La France a toujours été une classe moyenne du foot

Le jour où Néné a compris que le championnat chypriote était meilleur que la Ligue 1

Les équipes françaises sont réduites à jouer les seconds rôles en Coupe d’Europe. Une situation qui affole les partisans du déclinisme du foot tricolore, mais qui est en fait très normale. Depuis 50 ans, la France a toujours été une classe moyenne du foot européen.

Avec le tirage au sort des phases finales de la Ligue des champions et de l’Europa League, renaît l’inévitable débat sur le déclin du foot français. La peur porte un nom: coefficient UEFA. L’équipe nationale, après ses dernières compétitions catastrophiques, a déjà largement rétrogradé au classement des nations européennes, au point d’avoir rejoint le quatrième chapeau. C’est désormais la Ligue 1 qui est menacée. Actuellement 5ème, le championnat français pourrait être doublé par ceux du Portugal, voire de l’Ukraine et de la Russie. Notre triple A va bientôt disparaître, et notre troisième place en Ligue des champions ne tient plus qu’à un fil. Dur pour l’égo.

Il est en effet fort possible que Marseille soit sorti de la LDC dès les huitièmes de finale. L’OL, bien verni avec Nicosie, passera sûrement un tour en hiver, mais pas le printemps. Les équipes de Ligue 1 peuvent-elles de toute façon espérer davantage qu’un quart de finale ? Quant à l’Europa League, compétition mineure mais au niveau plus adapté à nos moyens, elle est snobée par les clubs hexagonaux. Pas un seul représentant en 16èmes de finale. Sochaux n’a pas atteint la phase de poules, Rennes est tombé sur un groupe compliqué (et ne s’est pas non plus défoncé), et Paris n’a rien trouvé de mieux que de perdre contre le Red Bull Salzbourg.

Ce qui accrédite bien l’idée que cette compétition, qui amène plus d’emmerdes que de retombées, passe pour nos clubs par pertes et profits. Autant dire que les points UEFA seront rares en fin de saison côté français. Les autres nations, elles, ne nous attendent pas. Les Pays-Bas (4 équipes), le Portugal (3), la Belgique (3), ou encore la Grèce, la Turquie et la Russie (2 équipes chacune) ont envahi la coupe aux petites oreilles.

Cela a beau affoler tous les éditorialistes du foot, la dégradation de la note de la Ligue 1 serait au final une bonne nouvelle. Un coup de pied au cul salvateur, qui ferait comprendre à tous les entraîneurs français que rien ne sert de se battre toute une saison pour décrocher une place européenne si l’on se contente de faire de la figuration dans ces compétitions. La Ligue des champions est une marche trop haute ? Pas de problème, on enverra peut-être quelques équipes dans le dernier carré de l’Europa League. Chose qui n’est plus arrivée depuis l’OM en 2004.

Symboliquement, cela permettrait à tout le monde de comprendre que la France n’a pour l’heure aucune chance de lutter avec le Top 4 des championnats européens (Espagne, Angleterre, Allemagne, Italie). Et ceci n’a rien d’infamant. Depuis le premier coefficient Uefa en 1960, le championnat tricolore squatte bien plus le peloton européen que le trio de tête. La preuve en graphiques.

Classement annuel du championnat français entre 1960 et 2011. Notre bonne vieille “Division 1” n’a intégré le top 3 européen qu’à six reprises en 51 ans. En 1960, grâce au Stade de Reims, et entre 1993 et 1997 (OM, PSG, Bordeaux…).

La nation la plus présente dans le Top 3 est l’Italie (36 fois en 51 ans). Suivent l’Angleterre (33), l’Espagne (32) et l’Allemagne (26). Le corps du foot européen, c’est eux.

Italie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Angleterre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Espagne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allemagne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On a ensuite examiné les performances du Portugal et des Pays-Bas, nos concurrents les plus directs au coefficient UEFA. On a décidé de se dispenser de suivre les performances de l’Ukraine et de la Russie, dont le classement footballistique est plus récent. Conclusion: depuis 50 ans, le championnat français se situe dans les mêmes eaux que celui des Pays-Bas, qui n’a intégré le Top 3 qu’à 8 reprises. Le Portugal est en retrait. L’Ajax, le PSV et même Feyenoord peuvent en tout cas donner des leçons de palmarès à nos équipes.

Pays-Bas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Portugal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moyen, le foot français peut au moins se féliciter de ne pas avoir complètement disparu de la circulation. La Hongrie des années 60 (dont le championnat a été classé à 6 reprises dans le Top 3), voire l’Ecosse (4 fois dans le Top 3) ont complètement chuté. En 2011, les hommes en kilt étaient 15èmes (et ils vont se faire griller l’an prochain par Chypre…) et les Magyars 32èmes. Même topo pour la Belgique (bien ancré dans le haut du classement au tournant des années 80) qui est aujourd’hui en 13ème position.

Sydney Maréval

Photo Reuters

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8 commentaires pour “La France a toujours été une classe moyenne du foot”

  1. […] Slate.fr (Blog) […]

  2. Il fallait que ce soit dit !! Notre 4e place des années 2010 est une continuation d’un âge d’or inespéré des années 90 que nous n’avons même pas confirmé au palmarès.

    Comment peut-on se voir trop beau pour la Coupe UEFA quand le palmarès se réduit à une seule C1 et une seule C2 ?

  3. D’accord sur le fait que notre 4ieme place est le mieux que l’on pouvait viser de toute façon.
    Je ne suis pas sur par contre que les équipes françaises se voient trop belles pour la coupe de l’UEFA.
    AMHA, c’est plus due à la rémunération de la C3 (très inférieure à la champion’s league) et au fait que généralement, les équipes qui vont en UEFA sont de bonnes équipes du championnat mais pas des grosses cylindrées. Elles n’ont donc pas la profondeur de banc pour se permettre de jouer la C3 à fond sans risquer de se pénaliser en championnat (les staffs ne prennent pas le risque en tout cas). D’où le cycle un peu malheureux on joue pour se qualifier pour l’europe mais quand on y est on s’en fout mentionné dans l’article.

  4. Analyser l’historique sur 50 ans n’a pas de sens car la france est un nouveau pays du foot, avec un potentiel important. Le business du foot s’est vraiment devloppe en france dans les annees 90. Auparavant les grandes villes paris marseille lyon n’avaient pas de clubs dignes de ce nom, des infrastructures minables, le foot etait bien moins mediatique. dans les annees 80-90, L’offre a cree sa demande, la france a commence a se passionner. Mais trop tard: la fiscalite etait devenue defavorable et l’arret bosman a stoppe net le beau decollage des clubs de paris et marseille. Ce qui est navrant c’est qu’aujourd’hui on a des stades, un public (pas suffisant pour 5 clubs a paris bien sur…), des medias, mais trop d’impots.

  5. Le niveau de la L1 française est assez homogène mais c’est surtout un manque de régularité et de stabilité des GROS clubs français ainsi que le manque de moyen financier.

    Y’a 2 ans, Lyon et Bordeaux se retrouvaient en quart de la ligue des champions, c’est pas rien et Monaco en 2004 en finale.

    De plus, le jeu pratiqué en France est beaucoup basé sur le tactique et le physique moins sur le jeu et la qualité technique, c’est pour cela qu’il est difficile pour les grosses équipes françaises de se maintenir dans le top 3 (le seul contre-exemple, ça a été Lyon et sa domination).
    Bordeaux a totalement disparu depuis 2010.

    La C1 a une attractivité (financière et sportive) tellement énorme comparé à la C3 que la C3 sert de bouche trou.

    Je me rappel que la C2 était quand même assez attractive.
    A l’heure actuel, la C3 est un tremplin pour chaque équipe pour pouvoir jouer en C1.

  6. […] La France a toujours été une classe moyenne du foot Le jour où Néné a compris que le championnat chypriote était meilleur que la Ligue 1 Les équipes françaises sont réduites à jouer les seconds rôles en Coupe d’Europe. Source: blog.slate.fr […]

  7. Les déclinologues gagneraient en crédibilité s’ils se renseignaient sur le calcul du coeff UEFA.

    Pour l’obtenir, on divise le nombre de points obtenus par les clubs (2 pts la victoire, 1pt le nul, ainsi que quelques bonus pour la C1), par le nombre de participants.

    Dès lors, un club comme Sochaux cette saison, ou Montpellier et Guingamp les années précédentes, ont largement plombé le coefficient français.

    Et c’est ce système qui explique la stabilité française à la cinquième place. Les championnats qui nous succèdent possèdent certes de bonnes (meilleures ?) équipes (Porto, Ajax, Zenith, etc.), capables d’aller loin en coupe d’Europe, mais pas suffisament pour s’assurer un équilibre numérateur-dénominateur suffisant.

    Résultat : dès qu’un championnat qualifie “trop” d’équipes, il redescend immédiatement dans la hiérarchie avec des équipes médiocres, qui ne dépassent pas les tours préliminaires.

    Quand on a compris cela, on peut rejoindre Dzeko pour dire que l’homogénéité du championnat de France empêche peut-être de dépasser les trois ou quatre gros championnats, mais permet surtout de se stabiliser à la cinquième place, le moins bon club français permettant de marquer plus de points que les moins bons clubs des autres championnats du “second chapeau”…

  8. Donc en gros on reste devant les ‘petits’ championnats parce qu’on a regulierement 2 clubs au deuxieme tour de c1. Ce qui a peu a voir avecl’homogeneite du championnat, Merci lyon et marseille.
    Avec paris on aura bientot 3 clubs valables, et peut etre 4 avec monaco, si bien que la l1 devrait conforter sa place a moyen terme.

    C’est quand meme dommage que la fiscalite soit si desavantageuse par rapport aux 4 gros championnats…

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