J’aime à lire des polars.
Mon premier émoi littéraire se nommait James Hadley Chase.
Et je serai le premier à me précipiter chez mon libraire pour acheter le dernier Michael Connelly, Jo Nesbo ou Dennis Lehane.
Seulement, à cette occasion, je sais très exactement ce que j’achète.
A savoir un roman assez roublard dans le déroulé de son intrigue pour que le temps de sa lecture je me mette à croire pour de vrai à l’histoire dans laquelle je me retrouve plongé.
C’est la raison pour laquelle les polars qui se lisent d’une seule traite sont souvent les meilleurs.
Il faut, afin que l’on adhère pleinement à l’histoire racontée, que notre habilité à raisonner, à analyser, à juger soit comme confisquée, réduite à néant, tant il est vrai que bien souvent l’intrigue proposée, si on prend le temps de l’analyser, ne s’avère être qu’un tissu d’inepties abracadantesques.
Un tour de passe-passe rendu possible par l’endormissement de nos capacités réflexives.
J’aime donc les polars.
De temps en temps.
Avec parcimonie.
Mais je ne les prends pas pour ce qu’ils ne sont pas.
A savoir des romans éblouissants de maîtrise, écrits dans une langue d’une virtuosité folle, servis par un style ensorcelé, me donnant à connaître le fonctionnement des tréfonds de l’âme humaine.
Et c’est bien là tout le problème.
De plus en plus, en lisant la pléthore d’articles consacrés aux auteurs de romans policiers, par exemple toute cette ribambelle de rigolards venus du Grand Nord, déferlant à bord de leurs drakkars romanesques sur l’hexagone conquis, l’impression domine qu’on se retrouve face à des géants incontournables de la littérature.
A des génies absolus.
Se retrouvant bombardés fils putatifs de Dostoïevski et de Faulkner, au seul motif que Crime et Châtiment et Sanctuaire constitueraient la pierre angulaire du roman policier.
Oubliant seulement que la force de ces romans repose avant tout sur leur dimension métaphysique et sur la force vertigineuse se dégageant de ces pages enténébrées, au parfum de souffre.
Que c’est leur style, leur façon unique de transcender les mots, de les incarner à travers des phrases incandescentes, de sublimer la réalité en infligeant au vocabulaire un traitement de choc, de posséder cette capacité à réinventer au détour de chaque page un nouveau langage, une nouvelle manière d’agencer les mots entre eux, qui contribuent à que ces romans trônent tout en haut du panthéon de la littérature mondiale.
Les romans policiers ne sont pas écrits.
Ils sont malins, ils sont parfois audacieux dans leur architecture romanesque, ils proposent des rebondissements imprévisibles, ils nous surprennent et nous ravissent par le surgissement d’une vérité insoupçonnable, ils déclinent de savoureuses histoires qui nous étonnent par leurs conclusions inattendues.
Mais jamais ô grand jamais ils ne produisent cet étrange et troublant phénomène propre aux grands romans, cette perturbation de l’âme qui fait que la personne que l’on était avant de commencer l’ouvrage n’est plus vraiment la même une fois le roman achevé.
Qu’il a bouleversé en profondeur notre monde intérieur.
Que notre appréhension du réel a soudainement changé.
Que nous ne regardons plus jamais le monde alentour de la même manière.
Que nous avons changé.
Que nous avons avancé de quelques longueurs dans la compréhension de nous-même et des autres.
Autant de phénomènes que la lecture de romans policiers, aussi divertissante et plaisante soit-elle, ne permet pas.
Le roman policier divertit, il n’enrichit pas.
Il ressemble à ces amourettes d’été qui nous procurent un délicieux plaisir le temps qu’elles durent mais dont on sait qu’elles sont sans importance, que septembre arrivé, nous les aurons déjà oubliées.
Qu’elles ne comptent pas vraiment.
Nous les traversons sans être vraiment là, sans nous investir et sans qu’elles nous bouleversent fondamentalement.
Ceci posé, mon premier roman, Dade City, publié en 1996, est paraît-il, selon les dires de certains, un polar.
Rien de plus faux.
C’est juste un chef d’œuvre absolu !
Ah, Dade City…
Et Simenon alors?
Ah oui, mais non, il était belge lui…
Le Femme en vert – Arnaldur Indriðason. Très bon polar qui a fait que je n’étais plus la même après la lecture du livre. Et j’en ai à la pelle.
Sinon, je crois que je vais arrêter de lire ce blog qui, soit méprise complètement le ou les genres traités en sujet, soit est un putain de troll qui ne demande qu’à ce que les lecteurs et lectrices gueulent (tout en plaçant sa pub en fin d’article…).
Dans les deux cas, ça ne m’intéresse pas.
Bon, puisque c’est un chef d’oeuvre absolu je vais de ce pas l’acheter!
Comme tout genre littéraire, je suis persuadé qu’un ou deux chef d’oeuvre, qui mériteraient la consécration de la postérité, existent dans le polar.
Des livres qui apportent une vue incisive sur le monde, la vie, leur personnages.
Qui capturent une époque, la dissèque, l’explique pour les générations futures.
J’en suis sur ! (et cela, même si je ne suis pas un grand fan des polars)
D’ailleurs, c la même pour la SF, la fantasy, et même dans Harlequin, ce serait possible 🙂
Lire un polar c’est un peu comme lire Biba. Voilà.
@Youcoolele : On ne peut pas vraiment dire que Simenon écrivait des romans policiers. Plutôt, en ce qui concerne ses Maigret, des romans d’atmosphère.
@ Oim : Ben moi aussi je l’ai lu la femme en vert et je suis resté toujours aussi con.
Apres la trilogie marseillaise de Izzo, je me suis mis a aimer Marseilles, curieux pour le girondin que je suis, mais surtout à boire du Lagavulin, et çà, ça a vraiment changé ma vie.
J’avais signé à coté de lui lors de mon premier salon du livre. Il est mort quelques temps après. Elle était bien cette trilogie mais je crois que je suis quand même resté fidèle au Macallan !
les romans polciers c’est comme les autre romans : des chefs d’oeuvres et des navets a succes
des auteurs qu’on adore et d’autre qu’on ne peut pas finir ou depasser la trentieme page.
Ca reste tres subjectif et individuel.
Alors que les critiques professionels arret les oukases et les suffisances du maitre de sa chronique, de l’universitaire mediatisé ou du redacteur en chef de’une revue litteraire ecrite ou televisé.
cela fait 1/2 siecle ou plus que le spectacle du masque ou la plume tient plus a ses intervenants qu’aux livres presentés
Laurent, vraiment, tu n’as pas lu Dashiell Hammett ou Jim Thompson. C’est pas bien.
ah mais si ceux là je les ai lus aussi !!!
C’est vrai que mon papier prête un peu à confusion ! Je parlais plus des thrillers que des romanciers policiers classiques. Même si, en ayant lu des milliers, je n’en emporterais aucun sur une île déserte. Oui des amours de vacances, c’est ca.
Et Bialot!!!! Tu n’as pas lu joseph bialot!
Bon, moi j’emporte Hammett sur l’île déserte. Avec Shakespeare. Certes, ils vont se bastonner tout le temps, mais tant pis.
(Note que sur cette fameuse île déserte, tout compte fait, vaudrait mieux emporter des livres du type “les mille façons de préparer des plats à base de noix de coco” ou “la pêche au requin pour les nuls”.)
Et les SAS, bordel ?
N’avez-vous pas lu “Jésus la caille” et “L’homme traqué” de Francis Carco ? “Tueur à gages” de Graham Greene ? les meilleures oeuvres de Simenon, “Crime et châtiment” ? etc, etc…
N’avez-vous pas compris que le roman policier est, pour notre temps, le principal genre (et peut-être le seul) travaillant sur un registre tragique ?
En affirmant ” Y’en a marre des polars”, vous faites de la provoc, comme d’habitude… La prochaine fois, vous allez affirmer : ” Y’en a marre de la science fiction “, et ce sera tout aussi drôle.
Mais enfin ce ne sont pas des polars du tout !!! Il est où le polar dans crime et chatiment ? Raskolnikov est coupable dés les premieres pages. Rien à foutre du meutre de la mémé
La découverte du coupable ne me semble pas caractériser ce qu’est un “polar”.
En effet, par exemple “Columbo” (qui est une série télévisée incontestablement policière) commence toujours en montrant le meurtre et le meurtrier. Les enjeux de cette série sont nombreux et complexes mais le plus évident est le jeu de chat et de la souris auquel se livrent le criminel et l’enquêteur. Cela n’est pas sans rapport avec la relation entretenu par Raskolnikov et Porphyre, le juge chargé de l’instruction…
Je ne parviens pas à comprendre ce qu’est un polar selon vous…
Le niveau baisse à la vitesse d’un cheval au galop. Prochain billet : Qu’est-ce qu’on en sait si les fourmis pensent ?
les fourmis ne pensent pas, les fourmis crohondent! ok je sors.
J’ai un trou, là… Je vous ai déjà parlé des chiottes turques ?
roger en a parlé je crois
Mais “Crime et châtiment” est un bon polar ! idem pour “Les Gommes” .”Anna Karenine” aussi. Citez-moi un seul bon roman qui ne soit pas polar dans sa structure ?
Vous ne seriez pas un peu en train de vous foutre de ma gueule? Côté polar j’y connais rien, je deteste Histoires extraordinaires de Poe je ne sais pas si c’est vraiment un polar mais ce qui est certain c’est que les enquêtes relou ça me gonfle. La description que fait Saga me fait penser à Rama de Clark un ” tissu d’inepties abracadantesques” mais des inepties que j’aime bien chacun son truc. Dade City je ne l’avais pas lu, même pas eu besoin de bouger mon cul on le trouve en livre désincarné, ça parle d’amour, des trucs qu’on croit et de culpabilité entre autre. C’est pas mal du tout je vous le conseils.
2 lignes sur crime et chatiment sans référence à l’antisemitisme de l’auteur…
vous allez finir par apprécier bloy si ca continue
Non, mais sérieusement, je vous ai déjà parlé des chiottes turques dans un commentaire passé ?, je veux dire sur ce blog, il y a de ça peut-être deux jours, ou trois, pas plus de quinze jours je pense.
si si
@Vince, sinon vous etes supporter de Galatasaray ou Fenerbahce?
Bah…. Lisez donc des Simenon, vous verrez si c’est juste “pour distraire”… Voire un bon Pascal Garnier, tiens.