Je le reconnais bien volontiers, je suis un vieux con.
J’ai des goûts de vieux con, des opinions de vieux con, des envies de vieux con.
Des idées de vieux con.
Et comme tout vieux con qui se respecte je pense que les jeunes cons d’aujourd’hui sont beaucoup plus cons que les jeunes cons que nous avons été.
Rien ne trouve grâce à mes yeux.
Tout était mieux avant. De mon temps. A mon époque.
Le passé est ma religion, le présent ma prison, le futur mon cauchemar.
Je vomis mes contemporains. Et les cadets de mes contemporains.
J’exècre cette nouvelle génération composée de crétins analphabètes, de geek incultes, de jeunes gens totalement illettrés qui se masturbent le cerveau à coups de tweets ineptes, intoxiqués par ces réseaux sociaux qui signent d’une manière éclatante la mort de la pensée.
Je pense très sincèrement que depuis les Smiths, la musique est devenue une activité réservée à des trépanés du cerveau incapables d’enchanter la mélancolie qui est à la base de toute musique, cette affliction du cœur s’attendrissant sur lui-même, cette propension à chérir sa propre douleur pour mieux la cajoler.
La pop a signé son acte de décès en 1987.
Le dernier très très grand roman occidental date de 1947, il s’appelait Au-dessous du volcan.
Depuis, à part quelques fulgurances signées Cormac McCarthy, Roberto Bolano ou Katherine Pancol, elle se traîne de faux chefs-d’œuvres en faux chefs-d’œuvres, empilant des romans qui ne sont que de pâles perroquets répétant à l’infini des récits dénués de toute originalité, de toute envergure, de toute audace narrative.
La chanson française n’existe plus.
Que ce soit la chanson de variété ou la chanson à texte, tout n’est désormais que fadaises, mélodies mièvres, rimes pauvres, refrains abscons.
Les chanteurs d’hier étaient des poètes.
Ceux d’aujourd’hui, des pantins télévisuels élevés dans le culte de l’argent et de l’apparence, incapables de parler au cœur des gens ou d’illuminer notre quotidien par des ritournelles intemporelles.
Les footballeurs d’hier ressemblaient à des artistes, consumés par l’art du beau geste et la recherche de l’absolue perfection.
Aujourd’hui ils ne sont plus que des putains serviles, obsédés par le seul souci de capitaliser au maximum leur carrière, passant d’un club à l’autre comme le proxénète navigue de bordel en bordel.
Tout est devenu médiocre, insipide, sage, si sage.
On ne se révolte plus que pour retarder l’âge de son départ à la retraite.
Au lieu de penser à vivre et au bonheur d’exister, à la joie atroce d’être vivant, les peuples s’encrassent dans des considérations mesquines où ne prédominent plus que des occupations centrées sur leur putain de pouvoir d’achat, cette mère maquerelle qui danse le long des caddies clairs.
Plus de révolte, plus d’élan vers le rêve, plus de rêves d’ailleurs.
L’occident ne sait plus se réinventer et compte les jours qui le séparent de sa mort programmée.
Les gens se traînent, insatisfaits, amers, recroquevillés sur eux-mêmes, apeurés, tristes, malheureux de ne pas posséder des biens qui une fois acquis les rendront encore plus solitaires, encore plus divorcés d’eux-mêmes, encore plus avachis dans les fosses communes d’une fausse modernité incapable d’enluminer leurs misérables vies.
Ils n’attendent plus rien de rien.
Brad Pitt n’est pas Brando. Jean Dujardin n’est pas Belmondo. Emmanuelle Béart n’est pas Gina Rowlands. Ibrahimovic n’est pas Van Basten. Messi n’est pas Maradona. Zidane n’est pas Platini. Cabrel n’est pas Brel. Federer n’est pas Mac Enroe. Tarantino n’est pas…
Et toi, vieux con et fier de l’être, qui aligne dans ce billet désenchanté poncifs sur poncifs, clichés sur clichés, vignettes sur vignettes, ne vois-tu donc pas que tu n’es qu’une caricature de pauvre pitre dont les gémissements existentiels n’intéressent absolument personne si ce n’est l’ombre de ton chat qui d’ailleurs lui aussi trouve que les souris d’aujourd’hui n’ont plus le charme et l’allant de celles de sa jeunesse triomphante ?
Décidément, il ne faudrait jamais écrire de billet le dimanche en fin d’après-midi.
(Le premier qui me sert la chanson de Brassens comme commentaire, je le dénonce à la gestapo. Compris ?)
Ah le dimanche après midi, il y aurait beaucoup à dire sur les dimanches après midi. Le blues du travailleur joue en sourdine à tous les étages, l’envie de faire quelque chose, mais on n’a plus le temps, le temps justement qui file comme un toboggan, se nourrir, regarder le nanard de la télé pour s’étourdir avant de plonger dans le sommeil, ne pas oublier de remonter le réveil, c’est sûr le WE prochain on fera un truc super.
Sinon, ben vous avez raison, c’était mieux avant, mais dites vous que dans trente ans des quinquas parleront avec nostalgie de Daft Punk et IAM à des gosses qui n’en auront rien à carrer…
@Bernard : …”c’est sûr le WE prochain on fera un truc super”….vous avez tout dit ! J’aime…
Ah Bernard !
Je parle déjà avec nostalgie de Iam moi !
Bon sinon, jeune Sagalovitsch, pour ce qui est des chanteurs français, je serais presque d’accord avec toi si j’étais pas tombé sur cet homme :
http://www.guillaumefavray.com/?page_id=28
Il mérite que tu lui accorde de l’attention.
Le texte ne s’apprivoise pas tout de suite.
Il enregistre en chambre parce qu’il a pas d’autres solutions.
(tu ne seras pas sans noter que la n°9 est inspiré du roman de Mc Carthy qui semble trouvé grâce à tes yeux.)
J’ai passé un dimanche après midi super pourri moi aussi et en plus, je n’ai même pas la chance d’avoir un chat.
Cher Laurent,
Votre sentiment est tout naturel, humain dirai-je. Il y a 2 000 ans, un jeune juif un peu idéaliste prédisait lui aussi la fin du monde, sentant la fin d’un monde, et se laissait crucifier pour que de ses blessures naisse un nouveau monde. Sur quoi, 2000 années sont passées à copier-coller un testament ancien en nouveau code de la route, nier l’existence du peuple père, qui s’accrochait pourtant et luttait de toute son intelligence, résistait pour pouvoir continuer d’exister dans les interstices de ce nouveau monde, et ce par la pensée, uniquement.
Mais ce qui devait arriver arriva.
Où veux-je en venir, je ne sais pas exactement, si ce n’est que j’ai l’humble conviction qu’il faut se garder de prononcer cette phrase “c’était mieux avant” si l’on ne veut pas abdiquer totalement de la pensée.
J’ajouterai qu’en terme de musique, le fil de votre blog montre une certaine immaturité (on ne peut pas être parfait en tout). Je ne veux pas charger les commentaires ici présents d’un énième lien que vous ne consulterez probablement pas, découragé par la multiplicité et les noms inconnus qui n’évoquent rien et accroissent la mauvaise humeur, mais je suis à votre disposition pour une initiation qui vous donnera peut-être de l’espoir si vous le souhaitez.
Bien à vous.
Faut voir Bernard les époques changent, la musique d’après peut être mieux que celle d’avant et les jeunes des années 2000 ne sont pas les jeunes des années 90 qui ne sont pas les jeunes des années 80 etc idem pour les vieux. Dimanche entre deux eaux comme trop souvent, mais j’ai eu une bonne nouvelle, si tout va bien je vais avoir un chat, roux, j’ai changé d’avis. Il ne me reste plus qu’à lui trouver un nom. Lowry c’est trop dur à prononcer et même si c’est totalement magnifique ce n’est pas très gai. Je vous déconseille de vous retrouver dans “ce lieu de son âme (…) où ni la mort ni le suicide ne résolvait quoi que ce soit, car rien n’y était jamais devenu assez réel pour accéder à la vie” un dimanche.
Moui assez d’accord avec l’ensemble …
malgré tout quelques bémols:
– en littérature…1947 c’est un peu court jeune homme, les beckett, thomas bernhard , sont morts en 89, question audace narrative comment oublier des monstres comme Arno Schmitt (mort en 79) si proche de l’univers de finnegans wake de joyce dans la révolution stylistique et aux états unis, les gaddis (mort en 98), Pynchon travaillent le fond et la forme et v ou vineland sont du point de vue narratifs extremement complexes etc.etc.
– idem en musique on peut pas oublier des tom waitts, nick cave, arno, etc
Bon c’est pas non plus des petits jeunots, certes et avoue que c’est juste pour pinailler car en vieille conne, je râle sans cesse avec quasi les même propos …
Gangnam style c’est quand même pas mal, non ?
Les commentaires c’était mieux avant:) Je plaisante !
“Une vie passée à dormir et à manger est déjà une vie agréable.” (Issei Sagawa)
Ah la new wave et son troupeau de corbacs sous tranxene habillé à la “j’en ai marre de vivre”, c’était super!
Bon Morrissey, je suis d’accord, et puis sur le reste du billet aussi. Le monde entier est con à bouffer du foin.
Saga, j’te kiffe!
Et à part le dimanche, y’aussi des quais d’gare un soir d’hiver, qui t’file une méchante envie d’chialer.
j’irais pas jusqu’à dire que Fed est un p’tit cave, le bonhomme a quand même du génie, mais c’est sûr que Big Mac, c’était autre chose… Une autre conception du rapport joueur/juge de ligne…
C’est vrai qu’on se fait de plus en plus ch.er, dans ce monde de caves lobotomisés et d’hommes gris, honnêtement.
Et en plus Manzarek s’est fait la malle alors pfouh.
“plus d’élan vers le rêve” un comble au pays du Caribou…
sinon, je déteste cette phrase “c’était mieux avant”, il faut savoir accepter les changements, vivre avec son temps quoi, il y a toujours quelque chose de sympa ou rigolo quelque soit l’époque.avouez Mr Sagalo vous avez touver votre cabane au fin fond du Canada et vous préparez votre retraite.
à mesure que j’avance en âge, je trouve les jeunes filles de plus en plus belles….
Un extrémiste de droite Venner ? ultra catho, ancien de l’OAS, islamophobe, anti-mariage pour tous vient de se tirer une balle ds la Cathédrale de Notre Dame, à la hauteur de sa mégalo sûrement ! Acte politique qu’elle dit la Marine et le pauvre bougre qui s’immole devant pôle emplois ? “Il est fragile et désespéré”
Je crois que je préfère les cons aux méchants
@ closde: Je découvre Venner grâce à vous…je fouille, et tout ce que je trouve ne va pas du tout dans le sens de “l’ultra-catho”, tout au contraire.
Il a écrit aujourd’hui dans son blog ( on peut supposer qu’il pesait ses mots): “Il faudrait nous souvenir aussi, comme l’a génialement formulé Heidegger (Être et Temps) que l’essence de l’homme est dans son existence et non dans un « autre monde ». C’est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu’à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d’importance que le reste d’une vie. C’est pourquoi il faut être soi-même jusqu’au dernier instant. C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien.»
Tout le contraire d’un croyant quel qu’il soit, pour qui la vie présente
ne compte que comme un passage et ne se mesure dans son rapport à Dieu.
M’étonnerait pas qu’Obama passe à Oklahoma City en coup de vent…
Merci Sirandane, j’ai fait un amalgame avec tous ces fervents défenseurs du NON au mariage pour tous qui le prônent au nom d’une loi plus forte que celle de la république ; il n’en m’en est pas plus symparhique pour autant.
Dans la chanson Française,il y a encore Dominique A qui doit bien se sentir seul,le pauvre,Arnaud Lazlaud fait aussi des trucs sympas(il est Québecois,je crois)
Sinon,je ne comprends pas qu’avec toutes les infos qu’on trouve sur Internet il y aie toujours autant de cons au kilomètre carré.
En 70,les blaireaux incultes avaient une excuse:les disques et les bouquins coutaient la peau du cul mais maintenant…
@Vince, j’aime
la maison de retraite donne de la voix.
l evidence, c est que les vieux cons n’ont jamais ete jeunes
“Le passé est ma religion, le présent ma prison, le futur mon cauchemar”. Non, vous n’êtes pas un vieux con, vous êtes juste resté très français (certains diront que c’est la même chose), que vous habitiez à Vancouver ou à Peterouchnok ^^