Une défaite sinon rien

 

Quand on s’appelle Saint-Etienne, qu’on peut se vanter de posséder le plus beau palmarès du football hexagonal, d’être la seule équipe de toute la Gaulle à avoir tutoyé le toit de l’Europe sans avoir eu auparavant à jardiner chez le voisin d’à côté, on ne peut pas, on ne doit pas saliver de joie à l’idée que samedi soir nous pouvons postuler à succéder à Marseille au palmarès de cette hideuse et tronquée Coupe de la ligue.

Ce serait insultant pour nos glorieux aînés.

Ce serait un crachat à la face de ce club à qui le football français et mondial doit tout.

Quand on a frôlé un jour de décrocher le Nobel, on ne peut pas s’enorgueillir de recevoir le grand prix du concours agricole de Lamotte-Beuvron.

On a sa fierté. Son honneur. Et une histoire à respecter.

Ce serait comme de concourir pour la palme d’or au Festival de Cannes et au final se satisfaire de ne récolter en catimini que le grand prix œcuménique de la critique.

La Coupe de la ligue n’est qu’une coupe en bois destinée aux unijambistes du ballon rond.

Une escroquerie tout juste bonne à retarder l’heure de la retraite du sémillant Daniel Lauclair.

A ébaubir les gagne-petit, les esprits mesquins et les puceaux effarouchés.

La Coupe de la ligue a autant d’attrait qu’une mère maquerelle défraichie reconvertie dans le poinçonnage de quelques ivrognes de passage au fond d’un ravin rocailleux.

Saint-Etienne mérite mieux que cet ersatz de coupe nationale qui n’intéresse que les supporters des équipes qui tentent de s’y illustrer.

Nous ne sommes pas Nancy, Metz, Lyon ou Gueugnon. Oui Gueugnon !

On me dira que voilà plus de trente ans que Saint-Etienne n’a rien gagné.

Mais sommes-nous tombés si bas que nous arrivons à nous enthousiasmer pour une épreuve que tout connaisseur de football s’accordera à penser qu’elle déshonore l’essence même du football ?

Nous n’avons pas traversé le désert du Sinaï pour se contenter d’un mirage de terre promise qui ressemblerait à s’y méprendre à une antichambre de l’enfer.

Nous préférons continuer à cheminer encore longtemps, à se nourrir d’herbes amères et d’eau croupie plutôt que de se réjouir de décrocher une coupe qui ne vaut rien, ne représente rien, ne destine à rien si n’est à s’illustrer dans une falote Europa Ligue toute juste bonne à affoler les passions de quelques eunuques de l’art footballistique.

Prions pour que samedi soir la pelouse du stade de France devienne notre linceul à tous.

Que s’enterrent là les illusions de quelques simples d’esprit qui auront espéré le temps d’un instant regoûté au parfum enivrant des dames du temps jadis.

Que les verts passent complétement à côté de leur match. Personne ne le leur en voudra. Bien au contraire, ils s’honoreraient à ne pas disputer ce simulacre de finale qui ne passionnera que les amateurs de sensations tièdes et de tisanes rances.

Soyons orgueilleux. Montrons-nous arrogants. Respectons-nous.

Ne nous abaissons pas à demander l’aumône pour conquérir une coupe que hier encore nous moquions à tout-va.

Ne nous abaissons pas à feindre une joie qu’au fond de nous nous savons honteuse et surjouée.

Saint-Etienne mérite mieux que ce trophée de pacotille.

Offrons-le à ces malheureux rennais qui jamais n’ont connu ou ne connaîtrons le doux vertige de ces grandes joutes européennes quand chamadent les cœurs ivres de succomber à l’ineffable bonheur de se savoir immortels le temps d’une folle soirée.

 

Et pourtant si par malheur les verts venaient à vaincre, faible comme je suis, faisant fi de mon indécrottable nolstagie, je sais d’avance que je m’en irais siffler là-haut sur la colline, que je hurlerais à la terre entière que nous sommes de retour avant de m’en aller rouler une pelle à mon chat.

Oui avec la langue.

 

27 commentaires pour “Une défaite sinon rien”

  1. Miaou !

  2. bah. Les Rennais sont les champions pour se prendre les pieds dans le tapis. Les verts vont gagner dans un fauteuil, et, pauvre, Saga, il n’aura plus de motif de se plaindre…

  3. Non par pitié. Gardez là cette coupe de mes deux

  4. je passe vite fait pour dire que j’ignore totalement ce qu’est la coupe de la ligue pas plus qui est ce Daniel Lauclair et comme l’affiche du festival de cannes cette année représente un 69 peut-on espérer que ce sera un peu plus excitant que d’habitude?

  5. Hannah vous resterez comme mon plus grand échec ! Deux ans de fréquentation de ce site et toujours le néant footballistique. J’ai honte de moi.

  6. n’ayez pas de regrets, mon ignardise sur ce sport est telle que même quand j’écris le mot football je dois toujours vérifier que je l’ai bien orthographié 🙂

  7. Je sais pas, je suis resté scotché sur Duchamp http://youtu.be/dXINTf8kXCc “un souffleur de chair chaude” c’est froufroudge.

  8. brillant, bravo!

  9. comme vous j’irai siffler sur la colline…..j’avoue…

  10. Sublime texte !

    Supprimons cette coupe inutile pour redonner ses lettres de noblesse à la seule et unique Coupe, la Coupe de France. Ce qui allègera le calendrier par la même occasion.

    Ah et si on pouvait recréer la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes, la seule compétitions regroupant des clubs DE COUPE, ça serait pas mal non plus…

  11. Est-ce parce qu’une équipe de foot comprend un goal-kippa que vous mentionnez la traversée du Sinaï ?

  12. Finalement, St Etienne et sa coupe de la ligue, c’est un peu la première partie du seul vrai spectacle, la finale de la Coupe de France, avec les Girondins de Bordeaux au firmament 🙂

  13. Pauvre chat qui a du subir l’outrage de Saga.

    Mais comme on dit “faute de grives on mange des merles”, alors plutôt que de ressasser les heures de gloire où le Forez était le centre de la France il est toujours agréable d’avoir un moment de joie même au rabais.

    En attendant, espérons le, de passer devant les Gones pour vivre, même le bref instant des poules, la joie de la coupe d’Europe des grands.

  14. Le chat du saga se porte bien. Le maitre un peu moins.

  15. Je m’étais habitué à vos papiers sur synhté, à cette errance dans les joies de la défaite du fin fond des limbes de la méridiacratie footbalistique, l’honneur faisant foi d’une droiture morale jamais infléchi. Malheureusement tout à une fin et le chat fut torturé, quelle vie de chien. Mais ne soyons pas pessimisres plus que de raison, vous pourrez vous délecter un instant de la torture jubilatoire de vos ex compagnons d’infortunes tout du moins jusqu’à ce que tout rentre dans l’ordre des choses établis si les choses sont établis dans cette ordre bien entendu. J’ai tout à coup la nostalgie de la débâcle, amère mélancolie de l’autosatisfecit qui ô mon Dieu ferra bien l’affaire du néant en attendant, manquerait plus que d’y prendre goût! Toutes mes félicitations les plus distinguées.

  16. En attendant Sochaux vient de nous en mettre un…

  17. Condoléances vinnie

  18. Ca va on a fait 2-2, c’ est pas si mal….

  19. votre chat vient de porter plainte pour violation de cavité buccale….vous avez de quoi de payer les dommages et intérêts?
    ha oui! j’ai été siffler sur la colline…ça a fait un bien fou!!

  20. “suis allé”, ça fait mieux, j’avoue.

  21. Et une victoire une ! Qui plus est sur but de Brandao. Votre chat va vraiment l’avoir bien la ou il faut !
    Cette follasse de Brandao nous a ramene la coupe en chocolat deux fois a Marseille et ca a fini sur un titre de Champion…
    Patience les Verts ! On vous refourgue encore une ou deux chevres en fin de saison et il reste peut-etre encore un peu d’espoir.
    Vive la coupe a Brandao !

  22. A propos de ce dernier post, je constate avec surprise voire effarement une apologie de la zoophilie et de la maltraitance sur les animaux qui me semble particulièrement déplacée en ces temps confus.

  23. Bon, vous l’avez votre coupe en bois… Alors, heureux ?

  24. extatique

  25. ça se sent 🙂

  26. n’empeche; le bordelois fait l’artaban mais va t’il s’en sortir au milieu de ces trois super outsiders?

  27. Il y avait beaucoup d’amateurs de sensations tièdes et de tisanes rances ce week-end à Saint-Etienne…

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