On était presque en train d’oublier… Laurent Blanc commençait à rendre les matchs de l’équipe de France potables, Paris s’amusait à souligner les carences défensives marseillaises, Aulas gueulait dans les couloirs et les joueurs de Lens se tapaient dessus. Bref la France du foot voguait paisiblement sur les flots de la Ligue 1, loin du cauchemar de Knysna…
Hélas! Deux événements nous replongent dans les tumultes du dernier Mondial. Honnêtement, l’échec – attendu – des états généraux du football nous laisse de marbre. Mais le retour sur le devant de la scène, le même jour, de Domenech et des primes des joueurs pour le Mondial, c’est trop.
Ces messieurs veulent revenir sur la parole de leur capitaine de ne pas toucher leurs primes. Permettons-nous un petit commentaire: mais qu’ils sont bêtes!
Beaucoup d’entre eux sont à peine remis du “traumatisme” du bus de la honte, que déjà ils attisent les braises encore chaudes d’un conflit dans lequel ils passent systématiquement pour les méchants. Toulalan et Gourcuff vont-ils pouvoir supporter un retour médiatique sur ce sujet? Eux, qui n’ont quasiment pas mis un pied devant l’autre depuis le début du championnat… Blanc va-t-il apprécier ce retournement de veste intempestif de la part de joueurs dont beaucoup ne sont pas incontournables dans le groupe (Sagna, Gignac, Clichy)?
“On est un peu embêtés que l’affaire soit sortie“, a déclaré le nouveau capitaine Alou Diarra. Décidément, ils sont pénibles ces journalistes qui savent tout et qui publient leurs informations! Il peut être embêté, le grand Alou, parce que cette histoire pourrait bien avoir plus de conséquences que prévu.
Déjà, elle discrédite complètement Evra. Le défenseur de MU, lui aussi marqué par l’événement, commençait à remonter la pente en terme de niveau de jeu. Pour retrouver l’équipe de France, il faudra non seulement que ses jambes le lui permettent mais que ses coéquipiers aussi!
Ce retour maladroit sur le devant de la scène ennuie aussi le reste du groupe. On les (re)découvre individualistes, incapables de tenir leur parole et vraiment pas doués en terme de communication. La seule défense qu’ils pouvaient opposer à leurs détracteurs était celle de la solidarité. Mais maintenant qu’ils reviennent sur la promesse de leur capitaine – et porte-parole – de l’époque, ils ne démontrent que leur égoïsme sans bornes. “Dans leur ensemble, les joueurs estiment n’avoir jamais voulu abandonner cette prime, considérant qu’Evra a parlé un peu vite et poussé le bouchon un peu loin“, lit-on dans l’Équipe.
Traduction: “T’es gentil Pat’, tu as servi de paratonnerre pour nous tous, tu as pris tes cinq matchs de suspension tout seul, sans qu’aucun d’entre nous ne lève le petit doigt mais franchement, dire qu’on allait s’asseoir sur nos primes, c’était une connerie de ta part!”
“Notre objectif est de le redistribuer à des œuvres caritatives” se défend le Bordelais Diarra. Super! Nos internationaux veulent redorer leur blason en attribuant l’argent auquel ils avaient renoncé à des causes humanitaires. Les pauvres, ils ne pouvaient pas financer eux-mêmes leur opération rachat auprès du grand public.
“En clair, on veut cet argent pour pouvoir l’utiliser comme nous pensons qu’il doit l’être. On est conscients de nos responsabilités et du besoin de reconquérir le public“, reprend la tige. Bah oui, ils sont sûrement mieux placés que la fédé, qui organise des matchs tous les week-end dans tous les bleds de France et dont certains éducateurs font leur boulot dans des conditions pas faciles, pour savoir comment redorer l’image des footballeurs et de leur sport. Essayons d’imaginer leur choix. Neuf de cœur, l’asso de JPP? ELA, soutenue par Zidane? C’est fou comme ces mecs, passés par des centres de formation ne savent pas rendre, un peu, à ceux qui les ont fait…
“Il” est de retour. L’ennemi public numéro 1, l’homme dont la cote de popularité est en dessous de celle de Sarkozy: Raymond Domenech. Non seulement il revient, mais il joue avec son image et il se fait des thunes! R-D tourne dans une publicité virale pour une marque de poker en ligne…
Raymond nous la joue loser honni qui revient après un passage à vide, une remise en question et pas mal d’entraînement. OK pour le personnage de la pub mais l’homme est-il vraiment passé par toutes ces étapes? Visiblement, non, il n’a pas su “tout quitter”. L’ancien coach est une nouvelle fois au diapason de la médiocrité de ses joueurs, ou l’inverse, puisque lui aussi réclame du fric à la Fédé en portant son licenciement aux prud’hommes.
“Nous réclamons 2,9 millions d’euros, en deux blocs, un premier au titre des indemnités de licenciement – 400 000 euros avec des rappels de salaire – et un second au titre de réparation du préjudice professionnel et moral, évalué à trois ans de salaire”, explique Maître Connesson.
Sur la forme, le procès portera sur le fait de savoir si les trois fautes reprochées à Raymond constituent des fautes graves. Ne pas serrer la main de l’entraîneur de l’Afrique du Sud Carlos Alberto Parreira, ne pas avoir averti le président Jean-Pierre Escalettes des insultes de Nicolas Anelka, et lire le communiqué des joueurs grévistes le 20 juin à Knysna justifient-ils un licenciement pour faute grave? On s’en fout un peu.
Le fond du problème est plutôt de remettre la Fédé face à ses responsabilités et de ne pas considérer qu’avec la suspension de quelques joueurs, le licenciement de Domenech et la démission d’Escalettes, les coupables ont été trouvés. Si les prud’hommes donnent raison à Domenech, la Fédé devra alors se regarder dans un miroir de manière plus attentive que lors des récents états généraux du football.
Olivier Monod
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Crédit photo: Reuters/Charles Platiau
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