La chaleur, ça rend con

 

C’est une vérité universelle.

La chaleur est l’ennemie de l’intelligence.

Plus les températures cavalent sur le thermomètre et affolent le mercure, plus le cerveau se ramollit, s’atrophie, sombre dans une léthargie profonde avant de baisser pavillon et de s’offrir un remake du désert des tartares.

Les pensées, sous l’effet de la chaleur, peinent à comprendre les contrepèteries involontaires formulées par Franck Ribery, elles flottent dans une mer d’immobilisme, étales, vides, exsangues, ne sortant de leur torpeur que pour s’extasier devant la beauté magnifiée d’un océan de glaçons barbotant dans un verre de Vittel.

 

Les paupières se font lourdes, le sang a du mal à assurer la liaison cœur-cerveau, les yeux papillonnent de fatigue, la bouche s’assèche, le palais n’a plus goût à rien et le corps tout entier se meut comme un éléphant de mer échoué sur une plage de sable.

Il fait chaud, on se fiance avec son ventilateur, on joue à l’éventail avec le dernier roman de Sagalovitsch auquel on trouve soudain un intérêt qui auparavant ne sautait pas aux yeux, on se surprend à congeler ses draps pour s’assurer des nuits paisibles, on s’amourache de son congélateur et on trouve un charme fou à l’abstinence sexuelle.

L’été venu, l’homme renonce à se différencier de l’animal.

Il n’obéit plus qu’à des instincts primaires : dormir, manger, boire, se plaindre, maugréer, se vautrer sur le canapé, s’assoupir, mater d’un œil torve un écran de télévision ruisselant de rediffusions rances, bouffer des olives à la louche, consulter la météo et se dire “putain, ils avaient raison ces cons, le climat se réchauffe vraiment.”

Les peuplades du sud sont sûrement les plus ineptes de la planète.

Ce n’est quand même pas pour rien qu’on glorifie à tour de bras le modèle suédois ou danois alors qu’on morigène à tire larigot sur ces branleurs de grecs qui passent leurs journées à boire de l’ouzo en s’empiffrant de tarama ou sur ces espagnols mollassons tout juste bons à s’enfiler des gardiannes de taureau une fois dix heures du soir passées.

Tandis que le froid, lui, ragaillardit, sonne la révolte de la pensée, oblige l’homme à ruser avec les rigueurs de l’hiver afin de ne pas dépérir, sollicite l’intelligence en lui intimant de trouver des solutions pour que la vie ne reste pas figée dans les étendues glacées d’un lac saisi par un vent polaire.

Le froid rétablit l’homme dans toute sa grandeur immémoriale.

Le froid rend hommage au pouvoir créateur et rédempteur de l’homme, à sa capacité à se surpasser, à son appétence pour la lutte et la survie dans un monde hostile, là où la chaleur consacre la propension de l’homme à se comporter comme un mollusque, à se laisser aller à mener une vie oisive, paresseuse, inutile.

 

Ce qui expliquerait la sottise sans nom de ce billet rédigé par 28 degrés dans la moiteur d’un bureau confiné.

 

 

10 commentaires pour “La chaleur, ça rend con”

  1. 28 °C ? putain ça caille vraiment chez vous, les vieux peuvent pas mourir avec cette température si ? Pour votre abstinence sexuelle, inventez donc un jeu avec des glaçons, c’est très efficace, et les natures anglo-saxonnes apprécient en général. Et continuez à manger des olives, c’est plein de vitamines et de bonnes choses que les peuplades du sud ont cultivées pour les petites natures comme la vôtre.

  2. Laurent : Vous avez pompé la théorie des climats de Montesqieu, petit canaillou.

    PS: Pensez à la souffrance des motards, qui roulent actuellement en blouson de cuir, bottés, harnachés, sous un soleil caniculaire.

  3. Les peuplades du Nord, le cerveau refroidit comme un processeur d’ordinateur, finissent par trouver la solution pour lutter contre le froid : allons au sud ! Et ainsi, ils deviennent des sudistes mous du bulbe.
    Ceux qui restent et qui n’ont même pas eu cette idée doivent avoir l’esprit un peu trop engourdi par le froid.
    Dans leur migration vers la chaleur, les plus intelligents ne vont pas trop au sud et s’arrêtent à temps, dans un endroit au juste équilibre climatique où leur cerveau ne sera ni figé, ni fondu, au niveau de Bordeaux par exemple…

  4. Job, chez commentateur, viens à Bordeaux, tu vas voir le juste équilibre climatique qu’il règne 30° à l’ombre et 25° dans les bureaux sans clim…
    L’été, il fait chaud, ça rend con, point barre. (moi le premier ^^)

  5. euh, la chaleur rend con?! en europe surement….

  6. Flo, je suis à bx mais mon bureau est climatisé (et je suis de mauvaise foi et chauvin toute l’année !).

  7. Pourtant les espagnoles ont l’air au courant “si tu ne gagnes pas ta vie, tu la perds” http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/07/19/a-louer-le-temoignage-de-lecrivaine-espagnole-cristina-fallaras-expulsee-de-son-foyer/ Il a un p´tit côté Shadok ce billet, du genre “Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes.” https://www.dropbox.com/s/fh21g5l3r4kb4l8/2013-07-11%2001.09.00.mov

  8. Mais il a toujours fait chaud à Bordeaux l’été. Ca n’a jamais empêché les valeureux girondins de Bordeaux de gagner 6 titres de Champion, 4 coupes de France et Trois coupes de la ligue. La différence, c’est qu’il y a 30 ans il y avait encore une plage à Lacanau, et qu’elle a disparu. Yavait moins de monde aussi.

  9. Excellent, je me sens moins conne tout à coup…c’est l’hiver chez moi ! :))

  10. plus inutile que le bulletin météo : le bulletin de naissance imminente. c’est aussi un peu vos souverains Laurent 🙂

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