A quoi bon être riche ?

 

Je ne voudrais pas être riche.

J’entends vraiment riche.

Riche à en crever.

Je reste convaincu que de gagner trop bien sa vie, de glouglouter dans un océan d’argent, de collectionner les médailles d’or de son embourgeoisement triomphant, constitue avant tout une source d’ennuis infinis, une litanie d’emmerdements dont on ne sort jamais, une ribambelle de contraintes qui finit par vous étrangler de leurs nuisances à répétitions.

Je ne prétends pas qu’il faut mieux être pauvre ou misérable.

Il n’y a aucun charme à aligner des chèques en bois, à collectionner les interdits bancaires, à ne connaître de sa supérette de quartier que le rayon réservé aux pâtes alimentaires, à vivre dans un réduit aussi grand qu’une cellule de prison, à se saouler la gueule avec du mauvais vin acheté grâce à la vente à la sauvette de ses dernières Pléiades.

Absolument aucun.

C’est une bataille de tous les jours qui vous épuise, vous amène à rétrécir encore un peu plus votre cercle social, vous condamne à vous replier sur vous-même, à vivre en vase clos, emmuré dans une solitude honteuse et crasseuse, à passer le plus clair de son temps à tenter d’imaginer un moyen de vous sortir de cette impasse.

Mais être riche, simplement riche, pas d’une richesse extravagante mais de celle qui vous classe comme une personne des plus aisées, doit posséder aussi son lot d’infortunes.

On s’habitue si vite à ce mode de vie où les jours se déroulent dans la parfaite quiétude d’une existence apparemment si accomplie que l’on s’épouvante à la simple idée qu’elle puisse un jour cesser.

Alors on s’achète un appartement, on s’endette pour en acquérir un deuxième, on s’entiche d’une résidence secondaire où jamais on ne se rend, on contracte des emprunts superflus, on court après l’argent parce qu’être simplement riche ne suffit jamais, on cherche toujours à le devenir encore plus afin de pouvoir échanger sa voiture contre une plus puissante, sa femme contre un chapelet de maîtresses, ses vrais amis contre des amitiés de classe.

Si bien qu’on ne vit plus dans le présent mais tout comme le pauvre de tout à l’heure on en vient à se triturer la cervelle afin de dénicher un moyen pour s’engraisser encore plus, pour démultiplier la source de ses revenus, pour toujours calmer cette insatisfaction de n’être pas encore suffisamment riche.

C’est une quête sans fin, une quête vaine, une quête absurde, une course irréfrénée vers un objectif impossible à atteindre mais qui possède pourtant sa propre logique, celle prévalant à la plupart des comportements humains et qui commande de ne jamais se satisfaire de ce que l’on possède déjà.

Les gens trop riches sont tout à la fois effrayants et effrayés.

Ils se lamentent de payer trop d’impôts, ils se plaignent de la déliquescence d’une société à laquelle ils n’appartiennent pas vraiment, ils tremblent à l’idée de devoir perdre leurs privilèges, ils s’empâtent, ils s’engraissent, ils s’enterrent vivants sous le poids de leurs richesses inutiles.

Bientôt, ils collectionnent des toiles de maîtres qu’ils n’apprécient ou ne comprennent pas, ils s’obligent à s’acheter des biens dont ils n’ont nul besoin, ils s’envolent pour des contrées exotiques où ils s’ennuient comme des rats morts, ils envoient leurs moutards dans des écoles privées pour s’assurer de leur parfaite éducation et s’étonnent tout de même de la médiocrité de l’enseignement professé.

Ils désespèrent de trouver une bonne qui convienne, ils jalousent leurs voisins, ils s’abonnent à l’opéra où ils s’ennuient à périr, ils s’offusquent de ne pas être invités à la soirée d’ouverture du Salon de la poésie, ils rechignent à donner quelque argent à une œuvre de charité, ils s’admirent, ils s’apprécient, ils s’idolâtrent et ils se congratulent de léviter à des latitudes étrangères au commun des mortels.

Et ils se scandalisent qu’ils puissent être malades comme tout le monde.

Et quand ils meurent, c’est tout juste s’ils ne s’en vont pas porter plainte pour discrimination sociale.

 

Décidément, le poète avait raison quand qu’il ne souhaitait dans sa maison “qu’une femme ayant sa raison, un chat passant parmi les livres, des amis en toute saison, sans lesquels je ne peux pas vivre.”

 

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26 commentaires pour “A quoi bon être riche ?”

  1. En plus, le gros défaut des riches, c’est qu’ils souhaitent être les seuls à l’être (et le pire, c’est qu’ils sont en train d’y parvenir)…

  2. Si les pauvres étaient riches, pas sûr qu’ils feraient mieux.

  3. salaud de pauvre !

  4. Quelqu’un savait que François Henri Pinault est marié à une étrangère ? Salma Hayek, qu’elle s’appelle. Au début je croyais que c’était une autrichienne. Mais non : une latino ! Attention à l’argenterie…

  5. @ vince : riche comme il est et vu la pépé, je prends le risque à sa place !

  6. Sympa ces clichés sur les super riches.
    “Ils ne sont pas comme nous ma bonne dame!”.
    Remplaçons ici “riche” par une autre terme… je sais pas, prenons un truc religieux…

    C’est bien connu, il faut être pauvre pour connaitre la vérité, pour avoir raison. Réjouissons nous d’être démuni!!
    Et même, mieux vaut avoir tort avec Sartre etc..


    J’aime bcp cette mise en abîme du débat.
    Merci Mr Sagalovitsch. Je tombe régulièrement par hasard sur vos interventions. Et forcément, je prends d’abord l’info au premier degré. Avant de découvrir le pot aux roses.

  7. @ achtungbaby : si vous voulez mon avis il vaut mieux se marier quand on commence à devenir incontinent, histoire que ça serve à quelque chose.

  8. Et bien on n’est pas sortir de l’auberge, l’amour et les vieux, et les riches et après? J’étais en pleine réfléction sur moi même, Archuntbaby c’est gentil quand même, je préfère Rattle and Hum
    https://db.tt/wcI7l6GJ

  9. A croire que le monde ne se limite qu’aux “riches” et “pauvres”. Que fait-on de la classe au milieu, cette fameuse “grosse classe moyenne”? On a le sentiment qu’avant elle travaillait pour devenir riche, et qu’aujourd’hui elle lutte pour ne pas tomber pauvre…

  10. Tout dépends de quel genre de riche on est, sûr que si on est le genre d’égoiste sans valeur qui pense qu’une fois qu’on a acheté tout ce dont on rêvait notre vie est finie, oui on s’ennuie, mais si on est pas trop matérialiste et un minimum altruiste il y a moyen de s’occuper pour toute une vie … Personnellement si j’étais riche je réaliserai des tas de projets pour aider les autres, que ce soient les humains ou les animaux, et ainsi, je ne m’ennuierai jamais. De plus il y a tellement à faire et a voir dans ce monde, comment peut on s’ennuyer quand on en a les moyens?

  11. Selon le grand écrivain Jack London l’argent n’est que foutaise. Que l’on ait beaucoup, peu, ou pas cela ne change rien! On est vraiment payé que par nos actions de tous les jours: celles qui sont orientées vers le bien pour autrui et la société. Et C’est ainsi qu’il le confirme dans son livre “L’ile aux Lépreux” en lançant ceci : “On est payé pour vivre. Et quand on est plus payé on se suicide”.

  12. chaque hhomme a un prix auxquel et il est pret a s’arreter et si je dois courrir apres l’argent je prefere le faire en étant riche plutot que pauvre

  13. Nico Pedia, la version live de Desire sur le ZOO TV, c’est du show !

    “I HAVE A VISION, I HAVE A VISION”
    what a vision ?
    “T-E-L-E-V-I-S-I-O-N, T-E-L-E-V-I-S-I-O-N”

  14. Les ukrainiens doivent être vraiment désespérés pour avoir envie d’entrer dans l’Europe.

  15. Heureusement que les riches en à crever ne sont qu’1% !
    Eh?…

  16. Ouep!

  17. Sur les dangers de la richesse, il faut regarder cette émission d’une télévision belge, dans l’intimité de ce formidable couple Arnaud L./Jade.

    S’il fallait une vidéo pour illustrer toutes les formes que peut prendre la vulgarité, celle là est un modèle.

  18. J’entends souvent dire que les riches ont beaucoup d’argent. Pourquoi pas. Mais dit-on à quel point les riches sont persécutés pour qu’ils soient obligés de fuir les prédateurs de l’impôt ? Cela est bien la preuve que les riches n’ont pas tant d’argent que cela. Sans oublier qu’en cas de coup dur ces mêmes riches n’ont que trop rarement droit au RSA ou aux allocations chômage – mais avez-vous déjà entendu parler de cette injustice dans une émission de télévision ou à la radio ?

  19. @Vince : et qui parle de la difficulté de trouver du bon caviar de nos jours ?

  20. Si les riches n’existaient pas, qui donc pour faire rêver les pauvres ?

  21. sans compter les querelles de famille lors de la succession. Encore des soucis chez Astérix aujourd’hui même.

    Toutes ces tracasseries, les pauvres en sont préservés.

  22. Et grâce aux smartphones low cost, les pauvres peuvent désormais exprimer leur mécontentement en direct sur les réseaux sociaux.

  23. Quelque part, les pauvres sont riches de leur authenticité.

  24. non franchement, le truc est bien goupillé.

    Allez, je vous laisse, les premiers flo-cons sont tombés à Gstaad.

  25. Ca ne leur a pas suffi la révolution orange, aux ukrainiens ? Qu’est-ce qu’ils veulent de plus ? La 4G ?

  26. en tout cas il faut vite leur livrer des sanisettes, c’est dégoutant.

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