Sainte Marine

                                                                                                                                                                                                                                                       Selon l’avis de tous, le peuple français, les observateurs de la chose politique, les instituts de sondages, les chats du quartier, les cancans de ma concierge, Marine Le Pen se serait par je ne sais quelle opération du Saint-Esprit dé-dia-bo-lisée.

Pour arriver à un tel résultat, on ne sait s’il a fallu procéder à l’éviscération de quelques poulets de Bresse, à l’expertise d’un sorcier vaudou exfiltré de sa jungle équatoriale, au recours de gousses d’ail bouillies dans du jus de mandarine, mais le résultat est là, palpable, probant, patent : la dirigeante frontiste respire désormais la tendresse d’une carmélite, la douceur d’une biche, l’affabilité d’un Labrador.

Tout juste si elle ne lève pas la papatte quand on vient la saluer.

Les mystères des conversions soudaines sont impénétrables.

Bientôt on proposera sa candidature pour une prochaine canonisation avec le petit Philipot comme bénitier et l’adorable Marion comme enfant de chœur.

Sainte Marine.

Évidemment, à force d’asséner que la dame patronnesse du renouveau national s’était dé-dia-bo-lisée, les Français, toujours friands de miracles et de mirages, ont fini par le croire et depuis ils défilent en rang d’oignon sous ses fenêtres afin de guetter son apparition au balcon de la République et réclamer sa bénédiction.

On a même vu dimanche dernier, lors de la réunion de leur conclave, quand Sainte Marine du haut de son autel a commencé par expliquer que la France était en voie d’islamisation, nombre d’entre eux entonner le joyeux et fraternel refrain de ”on est chez nous, on est chez nous” rappelant les plus glorieuses heures de notre histoire nationale quand on nourrissait les futurs cadets de la République à grandes goulées d’eau de Vichy.

Le diable se cache toujours dans les détails.

Il est aussi vrai que Marine le Pen -Dieu nous en garde- ne partage pas la même appétence que son géniteur pour des confiseries linguistiques irrésistibles de drôlerie ; elle leur préfère juste le lustre de valses viennoises où elle virevolte aux bras d’hommes dont l’unique regret est d’être nés trop tard pour avoir pu goûter au charme ineffable du Troisième Reich.

Une erreur de jeunesse remontant aux calendes grecques puisque l’événement en question se déroulait en 2012.

Une éternité.

Depuis, qu’on se rassure elle s’est dé-dia-bo-li-sée.               



Tout comme ses électeurs d’ailleurs.

Ils ne sont après tout, selon une dernière enquête des plus sérieuses, que 53 % à dire que jamais ô grand jamais ils ne voteraient à l’élection présidentielle pour un candidat de confession juive et seulement 22 % à ne pouvoir supporter l’idée d’avoir comme voisin de palier un youpin de deuxième catégorie.

On est chez nous, on est chez nous qu’on vous dit.

Il faut être d’une formidable naïveté ou d’une incurie intellectuelle totale pour penser un seul instant que le Front National, si d’aventure il devait conquérir les Champs Élysées du suffrage universel, respecterait d’une quelque façon le jeu démocratique.

Il faut être d’une intolérable légèreté pour s’imaginer qu’une fois parvenu au pouvoir, il ne tenterait pas par tous les moyens de mettre au pas la République, de museler les libertés publiques, de cadenasser l’Administration, de prétexter, au regard des inévitables troubles que son élection provoquera, l’instauration d’un état d’urgence qui perdurera des années durant.

On plébiscitera la naissance d’un grand mouvement patriotique, seul garant de l’identité nationale, ni de gauche, ni de droite,  seulement Français, dans le but de constituer un rempart à tout ceux qui tenteraient d’une manière ou une autre de s’opposer au pouvoir en place.

C’est cela et seulement cela qu’il faut dire à tous ceux qui aujourd’hui ou demain seraient tentés de rejoindre les rangs de la Marine Nationale.

Non pas de les caresser dans le sens du poil en affirmant comprendre leur supposée détresse, ou en les assurant être à l’écoute de leurs petits bobos existentiels.

Où s’agenouiller devant la force de leurs indécrottables malheurs.

Mais les mettre plutôt de plain-pied devant leurs immenses responsabilités en décrivant par le menu détail la réelle signification de voter pour des sbires prévoyant d’établir à tous les étages de la vie quotidienne le concept de préférence nationale : les inévitables discriminations, la naissance de citoyens de seconde zone, leur regroupement dans des ghettos, bientôt la nécessité de se débarrasser d’eux, les moyens mis en œuvre pour arriver à cette fin…

                                                                                                                                                                                                                                                       Il est plus que temps de briser le miroir aux alouettes.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

6 commentaires pour “Sainte Marine”

  1. Il y a des juifs couillons hélas , pour se laisser séduire par le discours de Gilbert Collard ……

  2. L’argument de base des nouveaux votants fn est que leurs représentants ont une grande gueule mais qu’ils n’iront jamais jusqu’à mettre plus d’un cinquième de la population au ban de la société.
    De plus surenchérissent ils souvent”après tout,on a jamais essayé”
    Ben si,on l’a déjà fait et on ne s’est pas gêné il n’y a pas si longtemps pour offrir des aller simples aux “indésirables” sans d’ailleurs que ça ne provoque plus de protestations que cela.
    Si Sarkozy ose revenir c’est qu’il compte être en face de la mère fouettarde au second tour ;il devrait effectivement l’emporter mais je serais surpris qu’il y aie plus de dix points d’écart en faveur de l’escroc à la fin du scrutin…

  3. Bravo, entièrement d’accord avec vous, c’est cela qu’il faut dire et expliquer, comme vous venez de le faire. Ceux qui seraient tentés par un vote de protestation ou le choix, par dépit, d’une “troisième voie” doivent mesurer quelles en seraient les inévitables conséquences. On ne joue pas impunément avec ces “idées-là” (idées étant en l’occurrence un terme flatteur).

  4. « Santa subito ! » ? Qui donc, hormis les membres du sérail frontiste, a « assené » [sic] – terme d’une exactitude patente – que le Front national et sa présidente avaient chassé le diable de la maison et des discours maison. Des médias. Oui, « des » médias, pas tous, mais des informateurs censés, en démocratie, éclairer leurs concitoyens. Les délations des folliculaires de « Je suis partout » et autres journaux infâmes en grâce sous Vichy, dénonciations archi-ostentatoires, sont devenues impossibles : finies depuis sept décennies l’Occupation physique de la France, et ses lois « scélérates » (épithète convenue). Votre tableau aux couleurs d’annonciation crédible est néanmoins à peine forcé.

    L’Europe du Troisième Reich a vécu, mais des repousses se font jour – certaines sans vergogne ni peur du diable –, dans plusieurs pays, qui plus est membres de l’Union européenne. Seuls les faux aveugles l’ignorent. « L’Histoire ne repasse pas les plats », dit Karl Marx. Semblablement accommodée, assurément, mais n’existe-t-il pas d’autres manières d’agrémenter la servitude et l’horreur ? Combien de « Plus jamais ça ! » depuis les tueries et génocides du lointain passé ? Combien donc, de récidives ?

    C’est où « Sainte Marine » conduit. Ne « pas caresser dans le sens du poil », qu’ils ont sensible (mais peu soyeux) « ceux qui aujourd’hui ou demain seraient tentés de rejoindre les rangs » des convertis à la peu sainte trinité, qui dirige le Front national, va sans dire. [C’est en quoi les médias ci-dessus évoqués – et d’abord leurs patrons – sont coupables de promouvoir (par appétit du gain, circonstance aggravante) une banalisation « Canada dry ».] Mais croire que « les mettre […] de plain-pied devant leurs immenses responsabilités en décrivant » les graves risques, que courrait la France avec un Front national élyséen ou seulement « faiseur de roi », aurait la moindre efficacité est beaucoup, mais vraiment beaucoup, moins certain.

    Car les leurres et discours trompeurs ont jusqu’ici fonctionné. À preuve ? Toutes les mises au jour (certaines point tièdes ni bâclées) des absurdités et dangers du projet de politique économique frontiste n’ont pas fait bouger un seul poil des caressés par le Front national.

    « Briser le miroir aux alouettes » ne sera possible que si les autres partis politiques (et tous), ainsi que les médias (et tous) s’astreignent vraiment, pour les premiers, à déconstruire sans relâche, avec clarté, le programme du Front national ; pour les seconds, d’en recevoir et interviewer les membres sans aucune complaisance ni veulerie, en toute neutralité – comme ce devrait d’ailleurs être le cas pour tous les politiques invités « sur les plateaux ».

    Tant il est vrai que l’instrumentalisation et la complaisance sont le commencement de la servitude.

  5. On peut critiquer Marine Le Pen quand on voit ce qu’on a eu comme présidents de Pompidou à Hollande … il faudrait mieux aller gratter de ce côté là plutôt que de s’en prendre constamment à un parti qui n’a jamais gouverné … la MERDE dans laquelle on est c’est aux autres qu’on la doit et pas à elle …

  6. Cher monsieur, allez sur le site de l’hôpital de Provins (77)et vous verrez que les 6 psychiatres sont tous maghrébins, pourquoi cette concentration, qu’est-ce qui se passe ?

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