Brandão tire la langue à la justice française
Le mercato se termine à minuit. Cette période d’ajustement des effectifs a confirmé que les clubs de Ligue 1 cherchaient surtout à dégraisser et que le PSG n’attirait pas un ponte. Coup d’œil sur quelques mouvements marquants de ce mois de janvier.
Le joueur qui sent le café: Maxwell
Beckham, Kaka, Pato, Tevez, Recoba, Jardel, (ah non, pas les deux derniers en fait), la succession de noms ronflants a enivré le mercato côté parisien. Au final, rien ou presque. Un défenseur remplaçant d’Abidal à Barcelone qui porte le nom d’une marque de café. Pas vraiment la carte d’or dont rêvaient les supporters. Après, pour soutenir les branleurs que le PSG a en attaque, renforcer la défense avec Maxwell et Alex,ce n’est pas non plus complètement idiot. What else?
Le joueur qui plombe le dialogue social: Peguy Luyindula
On parle là du meilleur buteur de Ligue 1 en activité, avec 86 caramels marqués sous les paletots de Strasbourg, Lyon, Marseille, Auxerre et enfin Paris. Un pedigree à faire frémir tout club jouant le maintien. Seulement voilà, depuis le début de la saison, Peguy Luyindula est cantonné à la CFA. Kombouaré ne pouvait plus l’encadrer ? Le Kanak est parti mais la donne n’a pas changé. “Est-ce qu’on peut piétiner la liberté de quelqu’un ? Aujourd’hui, je cherche ma liberté (mais) je ne suis pas transférable. Au final, je demande à ce qu’on casse mon contrat (…) Je ne veux plus rester et ils ne veulent plus de moi. (Mais) ils disent non, ils ne veulent pas”, déclarait-il à RTL. Luyindula a porté plainte pour harcèlement moral et réclame quand même 6,5 millions d’euros pour divers préjudices. “Je m’entraîne avec moi-même, je trottine tout seul. J’emmène mes enfants à l’école. Je suis assez seul à part mes avocats qui sont avec moi.” Moche et, surtout, loin de la Ligue 1 désormais.
Le joueur qui a compris qu’il avait le niveau milieu de tableau: Mevlüt Erding
Venu casser la baraque à Paris, pensant que ce n’était qu’une étape avant de s’envoler vers l’Angleterre, Erding part piteusement à Rennes, après plusieurs mois où le PSG le trouvait bien gentil, mais bon, il faut partir maintenant. Aller à Rennes, s’enfermer au milieu de la Bretagne, cela veut dire garder l’espoir de gagner quelque chose un jour, mais rentrer toujours bredouille… Il finira sa carrière dans l’indifférence à Trabzonspor.
Le joueur qui a trahi une ville, un peuple, l’Empire romain: Djibril Cissé
Djibril Cissé est arrivé à Rome accueilli par 300 personnes. Il était Enée venu de Grèce et prêt à fonder Rome, ville éternelle*. A ses côtés, il devait être aidé par le vieillissant Klose. Et puis voilà, l’Allemand a marqué but sur but et s’est retrouvé tout seul en pointe de la Lazio, tandis que Cissé a commencé à déprimer sur le côté droit, pour finir sur le banc. Il n’a pas été si honteux: quelques buts, des passes décisives, ce n’est pas si mal, mais cela restera une grande déception. Direction donc les QPR à Londres. Cissé devait restaurer l’Empire romain, il ne sera finalement toujours qu’un joueur de seconde zone avec des beaux tatouages.
Le joueur qui a assuré l’avenir financier de ses petits-enfants: Moussa Sow
Il rêvait de Liverpool et de ne plus jamais marcher seul. Ce sera finalement Fenerbahçe et un très beau salaire. Heureusement, car, vu les performances du Sénégal lors de la CAN, il faudra sans doute qu’il fasse venir toute sa famille en Europe pour la protéger d’une éventuelle vindicte populaire. Car, comme dit le proverbe: “Celui qui s’en prend à Wade, serait sot de ne pas s’en prendre en même temps à l’équipe nationale.”
Le joueur qui est poursuivi pour viol mais que son entraîneur aime bien: Brandão
Au final, l’exil de Brandão au Brésil ressemble plus à l’île d’Elbe qu’à Sainte-Hélène. Chassé de l’OM il y a un an en raison d’une affaire de viol, le maçon de São Paulo est rentré sur la Canebière dans la quasi indifférence générale, et avec la bénédiction de Didier Deschamps, apparemment beaucoup moins raide en matière de mœurs que son ex-président Dassier. Les publics de France se délectent de toutes les blagues pourries à faire, et de retrouver le coup de coude le plus fameux de Ligue 1.
Le joueur “E.T téléphone maison”: Lucho
Quand on s’est habitué à la douceur d’un bon Porto, il n’est pas toujours évident de goûter à l’amertume caractéristique du pastis. C’est tout le dilemme auquel a été confronté Lucho Gonzalez. Ça et les manières marseillaises, parfois indélicates. Lucho rentre donc à Porto, là où la statue du “commandante” n’a pas été souillée. Restera au Vélodrome l’image d’un joueur au port altier mais d’une lenteur à faire passer Laurent Batlles pour une Formule 1. 18 millions pour briser le signe indien et gagner un titre c’est cher quand même, surtout quand ça se finit en prêt avec option d’achat.
Le joueur qui a compris qu’il n’aurait pas une belle carrière: Ludovic Obraniak
Un mec humble, Obraniak, mais ça on le savait depuis qu’il avait choisi la sélection polonaise. Il en avait marre de jouer au pompier de service dans les rangs du LOSC. Un coup milieu droit, un coup ailier gauche, un coup relayeur, le plus souvent remplaçant, et le tout sous la pluie dégueu du stadium de Villeneuve-d’Ascq. Avec l’Euro en vue et le ras-le-bol de jouer les bouche-trous, ce “super sub” du pauvre a décidé de partir en Gironde, où sous Francis Gillot, on essaie de jouer à la lilloise, et de dépasser la dixième place. Il sera invité au mariage de Marc Planus et recevra une caisse de pinard du domaine de Mathieu Chalmé pour son anniversaire. Puis , dans deux ans, retrouvera Nancy, Auxerre ou Valenciennes.
Le joueur qu’on croit qu’il est fort mais qui va finir comme Pierre-Alain Frau: Nolan Roux
En 2004, il était le joueur français que les clubs s’arrachaient. Pierre-Alain Frau rejoignait finalement Lyon pour ce qui fut le début d’une carrière pas mal mais sans plus: Lens, PSG, Lille, Caen… PAF n’a jamais connu l’équipe de France qu’on lui promettait et n’a passé qu’une fois la barre des dix buts en Ligue 1. Star du milieu de tableau, deuxième choix dans une écurie du trio de tête, voila un bon plan de carrière pour Nolan Roux, passé de Brest à Lille pour 8 millions. Il a planté deux caramels lors du premier match, mais ne vous y trompez pas. Quelques barquettes de frites en trop, la bière locale et le départ à la fin de la saison d’Hazard feront baisser son rendement lors du prochain championnat.
Ludovic Job et Clément Noël
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*Oui, on sait que Rome a été fondée par Romulus et Remus, mais ce sont les fils de Rhéa Silvia, fille de Numitor, roi de la légendaire ville latine d’Albe la Longue, fondée par Ascagne, fils d’Énée. On avait juste raccourci.
Article qui devrait se trouver sur sofoot
Brillamment écrit, bravo !
Parfait !
Je rajouterais également Olivier Kapo et son retour à Auxerre après 8 ans, tel un ado revenant chez lui après avoir fait une bêtise.
Excellent article. En passant sur les Cahiers, ya ce petit sondage sur la bonne vieille Peguy. Le PSG veut le garder pour plusieurs raisons, notamment : “Pour montrer l’exemple à Tevez.” ! C’est drôle !
[…] Luyindula, Erding, Cissé, Sow, Brandao, Lucho, Obraniak et Roux : Plat du pied, Sécurité fait l’inventaire des “neuf salopards” du mercato d’hiver. Europe1 dévoile de son côté les dessous du marché des transferts, côté agents. Enfin, France […]
Je mets une caisse de Ruinart en jeux : Nolan Roux EDF 2013.
Toujours un plaisir de vous lire…
Assez sévère pour certain mais tout de même réaliste… Un bon article pour se lever du bon pied 😉