Deschamps fait mieux que Blanc

Deschamps a même réussi à faire marquer Jallet

La France de Deschamps vient de battre la Biélorussie. Un “exploit” que Blanc n’a pas réussi en deux rencontres. Après trois matchs, la gestion de l’EDF de l’ancien capitaine des Bleus convainc plus que celle de l’ancien libéro.  La preuve ? Même Ménez a souri.

La charnière défensive

C’est sûrement là que la différence avec Lolo est flagrante. Alors que son prédécesseur restait dans la théorie, la Dèche fait dans le pragmatique. Le Président voulait allier un bon relanceur à un stoppeur dur sur l’homme pour avoir une charnière complémentaire. Il avait imposé Rami-Mexès sans que la paire ne justifie réellement cette confiance. Dédé, lui, fait avec ce qu’il a : deux jeunes au profil stoppeur. Heureusement pour l’homme à la brosse éternelle, les deux compères bûcherons semblent s’entendre et l’alliance fonctionne. Tant pis pour la relance. L’EDF va évoluer pendant les deux prochaines années avec quatre défenseurs centraux similaires :  Rami, Yanga-Mbiwa, Sakho et Koscielny. C’est moins beau sur le papier mais plus efficace sur le pré. Et puis, les Bleus avec une charnière rapide, on n’avait pas vu cela depuis six ans.

La gestion des tripoteurs

La liste de Blanc comportait un nombre important de tripoteurs de ballons. Les Ben Arfa, Benzema, Ribéry, Nasri, Ménez sont tous des aspirateurs à gonfle. Après avoir désespérément essayé d’en aligner trois ensemble sur la pelouse, Deschamps s’est hier résigné à n’en mettre que deux. Et la France a semblé moins empruntée (on ne peut pas dire plus à l’aise, faut pas déconner non plus) sur le plan offensif. Pour fluidifier le jeu, limiter les joueurs incapables de jouer en moins de quatre touches cela tombe sous le sens mais il fallait l’oser.

Eloigner Ribéry et Benzema

Ils ont beau être nos deux meilleurs joueurs et s’entendre comme larrons en foire, les deux ex de Zahia plombent le jeu de l’EDF à trop se chercher. Comme un bon prof de collège, Deschamps a éloigné les deux copains pour le bien du groupe. Mardi, contre la Biélorussie, Ribéry occupait le flanc gauche et Benzema le  droit. Les deux compères ont tout de même dézoné pour se retrouver mais ils ont aussi pu faire participer le reste de l’équipe au jeu.

Le dispositif tactique

Le mandat de Blanc s’était arrêté sur un constat terrible. La France ne joue jamais dans la surface adverse. La faute à Benzema, avant-centre incontestable mais décrocheur. Dès son premier match Deschamps associe donc le Madrilène a un vrai 9, Olivier Giroud. Après un bref retour au 4-3-3 classique avec Benzema en pointe contre la Finlande, le sélectionneur innove et envoie la Benz’ ambiancer le couloir droit. Une initiative plutôt intéressante qui mérite d’être revue, car elle permet au moins d’avoir un gonze dans l’axe à moins de trente mètre des cages.

Le milieu

La France n’a pas de milieux de terrain suffisamment costauds pour tenir l’axe à deux dans le football moderne. Cela rend le 4-4-2 caduc. Sous Blanc, le meilleur match de l’EDF a été réalisé contre la Bosnie en 4-3-3 avec un milieu sans meneur de jeu Diarra-M’Vila-Diaby. Mais Lolo n’a jamais reconduit cette formation, pensant qu’elle était obsolète sans l’homme de verre d’Arsenal. Deschamps se pose moins de question et envoie Capoue au front faire du Abou contre la Biélorussie. Résultat ? Moins d’impact dans le jeu puisque le Toulousain est moins offensif, mais un but quand même. Dans cette formation, les trois milieux ne sont pas là pour mener le jeu mais pour permettre aux artistes de devant de s’éclater en toute sécurité. Les rôles sont bien définis. Mavuba récupère, Cabaye éclaire, Capoue soutient, Ribéry provoque, Benzema bouge et Giroud conclut (ou devrait conclure…).

L’expérience

C’est le seul thème sur lequel les deux derniers sélectionneurs se retrouvent. Blanc s’appuyait sur un 6 d’expérience, Diarra. Ce sera Mavuba pour Deschamps. Patrice Evra s’impose à l’expérience pour le moment sur son couloir gauche malgré ses insuffisances, son passif et l’image qu’il renvoie. Didier ne pouvant compter, comme le Président, sur Malouda et Mexès, il rappelle Landreau en troisième gardien pour faire monter la moyenne d’âge de son équipe.

Et l’avenir ?

Le 4-3-3 sans meneur de jeu s’est avéré concluant et Deschamps devrait le reconduire. Yanga-Mbiwa étant suspendu, on devrait voir une charnière Koscielny-Sakho. Si Diaby est encore blessé, il faudra sérieusement se demander qui peut occuper ce poste. Surtout, on verra si Deschamps convoque Nasri à l’issue de ses trois matchs de suspension, et où il fait jouer le Citizen. Blanc avait cristallisé les attentes autour de Samir en le bombardant meneur de jeu, un rôle qu’il n’a jamais vraiment occupé en Angleterre. Enfin, le troisième poste sur le front de l’attaque – aux côtés de Ribéry et Benzema – devrait revenir à Loïc Rémy, s’il revient bien de sa blessure. Le Marseillais est apprécié par le coach et a la double qualité de savoir jouer en profondeur et à droite, deux manques récurrents chez les Bleus.

Olivier Monod

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Photo: REUTERS/Gonzalo Fuentes

Un commentaire pour “Deschamps fait mieux que Blanc”

  1. A noter également, la bonne idée de mettre Benzema sur l’aile – rentrant beaucoup, il crée de l’espace pour son latéral. Avec Debuchy ça peut envoyer du lourd.

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