Ma vie de parieur sportif

Qu’on se le tienne pour dit : on ne s’improvise pas parieur sportif certifié gagnant du jour au lendemain. Avant cela, il faut passer par un long et douloureux apprentissage, déceler ses forces et ses faiblesses, accepter les échecs cuisants et répétés, repérer et apprivoiser ses propres failles, veiller à ne jamais se surestimer, apprendre à ruser avec ses propres intuitions.

Nécessaire et perpétuelle remise en cause afin qu’un jour glorieux, cette activité hautement intellectuelle puisse vous permettre d’engendrer quelques bénéfices conséquents – enfin juste de quoi payer le détartrage de la mâchoire inférieure de votre chat.

N’ayant pas l’âme d’un kamikaze, je ne m’autorise à parier que sur le foot, domaine dans lequel la vaste et infinie immensité de mes connaissances accumulées depuis des décennies entières, le gavage intensif de retransmissions télévisées, la consultation acharnée de magazines spécialisés, m’autorise à avoir quelques certitudes sur les paris que j’ose entreprendre.

Sans oublier toutes ces années d’apprentissage où cavalant sur des terrains cabossés d’une lointaine Bourgogne, affairé à distribuer caviar sur caviar à des avant-centres manchots, j’ai fini par assimiler l’infini complexité des ressorts psychologiques à l’œuvre lors du déroulé d’un match de foot.

Ainsi d’expérience, je sais qu’une équipe qui ouvre le score après deux minutes de jeu finit bien souvent, au final, par une étrange alchimie, par s’incliner.

Qu’une équipe qui se prend un malheureux pion dans les ultimes secondes de la première mi-temps rentre en catatonie pour n’en jamais ressortir.

Qu’une formation qui menait allégrement par deux buts d’écart, sûre de son fait, déroulant un football de gala, peut parfois perdre de sa belle assurance en encaissant un but de raccroc sans mentionner l’effet galvaniseur produit sur les joueurs adversaires qui une minute avant se demandaient encore dans quelle boîte de nuit ils allaient oublier cette cuisante mais logique défaite.

Bref, je sens le foot avec la même sagacité et perspicacité qu’un inspecteur du fisc renifle une entourloupe en se penchant sur la comptabilité d’un rmiste roulant en Bentley.

Mais cela ne suffit pas.

Que le petit malin de parieur qui se pointe le samedi matin sans avoir rien foutu de la semaine sache que ses chances de remporter la mise sont quasi nulles. Qu’on ne parie pas comme on remplit une vulgaire grille de loto. Au petit bonheur la chance. Au bistrot du coin, entre un jambon-beurre et une part de tarte au citron faussement meringuée. En parlant avec Gérard de sa dernière conquête.

Non parier nécessite de la concentration, de l’abnégation, de la sueur, de la réflexion, un brin de jugeote, un soupçon d’audace, une énorme virgule de chance et du temps, beaucoup de temps.

Le temps, par exemple, d’aller fourrager dans un forum de supporters, de vrais supporters, recueillir la parole de ceux qui au lieu de marauder autour de pôle emploi à la recherche d’un introuvable boulot, préfèrent se cailler les miches en assistant aux séances d’entrainement et en profiter pour échanger quelques mots complices avec le gardien du parking qui d’un seul coup d’œil vous repère un joueur coupable d’avoir passé ses nuits à potasser sa technique de dribble chaloupé sur sa Play Station.

Reste que la meilleure façon de gagner au loto sportif n’est évidemment pas de parier avant le match mais pendant. Soyons franc : se risquer à l’avance à pronostiquer le résultat d’une opposition au sommet entre Reims et Evian relève de la forfaiture intellectuelle. Autant essayer de prévoir la date de la prochaine grève à la SNCF.

C’est ainsi que pas plus tard que ce week-end, grâce à ma réactivité foudroyante, j’ai pu dégager des bénéfices à rendre envieux le neveu de Jérôme Kerviel.

Le Barça recevait l’Athlético de Madrid.

Il faut savoir que Barcelone ne perdant jamais, il ne sert à rien de parier sur leur victoire, les gains engendrés avoisinant le néant cosmique. Sauf que dimanche dernier, au bout de 30 minutes de jeu, ce diable de Falcao a eu la bonne idée d’ouvrir le score. Conséquence logique : la victoire de Barcelone  est devenue un peu moins certaine passant d’un morne 1.16 à un juteux 2.14.

J’ai bien évidemment bondi sur l’occasion et, sans coup férir, j’ai misé toute ma fortune, à savoir 7 euros et 32 centimes sur la victoire des invincibles catalans. Deux minutes plus tard, sans surprise, le Barça égalisait avant d’empiler but sur but m’assurant dès lors de remporter la royale somme de 15 euros et 68 centimes investie dans la foulée sur l’impossibilité de ces bâtards de lyonnais d’inscrire le moindre but au portier parisien lors de la seconde mi-temps de PSG/Lyon.

Enfin, ultime conseil pour le parieur néophyte, il ne faut jamais au grand jamais parier positivement sur son équipe de cœur au nom d’une quelconque solidarité affective. A moins que cette dernière soit précisément Barcelone. Si c’est Bordeaux ou Saint-Etienne, mieux vaut miser sur leur probable défaite.

Cela vous permettra de gagner quelques euros et de suivre la rencontre  de vos protégés en toute décontraction, la déception de les voir perdre étant compensée par la perspective de consolider votre magot naissant.

 

 

Pronostic pour la prochaine journée :

Brest-PSG : 2/ Ajaccio-Rennes :2/ Bastia-Nancy :2/ Bordeaux-Troyes: N/Lorient-Reims : 1/Lyon-Nice :N/Lille-Montpelier : N/ Valenciennes-Evian : 1/Toulouse-Sochaux :1. Marseille-Saint-Etienne :1

15 commentaires pour “Ma vie de parieur sportif”

  1. Les jeux d’argent, c’est pêché. Mais je préfère quand même la bourse au loto sportif : 1 chance sur 2, c’est toujours mieux qu’une chance sur trois ! 🙂

  2. @ Laurent : Misez tout sur Peugeot, d’après un copain qui a le temps de suivre ça de près (Il est sans emploi), il y aurait un énorme corner sur le titre. Bon, enfin, moi je le ferais pas, mais enfin, c’est plus rigolo que de parier sur PSG Evian, avouez.

    PS (ahahaha) : Corner : grosse position vendeuse à découvert

  3. RE PS : Ils vous filent tellement d’à valoir chez Actes Sud que vous puissez les claquer sur des sites de paris ?

  4. @ Bernard
    Ca se dit encore “corner”, en bourse ? 🙂 (Sinon je crois que c’est plutôt une manip à la hausse, pas à la baisse… à vérifier…)
    @ Sagalo
    Je crois que Bernard cherche à vous plumer. Dans trois jours il ira pavaner devant chez vous en Ferrari avec Sophie et Hannah dans chaque bras.

  5. Nancy ne gagnera pas à Bastia. Bordeaux ne peut que battre Troyes.
    Il manque le match Lille – Montpellier!
    Bref, c’est pas gagné….

  6. Nancy ne jouera pas à Bastia… Par conséquent, Nancy ira gagner à GUEUGNON contre Bastia !!!

  7. Les matchs FCB – Athletico, PSG-OL, avaient lieu en même temps. Donc vous avez inventé cette histoire de pari.
    Tocard.

  8. Crétin de lyonnais, si tu ne sais pas que tu peux parier en temps réel, c’est ton probleme. Pathétique

  9. Si ça se trouve y’a pas internet à Lyon ! Tout s’explique !

  10. apparemment tes journées semblent bien réglées.

    réveil en fin de matinée,
    un café,
    internet; rubrique actualités,
    une petite branlette.
    un café
    un peu de télé,
    un peu de poker sur winamax en grignotant.
    écriture rapide d’un article,((t’as pas que ça à faire))
    lecture des posts de tes trois followers bordelais.
    re-petite branlette.
    réponses aux posts des bordelais, en étanchant ta soif,
    pizza ou hamburger,
    paris sportifs sur betclic,
    film ou lecture
    re internet
    une dernière petite branlette….sans succès

    finalement t’es encore plus glandeur qu’à quatorze ans.!

  11. ancien branleur qui investit sa libido dans les paris sur le foot…

    mais quelle vie de merde.

  12. @ gubish

    Vous qui êtes haut fonctionnaire ou milliardaire, qu’est-ce que vous foutez donc ici ? Ca m’intrigue…

  13. mon cher Vince,
    le succès planétaire que rencontre ce blog, mêlant: littérature, football, mépris, onanisme, actualité, mauvaise foi, réside aussi dans la lecture souvent jouissive des commentaires qui recèlent “perles” et “brèves de comptoir”
    ; j’essaye, comme vous, par mes interventions, d’apporter mon humble contribution à faire que ce délicieux furoncle journalistique soit au final envié par médiapart et le huffington post…et peut-être demain tel javier Pastore,qu’il soit transféré à prix d’or au “Monde .fr”……
    si ça peut aider laurent….

  14. Bon, ça va alors.
    Un moment j’ai pensé que vous étiez un intellectuel, un peu comme jourdan.

  15. personnellement, l’intervention de jourdan m’a fait mourir de rire…et sa relecture provoque encore le même effet…
    (pourvu qu’il revienne commenter…)

Laissez un commentaire

« »