Journal d’une demi-Berlinale n°4
Il est absolument incompréhensible que la présentation de Pina, Dance, dance, otherwise we are lost, le nouveau film de Wim Wenders à la Berlinale le 13 février dernier n’ait pas été salué comme un événement majeur, et l’incontestable sommet de ce Festival. D’abord parce qu’il s’agit d’un film magnifique et bouleversant, le plus beau réalisé par Wim Wenders depuis très longtemps. Ensuite parce qu’il s’agit d’une œuvre pionnière, qui ouvre une nouvelle voie pour le cinéma de manière plus décisive qu’aucune autre réalisation 3D à ce jour. Enfin parce qu’on pourrait se souvenir, en Allemagne un peu mieux qu’ailleurs, que l’auteur de Paris Texas et des Ailes du désir a été durant une décennie tenu non sans raison comme le meilleur cinéaste de sa génération, et que si son succès même l’a conduit dans des chemins décevants et solitaires, c’est une manière d’événement de le voir renouer avec un tel niveau d’excellence, non pas en retournant sur ses pas (il ne l’a jamais fait, c’est tout à son honneur, même quand cela s’est traduit en errances, et en errements) mais en s’aventurant sur des chemins nouveaux, que seuls un grand artiste de cinéma, un grand connaisseur amoureux du cinéma était capable d’explorer.
Mais il faut revenir d’abord au film lui-même. Revenir à sa beauté fulgurante, qui s’invente aux confins des splendeurs chorégraphiques conçues par Pina Bausch, de l’émotion suscitée par sa disparition, et de la manière de filmer, en scène et en extérieur, en action et en paroles, ce qui a été construit par le Tanztheater Wuppertal. Revenir à l’émotion dans l’évocation de la personnalité de la chorégraphe par celles et ceux qui l’ont accompagnée dans sa quête, émotion que Wenders rend d’autant mieux perceptible qu’il la ressent lui-même. Cette affection du cinéaste pour celle à qui il dédie ce film en même temps qu’il le lui consacre est pour beaucoup dans l’ovation qui a salué le film à l’Urania, l’immense salle berlinoise où il était possible aujourd’hui de le « rattraper ». Pour comprendre le bonheur qu’offre Pina, il faut revenir à cette source inépuisable de beauté et de force cinématographique à laquelle il puise généreusement : filmer le travail. Filmer les corps et la pensée au travail, la sensibilité et l’inspiration transmuées patiemment en gestes, en actes, en pratiques : dans cet exercice-là, le cinéma est irremplaçable.
Employer la 3D pour un tel projet semble de prime abord absurde, ou vain. Il faut à Wim Wenders une intelligence égale de la danse telle que la concevait Pina Bausch et du cinéma pour au contraire en faire l’occasion d’une double magnification, d’une double évidence. Evidence retrouvée de la poésie, de l’humour et de l’énergie qui président à cette succession vertigineuse de créations collectives, évidence d’un rapport nouveau mais pourtant qui se justifie en permanence de l’image cinématographique à l’espace tridimensionnel. En regardant le film, on s’aperçoit que la 3D permet ce qui au cinéma aurait été presqu’impossible autrement : construire physiquement la constante articulation de l’individuel et du collectif qui se joue en permanence dans les ballets de Pina Bausch, dans son travail avec ses danseurs. Et aussi : donner toute leur présence aux corps des danseurs et plus encore des danseuses, aux volumes des seins, des fesses et des cuisses, et à l’érotisme puissant qui s’impose dès la représentation du Sacre du printemps, au début du film, en même temps que sont admirablement rendus les drapés et les textures, mais aussi la puissance des masses de corps, féminins ici, masculins là, qui s’aimantent et qui s’affrontent.
Mais Wenders n’en reste pas là. Il ne se contente pas de filmer l’espace scénique, il y pénètre. Et s’y déplace, avec ceux qui en sont en principe les seuls occupants. Il ose des mouvements de caméra 3D qu’on aurait crus impossibles sans des déséquilibres et des pertes de repères, mais que sa sensibilité de cinéaste (admirablement soutenue par le travail du spécialiste de cette technologie, Alain Derobe) transforme en véritables harmoniques visuelles du spectacle dansé. Et encore : il sort les danseurs dans les rues de Wuppertal, les emmène dans l’étonnant métro suspendu pour un scène gag mémorable avec monstre et oreiller, ou de vertigineux travellings embarqués. Il les envoie à la piscine, les installe dans une cimenterie ou au milieu d’un carrefour. Et voilà cette danse des pulsions intimes inscrite dans le monde, jouant des proximités et des lointains (« si loin si proche », bien sûr), des souvenirs et du présent, de la stylisation extrême et d’un réalisme prêt à en découdre avec les matières, avec les lumières, avec les morphologies, avec les bruits et les choses du monde.
Ce n’est pas, pas du tout comme assister à un spectacle de Pina Bausch, c’est par de toutes autres voies retrouver leur vérité profonde, leur justesse. Et c’est, en tournant un documentaire où la mise en scène est revendiquée à chaque plan, montrer combien la 3D peut tenir toute sa place dans la construction de représentations du réel, aussi loin des impératifs du spectacle forain de l’heroic fantasy ou du dessin animé que d’un pseudo-naturalisme du relief. C’est affirmer que toute image de cinéma, documentaire ou de fiction – c’est ici de manière si évidente les deux à la fois – est une construction, un geste de cinéaste, et que bien sûr la 3D peut y prendre sa place, et devenir partie prenante du vocabulaire d’un artiste.
On s’en fiche de faire un concours de créativité entre Cameron et Wenders, à ce jour il existe deux grands films en 3D, Avatar et Pina. L’un comme l’autre sont riches de promesses immenses, on a vu à ce qui a suivi Avatar combien ces promesses étaient difficiles à tenir, celles dont le film de Wenders est porteur le sont tout autant, il n’en est que plus remarquable, et plus chargé de désir de voir ce qui viendra ensuite.
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par derym sandrine, Jean-Michel Frodon. Jean-Michel Frodon a dit: "Pina", grand oeuvre de W Wenders https://blog.slate.fr/projection-publique/2011/02/19/%c2%ab-pina-%c2%bb-le-grand-oeuvre-de-wim-wenders/ […]
Force est de constater que nous traversons un vrai essor de la 3D.
A l’instar de Werner Herzog ou de Wim Wenders, j’étais un peu sceptique quant à la pertinence de cette technologie.
Et puis j’ai récemment découvert en me baladant sur internet un projet documentaire en 3D, retraçant la vie d’un illustre aviateur Inuit : Johnny May.
J’ai pu visionner les images de la bande annonce ainsi que l’interview du réalisateur et du chef opérateur en charge de la stéréographie (3D). Ce dernier semble justifier l’usage de la 3D pour le format documentaire, d’autant qu’il s’agit d’une 3D dès la prise de vue, et non pas appliquée en post-prod. Quand les décors sont magnifiés, cela prend tout son sens.
J’ai trouvé ce projet plein de promesse et suis même devenue co-productrice car l’initiative et le sujet m’ont beaucoup plu. Il est rare en effet de pouvoir suivre ce genre film et d’accéder à ses coulisses de la sorte. Si ça vous intéresse ou si vous voulez en savoir davantage sur ce documentaire, voici le lien http://www.touscoprod.com/ca/pages /projet/fiche.php?s_id=1
Les avantages liés au statut coprod figurent dans l’onglet des gains et services.
Un magnifique hommage en 3 dimensions :
– La Dance
– L’Amour
– Et l’Émotion
J’ai vu ce film en 3D en Allemagne, car il n ‘est pas encore sorti en salles en France et je ne peux que conseiller ce film qui laisse des traces… Le format 3D est prédestiné à ce genre de film. Pour avoir une autre approche du film, je conseille également la critique du film (De Nick’s movie à Pinas Film: témoignage vital de W. Wenders) sur le blog suivant: http://nainsdorgue.over-blog.com/article-de-nick-s-movie-a-pinas-film-lightning-over-water-68890653.html
[…] du cinéaste. « L’incontestable sommet » de la dernière Berlinale pour Jean-Michel Frodon qui, sur son blog Projection publique , voit dans Pina une œuvre « qui ouvre une nouvelle voie pour le cinéma de manière […]
ce film de wenders est merveilleux !
tous, ce travail, travail,travail, Pina
pour la joie de laisser tomber prendre grogner se souvenir se redresser sourir des bras de la croupe des pieds glissants des doigts du groupe frissoner debout quelle beauté
après tout ça reconstruire ces structures d’acier vert rubans qui font rouler ce dépassement des mesures cette usine c’est quoi ? cette crête bolivienne ! ventée
ces bourgeons du printemps magnolias à travers la transparence des vitres je n’avais jamais eu de place pour aller voir Pina always full,
Gracias à la vida et Wenders
je me souviendrais toujours de Nick’s movie pudique Social club ” c’est beau aussi new-York” et et et et et quel bonheur
dieu sait que nous souffrons
quel courage et ça vaut la peine quelle ressource ! et c’est la flotte partout .
ben dis donc!
j’ai aimé aussi le dernier Godard sur le bateau
en petit mais je ne sais pas comment ça marche !
“ma mère Moussia a été adoptée en mars 1921/1925 sous des faux noms à Berlin par la femme de son père Jacques Sadoul propagandiste de l’ internationale Komintern condamné à mort par clémanceau,acquitté en 25, orpheline d’une Tolstoienne bolchévique Maria Matassova morte du typhus à Karkov quand la môme avait 7 mois
mes liens avec l’Allemagne” !
j’y étais en 89
et j’ai vu, de nuit, les gardiens du mur de l’ouest désoeuvrés “chanter” en morse l’Internationale avec les vopos de l’est utilisant leurs lampes torches
en bonne” stalinienne “vous pouvez imaginer mon interprétation sic
ce Wenders a” trop” d’amour et Pina Baush un tel
genie
c’est magnifique
marion elissalt