Certes même le plus atrabilaire des critiques éprouvera mille difficultés à pourfendre le jeu proposé par le PSG cette année.
Pas besoin d’être un amateur éclairé pour louer la qualité de leur jeu, la belle circulation de balle, l’équilibre entre les lignes, la solidité de la défense, la complémentarité de son milieu, l’explosivité de son attaque, la folie de Zlatan, la maîtrise de Verratti, la roublardise de Motta, le sérieux d’Alex, la pondération de Maxwell, l’enthousiasme de Lucas…
Merci donc aux qataris de nous permettre de nous rincer l’œil au moins une fois par semaine en regardant évoluer cette convaincante équipe parisienne.
En même temps, comment ne pas s’attrister de constater une nouvelle fois que l’argent appelle le talent, que l’argent suscite la réussite, que l’argent implique l’excellence, que l’argent achète la compétence, que l’argent autorise la prise de pouvoir.
Il y a là quelque chose de profondément triste et de désespérant de s’apercevoir que même dans le plus incertain des sports, l’argent parvient à effacer et à ridiculiser la glorieuse incertitude de ce dernier, cette petite palpitation d’hésitation qui permettait jusqu’alors de rendre possible l’impossible rêve de s’illustrer sur le pré carré en imposant ses propres valeurs d’humilité, de travail et de générosité dans l’effort.
Cette adéquation implacable et vénéneuse entre l’afflux inconsidéré de capitaux et l’obtention de résultats probants possède en elle ce parfum pestilentiel qui veut que la puissance se conjugue avec la jouissance, que l’argent dépensé à tort et à travers permette à un club hier encore moribond et devenu au fil des saisons presque fantômatique de se métamorphoser aujourd’hui en une équipe triomphante et séduisante.
On pourrait presque comparer ce chambardement radical des valeurs à du dopage pur et dur, de ce dopage parfaitement légal qui permet de devenir, par le seul truchement de l’argent, un cador du football hexagonal exactement de la même manière que l’EPO d’antan permit à des coureurs anonymes de se transformer d’une année sur l’autre en terreur des pelotons.
Le dopage par le fric.
Par ce fric aux origines parfois douteuses qui permet de s’acheter sans regarder à la dépense les meilleurs poulains de la planète, de les aligner sur une feuille de match qui croule sous le poids de salaires stratosphériques contre lesquels les clubs d’en face ne peuvent rien, si ce n’est reconnaître la supériorité manifeste de leur adversaire et tenter de sauver ce qui peut l’être, c’est-à-dire pas grand-chose.
Je le dis sans détour je ne voudrais pas qu’un jour Saint-Etienne devienne l’un de ces jouets capitalistiques dont raffolent les magnats du gaz ou les princes du pétrole.
Ça ne m’intéresse pas.
Si demain les Verts devaient triompher sur les pelouses nationales et européennes juste parce qu’un mécène désœuvré aurait consenti à débourser quelques sommes inconsidérées pour attirer quelques pépites footballistiques à des prix dépassant l’entendement, je ne m’en réjouirais pas.
Je couperais nette toute relation avec l’histoire de ce club qui m’accompagne pourtant depuis mon enfance.
Je préfère mille fois soutenir une équipe qui malgré un effectif réduit, malgré des lacunes évidentes, malgré des défaillances criantes, s’essaye à triompher en tentant de combler leurs réels manques par un surplus de qualité d’âme, plutôt que d’assister à la victoire d’une équipe qui ne doit l’excellence de ses résultats qu’à l’afflux parfois obscène de capitaux étrangers.
Le PSG est un beau champion.
Ce sera peut-être dès demain un grand d’Europe.
Mais sans joueurs formés au club, uniquement composés de vedettes déjà éprouvées hormis Verratti, il incarne aussi la morale des temps modernes qui, en couronnant le triomphe de l’argent-roi, assassine une certaine idée du football et donc de l’esprit humain, de celle qui autorise le moins fortuné et le plus démuni à parvenir malgré tout à se hisser tout en haut du classement de l’espérance.
Sale époque…
( Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )
1/ Jalou
2/ C’est bien français ça de préférer un Saint Etienne laborieux et jamais vainqueur à un PSG riche et promis à la gloire.
Rocher, Bez, Tapie, Aulas and co, philanthropes désargentés ? Ben voyons…
Réveillez vous.
C’est vrai que les magouilles et les tricheries des sus nommés, ça avait plus de gueule…
Toujours bien français…
Bordeaux sera de toute façon champion cette année (au pire l’année prochaine).
Vince, oui, Bordeaux, comme on l’a encore vu ce we, spécialiste des finish en fanfare !
Salut à toi Laurent,
je me permets de te tutoyer car tu nous tutoies dans ta mise au point, à droite de l’article. Et bien sache que j’aime ton franc parlé, qu’en effet ça fait du bien de se sentir moins seul dans cette connerie permanente! Mouarf! tu m’as bien fait marré, je n’écris jamais de commentaire mais pour le coup là j’en avais envie… pas forcément à propos du papier sur Paris, puisque c’est un débat sans fin, mais sur ton style d’écriture.
Donc continue bien.
A plus
L’argent fait le bonheur en sport ok, mais encore faut-il que ce dernier soit bien utilisé. Combien d’équipes en tout genre avec des budgets énormes ne parviennent pas a gagner? PAr exemple, les kniks ont un des plus gros budget de la NBA et ils sont pitoyables…Manchester City, aussi riche que le PSG est largement moins flamboyant. Pour revenir à NYC, les Yankees n’ont pas gagnés les world series depuis des lustres et n’ont même pas fait les playoff l’année dernière !
Oui l’argent aide largement a bâtir une équipe, mais encore faut-il que cet argent soit dépensé intelligemment (ce qui n’est finalement pas si évident lorsque le puits est sans fond). Cela me semble être le cas au PSG
Je partage l’analyse. Ceci-dit, arrivé à ce stade de la réflexion, Cela vaut la peine d’étendre un peu son raisonnement. C’est fait à demi-mots dans l’article, mais l’attaque est dirigée. On vise le PSG, quand le mal est bien plus profond et n’épargne pas même l’AS St Étienne (combien ont-ils vendu Aubameyang ?). Bref, je suis fan de football et moi aussi je prend un réel plaisir – coupable – à voir jouer le Bayern, le Real, Dortmund, le PSG… tout en étant supporter de l’OM, et surtout du SCO d’Angers (premières émotions du stade). Mais la réalité est la suivante : le football et une grande partie du sport professionnel sont pourris par l’argent. Au niveau du jeu, des sponsors, des droits télés, des produits dérivés, des fédérations. Surtout des fédérations.
Finalement, la vraie passion du foot on la vit chaque week-end. Moi dans ma petite ville mexicaine de 70 000 habitants et ses 5 divisions de foot amateur à 16 équipes chacune. Ici aussi, il y a du business et du trafic : vente de franchise, achat de joueurs (si si ! viens jouer avec nous, je te paye ton uniforme et tes chaussures…), mais les joueurs ce sont les menuisiers, les maçons, les profs, les ingénieurs et même le maire. Et ça, aucune fédération hyper corrompue ne pourra jamais le changer et ne pourra changer la vérité du terrain et la popularité du sport. Et si un jour le foot grand spectacle disparait, il y aura encore des gamins sur un terrain vague pour shooter dans une boite de conserve vide, à défaut de ballon, et se vider la tête et le cœur l’espace de 90 minutes. C’est ça qui est beau.
@Sagalo : encore avez-vous évité la tarte à la crême des anti-qataris qui nous rabachent à longueur de journée que les propriétaires du PSG dépensent leur argent en dehors de toute considération rationnelle (idem pour BeInSport qui achèterait les droits à n’importe quel prix).
Il est plaisant de voir ce discours dans la bouche de Canal+, qui a pourtant fauté aussi bien en tant que propriétaire du PSG (pour quels résultats ?) que de chaine payante injectant du fric dans le système, ou encore de supporters Marseillais ou Stéphanois, quand on connait l’histoire de chacun de leur club.
Rassurez-vous, les qataris savent ce qu’ils font, ne jettent rien pas les fenêtres. Ils ont simplement une vision plus à long terme et plus globale des choses et de leur business.
Quelque chose qui doit ressembler à ce qu’on appelle une stratégie d’investissement. Mais si on regarde par le petit bout de la lorgnette, on ne risque pas de s’en rendre compte.
@Marco : donc finalement tout va bien non ?
Non. Mais le PSG et les gros clubs dans le genre ne sont pas représentatif de ce qu’est le foot au niveau populaire. Je parle de ceux qui le font : les clubs amateurs, les bénévoles… Si vous voulez voir du foot “propre”, allez à votre stade communal voir vos potes et vos collègues s’amuser, et buvez une petite bière à la buvette à ma santé ! Mais de grâce arrêtez de faire semblant de croire que l’OM, St Étienne, Lyon ou même Lorient ne participent pas à cette grosse foire au pognon et que le PSG est le club qui a introduit le maaaaal en Ligue 1. C’est ridicule.
comme en politique quoi :
l’argent appelle le talent, l’excellence, la compétence…
ouarf.
les 2 vont bien ensemble (foot et politique):
pendant que les cons s’endorment devant 22 abrutis…
aparssa, le pognon en littérature, ca fait gagner quoi ?
@Anat : Merci. Pas prêt de prendre ma retraite !
@ Marco : oui, oui et oui. Vive le le foot du dimanche
@Marco, je partage votre point de vue. On s’en prend bêtement au seul PSG, qui a simplement les moyens d’aller au bout de la logique, et le fait bien. Sachant que si le système fonctionne correctement, la FFF doit profiter de la mane pour le milieu amateur.
Un petit bémol quand même, le foot du dimanche, populaire, je connais, j’y ai joué, j’en ai été spectateur et plus tard j’y ai accompagné mon fils. Et bien ce n’est pas toujours joli non plus.
Quand le père d’un joueur entre sur le terrain pour taper l’arbitre qui a pris une décision contraire à son fils de 20 ans, où quand les pères des gamins de 10 ans hurlent contre leur gamin qui ne font pas ce qu’il faut sur le terrain, croyant avoir enfanté le prochain Zidane, ça fait peur aussi.
On dit que Blanc ne sert à rien. Mon avis est qu’il fait plutôt de la “gestion de personnalité”, comme dirait Victoria Nuland.
@achtungbaby. oui, bien sûr. Il y a la même proportion de couillons dans le foot qu’ailleurs. Peut-être un peu plus… Il y a bien des parents qui vont dans les écoles faire la même chose avec les professeurs. J’ai vu ça par ici aussi : baston générale, menaces, arbitre qui court dans sa bagnole pour ne pas se faire démonter. Mais ça reste anecdotique. La plupart du temps, c’est bon enfant, parfois un peu grossier et c’est tout. Et ça sent la viande grillée sur la touche.
De toute façon, quand le fric est roi dans une société, il n’y a pas de raison que certains secteurs soient épargnés… Ici, le plus gros trafic est celui des “franchises”. Si tu veux changer de division sans gagner le championnat, tu peux racheter la place d’une équipe. Ça coûte entre 8000 et 10000 pesos – 400 à 600 euros – ce qui, à l’échelle mexicaine, représente un paquet de pognon…
@laurentsagalovitsch : au passage, je me pose la même question pour l’OM… si un investisseur douteux vient le racheter et en fait une machine de guerre, vais-je continuer à supporter l’équipe ? Nous et nos contradictions…
« […] nous rincer l’œil » : d’emblée, le sentiment de culpabilité perce. L’œil, collyre excepté, ne se rince qu’à l’eau de spectacles sulfureux. L’on comprend que le plaisir offert par le beau football soit gâché par l’angoisse du blogueur au moment moins du penalty que de la publication des sommes extravagantes échangées dans ce sport professionnel.
Bouder son plaisir est-il cependant bon pour la santé ? Les capitalistes, à coups de milliards tirés de nos poches, répondent non. « Il n’y a pas de mal à se faire du bien » : les milliardaires relaient l’apparente sagesse populaire en ne pensant furieusement qu’à leur cassette. Bienvenu est donc le rappel développé aujourd’hui dans le blog : « Prive-toi de tes bonbons quand les parents de tes copains ne peuvent leur en acheter ». Non, ce n’est pas ça. Plutôt : « N’oublie pas, en mangeant tes bonbons, que d’autres ne peuvent s’en offrir ». Ce n’est pas ça non plus, mais : « Profite de la classe du Paris-Saint-Germain ! Et pense ensuite que d’autres clubs sont incapables d’aussi beaux matchs ».
Non plus ! Le blogueur pense : « Lorsque l’argent est érigé en valeur suprême, même les matchs de football sont frelatés. » Alors, y renoncer ? Y aurait-il du mal à se faire du bien ?
@Marco, vous vous demandez si vous continuerez à supporter un OM racheté par un investisseur douteux ? Vous avez déjà la réponse. C’est la même qu’à cette question : “que pensez-vous des années Tapie à l’OM?”
Pareil ! Je préfère supporter mes Verts tels qu’ils sont ! Ce foot business me fait “gerber” !
Bravo pour cet article qui synthétise parfaitement ma pensée, moi fan des Verts depuis près de 40 ans, amoureux du football depuis aussi longtemps.
Mais surtout merci de faire entendre une voie (ce n’est pas une faute d’orthographe…) autre que celle du parisianisme, qui pollue nos pauvres médias et tous les cerveaux simples.
ah les nostalgiques de la caisse noire !
trop drôle.
FBU, aujourd’hui les médias s’emballent pour le PSG, hier c’était l’OM, avant hier vos verts. Où est la différence ?
“…plutôt que d’assister à la victoire d’une équipe qui ne doit l’excellence de ses résultats qu’à l’afflux parfois obscène de capitaux étrangers.”
voilà, tout est dit.
haaa mon brave monsieur, si on restait entre nous, notre argent, notre équipe (de nazes)..
mais du pognon étranger sorti des poches de rastaquouères, ca non ! jamais ! plutôt perdre !
fan de foot, neurones, esprit, ouverture : cherchez l’intrus.
l’essentiel est que tout le monde retourne au taff ou au chomedu le lundi matin.
re-voir “coup de tete” avec l’excellent Dewaere
“L’origine douteuse de l’argent” c’est le comble du populisme et Blanc a raison lorsqu’il s’agit de capitaux étrangers (et surtout arabe) il y a plus de défiance encore. Mais, monsieur, vous dites ce que beaucoup (dans le camp des vaincus bien sur) pensent (même si le verbe “penser” n’est pas adapter dans ce cas) on ne peut pas le nier. Cependant si vous avez attendu 2014 pour savoir que dans la vie, le sport et le football en particulier l’argent est le nerf de la guerre, on ne peut rien pour vous. Et rassurez vous, aucun magnat n’est assez tordu pour aller investir dans une ville située dans la banlieue de Lyon et dont le plus grand fait d arme de ces 20 dernieres années est une coupe de la ligue remportée face a Rennes. Dernier point si ce sport est tant aimé c’est grace à ces équipes de multimilliardaires que vous aimez tant hair. et non pas grace aux besogneux comme Saint-Etienne. je n’ai pas encore vu de gamin se prenant pour Brandao ou Perrin. En revanche des petits Zlatan ou Thiago Silva j’en vois des dizaines. Et probablement meme dans la banlieue de Lyon.
Résumé de l’article : “Nivelons la Ligue 1 par le bas !” ou encore “La médiocrité, oui ! Mais sans argent alors !”.
C’est vrai qu’à 80.000 boules par mois max, les petits stéphanois ne jouent pas pour l’argent, juste pour le plaisir hein… et puis quand ça leur suffit plus, ça part à l’étranger, mais tout le monde trouve ça normal, parce qu’ “il faut bien remplir les caisses du club”.
Et puis on s’en fout si on fout la honte à la France en coupe d’Europe, hein, parce que les autres clubs c’est pareil, pas de moyens sauf Paris et Monaco et patati et patata. Mais on est propres dans la défaite nous au moins, on se fait éliminer par une équipe d’inconnus danois, mais c’est pas grave, ils sont sûrement bénévoles eux aussi 😉
Vous parlez des clubs qui sont pauvres et bossent alors que pour vous les joueurs du PSG sont riches et feinéants….je pense plutôt que les joueurs des 19 autres clubs de L1 devraient s’inspirer du professionnalisme et du travail effectué par les joueurs du PSG qui, eux, justifient leurs salaires (si le justifier leurs est possible)
Donc du fric, oui, du talent, oui, mais aussi du travail et de l’abnégation qui profite à la réussite générale de cette équipe.
Et par la même occasion, j’aimerais qu’on m’explique ce qu’est ce fameux “supplément d’âme”….