Du bonheur d’être apatride

Ah qu’il est doux d’être sans patrie. De n’appartenir à aucune terre. De ne se réclamer d’aucun héritage national.

D’être totalement libre dans ses agissements, dans ses raisonnements, dans ses emportements sans jamais succomber aux assauts d’un passé par trop encombrant emprisonnant l’esprit dans un corset identitaire qui finit par l’écœurer.

Non pas être un citoyen du monde, idéal naïf et trop bien-pensant d’une humanité versant dans un océan de béatitude niaise, mais juste être citoyen de sa propre république.

Suivre ses propres règles sans jamais contrevenir à celles de votre pays d’accueil.

Etre fidèle à la mémoire de ses aînés qui ne furent que d’autres orphelins de l’Histoire.

Ne se définir que par rapport à son propre système de valeur sans que jamais ne vienne interférer l’image tutélaire d’une patrie qui réclame et exige toujours d’être à ses côtés pour défendre des valeurs qui ne sont pas toujours les vôtres.

S’ériger en propre juge de sa destinée sans jamais être obligé de se demander à tout instant si on n’est pas en train de jouer contre son camp.

Être libre de toute forme d’autorité, de tout carcan idéologique, de toute cette pesanteur formelle que la nation qui vous a fait naître exige de vous en retour de sa fausse prodigalité à vous avoir offert le gîte et le pain.

Etre là sans l’être vraiment, suspendu dans les limbes d’une pensée détachée, déliée, émancipée de tout dogme, de tout référent à un champ lexical propre à la grammaire d’un pays qui s’en va d’un pas martial dicter ses lois autocratiques.

Etre sans histoire mais pas sans mémoire.

N’avoir de compte à rendre à personne si ce n’est à soi-même.

Etre seul au monde et se féliciter de l’être.

Etre voyageur mais sans port d’attache où se réfugier en cas de mauvais temps et continuer pourtant son périple intérieur sans jamais prendre le risque de se retourner en convoitant l’abri de côtes hospitalières.

S’essayer à vivre debout en refusant le confort offert par la nation, cette mère nourricière qui finit par nous étrangler de son amour férocement exclusif.

Avoir des enthousiasmes spontanés pour des villes étrangères, pour des peuplades lointaines, pour des paysages inconnus.

Ne pas reculer devant ses passions qui vagabondent au gré de son humeur changeante.

Et souffrir aussi.

D’être précisément sans racines, sans caveau, sans tombeau.

Seul.

D’une fragilité inouïe.

Savoir que nous ne sommes de nulle part et que ce nulle part nous encercle de ses vastes incertitudes.

Ne pouvoir compter sur personne, ne jamais avoir le loisir de se reposer pour souffler le temps de se recomposer mais d’être toujours en alerte, sur le qui-vive, prompt à être vilipendé par les autres qui n’accepteront jamais totalement votre différence revendiquée.

Etre différent et mourir d’indifférence.

Mais ne jamais s’apitoyer sur son sort par risque de trop s’écœurer de sa propre médiocrité.

 

Et se noyer dans la mer cuivrée de son ineffable légèreté.

 

26 commentaires pour “Du bonheur d’être apatride”

  1. Je ne saurais expliquer l’impression de liberté que j’ai depuis que je vis hors de France….

  2. C’ est marrant, moi c’ est tout l’ inverse. Je me sens assez français en fait, mais je déteste le mot “Patrie” qui ne correspond pas à grand chose dans mon esprit. Etre français c’ est plus une idée, une sensation, pas facile à expliquer d’ ailleurs. Une bonne définition c’ est sans doute celle d’ Arletty, à qui on reprochait d’ avoir couché avec les allemands pendant toute la guerre, et qui disait :
    “Si mon coeur est français, mon cul, lui, est international “

  3. Vous m’ennuyez Laurent Sagalovitsch, vous tournez en rond aveuglé par vos préjugés, vous êtes tout sauf libre. Je sens en effet poindre l’indifférence face à la vacuité de cette pensée disjointe qui s’auto-congratule ad nauseam engoncez dans une stupidité haineuse, incapable d’appréhender quoi que ce soit d’autre que son nombril. Parlez nous donc un peu d’amour pour voir.

  4. témesta time?

  5. le post publication blues?

  6. Non non tout va bien! Youpiiiiii

  7. Sauf les Verts, qui coulent doucement pendant que Lyon renait..

  8. Venant de la part d’un bordelais je prends cela comme un compliment

  9. Tu ne serais pas juif par hasard Laurent ?
    Hahaha !

    Nico pedia ne dit pas que des conneries… hein !
    Quand parles tu un peu d’amour ?
    (et pas que pour les verts ou les chats même si pour les chats je comprends)
    Quand est-ce que les juifs se tourneront-ils vers l’amour et pas vers la souffrance ?

    Il est grand temps d’enrayer le processus !

    Antonin Zylberman.

  10. (je crois avoir déjà préciser que j’apprécie fortement tes articles et ce que tu y racontes mais maintenant c’est fait)

  11. je crois PAS avoir précisé

  12. Parler d’amour ne sonnerait-il pas comme un défi, maintenant ?
    Oh oui, parlez nous d’amour, Laurent Sagalovitsch, et mettez-y toute cette mauvaise foi dont vous êtes capable ! que je puisse vous aimer plus encore…

  13. elle a raison!
    l’amour des motards par exemple pour faire enfin plaisir à Bernard 🙂

  14. En attendant la finale de la CL que l’on devine aussi ennuyeuse que truquée, place au football, au vrai, celui de la passion et du talent : http://www.reuters.fr/article/sportsNews/idFRPAE94600Q20130507

  15. @Vince, la match est reporté, surement que le Bordelois ne supporte pas les bottes en caoutchouc.
    ou alors c’est truqué 🙂

  16. Laurent, à tout prendre, vous n’allez pas nier qu’il faut quand même mieux être apatride plutôt qu’allemand, quand même ???

    Oui, j’ai changé de pseudo, et alors ??? 🙂

  17. L’amour ? Connais pas!

  18. dit’il alors qu’il roule des pelles à son chat

  19. Bon, tout s’apprend, pour l’inspiration je propose Houellebecq : « Nous vivrons mon aimée sans aucune ironie,/ Et nous achèterons peut-être des canaris./ J’aime quand tu vas nue répondre au téléphone,/ Il y en a peu qui aiment et très peu qui se donnent. » Je trouve ça super drôle. Désolé.

  20. Du double plaisir de lire ce blog: lire vos billets, puis lire Nico Pedia ensuite.
    (et Hannah, qui manque…)
    Je ne me lasse pas, vraiment.
    Tant pis pour les fleurs.

  21. Ouais enfin NicoPedia ca volpe pas trés haut ce qu’il raconte:)

  22. Au ras des pâquerettes ?
    Apprenez les pâquerettes, nous en reparlerons ensuite 🙂

  23. @ rakam : les Girondins ont littéralement douché leurs adversaires. Douché. Comme la pluie. Ah ah, euh… lol ! Ca veut dire quoi, apatride ? C’est comme l’histoire avec Oedipe, le taré, là ?

  24. Enchanté Claire, ravi que mes jérémiades vous distraient, à moi aussi Hannah me manque, les pâquerettes c’est joli, il y a aussi les jonquilles http://nature.rendezvousenfrance.com/sites/default/files/au.jpg

  25. merci @ Claire et Nico pour vos pensées, une coalition abjecte envers un proche me tient éloignée de tout, de ce lieu de réflexion attachant (si si) ce qui nous rappelle que les malfaisants ne sont pas (que) sur internet et qu’on ne peut les supprimer d’un clic. et vive l’amour! 😉

  26. @closde : puis-je te demander ou tu vis donc, pour éprouver ce sentiment de liberté ? Merci

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