Parfois, j’ai des fulgurances qui me laissent pantois devant la profondeur insoupçonnée de ma pensée. Des visions étiolées qui se forment dans l’antichambre de mon cerveau, se rassemblent, forment une coopérative solidaire, montent un syndicat, sans que je ne m’aperçoive de rien, avant de se décider à fracasser les portes de ma conscience et envahir le champ de ma pensée. Certains appellent cela du génie. Moi pas. J’attends la cinquantaine pour me convaincre que sans moi le monde irait droit dans le mur. En attendant, pour passer le temps, je me surprends à émettre des hypothèses dont l’audace m’amène à douter si je suis bien le fils de mes parents ou alors le croisement d’un prix Nobel avec le récipiendaire de la médaille Fields.
J’ai donc vu la France, en ce printemps 2012, après avoir longuement hésité, tortillé du séant pour savoir si Hollande devait rimer avec offrande, décider au bout du compte que non, fatigué par les molles approximations du candidat socialiste au sujet de son idée controversée d’offrir une couverture maladie pour tous les canidés nés après 2002, et par sa propension obsessionnelle à vouloir à tout prix se normaliser, en argumentant qu’avec lui, ni une, ni deux, la France rentrera dans le rang et postillonnera désormais en tant que puissance moyenne.
Envolés, les rêves de grande puissance retrouvée, finies les guerres de conquêtes menées au pas de charge hors de la métropole, terminée la croyance chevillée à l’âme du citoyen français que le centre de l’univers se trouve à Paris.
La France donc, terrorisée à l’idée de voir Martine plastroner à Matignon, Ségolène à Bercy, Arnaud à la Justice et Balasko à la condition féminine, à regrets et à reculons, s’agenouille devant l’autel de l’Élysée et dit au Prince Nicolas, je t’en prie notre guide suprême, notre étoile céleste, notre auguste lumière, prends-nous encore une fois, ne sois pas avare de tes gesticulations éjaculatoires, fais-nous voir le ciel, raconte-nous une nouvelle fois combien nous sommes les plus beaux, les plus forts, les plus racés, dis-nous combien les autres peuples nous jalousent et nous envient. Narre-nous l’histoire de notre beau pays sur lequel le soleil ne se couche jamais.
Pour les esprits étroits et peu habitués à ma prose dévergondée et ensorcelée, le signifiant du signifié du paragraphe précédent que tu as lu dans ton hébétude ahurie, signifie, qu’au soir du deuxième tour de l’élection présidentielle, David Pujadas du bas de son mètre quarante, annonce que Nicolas Sarkozy est réélu. Compris ?
Bon, Nicolas triomphe, s’auto-congratule, se roule une pelle avec lui-même, joue des claquettes sous les lambris du grand salon de l’Élysée tout en chantonnant, le Général avait raison, les français sont vraiment des veaux ; dans la foulée Guéant, grisé par une ivresse dûe à une consommation effrénée d’eau de Vichy, organise une nuit des longs couteaux et boute hors de France tous les faux français nés de parents morts en dehors du territoire national ; Hortefeux en remet une couche, en menaçant de dénationaliser tous les français qui ne pourraient pas justifier de leur allégeance à la Nation par l’exhibition de la croix de guerre de leurs arrières-arrières grands-parents côté maternel, obtenue à la bataille de Sedan de 1870. De son côté, François, désemparé, se la joue à la Domenech, et en direct, demande officiellement la main de Ségolène qui tergiverse et s’en va demander conseil auprès de François Bayrou pendant que dans le même temps Martine convoque dans son bureau Pierre Moscovici pour une séance de martinet.
Un mois plus tard, les français sont invités à voter aux législatives. La veille, l’équipe de France, lors de son match inaugural de l’Euro 2012, (j’ai vérifié, à ce jour, niveau calendrier, c’est possiblement possible) s’en prend quatre contre une équipe d’Allemagne survoltée. Sanction immédiate, le peuple français, dépité, dégoûté de voir que Nicolas a trahi leurs promesses de redevenir la nation phare du continent européen, fait payer le prix de cette déculottée à la droite, et envoie, dans la foulée, une vague rose submerger l’assemblée nationale.
François Hollande devient premier ministre.
Pour celui qui n’aurait pas tout compris, une petite séance de rattrapage en forme de condensé de ma géniale pensée :
Sarkozy se succède à lui-même, la gauche triomphe lors des législatives, la France entre en cohabitation pour cinq longues années.
Avec ce post ébouriffant de perspicacité et de sagacité mélangée, je prends rendez-vous avec l’Histoire. Je suis le premier à formuler une telle hypothèse. Je vous l’offre en exclusivité. Si ma prophétie se réalise, lors de mon retour d’exil, je vous veux à genoux à ma descente d’avion, la Tour Eiffel peinturlurée en vert, et je vous donne rendez-vous aux Champs de Mars pour un grand concert gratuit avec Jacques Monty en vedette américaine.
n’empêche que Nicolas SARKOZY a une position très courageuse sur le nucléaire….
Incroyable! Je suis définitivement fan de votre écriture et de votre esprit décalé. Merci, ça fait du bien!
Et voila : Jacques Monty, évoqué sur ce blog la semaine dernière, l’ immortel interprète de ” Qui c’est les plus forts….” J’ étais sur, cher LS, que cette mention vous donnerait des idées..Quand à votre analyse politique, outre le fait qu’elle soit originale, elle me parait aussi délirante que celle de Don Salluste dans “la folie des grandeurs ” ( “J’ épouse le Roi, la vieille épouse le perroquet…”) ou que celle de Groucho Marx dans Duck Soup à propos de Freedonia. Vous comprendrez qu’elle me convienne particulièrement.
c’est oracle ce que je dis. Sarkozy rééelu de justesse, 50.2 contre 49.8. Assemblée nationale. PS Plus Ecolo, majorité absolue.
Si vous dites vrai je vous envoi une photo de moi à poils.
à genoux, faut pas pousser ! …mais à poil ça peut le faire:D
c’est noté!
je ne peux pas dire que j’ai hâte d’y être:)
comme les (beaucoup) plus de 20 ans
j’aime que le temps s’écoule très lentement
Tout ça ne me fait pas rire. Enfin si,… mais pas quand même.
sur le fond et sur la forme (voire la ré-forme) totalement d’accord !
5 ans qui vont servir a rien, vivement 2017 !!
Vous devriez faire médium(je suis convaincu qu’à quelques détails près ,c’est ce qui va nous arriver)
Sans trop me mouiller,j’ajouterais que la mère Le Pen aura ses 500 signatures mais qu’elle se vautrera au premier tour avec moins de 5%des suffrages ce qui mettra un terme à son parti nauséabond mais,hélas,pas à ses idées largement reprises par l’UMpet