait fait mes voeux de bonne année en disant
    “Qu’un wagon de douceur recouvre cette année 2015!”
    c’est raté, tout est foutu…

    Je voudrai vous lire souvent….

    Mais pas par facebook – (mais pas moyen de s’abonner au blog directement?!)

    long way to you
    la luta continua
    le rire assassiné refleurira

Laissez un commentaire

« »