On se calme !

 

Et voilà.

Deux victoires d’affilée contre des équipes fantoches et c’est la France toute entière qui sombre dans une euphorie qui ressemble à celle d’un malade venant d’apprendre que son cancer prétendu incurable n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Se voyant déjà reprendre le chemin des écoliers et redevenir celui qu’il était avant la découverte de sa maladie.

Oubliant qu’il se trouve seulement en rémission.

Plus que jamais, il faut savoir raison garder.

Certes, ayant été habitué à côtoyer ces dernières années une Equipe de France éblouissante dans sa constante médiocrité, on ne peut que se féliciter de la voir aujourd’hui gambader sur les pelouses brésiliennes avec l’allant d’un jeune premier, en redécouvrant le plaisir de jouer ensemble et la joie de triompher de ses adversaires.

Même si les prétendus adversaires se comportent plus comme des complices de leurs propres déchéances que comme de réels compétiteurs.

A regarder hier soir évoluer l’équipe helvétique, surtout son assise défensive, on ne pouvait s’empêcher de se demander si certains joueurs n’avaient pas reçu dans la nuit la visite de quelques parieurs asiatiques désireux de s’enrichir à moindre frais.

Un gardien qui déclare une semaine porte ouverte de ses buts avec petits four et rafraîchissement offerts, un défenseur assez inspiré pour commettre une faute aussi utile et pertinente à accomplir qu’une parole présidentielle proposant à Léonarda de revenir seule, un autre qui sur un retour défensif arrive à se convaincre de ne point tendre la jambe afin de ne pas venir déranger le ballon dans sa ballade des gens heureux, un troisième réussissant l’exploit assez rare de jouer au Mime Marceau dans sa propre surface de réparation.

Il n’est pas question de bouder ici son plaisir de voir une Equipe de France toute à sa joie, et à la nôtre, de redécouvrir que jouer au football ne s’apparente pas forcément à accomplir des travaux forcés dans la carrière d’un pénitencier de haute sécurité le tout sous un soleil de cagnard.

Qu’une fois qu’on a réalisé que son coéquipier n’est pas forcément son meilleur ennemi, on peut même éprouver quelque plaisir à communier ensemble dans la pratique d’une discipline susceptible de provoquer des joies qui d’habitude appartiennent au monde de l’enfance.

Mais ne nous y trompons pas.

Aussi enthousiaste que cette Equipe de France nous apparaîsse aujourd’hui, elle demeure malgré tout l’Equipe de France, à savoir une équipe certes valeureuse, certes audacieuse, certes percutante, mais bien encore trop limitée dans ses diverses composantes pour espérer autre chose qu’une méritoire place d’accessit.

A dire vrai, cette équipe demeure encore une énigme totale aussi difficile à appréhender que la disparition du vol MH 370.

A force d’engranger des victoires contre des erzats d’équipes, la tentation serait grande, pour le néophyte non affranchi de la doxa footballistique, de la placer tout en haut d’un olympe qu’elle ne parviendra à côtoyer que par la suite d’un invraisemblable concours de circonstances.

Lequel est toujours possible.

 

 

Mais de grâce, réjouissons-nous déjà du spectacle offert par cette équipe sans pour autant sombrer dans une avalanche de superlatifs tellement outranciers dans leur formulation qu’elle finit par provoquer chez l’amateur de ballon rond, une fois détaché des passions patriotiques et des engouements nationalistes, un sentiment vrai de distorsion de la réalité.

Pour l’Equipe de France, le Mondial n’a simplement pas encore commencé.

 

Espérons seulement qu’il ne commence pas en s’achèvant par une défaite.

 

Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )

9 commentaires pour “On se calme !”

  1. C’est vrai, ça. Pas d’emballement ! Écoutons les prudents, les sages : cette équipe de France est « encore trop limitée dans ses diverses composantes pour espérer autre chose qu’une méritoire place d’accessit ». Et puis, outre les piètres adversaires déjà affrontés (évoqués avec force sagacité), n’oublions pas : « Le diable est dans les détails ». Détails qu’à ce jour on ignore. Et pour cause : dissimulés par le Malin, ils ne sont visibles qu’après coup. [Ici, relire la dernière phrase du post en croisant les doigts, en touchant du bois, en retenant son souffle, ou tous autres trucs propres à conjurer le mauvais sort et Belzébuth réunis. Sacrée équipe, ces deux-là.]

    En tout cas, le match Helvétie-Gaule du 20 juin 2014, je me le rappellerai. Ç’aura été une de ces fois rarissimes où j’appréciai les joyeuses envolées sonores des fans après chaque but. D’habitude, ils me gênent : soit que je lise, soit que j’échange quelques hautes pensées avec moi-même ou des hôtes de passage. Hier soir, les joyeuses déferlantes chatouillant mes tympans m’informèrent obligeamment du score. Quelle surprise quand j’appris que les Français avaient marqué cinq buts, alors que j’avais compté six, et très nettes, poussées d’exultation.

    Aussi prudent que M. Sagalovitsch, ne me montant donc pas le bourrichon, je pris pour nanan le dodu résultat final : 2-5. On n’allait pas cracher dans la soupe ! Mais la coupe Jules Rimet n’est pas encore à Paris, compris ?

    Bons prochains matchs.

  2. C’est clair, on se calme, y en a qui bossent merde !

  3. Ouais, enfin faut aussi savoir comment on définit une vraie équipe. On peut faire le compte:
    Pour l’instant il y a seulement l’Allemagne et les Pays-Bas qui peuvent prétendre être meilleurs que l’équipe de France dans ce tournoi.
    Le Brésil n’est bon que parce qu’il se doit d’être bon et est poussé par le public, mais on a tous vus que leur jeu est un peu fébrile,
    l’Italie a perdu contre le Costa Rica,
    l’Espagne et l’Angleterre n’en parlons pas,
    l’Argentine a du mal à gagner contre l’Iran…
    Cette coupe du monde manque de favoris, et vu le jeu de l’EDF ça promet !

  4. Man, c’est quoi ton soucis? Laisse les gens se contenter de ce qu’ils ont. On dirait un article pondu par un ex footbaleur raté et aigrï.

    Si la france ne gagne pas par la suite ce n’est pas grave, mais n’en rajoute pas une couche.

  5. C’est une réalité qui vexe les butés qui ne veulent pas de la réalité !

  6. Bien vu, Laurent.

  7. (PS : Je t’avoue que jusqu’ici, ce sont les Pays-Bas qui m’ont le plus impressionnée – mais je n’ai pas encore vu l’Allemagne jouer.)

  8. (PPS : Et le Chili, aussi. Les mecs courent comme des Bip-bip sous perfu d’adrénaline, hahaha !)

  9. Je les trouve marrant les footos. Parce que c’est la coupe du monde ils pourraient te blablater de football. Ils ne doutent de rien. Je le trouve moche ce match avec le Brésil, donc je gargouille Rehab et Mercy, c’est facile ça commence pareil.

Laissez un commentaire

« »