Larges épaules, tête de souris, le numéro 5 ressemble à Alain Bernard.
Ce vendredi soir, la France affronte le Japon. Tout le monde s’en fout, et pourtant…
Si on écrit que le Japon est l’une des nations footbalistiques les plus importantes de la planète, la première réaction du lecteur risque d’être l’incrédulité. Ok, Nakata, Nakamura ou Kagawa, le Gamba Osaka, la Coupe du Monde 2002 et quelques bonnes perf’ en équipes de jeunes ou féminines, c’est sympa, mais ça ne casse pas trois arêtes à un sushi non plus. Sauf que l’importance du Japon ne se joue pas sur ça, mais sur l’univers culturel que les Nippons ont su développer autour du ballon rond.
Le football est plus qu’un sport : il est global, politique, économique, culturel et polymorphe. Sa grandeur et sa tendance à énerver ne se jouent pas seulement sur 22 mecs qui s’affrontent sur un terrain, mais sur toute la commedia dell’arte autour du jeu. Or, le Japon tient une responsabilité significative dans ce théâtre permanent.
1983 : le manga Captain Tsubasa est adapté en dessin animé. C’est la naissance d’Olive et Tom, qui déferle sur les écrans du Japon, puis dans le reste du monde quelques années après. Si au départ ce manga vise surtout à faire découvrir le football aux Japonais (le but dans l’histoire étant à la fin de partir faire carrière en Europe), il aura aussi l’effet de faire rêver les gamins occidentaux. D’un coup d’un seul, le football devenait cool. Unis, des enfants faibles, grâce à des coups spéciaux, pouvaient battre les gros durs de la récré ou des adultes. Dans Olive et Tom, tout est possible (n’oublions pas qu’on voit la courbe de la terre sur les terrains de foot).
A noter que dans les années 90, une autre série a été dévelopée en deux versions, une pour le Japon, une pour l’Europe. C’est l’Ecole des champions, ou Moero ! Top Striker en VO. Elle n’a connu qu’un succès limité. A tendance beaucoup plus réaliste dans le dessin et dans la mise en scène des matchs, elle n’avait pas la dimension presque messianique d’Olive et Tom.
Mais, au-delà des dessins animés, l’influence la plus forte du Japon sur le football est sans doute due au jeu vidéo. Si les premiers sont plutôt développés par des Américains et des Anglais, NASL Soccer, en 1979, ou Kick off en 1989, la révolution du genre intervient avec ISS Pro en 1995, l’ancêtre de PES, pardon, de Winning Eleven. Conçu par Shingo Takatsuka pour l’éditeur Konami, ce jeu permet enfin de prendre correctement les joueurs en main. Fini, les longues balles vers l’avant ou les séances de dribble sur les piquets servant de défenseurs.
Depuis des années, la guerre des jeux vidéo fait rage entre l’américano-canadien Electronic Arts (FIFA) et le japonais Konami (PES), longtemps considéré comme la référence de la simulation de foot. La baston a tiré les deux titres vers le haut et leur a permis de multiplier le nombre de gamers de foot. Par exemple, le nouveau FIFA s’est vendu à 4,5 millions d’exemplaires dans le monde en 5 jours. En 2005 et 2006, au sommet de sa gloire, PES a été vendu à plus d’1 million et demi d’exemplaires en France.
Soit, mais cela reste du divertissement, pourrait-on maugréer. Sauf que ce divertissement influe sur notre manière de voir le football et de l’appréhender tactiquement. Combien de fois pendant un match se surprend-on à penser les gestes techniques des joueurs en terme de bouton sur la manette? «Putain, il fallait faire triangle là !»
Et ce n’est pas non plus une coïncidence si c’est Sega qui a racheté Football Manager (le jeu a été pensé au départ par le britannique Eidos). Aujourd’hui, certains clubs de foot professionnels utilisent la base de données du jeu de simulation pour découvrir de nouveaux jeunes, comme Everton. Et l’expression, «Bon à Football manager, mauvais en vrai», est devenue assez courante. L’attachement assez suréaliste de certains fans à des joueurs inconnus, comme Kennedy Bakircioglü ou Shiva Star N’Zigou, vient du plaisir qu’ils leur ont apporté dans le monde virtuel. On le voit bien quand à chaque mercato, on nous tient au courant du futur d’Anthony Vanden Borre, dont la carrière est pourtant ratée.
On ne peut évidemment pas conclure ce papier sans parler de Mario foot. Ce jeu complètement loufoque, développé au Canada pour Nintendo (GameCube puis Wii) met en scène les personnages de la saga Mario sur un terrain de foot, façon manga. Les fans saluent son côté arcade et définitivement fun, plus inspiré par des combats que par des simulations réalistes. On se croirait à Furiani : des blocs de pierre tombent du ciel, on se balance des peaux de bananes et des carapaces, des tirs en boules de feu, et le terrain est entouré d’un grillage électrifié… Good old times.
Ludovic Job et Clément Noël
Plus que Barkircioglu le suedo-turque très bon dans CM 99/00, c’est Maxim Tsigalko dans le 00/01 qui reste gravé comme le meilleur joueur virtuel de l’entraineur.
Dans le CM 01/02 je voulais dire