Les assassins de la République

 

J’aurais aimé qu’apprenant la nouvelle que l’auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles fut de nationalité française, les musulmans de France, unanimes dans leur réprobation de cet acte ignominieux, descendent par millions dans les rues pour scander leur solidarité sans faille avec la communauté juive de France.

Laquelle se serait mêlée à cette manifestation afin que tous ensemble, en tant que victimes collatérales de ce terrorisme haineux, proclament et renouvellent leur désir de vivre ensemble dans l’harmonie et la concorde, réaffirment leur volonté d’affronter côte à côte cet ennemi de l’intérieur qui sape les fondements même de la République.

Et qui aurait vu défiler à leur côtés des français anonymes désireux d’apporter leur réconfort à ces deux communautés en souffrance, redire leur volonté de ne jamais baisser la garde face à des évènements qui souillent à chaque fois un peu plus la mémoire collective, abîment le pacte républicain, mettent à mal les valeurs de la démocratie.

A chaque fois qu’un juif en qualité de juif est tabassé, vilipendé, pourchassé ou assassiné, c’est l’image de la France qui est abîmée.

Salie.

Nous sommes tous, absolument tous des juifs français.

Qu’on puisse s’en prendre un individu à nul autre tort qu’il est ce qu’il est, un juif, un arabe, un chrétien, relève non seulement de la lâcheté la plus innommable qui soit, mais contribue aussi à affaiblir un peu plus cette société de tolérance que, malgré nos opinons divergentes, nos origines diverses et variées, nous avons mis tant de temps à bâtir et à solidifier.

Et que des partis politiques tentent, sous des discours populistes et racoleurs, de détricoter encore et toujours, afin que règne la division, que se propage le chaos, que s’ébrèche encore un peu plus cette communauté de valeurs qui a permis jusqu’à présent à la France de s’incarner dans une République soucieuse de protéger, sans distinction aucune, tous ses enfants.

L’antisémitisme, l’islamophobie, l’homophobie, toutes ces contractions de la société française en prise avec ses démons intérieurs représentent autant de régressions, de reculs, de coups de poignards assenés au cœur même de la République, de cet idéal selon lequel, quelles que puissent être nos différences, nous adhérons au même désir de représenter collectivement une unité à jamais réunie autour des idées de progrès et de solidarité.

A l’heure où l’on s’apprête à célébrer le soixante-dixième anniversaire du débarquement, il serait bon que de tous bords, au-delà des querelles partisanes et des clivages politiques, soit clamée le long des avenues de la république, un peu partout dans l’hexagone, cette volonté acharnée d’affronter ensemble ces assassins de la Démocratie.

Faute de quoi, la mort courageuse de ces partisans de la liberté sur nos plages de Normandie, leurs sacrifices inoubliables, leurs féroces générosités d’âme, n’auraient servi à rien.

Les cimetières militaires où reposent par milliers les dépouilles de ces combattants sont là pour nous rappeler la fragilité de l’Histoire, la folie des hommes et la nécessité faite à chaque nouvelle génération de continuer à honorer leurs mémoires en ne cédant jamais aux vents mauvais de la désunion, de la stigmatisation et de l’opprobre.

 

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9 commentaires pour “Les assassins de la République”

  1. Tout cela est bien gentil, mais je note la tiedeur avec laquelle la communauté Musulmane réagit face à ce genre d’horreurs, dont il est vrai on finit par s’acoutumer.
    S’ils veulent vraiment être crédibles, que les vrais Musulmans fassent preuve de courage en chassant les brebis galeuses de leurs mosquées. Là on commencera à les prendre au sérieux.

  2. « Oh ! combien de fervents, combien de démocrates
    Qui sont partis joyeux pour s’affranchir des blattes,
    Sous un morne climat, dans un pays amer,
    Dessillèrent leurs yeux en voyant les barbares
    Ressurgis d’un passé où ils avaient pris barre
    Sur les naïfs amis des hommes aimant la mer :
    Elle les avait conduits à ce pays sans races
    Où s’effaçaient les haines dans un sable sans traces ».

    Ce n’est hélas pas du Victor Hugo.

  3. Je crains que vous n’attrapiez un ulcère quand vous entendrez la merveilleuse dernière ligne de défense de cet étron humain.
    Il est mûr pour le titre du tueur en série le plus stupide de l’histoire de l’humanité!

  4. Vous dites “bâtir et solidifier”, je me serais arrêtée à bâtir. Si c’était solide, il n’y aurait pas tout ceci, hélas.
    Les communautés se replient sur elle-mêmes, non? Je ne vois pas toujours le désir de vivre ensemble dans l’harmonie, plutôt une envie de vivre côte à côte mais sans trop se mêler. Chacun son combat.

  5. Une question : on peut dire la véritable raison du débarquement us en Normandie sur le nouveau Slate ou pas ?

  6. Parfaitement dit, Laurent.

  7. c’est dur à vous trouver avec le nouveau slate!

  8. oui, faut protester !

  9. Non , ce n’est pas un ” tueur en série le plus stupide de l’histoire de l’humanité!”
    c’est, pour notre malheur, un être humain devenu nuisible , un assassin brut qui se résume à sa violence ,parce qu’il a accepté d’ être l’auteur d’un acte de violence froide et lâche !

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