Quand j’entends les mots réseaux sociaux, je sors mon revolver

 

Je sais, je sais, le progrès, la marche en avant du monde, la culture de masse, l’internationalisation des sentiments, la grande fraternité des internautes de bonne volonté, l’impossible retour en arrière, l’obligation de vivre avec son temps, la fréquentation des grands esprits, Jobs, Gates, Bezos, les goulags de la pensée unique…

Les réseaux sociaux ont tout envahi.

La toile, les médias, tous les médias, journaux, radios, télévisions, les caves du Vatican, les jardins de l’Elysée, les escaliers de la Maison Blanche, les basses-cours des assemblées nationales, nos vies, nos cœurs, nos sœurs, la pulsation d’un monde crépusculaire où pour exister il faut communiquer jusqu’au dégoût, à satiété, à profusion, sans jamais s’accorder une seule seconde de réflexion.

Sur tout et n’importe quoi.

Sa dernière crise de foi, les photos du chaton, la composition de ses selles, la cafetière de la chambre d’hôtel, le caveau de grand-papa, la cave à vin de l’oncle d’Amérique, l’origine du monde selon le boulanger, la vraie vie de nos animaux de compagnie, les bermudas de la voisine, les pots de fleur du voisin, le couffin de la putain, les chaussettes de la belette, les oreillettes du nourrisson, sa propre tronche dédiée à sa propre gloire, la parfaite et ecoeurante servitude de la vie au quotidien déclinée à toutes les sauces.

Avoir un avis sur tout et ne jamais oublier de le donner.

L’Ukraine, les vertus de la verveine, les suicides des baleines, le chapeau de la reine, la prison et ses peines, l’UMP à la traîne, le président dans l’arène, les politiques vaines, le F. haine, l’économie et ses bas de laine, le mondial et ses madeleines, la vie des châtelaines, les rubriques de la brigade mondaine, la Charente et Ségolène, Nabilla et son haleine.

Dire, dire, dire.

Moi je.

Toi tu.

Vous vous.

Impossible de fermer sa grande gueule quand tout le monde l’ouvre en même temps.

Je lis, je réagis, je dis, j’écris, je compose, je m’emporte, je tempête, je cogne, je grogne, j’insulte, je réfute, j’affirme, j’avance, à mon avis, selon moi, considérant mon, ma, mes… je jouis de me voir éructer.

Ma vérité.

Je suis le roi du monde.

Je ne sais rien mais je dirai tout.

Au bas des articles, aux croisements des nouvelles, aux carrefours des commentaires, chacun y va de son invective, de sa petite poussée de fièvre, de son éructation outrancière, de l’affirmation de ses convictions, de l’importantissime importance de ses réflexions, de ses mille et une déclamations, de l’état de ses positions.

On n’en sort pas.

On redécouvre ahuri les vastitudes de la connerie humaine, cette propension à s’ériger comme son propre modèle de référence, cette certitude que sa voix compte, doit compter, va compter, cette dictature de l’opinion toujours recommencée, cette évocation du café du commerce d’antan où claquent dans le brouhaha aviné, au fin fond des arrière-salles, les avis à l’emporte-pièce, les raisonnements équivoques, les pensées tout sauf fécondes, le ramassis des ordures quotidiennes.

Tais-toi quand je parle.

On flingue les élites avant d’aller flinguer son chien.

On a des tendresses pour les conspirationistes, des élans vers les révisionnistes, des engouements pour des créationnistes.

On s’incruste, on scrute, on recrute, les leaders d’opinion, les petits marquis de l’incontinence cérébrale, les cheftaines de l’éruption sentimentale, les roitelets du bavardage inconsistant.

Mais.

Les solitudes qui se comptent par millions, les pleurs, les peurs, les renoncements, les lâchetés, la vie qui fout le camp, se délite, se dérobe, la fatigue, la lassitude, la multitude de nos vicissitudes, les langueurs de l’habitude, les rides, les cernes, les maladies, les cimetières qu’on nous cache, les réveils blafards, l’horreur du vide, les disparitions, les évictions, le rinçage des convictions.

 

La mastication de la vie moderne.

 

Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )

 

24 commentaires pour “Quand j’entends les mots réseaux sociaux, je sors mon revolver”

  1. MAGNIFIQUE PAMPHLET !
    Un grand Merci et puis d’ailleurs, je vous embrasse !

  2. Merci à vous ! On est les meilleurs

  3. Juste pour rajouter le lien de ma page FB !
    Bonne soirée !

  4. Comme d’hab, le gout du verbe bien placé qui réussit a nous remettre en place quand ce n’est pas le cas.
    Tranchant, un peu acide (un petit coup de cafard ce soir, non ?), mais juste.

    Merci d’écrire et de jouer parfois le rôle de mon “Jimmy cricket”.

  5. j’apprécie vos mots, merci de nous les faire partager sur FB 😉

  6. Colliers de rimes et assonances intérieures, étagés comme, place Vendôme, sur un présentoir de bijouterie, hantée par des grossiums très fort thunés, ou d’impécunieux masochistes. C’est emprunter les traces de Shakespeare. Il existe pires traces. « Polonius : – Que lisez-vous, Monseigneur ? Hamlet : – Des mots, des mots, des mots ». Eh oui, les mots ne sont pas des actes, mais parfois pèsent extrêmement lourd : prononcés, ou tus.

    « Quand j’entends le mot “culture”, je sors mon revolver » : ce trait d’humour des nazis – réalisé avec méticulosité – signifiait en fait que dans un monde débordant de souffrance et de misère, le combat prévaut sur la culture.

    Les mots, encore ! l’expriment : les mots ne sont pas toujours que des mots. Notre monde d’ego gonflés, induits à l’œdème de trop lire certaine presse : C’est vendeur, d’individualismes ne rendant pas les armes, de tartufferies, de cœurs de marbre et de larmes de crocodile, ce monde-là laisse échapper soudain, fût-ce via les réseaux sociaux, quelque parole vraie, qui vaut acte, en suscite.

    Allez, range ton flingue ! Et merci.

  7. Avant de sortir le flingue, allez dans les paramètres des réseaux sociaux. C’est la que se trouvent les filtres, pour ceux qu’on veux voir ou pas.

  8. Chapeau bas…et merci!

  9. Et oui, c’est souvent la mise en musique le problème: http://www.youtube.com/watch?v=oknw6Jt1Lbw

  10. Et que vois-t-on en bas de l’article ? Des boutons pour le partager sur les réseaux sociaux ! La bonne blague qui ruinée sérieux de l’article ! Pas grave, cela ne sera pas la première fois qu’une personne tente le coup….

  11. c’est tout a fait juste dans vos propos, sauf que vous avez oublie une chose et essentiel dans l’histoire !

    c’est qu’en réalité les gens ne fond que ce frôle et qu’entre les personnes concerné, il y’a aucune communication.

    alors qu’a la base du réseau social, c’est la communication.
    quand on s’adresse a une personne, on a jamais de réponse.. c’est les kikoos qui fond leurs malin a répondre a leurs place.

    vous vous adresse a une personne, et vous avez la réponse d’un parfait inconnu.

    au final et concrètement, il y’a aucune communication.
    juste un savoir faire habile de manipule les réseau sociaux <> de faire la promotion et d’un besoin prive dans le but a gagné de l’argent sur le dos des internautes qui habilement on a rien a faire d’eu. ça fait juste entretenir leurs notoriété et lorsqu’il y’a un buzz le plus souvent rechercher pour se faire remarquer c’est encore l’internaute qui se fait avoir, étant le dindon de la farce des réseau sociaux.

    un exemple concret et depuis twitter, russell crowe utilise la plateforme twitter dans le seul et unique but de faire la promo de ses films et divers. ça lui assure de gagné de l’argent sur le dos des internautes. la bonne farce, les twittes qu’il fait, il ne répond en général a personnes. Jusqu’au moment ou ça part en racisme anti-français, car les twittes parte en bl et beaucoup ce son vu être expédié en bl. On se retrouve avec une plateforme de communication, sans communication. bref! ça fait largement rire. Alors oui! Apres avoir pourri Face de book, c’est maintenant Twitter. Apres twitter, ça sera autres choses : instagram ?

    ça fait largement pense a des animaux migrateur, qui âpres avoir pourri un système, ça part ailleurs faire la même chose. A note : que ça ne s’agit pas uniquement les réseau sociaux se type de problème. car ça touche aussi les jeux vidéo !

  12. @Lysander

    je suis aussi d’accord avec vous, un blog fait partie des réseau social aussi, il faut pas se leurré.

    il y’a d’ailleurs aucune différence sur l’exemple d’un twitte. le gars balance son texte, il ne répond a personnes, juste une gestion de modération comme sur un réseau social.

    c’est du pareil au même qu’ailleurs, donc bon !

    en même temps, il ne peut pas l’éviter.

    car sans aucun support social, il peu en aucun cas communiquer.

    ni faire ( ouin, ouin ) dans quoi que ce soit.

    sauf, si il créé un site html ^^ la oui, ça sort du cadre des réseau sociaux 😉

    concernant l’article *flingueur* il a du se prendre une météorite a mon avis ^^

  13. @ Lysander : cela se nomme de l’ironie. Et la dite page ne sert qu’à avertir les lecteurs de la parution d’un nouveau billet. Bonne journée

  14. Merci pour le coup de gueule.
    C’est quand même triste ce qui arrive à la langue écrite à cause de telles plateformes .
    Avant,on écrivait des lettres en pensant constamment à son lecteur,en pesant chaque mot,chaque terme pour qu’ils collent le plus possible à notre pensée.
    Maintenant,on écrit comme on va aux chiottes,ça ne doit pas prendre plus de trois minutes lavage des mains inclus;quelle misère!

  15. Bienvenue au club 😉

  16. De la part d’un blog qui n’a pour objectif et justification que le trolling de masse, et dont la valeur ajoutée est sensiblement équivalente aux billets politiques de Tonton Denis après la buche de Noel, je trouve le propos un peu gonflé. Manichéen sans prise de recul ni de perspective. C’est au niveau de Look Up, ça dit ce que les gens ont envie d’entendre pour se persuader qu’ils ont encore un pied dans le monde réel. C’est bête, il y a plein de chose à dire, et l’aigreur est vilaine rédactrice. L’ironie gratuite, vraiment ? On est encore en 1ère L ou il faut expliquer ?

  17. Joli texte, merki…
    Le réseau social est un truc d’ados. Dire “j’aime” ou “j’aime pas” est typiquement enfantin (sauf que le “j’aime pas” a finalement été retiré : avoir l’esprit critique, c’est déjà être un peu déviant, pour FB.)
    Bon, j’ai toujours pas FB ou Twitter. Ça m’embête, ces trucs. Mais je suis une enfant boudeuse. 🙂

  18. @sophie k,

    “Le réseau social est un truc d’ados.” c’est pas tout a fait le cas. car les pepoles son présent et ce ne son pas des ados.

    le fait de dire “j’aime” ou “j’aime pas” c’est dépasse et détourne par “je fait ma promo” twitte/billet “et ça me rentre dans la poche”

    les réseau social son utilise a but commercial, dans le but d’avoir un profit a gagné, le reste ça s’en moque. vu que pour la grande majorité il non même pas le courage d’y répondre âpres l’envoi de leurs premier message.

    ça fait comme être devant un magasin, aucune communication, du lèche vitrine.

  19. à mon avis on a un faux commentateur ici, fabriqué par un robot qui passe par Google trad… je vois pas d’autre explication.

  20. @Olllllive,

    pas du tout, c’est juste qu’on parle (nous) tellement souvent dans le vide sur ce type de billet, twitte et j’en passe. que tous simplement je me casse plus la tete a utilise word97 pour corriger mon texte. ça me sert a quoi, de ma fatigue a avoir un texte de professeur de lettre et de parler a chaque fois dans le vide.. pas besoin de me fatigue pour du luxe d’orthographe.

    en meme temps, et comme j’ai vu sur twitter, si c’est pour avoir une orthographe 100% professeur de lettre et se retrouver kikoo bl. oui ça me fait rire.. sur ceux, je vous laisse 😉

  21. merci Marwyn pour votre réponse à tous.. j’en reste totalement kikoo bl, et je dois avouer que c’est bon !

  22. Marwyn dear, une bonne orthographe, ça sert surtout à se faire comprendre, à être précis… C’est rude de lire “ils non même pas” ou “répondre âpres” ! On se dit “kwa ? Qu’est-ce qu’il raconte ?” et oui, certains lâchent le morceau, du coup…
    Bon bref. Quand je disais un truc d’ados, je voulais dire “d’ados attardés” (je crois que les vrais ados sont plus futés). L’infantilisation des masses marche super bien, actuellement.

  23. (PS : Et y’a pas plus infantile qu’un people qui veut teeeeellement qu’on l’aimeuh.)

  24. Cher Laurent,
    Si cela peut vous rassurer, …je donne des formations pour les commerciaux sur les réseaux sociaux, et jà chaque fois je tente de les persuader de rester ‘vertical’ càd de donner leur avis uniquement lorsqu’ils sont proche de leur socle de compétence 😉
    Merci d’avoir apporter de l’eau à mon moulin \o/

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