Samuel Eto’o vient de signer à l’Anzhi Makhachkala. Un club russe du Daguestan, au palmarès aussi vierge que celui d’Arles-Avignon. Mais qui espère bientôt régner sur l’Europe, grâce aux millions de son généreux proprio, 118ème fortune mondiale.
Samuel Eto’o Fils se produira bientôt au Dinamo Stadium de Makhachkala, capitale de la République du Daguestan. Après le Camp Nou et San Siro, voilà une bien belle évolution. Le Camerounais touchera 20 millions d’euros nets par an, ce qui en fait, et de loin, le footballeur le mieux payé de la planète. Il rejoint un championnat russe au prestige grandissant, mais pas pour jouer dans les formations moscovites ou au Zenith Saint Petersbourg, le FC Gazprom. Non, Saméto a opté pour l’Anzhi (prononcer Anji) Makhachkala. Un club inconnu il y a quelques mois, mais qui a claqué depuis le mois de janvier plus de 70 millions d’euros sur le marché des transferts (Roberto Carlos, Diego Tardelli, Boussoufa, Zhirkov).
La formation du Daguestan, avec sa voisine de Tchétchénie du Terek Grozny, espère redorer le blason du Caucase, ravagé par des années de guérilla contre le pouvoir central russe. Les deux rêvent d’ailleurs d’accueillir des matches du Mondial 2018, qui sera organisé par la Mère Patrie. Au Daguestan, où les attaques d’insurgés islamistes contre la police et les autorités gouvernementales sont quasi quotidiennes, le mec qui tient le chéquier s’appelle Suleïman Kerimov. Cet oligarque de 45 ans est un des hommes les plus riches de Russie, et la 118ème fortune mondiale, selon le magazine Forbes. Ancien député à la Douma, Suleï n’est pas de retour dans sa région de naissance pour plaisanter. Avec l’Anzhi, il rêve de remporter la Ligue des champions. Enième lubie d’un milliardaire qui ne sait pas quoi faire de ses thunes? Même pas sûr. Makhachkala est aujourd’hui 4ème du championnat russe, pas loin des places qualificatives pour la prochaine LDC. Pas de quoi rougir quand on entend le même refrain du côté des Parc des princes…
L’entreprise de Kerimov a promis d’investir plus d’un milliard d’euros dans des infrastructures d’équipement de la région. Le patron souhaite aussi promouvoir le sport et un “mode de vie sain”. Objectif: avoir au moins un joueur du cru dans la sélection russe lors du Mondial 2018. Une compétition que Kerimov rêve de voir en live au Daguestan. Pour l’instant, les joueurs de l’Anzhi s’entraînent la semaine dans la banlieue de Moscou et ne rejoignent Makhachkala que deux jours avant les matches à domicile. Les joueurs ont beau faire semblant de croire que tout va pour le mieux dans la petite République, les temps restent plutôt agités, comme le raconte le reporter de The Independent Shaun Walker. Le vieux Dinamo Stadium, avec ses 16.000 places, est toujours plein (avec des billets à moins de 3 euros, ça aide). Mais une nouvelle enceinte flambant neuve de 40.000 places devrait sortir de terre d’ici quatre ans. De quoi accueillir l’équipe pro à plein temps, et, pourquoi pas, de postuler comme ville hôte pour la Coupe du monde.
Quelques centaines de kilomètres à l’ouest de là, à Grozny, un autre président affiche clairement ses ambitions. Ramzan Kadyrov, 34 ans, dirigeant autocrate de la République de Tchétchénie et accessoirement boss du FK Terek Grozny, compte sur le foot pour magnifier un bilan dont il est très fier: “On dit que Kadyrov est méchant, que la Russie est méchante. Nous, nous montrons qu’une population de plus d’un million d’habitants vit en république et se développe dans le sport, dans l’éducation”, expliquait-il à Libération. La réalité est moins réjouissante: meurtres, enlèvements, torture… Kadyrov et son clan, arrivés au pouvoir en 2007, font régner la terreur en Tchétchénie, où la guerre est officiellement terminée depuis 2000.
Cela n’a pas empêché plusieurs anciennes stars du ballon rond d’aller faire les clowns à Grozny au mois de mai dernier, pour inaugurer en grande pompe le nouveau stade du Terek. Maradona, Figo ou Barthez étaient là. Alain Boghossian a même gagné une montre dans l’opération. Kadyrov a de la chance, il bénéficie du complet soutien de Moscou pour financer ses délires et son objectif de faire de Grozny “la capitale du Caucase”. Du coup, lui non plus ne désespère pas d’accueillir des matches du Mondial 2018.
En attendant, le barbu ventripotent compte bien mener son Terek à la Coupe d’Europe. La tâche est plus compliquée que du côté de Makhachkala. L’argent ne manque pourtant pas à Grozny, apporté par un mystérieux businessman, Bulat Chagaev, également à la tête du Neuchâtel Xamax, en Suisse. Mais le club tchétchène n’est que 10ème (sur 16) du championnat russe, avec notamment dans ses rangs Ewerthon, ancien attaquant du Borussia Dortmund.
Quant à l’expérience Ruud Gullit, l’ancienne star des Pays-Bas bombardée entraîneur il y a quelques mois, elle s’est terminée en foirage intégral, ponctuée par ce communiqué final de Kadyrov: “Il [Gullit, ndlr] doit savoir qu’il n’a pas été invité pour passer ses nuits en boîte de nuit, mais pour travailler dans un club et surtout, obtenir des résultats. Nous n’avons pas de consommation de drogue, ou une indécente vie nocturne institutionnalisée comme aux Pays-Bas ou en Europe. A Grozny, il y a toutes les conditions réunies pour des personnes qui vivent une vie saine.”
Sidney Maréval
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Crédit photo: Flickr CC/Global Sports Forum
comme le pied reflechi mieux que le cerveau.il est preferable d acheter un ballon a son enfant que de l amener a l ecole.bonne Samuel pour la suite et merci pour tout. signe fouman
Quoi que l’on dise, Eto’o a pleinement raison d’aller à l’est.
Il a aujourd’hui 30 ans et je pense qu’il n’a plus rien à prouver.
Il est grand temps pour lui de songer déjà à son avenir post-footballistique. Une bonne petite fortune ferait bien l’affaire.
Soyons pragmatique.
du courage Eto’o. si tu pouvais offrir un mois de ton salaire pour la construction d’un stade digne à ton pays?
juste une précision : le fait qu’Anzhi soit actuellement 4e ne les rapproche pour l’instant pas plus que le Lokomotiv 8e puisque le championnat russe se jouera en deux parties cette saison (pour se caler sur les calendriers de l’ouest).
Ainsi, il faut d’abord finir dans les 8 premiers pour pouvoir ensuite jouer le titre et les accessits européens.lors de la seconde phase (14 matchs)
@nico: merci de l’éclairage, qui a son importance en effet.
Et vous avez lu la déclaration de samuel pour son ancien club et ses supporters ? sinon y’a patrick m’boma qui lui, parle de son “arrêt de mort sportif” http://bit.ly/oBvnA1
[…] toekomst van het Europese voetbal bevindt zich іn het Oosten, schrijft Slate.fr. Toen vorige maand een nieuw stadion werd ingehuldigd іn het door de oorlog verwoeste Grozny, […]