Jérusalem, un asile à ciel ouvert

 

Je ne suis allé qu’une seule fois à Jérusalem et la seule certitude retirée de ce court séjour fut de me dire que j’étais autant fait pour cette ville que Mère Teresa pour diriger un bordel ou Ribery pour intégrer le Collège de France.

Du peu que je suis resté, quelques jours tout au plus, j’en ai tiré la conclusion que cette ville avait été conçue pour permettre à tous les fous furieux de la terre de s’égayer en liberté dans l’antique forteresse constituée par la Vieille Ville où sur quelques kilomètres carrés cohabitent les reliques des trois grandes religions monothéistes.

Inutile de mentionner qu’avec ma tête de juif errant, je n’ai pu pénétrer sur l’Esplanade des Mosquées.

Pourtant, étant un agnostique enragé et un Juif honteux, je ne portais ni Kippa ni Tallith ni Étoile de David ni bouteille d’huile d’olive en bandoulière mais visiblement mon apparence extérieure et mon physique de Solal a suffi à convaincre les policiers que j’avais la capacité par ma seule présence de déclencher une troisième intisaga.

J’ai essayé à maintes reprises de tromper leur vigilance mais à chaque fois je me suis heurté à un refus qui ne souffrait aucune discussion.

Du coup, avant d’arriver au Mur des Lamentations où j’avais pris rendez-vous avec le Propriétaire des Lieux, j’ai dû marcher dans les pas du Christ et emprunter son chemin de croix accompagné par un troupeau de Polonais en larmes. Comme quoi tout arrive.

Tout en expliquant aux marchands du temple, disposés en rang d’oignons le long de la Via Dolorosa, que non je ne voulais pas acheter une statuette du Christ ni un poster de Jean-Paul II dans sa salle de bains pas plus que des sandales ayant appartenu au Fils de l’Homme et encore moins des tambourins à l’effigie de Bernadette Soubirou.

Autour de moi, les pèlerins se baladaient à genoux en tenant sur leurs frêles épaules des croix blanches et grandes comme des cauchemars de crucifix prêts à vous harponner tout cru avant d’arriver rouges d’effort au Saint Sépulcre où ils tripotaient leurs médaillons de la Sainte Vierge en attendant leur tour d’être présenté au fantôme du Christ.

Là aussi on m’a interdit l’accès mais c’est parce que j’ai demandé au prêtre franciscain ou au pope orthodoxe ou au berger arménien, je les confonds tous avec leurs grandes barbes et leurs collections de bibelots, qui veillait sur le cercueil sanctifié, où se trouvaient donc les toilettes.

Après m’être perdu dans les dédales du souk où j’ai quand même acheté des chaussettes décorées de versets bibliques rédigés en araméen, j’ai fini par déboucher à l’endroit où se tient la plus grande attraction du judaïsme interplanétaire : The Mur des Lamentations.

Là le garde m’a laissé entrer mais j’ai été rattrapé par le collet quand par mégarde je me suis aventuré du côté de l’enclos réservé aux femmes et remisé de force à l’emplacement prévu aux mâles de mon espèce.

J’ai fait comme tout le monde, j’ai embrassé le Mur, le Mur m’a embrassé, il a pris de mes nouvelles, moi des siennes, je lui ai passé le bonjour de toute la famille, il ne m’en pas donné concernant la sienne, dommage, puis j’ai glissé ma liste de vœux entre ses pierres fraîches, être augmenté par Slate, voir Saint-Étienne devenir champion d’Europe, avoir d’autres lectrices de mes romans que les amies de ma mère.

J’attends toujours.

Puis je me suis baladé dans Jérusalem, enfin dans ce que je pensais être Jérusalem parce que je me suis retrouvé en un endroit ressemblant point pour point au shtetl où mon arrière-arrière-grand père était déjà ce schnorrer dont j’ai essayé tout au long de ma vie de ne pas trahir la mémoire.

L’endroit se nomme Méa Shéarim.

C’est rempli de bonhommes habillés comme dans Rabbi Jacob, suivis de femmes vêtues de jupes amples et couvertes de foulard elles-mêmes suivies par leurs tripotées d’enfants occupant tout le trottoir : une cinquantaine de mômes tout dépenaillés déjà affairés à décortiquer, du haut de leurs poussettes, le sens soi-disant caché d’une maxime énoncée dans une page de l’Ancien Testament.

                                                                                                                                                                                                                             Bref, au lieu d’être la ville de tous les conflits, Jérusalem devrait rester une cité internationale placée sous l’égide de l’Organisation des Fous Unis, patronnée par l’Amicale des Anciens de Sainte-Anne et chapeautée par la Fraternité des Doux-Dingues Cosmopolites.

                                                                                                                                                                                                                                                                                    Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

12 commentaires pour “Jérusalem, un asile à ciel ouvert”

  1. “Là le garde m’a laissé entré” brrrr

  2. un écrivain qui fait des grosses fautes d’orthographe, c’est moins grave ou plus grave qu’une ministre de la culture qui ne connait pas le prix Nobel de littérature ?

  3. Jérusalem est une des villes les plus extraordinaires, passionnantes, diverses, vibrantes, et bien sur spirituelles que j’ai visité. C’est bien malheureux d’en être resté à la caricature la plus banale, à se demander si vous y êtes vraiment allé parce qu’on ne dirait pas.
    La prochaine fois essayez d’y aller avec un esprit ouvert plutôt qu’avec vos préjugés.

  4. J’attends les commentaires des fous furieux, moi j’ai bien ri ah ! ça désacralise, enfin ça remet l’église au milieu du village….oups !

  5. Il est loisible à chacune et chacun d’être agnostique, ou athée, ou croyant. Aussi écrivez-vous ce qu’il vous chaut, seraient-ce des propos plus que légèrement persifleurs. Du moment qu’ils ne sont, ce qui paraît être le cas, ni méchants, ni fanatiques, ni violents… Toutefois, s’il pratique bien l’agnosticisme (doctrine qui tient l’absolu pour inaccessible à l’intelligence humaine), l’agnostique, même s’il est « enragé » (sic), s’astreint en règle générale à ne point considérer les croyants comme des permissionnaires ou des évadés d’hôpital psychiatrique. S’il le pense, il le tait. Certes, l’on est ici, vous et nous, entre soi : nulle fuite ne saurait donc nuire ni au tireur, ni à ses cibles.

    Et il n’est pas douteux que l’humour et l’ironie du narrateur compensent le rejet essuyé au seuil de l’Esplanade des Mosquées, ainsi que le spectacle déconcertant – mais, selon toute apparence, plaisant – des baiseurs de mur et des déplacements de presque culs-de-jatte. Qui n’eût pas pensé à la cour des miracles du bon père Hugo ?

    À chacun donc ses rites et (in)croyances. D’ailleurs, ne vous déplacez-vous pas sur vos deux chausses, alors que certains foulent le sol avec leurs plantes de pied ou, en Bigorre, à l’aide d’échasses… ? Ce faisant, ne baissez-vous pas les yeux à terre pour débusquer quelque déjection de canidé, à Paris ou ailleurs, qui chercherait à vous faire choir, de préférence sévèrement ? Vous voyez bien ! Il est pourtant des contrées où le chien est, si l’on peut dire, persona non grata ; d’autres encore qui le choient, l’engraissent et en font des festins.

    Allez en paix, Frère Laurent ! Vous ne blasphémâtes pas. Au fond, vous moquâtes seulement des gens de foi, non l’Objet de leur foi. Aussi vous contenterez-vous, dans la position de votre choix, de fixer votre téléviseur éteint, durant quatre-vingt-dix minutes (permission frigo ou toilettes accordée : à la mi-temps), lors du prochain match, respectivement, de Saint-Étienne et du Paris-Saint-Germain.

    Pas du seul match Saint-Étienne tienne/Paris-Saint-Germain ou vice versa, n’est-ce pas !?

  6. Très drôle ! un humour décapant comme toujours …
    il y en a qui confondent religions et spiritualités … (?)

  7. Déjà dit :”on s’en branle”. Slate a fait 2 papiers de brève (de comptoirs) sur le conflit, aucun intérêt. Perso qu’ils s’entretuent ça m’arrange. Dans une interview Allen dit : “L’évangéliste Billy Graham disait l’autre jour à la télévision : « Même si j’ai tort et qu’il n’y a pas de vie après la mort, j’aurai vécu plus heureux qu’un athée. » Seulement, croire, ce n’est pas quelque chose qui s’essaie ou se décrète d’un coup, comme ça. Pour ma part, le mieux que je puisse faire, c’est aller au cinéma…” lol Faites nous donc un truc sur les punks à chien et la flicaille et j’y trouverais un intérêt à tous les enterrer 10 pieds sous terre, sans distinction. Au moins c’est du concret, ça se passe pas loin. Empathie rime avec utopie? lol

  8. Déjà dit :”on s’en branle”. Slate a fait 2 papiers de brève (de comptoirs) sur le conflit, aucun intérêt. Perso qu’ils s’entretuent ça m’arrange. Dans une interview Allen dit : “L’évangéliste Billy Graham disait l’autre jour à la télévision : « Même si j’ai tort et qu’il n’y a pas de vie après la mort, j’aurai vécu plus heureux qu’un athée. » Seulement, croire, ce n’est pas quelque chose qui s’essaie ou se décrète d’un coup, comme ça. Pour ma part, le mieux que je puisse faire, c’est aller au cinéma…” lol Faites nous donc un truc sur les punks à chien et la flicaille et j’y trouverais un intérêt à tous les enterrer 10 pieds sous terre, sans distinction. Au moins c’est du concret, ça se passe pas loin. Empathie rime avec utopie? lol

  9. Dommage de n’avoir vu de Jérusalem que la Vieille Ville et Mea Shearim. A la lisière de ce quartier, des rave party dans des parkings abandonnés, des jeunes qui étudient l’ingénierie à l’Université Hébraïque de Jérusalem, des vieux, des jeunes, des religieux, des laïcs, des odeurs dans le Souk Mahane Yehuda, des bars, des clubs, des restaurants cashers, des restaurants qui servent des crevettes pendant Shabbat.
    A Jérusalem, il n’y a que de fou la magie de la ville.
    (Mais belle plongée dans le Vieille Ville néanmoins !).

  10. absolument delicieux…!

  11. c’est à la fois nouveau et triste d’assister en direct à la mort lente de la poésie

  12. Feu regrétté Pierre Desproges, a tres bien décrit comment on faisait de la polésie.

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