Ce sera le défilé des mines graves et contrites.
Sur les plateaux des grandes chaînes de télévision, les cadors et les petits marquis des partis politiques viendront dire leur profonde préoccupation face à cette abstention qui, élection après élection, ne cesse d’augmenter, et à la montée spectaculaire du score du Front National qui “doit nous interpeller et à laquelle en tant que démocrates, nous ne pouvons rester sans réponse.”
Tous, de droite comme de gauche, énonceront, la voix blafarde, les yeux cernés, le cœur en berne que ” ce soir, c’est d’abord et avant tout une grande défaite pour la démocratie et en même temps un signal d’alarme que nous envoient les français qu’il nous faut entendre et qui doit nous amener à revoir de fond en comble notre façon d’appréhender la politique, exigeant de nous interroger, au delà des clivages partisans, sur le divorce de plus en plus grandissant qui s’opère entre les français et ses représentants, entre le peuple et ses élites, entre la France du bas et celle à l’œuvre dans la capitale.”
Personne n’aura le cœur à rire.
L’heure sera à la remise en cause.
A la génuflexion électorale.
Chacun répétera en boucle qu’il faut entendre cette France qui souffre, cette France de la misère et du chômage, cette France des déclassés, des précaires, à qui il faut parler et parler encore afin de lui dire qu’elle se trompe en se fiançant avec les extrêmes qui leur promettent des solutions toutes faites et totalement irréalistes.
Les partis majoritaires conviendront que le moment n’est pas venu de se lancer dans des chicaneries électoralistes, et leurs porte-paroles s’accorderont à penser que ce soir ils sont avant tout tristes pour leur pays, tristes et inquiets, tout en restant convaincus que leurs chers compatriotes ne sont ni racistes ni xénophobes juste malheureux et déboussolés.
Qu’il ne faut pas les juger mais les comprendre.
Le premier secrétaire du parti socialiste montera sur l’estrade de la Rue de Solferino pour affirmer que “ce soir, malgré le bon score enregistré par notre parti, qu’il faudra encore confirmer voire amplifier dimanche prochain, il nous faut avant tout nous interroger sur la montée des extrémismes alliée à celle de l’abstention qui mettent gravement en danger le pacte républicain.”
Son collègue de l’UMP se félicitera certes “du véritable camouflet que le pouvoir socialiste vient d’enregistrer mais, qu’au vu du chiffre de l’abstention et de la progression indéniable du Front National, l’heure est avant tout à la mobilisation de toutes les énergies afin de tendre la main à cette France qui se sent délaissée et méprisée depuis trop longtemps.”
Comme depuis près de trente ans, les commentateurs de tout poil parleront de séisme électoral, chacun conviendra que désormais plus rien ne sera comme avant, que le pays est entré dans les profondeurs d’une crise, crise de confiance, crise de la démocratie, crise de la représentation dont personne ne peut encore prédire les réelles conséquences.
Les politologues, chiffres à l’appui, diront que ce qu’ont voulu dire ce soir les français, c’est leur lassitude et leur inquiétude, leur lassitude de n’être pas assez écoutés et leur inquiétude d’être déclassés, de se sentir désarçonnés par les dangers d’une mondialisation qu’ils perçoivent avant tout comme une menace pour leur acquis sociaux et leurs emplois.
L’expression d’un ras-le-bol généralisé.
L’impression d’être abandonnés en rase campagne, trahis, incompris, et qu’après avoir essayé la droite puis la gauche, ils se disent qu’ils ne risquent rien à tenter l’expérience de l’extrême droite.
Et dans le même temps, l’égérie du mouvement national s’en ira plastronner un peu partout que l’heure du réveil à sonné, que désormais le mouvement de la reconquête nationale est sur les rails et que plus rien ne pourra entraver sa marche en avant.
Des jeunes, attendrissants de naïveté, créeront des pages Facebook en proclamant que le fascisme ne passera pas par eux.
Vers minuit, tout le monde ira se coucher, l’air concerné en se disant que le pays est mal barré, que ça sent mauvais mais que les politiques récoltent ce qu’ils ont semé.
Qu’ils sont tous nuls.
Et moi je partirai d’un grand rire fatigué parce que le comique de répétition à la longue…
( Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )
Vous devriez entrer en politique puisque vous en maîtrisez le langage!
No pasaran camarade! 🙂
Les vieux voteront avant tout comme la téloche leur dira. Pour les jeunes, ça sera comme internet leur dira. Là c’est plus compliqué, car internet c’est beaucoup, beaucoup de canaux différents. A terme les partis politiques sont voués à disparaître car de plus en plus de gens s’informeront via de nombreux médias complètement déconnectés les uns des autres, ce qui produira une opinion publique complètement éclatée, et donc difficilement récupérable par un parti politique.
Mais Sagalo a raison, le plus probable est une montée du FN, essentiellement parce que les gens sont des cons. Question : sommes-nous, nous français, moins cons que les autres ? Réponse dans quelques années !
Pour rigoler un coup :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Box-office_France_2013
Voilà. Mis à part Django et Gravity (en étant gentil pour ce dernier), tout le reste —> de la daubasse. Mais rassurons-nous, ailleurs c’est à peu près pareil.
[Synthèse par bribes]
« … défilé des mines graves et contrites… viendront dire leur profonde préoccupation face à cette abstention qui », comme la petite bête, monte, monte… « grande défaite pour la démocratie et en même temps un signal d’alarme »… dring !!! « … divorce de plus en plus grandissant qui s’opère entre les Français » et leur classe politique. « Personne n’aura le cœur à rire… » Sniff, sniff. « France qui souffre… se fiançant avec les extrêmes… chers compatriotes… juste malheureux et déboussolés… faut pas les juger mais les comprendre ».
« Le premier secrétaire du Parti socialiste » et « son collègue de l’UMP » appelleront à « la mobilisation de toutes les énergies… tendre la main… méprisée depuis trop longtemps ».
« … depuis près de trente ans, les commentateurs… désormais plus rien ne sera comme avant… Les politologues, chiffres à l’appui, diront… inquiétude » des Français « d’être déclassés » … « ras-le-bol généralisé ».
« Vers minuit… se coucher… le pays est mal barré … sont tous nuls… le comique de répétition à la longue… », ça endort. Dodo !
[Félicitations pour la parfaite connaissance des diverses langues de bois]
De mémoire, Fast and furious 6 a été le 6ième film le plus regardé au Brésil en 2013.
LOL
http://www.gfk.com/fr/news-and-events/press-room/press-releases/documents/20140114-cp-gfk-top-50-des-meilleures-ventes-de-livres-en-2013.pdf
Celui-ci est instructif ! 😉
Je pense que les lecteurs de ce blog sont en droit de connaître tous les méfaits de ce monde. Au Québec, Fast and furious 6 est sorti sous le titre “Rapides et Dangereux 6”.
déjà pas envie de foutre un orteil à Henin Beaumont
quelle que soit la couleur politique de son maire
alors dans ses villes jumelles…
suffit de penser que ca représente un honneur pour elles
pour imaginer les rieuses cités… merdeuses.
@ Vince : Django un bon film ? Vous plaisantez ? De bons acteurs, mais un bon film, faut pas pousser.
@ Vince
“Les vieux voteront avant tout comme la téloche leur dira” : certains, peut-être, ou bien sûr ; d’autres, non. Sauf gâtisme, les vieux ont encore la lucidité d’asseoir leurs votes sur leurs propres intérêts et quelques-uns, sans doute, sur leur conception de l’intérêt général.
“Pour les jeunes, ça sera comme internet leur dira” : l’hypothèse que “les” (formulation excessivement uniformisante…) – plutôt “des” – jeunes feront leur choix à l’aide d’Internet est plausible. Ne l’est pas moins une autre hypothèse : qu’il s’abstiennent, ou votent blanc ou nul, ou enfin, qu’ils ne soient pas même inscrits sur les listes électorales.
Le point de vue selon lequel jeunes ou vieux (et d’ailleurs, entre-deux) votent “comme la téloche” ou “Internet leur dira” est très sommaire, un rien méprisant et probablement inexact. Même si l’on nous rebat les oreilles avec une sorte de “les gens [sauf nous, moi…] sont des veaux”, les résultats effectifs des scrutins attestent souvent qu’il n’en est rien.
@ Puycasquier : “Le point de vue selon lequel jeunes ou vieux (et d’ailleurs, entre-deux) votent “comme la téloche” ou “Internet leur dira” est très sommaire, un rien méprisant et probablement inexact.” J’espère bien !
Que veux-tu voter dans un pays en béton ?
Qu’on pende tous les énarques. Et qu’on jette les autres aux crocos. (Moi itou, je fais dans la répétition.)
Très joli résumé d’une politique déplaisante.
C’est devenu trop compliqué.
Je voudrais qu’il y ait quelque chose qui se rapproche des gentils qui défendent les pauvres contre les méchants qui défendent les riches.
Je fais quoi moi maintenant à part voter blanc?
vous pouvez voter Bisounours
a part pour une bonne pipe
je vois pas bien le pourquoi de la genuflexion.
sinon, il est temps de travailler votre gauche,
… ou l’éjac faciale.
Perso j’ai revendu ma carte d’électeur trente euros à Serge Dassault, avec tout ce pognon j’ai pu m’acheter quelques bonne bouteilles de pif avec des pringles paprika, après chacun fait comme il veut.
@olive
Une question rhétorique (ou question oratoire) est une figure de style qui consiste à poser une question n’attendant pas de réponse
@ Murielle : une réponse est une réponse.
@ Laurent : j’ai vérifié en zappant très vite hier, et tout était exactement comme tu l’avais prévu.
zapper????Aller se coucher ??….