Pour la Fifa, le tacle est mort

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GazzaAvatarLa France est en reconstruction. Il faut tout réinventer. L’état d’esprit, le philosophie, le style et le système de jeu. Ca tombe bien, la Fifa pond un rapport technique (pdf) après chaque grande compétition. 289 pages d’eau tiède qu’on vous résume, pour comprendre ce qui marche dans le foot moderne et alimenter des discussions de comptoir. Entre jeunisme et défense debout.

Prime à la défense. Merci Mourinho, merci l’Espagne. Plus que jamais, le foot consiste à ne pas prendre de but. En AfSud, sur 64 matchs, l’équipe ouvrant le score a gagné 46 fois. Tant pis pour le jeu, tant pis pour l’affluence des troquets et des stades. Un jeu fermé avec un but pourri sur coup franc, le dernier Bordeaux-Lyon en paravent du foot moderne. Christian Jeanpierre le répète depuis suffisamment longtemps. “On connaît l’importance des coups de pieds arrêtés“.

Les sélectionneurs semblent l’avoir entendu. “Les équipes les plus performantes ont toujours essayé d’éviter les fautes « bêtes » ou « inutiles » aux abords de leur surface de réparation”, affirme le rapport de la Fifa. Pas con quand on est censé être la crème de la crème. Avec une recette en trois points: défendre debout, groupé et haut.

Le tacle est mort

Les experts du foot international sont impitoyables. “Effectuer des tacles met l’équipe en danger. Les défenseurs doivent rester sur leurs appuis et faire preuve de toute l’agressivité nécessaire pour récupérer le ballon sans se jeter déraisonnablement dans les jambes de leurs adversaires“. RIP Eric Di Meco… Les équipes qui défendent debout sont de redoutables contre-attaquantes. Une récupération propre, haute sur le terrain pour une projection laser vers l’avant. Justement, les “transitions rapides” sont la “clef du football moderne“, dixit les rapporteurs. Mon voisin de comptoir n’aurait pas dit mieux. Même le nouveau sélectionneur français a commencé à appliquer cette philosophie contre la Bosnie en faisant jouer un milieu def’ très haut sur le terrain.

Vive les jeunes

Ceci-dit, il ne suffit pas d’arriver sur le terrain, et de se jeter comme des morts de faim sur tous les ballons, il faut aussi savoir qu’en faire… Comme un clin d’œil aux Bleus de Domenech, le rapport précise bien qu’il faut avoir une stratégie avant de rentrer sur le pré: “les équipes qui ont connu le succès lors de cette Coupe du Monde sont restées fidèles à leur orientation technique“. “Mais c’est quoi un projet de jeu, merde?” demandait Raymond-l’amateur à SoFoot en mai 2009. Visiblement les autres sélectionneurs le savaient, certains ont même élaboré deux projets de jeu! A l’inverse de l’Allemagne ou du Brésil, les meilleures équipes avaient “la capacité à réagir en fonction de la situation“, dixit la Fifa, qui redécouvre que des mecs payés en millions sont capables de s’adapter selon le score d’un match (bon, ok, les Français faisaient des passes en arrière à 0-2 contre le Mexique). A ma droite, Roger opine du chef en commandant un autre Picon.

On ne reviendra pas sur la suprématie du 4-2-3-1 affichée durant la compétition et soulignée par la Fifa. En revanche, le rapport relève avec intérêt “la prise de pouvoir de la jeunesse [… ] Si l’on compare les quatre demi-finalistes de 2010 et ceux de 2006, on constate que leur moyenne d’âge est plus jeune de deux ans. Il convient aussi de noter que trois de ces quatre équipes figurent régulièrement parmi les meilleures équipes des compétitions continentales et des Coupes du Monde dans les différentes catégories d’âge“. Là encore, un satisfecit implicite à Lolo-la-touillette. En Bosnie les jeunes ont mouillé le maillot.

Entraîneur local

Mais la FIFA ne s’intéresse pas qu’au terrain. Selon elle, la faillite des nations africaines s’explique aussi par le recrutement de sélectionneurs étrangers. “Ceux-ci, incapables de  s’ identifier totalement à la culture, à la mentalité et au style de vie des Africains ou ignorant les coutumes locales (sic), ne pouvaient espérer avoir de grandes perspectives de succès“.  Bon, côté connaissance des us et coutumes locales, avec l’enfant dans le porte-bagage, on est tranquille!

Le plus inquiétant au final, c’est que la Fifa exprime dans ses rapports des réflexions dignes de n’importe quel PMU.

Olivier Monod

Photo: Michel Avanzini  (FC Lausanne) tacle Vagner Love (CSKA Moscou). Le 16 septembre 2010. REUTERS/Denis Balibouse

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