Tous pourris sauf moi et maman

 

Ce n’est plus un jeu de massacre, c’est un ball-trap radical, total, où voltigent dans le ciel mauve de la République les idoles d’hier, les figures d’aujourd’hui, les poulains de demain.

Ça canarde dans tous les sens, chacun y va de sa petite louchée de scandales en tout genre, il y a encombrement sur l’autoroute des affaires, bientôt les loups rentreront dans Paris, les taxis reprendront le Chemin des Dames et la démocratie suppliciée demandera qu’on l’abatte pour abréger ses souffrances.

Des juges qui écoutent un avocat, des journalistes qui disent que des juges écoutent, des dictaphones planqués dans les buissons des jardins de l’Elysée, des courbes de chômage qui rejouent Divorce à l’italienne, un président en cavale sur un scooter, un ancien président dont bientôt on connaîtra la couleur du caleçon et les teintes de ses selles.

Et le citoyen qui à force de regarder passer ces casseroles où mijotent couleuvres, boules puantes, traquenards, coups de Trafalgar et autres spécialités locales, finit par attraper un méchant torticolis et s’en va réclamer les soins d’une médecine nationale qui lui administrera un remède si puissant qu’il demandera bien vite où donc roupille le cimetière sous la lune.

Bientôt, on déterrera les corps du patriarche gaulliste et du thuriféraire socialiste afin d’écouter le gémissement de leurs os rouillés et s’assurer que leurs Mémoires d’outre-tombe ont bien été écrites à l’encre de la vérité, faute de quoi ce sera l’exil à Sainte-Hélène avant le retour en Terre sainte.

Tandis que dans les chambres à coucher de la famille française, offusquée  et humiliée par tant de comportements délétères, caquètent les petits-chefs des sous-préfectures en péril, entonnant le refrain familier, mille fois répété, du tous pourris dont on s’exclut bien vite, assurés d’avoir jusque-là accompli un parcours sans faute.

Les vents sont mauvais, les pluies se font cinglantes, les alizées rares, les ruisseaux charrient les carlingues de péniches éventrées, sur les bords de Seine défilent des corps intermédiaires demandant qu’on les protège des foudres descendues de la province du Tonkin.

C’est la chute finale camarade.

Et le bloggeur maussade, exilé dans ses terres lointaines, d’une promenade au phare en une saison en enfer, d’un temps retrouvé puis disparu dans les parfums souffreteux de palmeraies sauvages, se répand en élucubrations tronquées, faussement savantes, avant de s’en aller remplir ses carnets de damné.

Avant de conclure que quand la Justice, quelles que puissent-être ses justifications, réelles ou fantasmées, autorisées ou non par le code pénal, s’abaisse à siphonner le téléphone d’un avocat, elle commet là un sacrilège si outrancier qu’il lui faudra, un jour ou l’autre, dès demain si possible, venir s’expliquer sur la raison de ces débordements, faute de quoi elle sera celle qui aura assassiné l’idée même de République.

Aux petits hommes, les grands mots.

Comprenne qui pourra.

 

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8 commentaires pour “Tous pourris sauf moi et maman”

  1. Ah, Victor Sagalo, vous me faites rire. J’espère que vous ne faites pas encore tourner les tables…
    La politique est une affaire de traîtres et de menteurs depuis longtemps, ceci dit. Je suis sûre que s’ils avaient pu, Talleyrand et Fouché se seraient entre-enregistrés, ou que Robespierre aurait photographié Danton en mauvaise (ou salace) posture (quoique Danton n’aurait pas roulé, lui, en scooter)…

  2. (Ou Arthur Sagalo ? Autre exilé, c’est vrai…)

  3. Notre démocratie, cordes vocales hors service car trop vainement tendues, ne crie plus. On la maintient, comme sous perfusion, par scrutins sporadiques. Souffre-t-elle ? Qui s’en enquiert ? Ce n’est plus au programme, lequel s’en tient à « Ma place, mes sous, Maman, moi et les gosses ! » Alors, les alizés raréfiés, les azalées flétries, les asiles bondés, tout cela nous chaut peu ! Après nous, le déluge ! Et décrottez bien les écuries d’Augias, hein !

    Quant à la basoche, la horde bavarde d’hommes de lois et auxiliaires de justice, elle devrait, vu l’état de la société, s’estimer heureuse de toucher traitements de fonctionnaires, honoraires d’avocats et conseils divers. Exemptée de chômage, par la grâce des nombreux transgresseurs et plaignants, la gent de justice voit même s’ouvrir un avenir prometteur. S’agissant des instructions, procédures, mises en examen, fin des innocences présumées, dommages occasionnés, dédommagements et dépens dus, voire mises sous écrou, attendons que « la Justice soit passée »… Presse, médias, « Closer », « La Gazette du Palais » [de justice] etc., ne cacheront rien.

    Les « Mémoires d’outre-tombe » – cruels ouvrages avides d’une postérité refusée aux squelettes promis à l’état de poussière – enjolivent toujours la vie, les gestes et les actes du mémorialiste. Les « Mémoires d’outre-tombe », ou la cigarette du condamné. Le plaisir ultime peut bien se prendre au prix de gros mensonges et de petites cachotteries ! C’est en quoi les « Mémoires » procurent des joies de lecture supérieures à celles des livres d’histoire. Car la quête du vrai est tâche brutale et la vérité, souvent source d’inconfort et douleur.

    Aux fins d’Empire, sont recommandées les douceurs de l’entr’aperçu, de l’entrevu et, sinon du non-dit, du suggéré. Et puis, cela fait travailler les exégètes.

  4. Quelqu’un sait si quelqu’un a écouté Buisson ? J’veux dire, à part Sarko.

  5. @Vince
    Quelqu’un m’a dit que Carla Bruni-Sarkozy aurait… entendu Patrick Buisson. « Écouté », rien n’est moins sûr (mais son mari s’en est chargé). En tout cas serait-il décevant pour ses fans que Madame Bruni, épouse Sarkozy, ait vraiment écouté l’éminence grise de l’ex-Président et n’ait pas dissuadé celui-ci de suivre les conseils de celui-là. Sauf évidemment, si elle souhaitait que son mari n’obtînt pas un second mandat de cinq ans à l’Élysée. Que la preuve de ce souhait vienne à figurer dans les enregistrements du Richelieu au Dictaphone, et soit divulguée au public, l’on imagine le nombres de nouveaux fans qui se rueraient – pour des raisons différentes des aficionados ci-dessus cités – chez les fleuristes pour faire porter des brassées de fleurs à Madame Bruni, épouse Sarkozy.

  6. Qui sème l’insécurité récolte le sarkozi (et bientôt le une valse), qui sème la phobie d’un virus grippal récolte des vaccins, qui sème la stigmatisation du fn (et de n’importe qui) récolte une éléction (ou au moins des auditeurs)…
    ça nous fatigue.
    On évolue un tout petit peu (le français a choisi pour président celui qui avait l’air le + honnête)…mais si peu.
    Une part de résponsabilité pour une presse qui manque certainement d’investigations et de profondeur et qui est peut-être un peu trop corporatiste.
    Notre jolie naivetée et moins jolie manque de culture.
    et?…

  7. La République fait sa toilette, pas besoin d’être parano quand on a rien à se reprocher. Votre papier me fait penser à cette phrase de Shalom Auslender “Pour jouer à ce jeu, pas besoin d’avoir été initié – allez y, essayez! Il suffit d’une bonne dose de terreur, d’une soif de sang et d’un sens de l’humour imprégné de brutalité.” Rassurez vous la République ne se prend pas pour Dieu, grand bien lui fasse.

  8. J’estime que vous êtes un peu en retard. Tout cet hiver j’ai moi-même déjà pu observer et détailler des files indiennes de zombies et de spectres. Ces cauchemars furent affreux.

    Ce matin ma providence m’a révélé l’océan de Lautréamont devant les ruines coquettes du jardin du luxembourg et c’était à pleurer.

    Est-ce que j’hallucine ou la pierre Haussmannienne prends vraiment cette teinture os des cimetières ? On croirait qu’Erlkönig a jeté un maléfice et que dans son sillage scintille un monde où les catacombes ont rejaillit de terre en tombeaux. Les statues défigurées font grésiller le malaise d’un tas de sacrilèges et dans les cloches résonnent Hieronymus et la peste. Pendant ce temps des sirènes prétendent que cette vision de la mort est vaincue et que demain les jardins seront beaux et que d’ailleurs ils fleurissent déjà.

    Pendant ce temps le cheval part au prix de sa barbaque alors que la combustion de nos vieux fossiles raconte d’épaisses fumées noires..

    Inutile d’incanter ou d’aller chercher du regard la mort sur les murs de Paris. Les sorciers-soral envoûtés auront bien assez à faire pour eux-même avec leurs jeux d’ombres et d’épouvantes. Qu’ils s’asphyxient dans leur bocal.

    Paris est un peu ampoulé mais je vous jure qu’il fait beau.

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