La Palestine ? Une mauvaise blague juive, un proverbe arabe fatigué

                                                                                                                                                                                                                                                      Écrire sur la Palestine relève de la mission suicide.

Du genre à recevoir dans son courrier des missives au Napalm, d’être l’objet d’une chasse à l’homme interplanétaire, de devenir du jour au lendemain l’effigie du nouveau désordre mondial.

La Palestine.

Le problème palestinien.

La question israélo-palestinienne.

Plus compliqué, ça n’existe pas.

Une partie de jokari à huit bandes.

Sitôt que l’un avance un argument parfaitement recevable, l’autre en ressort un tout aussi valable, les deux s’annulent, on recommence à zéro, à toi, à moi, à moi, à toi, cette terre m’appartient de toute éternité, non c’est faux je suis le vrai gardien de ce sol, si bien qu’à la fin l’impression domine que tout le monde a raison d’avoir tort.

Ou tort d’avoir raison.

Et d’interroger les entrailles de la Bible, de scruter les textes antiques, de consulter des récits préhistoriques, de farfouiller dans le grand livre de l’Histoire, de convoquer le souvenir de tombeaux décrépits, de brandir des parchemins ridés afin de prouver d’une manière indubitable que l’un était là avant l’autre.

De convoquer des témoins d’outre-tombe, d’invoquer l’esprit des lieux, de ressortir des cartes fatiguées et des mappemondes usées, d’interroger des pierres, de jouer à colin-maillard avec des frontières fantômes, d’interpréter des traités, de demander à Dieu de jouer au juge-arbitre, de se lancer ces souffrances au visage.

Rien n’y fait.

On n’avance pas.

On tourne en rond.

On joue à la marelle puis à chat perché puis à un, deux, trois soleil puis à Dieu a dit.

Rien ne bouge.

On redistribue les cartes et on recommence la partie.

Éternellement.

On joue aux osselets avec ses douleurs respectives, on compte ses morts, ses blessés, ses éclopés, on ne sait même plus qui a fait quoi, ni comment, ni pourquoi ; avec le temps, tout s’embrouille, les défaites d’hier deviennent les victoires d’aujourd’hui, les agresseurs les agressés, les coupables les victimes, les martyrs les saints. Et inversement.

Le plus grand carambolage jamais recensé dans les manuels d’histoire.

Ceux qui regardent la rencontre de loin se demandent quand tout ce vacarme va enfin cesser.

Parlez-vous, les enfants, et qu’on en finisse ils disent.

Les deux garnements se parlent mais ne se comprennent pas.

Ou feignent de ne pas se comprendre.

Les grands de ce monde les supplient de s’accorder sur une paix durable qui respecterait les aspirations des deux parties.

Toi d’abord.

Non toi d’abord.

Pourquoi moi ?

Parce que.

A force, le problème est devenu tellement ardu, les haines respectives si tenaces, les obstinations si résolues, les rancœurs si amères qu’il apparaît comme irréaliste de penser à un jour prochain où la concorde régnera entre ces peuples que tout oppose et que tout rassemble.

Deux miroirs renversés d’un même et unique drame.

Depuis Sophocle, on n’avait assisté à une pièce de théâtre si marquée du sceau de la fatalité, si empreinte de l’impossibilité à s’accorder autour d’un minimum commun capable de déjouer les prédictions funestes, laissant dès lors les personnages s’ébattre sur une scène éclairée par le soleil noir de la tragédie où personne n’est jamais sorti jamais vainqueur de ces guerres fratricides.

Une mauvaise blague juive, un proverbe arabe sans sagesse.

Une partie de domino sans fin qui ne pourra s’achever par une victoire de l’un sur l’autre mais par un accord tangible, inscrit dans le marbre du temps, et où personne ne se sentira lésé.

                                                                                                                                                                                                                                                  Pas gagné.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

4 commentaires pour “La Palestine ? Une mauvaise blague juive, un proverbe arabe fatigué”

  1. Est-ce pour paganiser ce tableau biblique d’une grande pertinence et d’une profonde sagesse que vous le terminez – provisoirement, suppose-t-on – sur Sophocle le tragique et, en filigrane, l’Olympe ? Ce n’est évidemment pas un reproche : la religion, qui plus est instrumentalisée, l’on en soupe de reste ! La mythologie grecque présentait un grand avantage sur le monothéisme et ses écrits sacrés : les dieux, certes souvent vachards, toujours répondaient aux hommes, allant même jusqu’à (sacrée réponse) engrosser leur femme. Du moins étaient-ils présents, et jamais mutiques !

    Opinant à la quasi-entièreté de votre article (excepté l’épithète qualifiant les « frontières fantômes » et le besoin – point saugrenu – d’ « interpréter les traités », pomme de discorde non indue), l’on se contentera de ne rompre entre nous la concorde qu’à propos de votre phrase nominale : « Une partie de jokari à huit bandes ».

    Doutant en effet que les jeunes générations aient joué au jokari, voire rencontré (hormis quelques grands lecteurs) ce terme dans un livre d’ancêtre – car « senior » dès quarante-cinq ans, l’on doit rejoindre les grands ascendants passé la septantaine – ; doutant plus encore que parler des « huit bandes » dudit jeu soit une façon pédagogique, ou seulement correcte, d’éclairer la jeunesse fréquentant votre blog ; mais sûr qu’un écrivain, qui ne cèle pas ses écrits dans un coffre-fort comme s’il leur avait communiqué son agoraphobie, doit s’assumer passeur de savoir ; tout aussi certain que, si d’aventure quelque Basque venait à lire ce blog, il s’insurgerait violemment contre l’auteur gaussant ce jeu d’appellation basque en lui prêtant mensongèrement « huit bandes » ; enfin, voulant éviter à l’auteur d’être celui qui, semant le vent, récolterait la tempête, je précise : – primo, le jokari se jouait sans bande, et pas même en bande ; – deuzio, seul un élastique (auquel était attachée une balle qui, ainsi, pût revenir au joueur solitaire, ou fît courir l’adversaire du frappeur afin qu’il la pût retourner à l’expéditeur – seul, donc, un élastique était nécessaire.

    L’on ignore si les Basques, grands pelotaris devant l’Éternel, apprécièrent qu’on ridiculisât – avec une prothèse de caoutchouc bondissante, deux raquettes et une lourde boîte de bois commun auquel l’élastique était fixé – leur jeu de pelote, en outre ici privé de l’indispensable fronton. La honte, quoi !

  2. Aucune rentative d’explication de ma part
    juste l’envie de partager le fait que ce sujet est le meilleur exemple de la particularité ansolue de la race humaine a concevoir son avenir autravers des actes d’un nbre infime de ses constituants.
    Nous avancons grace a des “exploits” realisés souvent par un seul homme ou un tres petit nbre (Chr. Colomb, A. Bell…) et de l’autre coté (Hitler, Staline…)
    Ses hommes se sont battus pour avoir raision. C ce qui se passe en Palestine.
    En changeant de paradigme et en se battnt pour gagner l’Humain ferait des bons en avant trois foiq plus important pour un cout dix fois moindre.

    Bref, nous savons tous ce qui causera notre perte…mais persistons a vouloir avoir raison (nous battre les uns contre les autres) plutot que de gagner (collaborer les uns avec les autres)

    Et on a batisé ce type de reflexion…peut etre pour mieux la neutraliser : on a appelé ca : utopie

    Amicalement

  3. Juste un bravo pour ce post ! Et votre “présentation” tout à fait succulente !
    Myriam

  4. Il est temps d’appeler Salomon pour résoudre le problème .

Laissez un commentaire

« »