Francois Hollande ou les sortilèges du voyant

 

François Hollande est un voyant.

On se souvient de la fameuse formule de Rimbaud explicitant à son professeur, Georges Izambard, son intention de devenir voyant: ” Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens “.

François Hollande, lui, a dépassé l’inconnu depuis belle lurette.

Il a débarqué en Terra Incognito.

Là où personne ne s’était encore aventuré.

De son voyage dans le futur, il est revenu avec quelques fulgurances qu’il distille avec un art consommé de la prophétie : la reprise arrive, le chômage va reculer, les lendemains seront souriants.

 

Pourtant l’économiste, juché sur ses échasses, a beau scruter les paysages alentours, sortir son télescope, consulter sa boule de cristal, dépecer des vaches sacrées, galoper en haut de l’Everest, il ne voit rien venir.

La mer est étale, le pays désespérément plat, les rivières à sec.

Peu importe : François Hollande signe et persiste. Ça va aller.

Cela ressemble à la tactique bien connue du cancre de service qui pour s’offrir quelques mois de tranquillité, rassure ses parents affligés par la lecture d’un bulletin épouvantable, en leur affirmant que “de toutes les façons, il ne sert à rien de s’affoler, à la fin de l’année, je passerai dans la classe supérieure les doigts dans le nez.

Suffit de me faire confiance et de me laisser travailler à mon rythme. ”

De lui foutre une paix royale.

Si bien que les parents, ahuris par l’aplomb du gamin, déconcertés par ses dires, déstabilisés par cette vantardise assumée, finissent par la lui accorder.

Et quand arrive l’annonce inéluctable du redoublement, il est trop tard pour réagir ou pour sévir.

 

Pourtant François Hollande n’a rien d’un cancre.

Au contraire, il respire l’excellence du lycéen croulant sous les félicitations émises lors de conseils de classe successifs où ses professeurs rivalisent de louanges, vantant en chœur son application, sa capacité de travail et son excellence à briller dans toutes les matières.

Non François Hollande est seulement un être habité.

A l’écouter asséner ses perspectives d’un avenir radieux, on jurerait qu’il revient effectivement d’un voyage dans le futur, d’un long périple dans l’avenir où il aura pu consulter à son aise la Une effarée du Figaro datée du 25 décembre 2013 annonçant le miracle de l’effondrement de la courbe du chômage et la reprise foudroyante de l’activité économique.

D’où son embarras lorsqu’on lui demande ce qui lui permet d’être si catégorique dans ses affirmations futuristes.

Il ne peut quand même pas confier à l’oreille de la nation qu’il a eu la chance de s’embarquer dans une croisière au long cours avec Madame Soleil comme copilote et Raël comme chef d’équipage.

D’ailleurs, on ne le croirait pas et on l’embastillerait sur le champ.

C’est le problème des voyages dans le temps.

On reste prisonnier de ses connaissances qu’on ne peut partager avec personne.

 

Si seulement on le poussait dans ses retranchements, il serait tout à fait capable de nous délivrer quelques autres vérités toutes aussi déconcertantes : Saint-Etienne sera champion de France en 2014, Yves Calvi deviendra mon prochain premier ministre, Oiseau Bariolé gagnera dans la quatrième à Longchamp le troisième dimanche de mars, le 23 avril à 14h23 Christine Boutin épousera sa sœur, l’été sera beau, DSK fera vœu de chasteté, Saddam Hussein est vivant, Bacher el-Assad se convertira au judaïsme, les Smiths se reformeront lors d’un concert géant donné à Clermont-Ferrand.

Le voyant est toujours seul contre tous.

Il vit dans une atroce solitude, il se surveille constamment afin de ne pas révéler l’origine de ses visions, il enrage de vivre au milieu d’ignorants alors que lui a accès à des mondes supérieurs où il assiste au triomphe de la Vérité Magnifiée.

Les autres le regardent agir avec une circonspection polie mêlée d’une sorte de frayeur métaphysique.

On se dit cet homme est fou de croire à de telles chimères ou alors il entretient des relations conflictuelles avec le principe de réalité ou encore il se paye notre tête, et dans le même temps, une voix en nous ne peut s’empêcher de nous susurrer ” et si après tout il avait raison ?”.

 

C’est le syndrome de Don Quichotte.

On ne sait jamais si c’est un sage ou un fou.

En attendant de le savoir,  François Hollande peut dormir sur ses deux oreilles.

On ne dérange jamais un homme qui rêve.

 

 

22 commentaires pour “Francois Hollande ou les sortilèges du voyant”

  1. la “confiance” (en l’avenir et la conjoncture économique ) aurait un impact sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.
    (le “politique” considèrant en général “le français ” comme un “idiot” manipulable)
    c’est pourquoi un “neuneu” précédent, édouard Balladur assénait déjà aux français “la France va mieux, la croissance est de retour” pour enclencher le cercle vertueux : augmentation des dépenses des particuliers et des entreprises, hausses des rentrées de tva, amélioration des comptes publiques….sans jamais tenir compte d’une autre évidence: les vacances en France sont trop chères , les voitures neuves ((en dehors des “balladurettes”)), l’immobilier , les bars, les clopes, le bordeaux et même les fringues soldées sont devenus hors de prix.

    l’optimisme feint de françois hollande est censé conjurer une autre réalité qui semble se dessiner:
    jusqu’à présent le pire président de la cinquième république se nomme nicolas Sarkozy
    – +40 000 sdf en 5 ans
    – 700 000 chômeurs de plus en 5 ans
    – 50% de déficit en plus
    des records que hollande devrait pulvériser bien avant la fin de son quinquennat
    (pour les sdf c’est déjà + 27000 en 15 mois )

    il est peu probable qu’avec sa “boite à outils”, son ministre du redressement productif, et ses évocations d’un avenir proche radieux, il parvienne à modifier le cours irrémédiable de sa pitoyable présidence……

  2. Un voyant extra-placide (ou extra-flaccide), alors… 🙂
    (Sinon, d’acc’ avec Beni.)

  3. “D’ailleurs, on ne le croirait pas et on l’embastillerait sur le champ”
    C’est bien ça le noeud du problème. La Bastille n’existe plus, quand bien même elle existerait encore, tu trouveras personne pour t’aider à couper quelques tronches!
    Et comme tu le dis si bien, rien ne bouge depuis des lustres si ce n’est le renflement du bas de laine de nos politiques qui grossit tel un cancer en plein métastase. Donc, ils ne nous servent à rien!
    Et nous on est trop con. On les souffre sans rien dire, sans jamais rien réclamer, tel les bons moutons de panurge : ” c’est par la que je me casse la gueule ? oui, oui c’est juste là, t’as juste à fermer les yeux. Merci j’y vais mais j’ai peur!”
    Coluche c’etait y’a un bail déjà disait : “serrez vous la ceinture encore 5 ans et après, vous serez habitués!”

  4. C’est vrai que c’était pas terrible son discours, en même temps Hollande a bien du courage d’être à la tete d’un pays quasiment irréformable (reformes dont il a pourtant bien besoin mais dont personne ne veut, tu te rends compte il faudrait changer les petites habitudes des français) car ce que font le mieux les français c’est “exprimer à voix haute (leur) mécontentement d’être gouvernés par des incapables” CQFD 🙂

  5. @ Nico Pedia : les politiques ET les français sont coupables non ?

    Les français parce qu’ils aiment entendre un discours rassurant du type “ne vous inquiétez pas, si vous m’élisez, vos problèmes seront réglés sans douleur”

    Les politiques parce qu’ils adorent faire croire qu’ils ont le pouvoir de régler les problèmes des français et qu’ils ont la faiblesse de leur chanter une douce chanson (cf. ci-dessus), dans le seul but de se faire élire.

    Tant qu’on verra un président de la RP s’intéresser à la chute d’une ligne à haute tension en hiver, ou au blocage d’un train pendant 5h, sous prétexte que “ça ne doit pas arriver au 21ième siècle”, on n’est pas sorti de l’auberge, la chanson n’est pas prêt de changer.

  6. Les politiciens ont également leur tort mais quand Hollande annonce qu’il faut remettre la caisse des retraites à l’équilibre là c’est le drame, les français prennent l’État pour leur papa et leur maman, enfin ils préfèrent quand même le coté maman qui les choie que le papa qui m’est des fesses, alors qu’est ce qu’on fait?

  7. Eh bien moi je l’aime bien Hollande, je trouve qu’il y a quelque chose d’Emile Zola en lui, avec une pincée de Victor Hugo…

  8. @ nico pedia : ah c’est la question ! Il est plus facile de dire à un enfant qu’il peut reprendre des bonbons, que de lui dire, quand la boite est vide, qu’il va falloir passer aux haricots verts…

    Si les parents commençaient par arrêter de manger des bonbons en cachette, ça serait déjà pas mal…

  9. Comment faire confiance à un gars qui avoue qu’il n’a jamais lu un roman de sa vie ?

    Sinon, son coté d’allié objectif de la bourgeoisie commence à me gonfler.

  10. Ce type a quand même une langue en chêne massif avec moulures et placages. (Sarko, lui, c’était du chêne massif avec tiroirs et placards, je sais.)

  11. Bon, j’ai demandé l’avis à mon chat Saga (j’ai rien trouvé de mieux), il se prend pour un juilletiste et se la coule douce à l’ombre des palmiers, je crois bien qu’il s’en contre fout royalement. https://www.dropbox.com/s/5cmqysjemuy2f46/2013-07-16%2015.09.35.jpg

  12. J’ai lu l’autre jour une étude à propos de plantes vivant en symbiose avec des fourmis. Les plantes leur filent à bouffer tandis que les fourmis les protègent de bestioles genre puceron, ce genre de trucs.
    Et je crois que l’on observe ça chez certaines femmes, en particulier quand elles sont deux, que l’une et jolie et bien faite et l’autre moins jolie et un peu moins faite… Il y a là en effet symbiose : la jolie devient forcément plus jolie quand elle est à côté de sa copine, tandis que la moins jolie peut profiter à sa mesure des prétendants qui ne manqueront pas de venir voir sa copine.

  13. Cette histoire de fourmis m’intrigue, dans la mesure où les fourmis sont justement célèbres pour élever des colonies de pucerons sur les feuilles des plantes. Le puceron fournit à la fourmi une espèce de sécrétion vaguement sucrée, ou je ne sais quoi.

  14. C’est pas grave Bernard un peu de méditation http://googleads.g.doubleclick.net/simgad/3581277486082628704 un coup d’internet http://secouchermoinsbete.fr/31543-lalliance-entre-des-fourmis-et-un-arbre et tout devrait rentrer dans l’ordre.

  15. @ Bernard : pourquoi pas ! J’avoue n’être que vaguement intéressé par les insectes qui ont quand même l’air un peu con quand on les observe attentivement. Mais surtout, n’oublions pas qu’ils sont l’oeuvre du Démon…

  16. Je n’ai non plus aucune sympathie pour les insectes. Savoir qu’il seront là bien après nous, nos autoroutes, nos réseaux 4 G et nos diverses doctrines, religions devrait cependant remettre en perspective ce que nous prenons pour de grands èvènements de l’aventure humaine (Découverte du boson de Higgs, mercato du PSG, mariage Gay, exploration de mars). Soyns lucides : Les insectes auront notre peau bien plus sûrement que les néo nazis, l’islamisme radical, la couche d’ozone, les zombies, ou la surcharge pondérale. Saloperie de cafards, blattes et compagnie, qui dans trois milliards d’années, se doreornt encore aux ultimes rayons d’un soleil agonisant

  17. Il avait l’air bien ce gars, quelqu’un l’avait lu ?

    http://www.lefigaro.fr/livres/2013/07/17/03005-20130717ARTFIG00450-jack-alain-leger-grand-ecrivain-maudit-s-est-donne-la-mort.php

  18. Merci Bernard pour toutes ces informations ! 🙂

  19. Je crois que je vais parier sur une victoire du PSG ce we, j’ai un bon tuyau, du 100% garanti !

  20. @ VInce : il paraît que les ultimes habitants de la planète, juste avant que le soleil se transforme en four géant seront les scorpions et les blattes. Quelle compagnie !

  21. Les insectes sont fascinants, on les étudie notamment pour la recherche en robotique. Dans Demain les chiens les fourmis ont appris à tirer des chariots et construire des usines et elles finissent par prendre trop de place. La seule solution qu’avaient trouvé les hommes pour cohabiter avec elles c’était de les empoisonner. Les chiens eux vont habiter sur une planète d’un monde parallèle et leur laissent la Terre. Simack a penser les chiens comme il aurait aimée que soient les hommes.

  22. Je ne dis pas que les fourmis soient inutiles non plus. Bernard Werber leur doit une fière chandelle, les fourmis c’est son billet d’euro million à lui. D’autre part, la sophistication sociale des fourmis, des abeilles, termites… mérite aussi selon moi un coup de chapeau. Ces bestioles ont réussi là où Lenine et Staline ont échoué… le communisme existe sous terre, mais sous nos pieds.

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