Vivement lundi

Sûr que Valérie et Carla n’ont pas eu à s’employer de trop cette nuit pour refuser les assauts fougueux de leurs mâles présidents. Ou alors c’est que la dope à laquelle carburent François et Nicolas appartient à une nouvelle génération de médicaments dont il me tarde de connaître la composition afin de l’expérimenter sur ma petite nature.
Et qu’on ne me vienne pas me dire, avec des mines de vierges effarouchées, que la politique n’est pas touchée pas le dopage, que chez ces gens-là, on ne mange pas de ce pain, qu’il existe un cordon sanitaire des plus imperméables qui empêche toute tentative de triche.

Tenir le crachoir trois heures durant à s’affronter dans un débat titanesque, à jongler avec des chiffres aussi mystérieux qu’invérifiables, à se vanter l’un d’un bilan l’autre d’un avenir, à se rendre coup pour coup, à batailler comme des chiffonniers prépubères sur les horaires des piscines municipales, à se balancer à la figure des statistiques connues d’eux seuls, à se perdre en conjectures sur la crise, son début, son futur, son déroulé, et ce sans interruption aucune, sans même prendre le soin de se dégourdir les gambettes ou de succomber à une furieuse envie de grimper sur la table pour administrer une baffe bien sentie à son adversaire, exige des ressources que le corps humain est  incapable de produire par lui-même.

Il est temps que la campagne se termine. Je suis sous les rotules. Je n’en peux plus. Ces trois heures de débat ont fini de m’achever.

Déjà que je commençais à vaciller avec cette cavalcade de meetings, cet enchevêtrement de réunions publiques, cette mixture de plus en plus indigeste d’émissions de télévisions radotant les mêmes sempiternelles rengaines ratiocinant les mêmes pollutions sonores, grand écart, resté lui-même, jouer son va-tout, rester lui-même, attaquer à tout va, rester lui-même.

Je me retrouve dans le même état de délabrement psychique qu’à la fin d’une Coupe du Monde lorsqu’après avoir avalé 63 matchs en mondovision à des horaires des plus incongrus, je n’ai qu’une seule hâte, que la finale s’achève, qu’on remette la coupe au vainqueur, peu importe son nom, que les gerbes de confettis descendent du ciel illuminé et que pendant une période indéterminée, on ne me parle plus de ballon rond. Ni ovale.

Lorsque la seule vue d’un stade municipal me donne des envies de djihadiste et suscite en moi des élans de compassion pour les talibans de tout bord.

Qu’on les achève. Que l’un s’installe à l’Élysée ou que l’autre prolonge son bail, je m’en contrefous. Qu’ils me laissent tranquille. Qu’ils m’ignorent. Qu’ils cessent de surgir sitôt que je m’aventure sur le net. Ou de m’envoyer leurs professions de foi. Ou de parader à la Une des quotidiens nationaux comme autant d’étendards de notre identité nationale.

Et que pour la prochaine élection, ils s’entendent pour tronçonner leurs débats. En trois, en quatre, en cinq. En douze. Ou alors que toutes les quinze minutes, ils s’interrompent pour laisser la place à des majorettes, à des suffragettes, à des maminettes.

Qu’ils nous évitent ce supplice infernal d’assister à un combat aussi inutile que bavard, aussi confus que superflu, aussi étriqué que corseté, avec ce discours formaté qui jamais ne s’autorise la moindre digression, ne dérape sur un mot d’esprit à même de détendre les neurones trop sollicités qui assistent hagards à un échange entre deux fous-furieux qui savent tout sur tout, le pourquoi du comment, le comment du pourquoi, la raison pour laquelle le port de la burqua est responsable de la fermeture des écoles en Allemagne, conséquence de notre engagement en Afghanistan afin d’éviter que la dette contractée par les usines de la troisième génération ne finissent par déclencher un tsunami nucléaire qui mettrait en péril notre modèle social. Menteur ! Non toi menteur. J’ai les chiffres. Moi aussi. Non. Si. Je le dirais à Lionel. Même pas peur.

20 commentaires pour “Vivement lundi”

  1. Hahahaha !
    Comme vous. J’ai tenu deux heures, après j’ai filé vers la musique et l’écriture. Trois heures… C’est pas humain. Même une pièce de Shakespeare dure moins longtemps.
    (Sinon, il faudrait envoyer Pujadas sur Mars pour défricher, je trouve.)

  2. C’est la dernière ligne droite. If you stand up in babylon faites comme moi, un gros spliff de la mort qui tue, du genre qui pique les yeux et un petit reggae à la cool pour agrémenter le tout. http://www.youtube.com/watch?v=ier_Xzq-tzk

  3. @ Vous rigolez, Lolo ? (Vous permettez que je vous appelle Lolo ? ) On finit le hors d’oeuvre dimanche, après en juin on remet le couvert avec les législatives. C’estcomme avec le ballon : Vous aurez à peine fini de coller la vignette Panini dans votre album du Championnat de France que vous êtes bon pour attaquer celui de l’Euro.

  4. Je n’ai même pas regardé. Je préférais réviser, c’est dire…

    3h de débat, c’est au dessus de mes forces.

  5. M’sieur Lolo,
    ayant, du fait de mon grand âge, une expérience encore plus longue de la politique que toi, (De Gaulle sautant comme un cabri, Pompidou boursouflé, Giscard avec son monopole du coeur, etc, etc), j’ai préféré fuir le débat hier soir. Oui, je suis allé au Parc des princes voir PSG-St Etienne au milieu d’abrutis ayant un goût prononcé pour les passages interdits en même temps qu’un vocabulaire extrêmement limité (“Aulas on t’encule”, “StE on t’encule, l’arbitre on t’enc, etc) voir un match de merde. A la fin PSG a gagné sur un péno bidon et un but heureux de Pastore qu’on croyait au décrassage pendant tout le match, les Verts ne pensant plus qu’au derby contre l’OL l’an prochain. Bref foot-présidentielle match nul. Une solution: accepter le dopage pour les deux compétitions. Les électeurs et les spectateurs ont la bière, filez des amphét’ à nos ringards. Ou, solution centriste comme tu les aimes, faites les tous pisser à la fin.
    Je me souviens d’une conf de presse de Mitterrand où le Président avait été mal dosé. La dernière demi-heure il ressemblait à un dessin de Plantu avec des bulles partant dans tous les sens. Je voyais quelqu’un de ses ministres blanchir, suer en se demandant s’il ne conviendrait pas de le débrancher avant qu’il déclare la guerre au tsar ou envoie des troupes reprendre la louisiane, le quovette étant déjà libéré…

  6. ah ah! C’est vrai que vous avez cotoyé les grands de ce monde vous!

  7. étonnante coïncidence je voulais aussi faire une sorte de revue des présidents de la Vème mais rien d’intelligent…:) juste pour dire à propos de séduction dans un sens purement physique (il paraît que le pouvoir rend beau et attire DES femmes) que je les trouve relativement “laids” à part Chirac qui avait “quelque chose” http://www.youtube.com/watch?v=eIa5ezBd4J0

  8. @Nico La meilleure analyse géopolitique de ces 38 dernières années : http://www.youtube.com/watch?v=BQ6Mq60zYKc
    SInon, oui, vive the Glads !!

  9. Chirac avait en effet quelque chose, c’est un roc, c’est un pic, c’est un cap, que dis-je…

  10. @Hannah Bon son, les Guts, merci

  11. Ma grand-mère aussi trouvait Jacquot bel homme. Jamais compris pourquoi

  12. Vous, c’était plutôt Dominique Rocheteau ?

  13. et vous les jumeaux Vujovic ?

  14. Zoran et Zladco ? Comment avez-vous deviné ?

  15. Vous êtes un grand fou. Il vous faut du nombre!

  16. Vous sous entendez quelque chose ?

  17. Chirac je n’en sais trop rien. Je ne sais pas quel type d’homme j’aime. Je ne mettais jamais posé la question. Chirac pourquoi pas? et les Guts c’est totalement intersidéral

  18. Bon, je fais mon coming-out, j’aime Balladur ! Et tous ceux qui promènent fièrement leurs testicules sous leur menton.

  19. J’ai une question qui va vous paraître un peu stupide:si la jactance des candidats vous donne de l’urticaire,pourquoi continuez vous à vous en asséner des doses pareilles?
    Personnellement,après un rapide tour sur les sites officiels et quelques débats courts pour conforter mon choix,je ne suis plus depuis longtemps ce que ces deux types complètement déconnectés de la réalité racontent.
    Ceci dit,j’irais quand même voter pour virer le valet du F.N

  20. Un truc intéressant : Vous cherchez une cause, pour une raison quelconque ? Combler le vide des trente cinq heures, vous occupez pendant les congés, trouver celui, celle qui se cache en vous, et lui permettre de déployer enfin les ailes de sa sensibilité ? Et bien, il y a un site (Il y a des sites pour tout). On peut s’y choisir une cause comme on choisit une paire de chaussures, en flânant dans les rayons.
    N’hésitez pas, c’est pour la bonne cause…

    http://www.causes.com/causes

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