La France a perdu lamentablement mercredi soir 2-0 contre l’Espagne. Une chose est sûre, elle ne gagnera pas la Coupe du Monde (et nous offrons une pinte aux dix premiers lecteurs qui nous envoient un mail après sa victoire le 11 juillet 2010). La question est juste de savoir à quel stade elle va perdre, et de quelle manière. Nous avons pioché dans notre riche histoire peuplée de défaites pour élaborer 5 scénarios d’élimination. Alésia ou la science tactique mexicaine, Azincourt et les artilleurs argentins, Waterloo ou l’équipe à bout de course, Fachoda ou la fourberie anglaise et Juin 1940 et la blitzkrieg urugayenne.
Alésia, -52
Raymond portait déjà la moustache
A Gergovie, contre toute attente, les Français ont battu à plate couture les Uruguayens. Ils arrivent confiants contre le Mexique, en position de supériorité morale et physique. Tout le monde pensait qu’ils allaient s’effondrer après les défaites incessantes ces derniers mois. Mais grâce à cette victoire, ils partent à l’assaut de Mexicains qui ont décidé de jouer la défense puis la contre-attaque.
Suite à deux échecs en première mi-temps contre le gardien Mexicain, une troupe d’élite – Henry, Gourcuff et Anelka – est constituée et mise sous le commandement de Ribéry, un proche de Domenech. Après une longue marche le long de la ligne de touche, Ribéry attaque la surface de réparation depuis le côté droit. En même temps, les milieux défensifs français s’approchent des fortifications mexicaines.
Les Mexicains, attaqués de toute part, commencent à céder, d’autant que les Français réussissent à combler les obstacles. L’entraîneur mexicain envoie Carlos Vela en renfort pour le camp supérieur. Javier Aguirre injecte ensuite des remplaçants frais. Ayant refoulé les Français, les milieux défensifs mexicains rejoignent les attaquants tandis que les latéraux contournent les retranchements extérieurs, Evra et Sagna, et prennent Abidal à revers. Voyant les attaquants mexicains derrière eux et de nouvelles cohortes approchant, les Français prennent la fuite. Les Mexicains leur coupent la retraite et les massacrent. Ribéry est capturé. Voyant ce désastre, Domenech ordonne le repli de ses troupes. Au signal de la retraite, les remplaçants quittent le stade et s’enfuient.
Le lendemain, Domenech décide de se rendre. Après la reddition de la France, la plupart des joueurs français – sauf Gourcuff et Ben Arfa – sont réduits en esclavage et distribués aux clubs de Ligue 2, « à raison d’un par tête » (Javier Aguirre, B.G. VII, 89).
Merci à Wikipédia pour la description de la bataille
Azincourt, 1415
Quand Diego ouvrira les mains, il sera question de “chupar”
Pendant les trente premières minutes de ce huitième de finale, il n’y a aucun combat. Diego Maradona fait alors avancer ses joueurs vers les lignes françaises, d’une part pour les provoquer et les faire attaquer, d’autre part pour occuper la partie la plus étroite du terrain, entre le rond point central et la surface de réparation. De plus, en se plaçant ainsi, il met les Français à portée des tirs de ses artilleurs Tevez et Higuain.
Les deux attaquants, fourbes, se réfugient derrière le rideau des milieux argentins pour parer les charges de Lassana Diarra. Les milieux français essuient une volée de tirs puis, devant les provocations des Argentins, décident de charger, sans tenir compte du rapport des éclaireurs, Sagna et Evra, et oubliant les leçons des batailles contre l’Espagne en amical et le Mexique au premier tour. Une première charge de nos milieux est anéantie en quelques instants par les traits des milieux argentins. Les chevaliers à pied, Henry et Ribéry, prennent alors le relais. Les défenseurs argentins les accueillent par plusieurs volées et tacles assassins, qui les immobilisent.
Sous le poids de leurs âges, ils s’enfoncent profondément dans la boue à chaque pas. Ils atteignent cependant les lignes argentines et engagent le combat avec les défenseurs. Pendant un court moment, le combat est intense. La mince ligne des défenseurs recule. Diégo Maradona est presque mis à terre. À ce moment-là, les attaquant argentins, prennent leurs haches, épées et autres armes, et pénètrent dans les rangs désordonnés des Français. Embourbés, ceux-ci ne peuvent se mouvoir pour faire face à leurs assaillants. Leurs hommes sont tous tués ou capturés. La deuxième ligne du camp français, Diarra et Toulalan, s’avance, pour être engloutie dans la mêlée et subir le même sort. La troisième ligne, Gallas et Abidal, cherche et trouve la mort. Lloris est rapidement décapité.
Contrairement aux ordres de Diégo, les hommes d’armes argentins profitent du premier but pour se relâcher et font de nombreuses passes à dix espérant fatiguer définitivement les Français et les revendre ensuite à bon prix à un club du Qatar. Craignant de perdre le contrôle, le roi Maradona ordonne alors à ses remplaçants, Saviola et Palermo, de massacrer tous les Français. Revenant même le lendemain matin sur le terrain, il fait supprimer Bakary Sagna qui avait survécu.
Merci à Wikipédia pour la description de la bataille
Waterloo, 1815
Un match engagé
L’empereur Domenech revient de son exil consécutif à l’échec de la campagne européenne de 2008, aidé par son fidèle Henry. Les pays libres ont formé une alliance redoutable composée de l’Uruguay, du Mexique et de l’Afrique du Sud pour arrêter les délires mégalos du petit Français. Le monde entier garde en mémoire la terrible campagne des grognards en 2006. L’armada française avait bien failli conquérir le monde avant de devoir effectuer une retraite honteuse après une finale perdue contre les Italiens.
L’équipe semble la même sauf que l’arme fatale de l’empereur, le capitaine Zidane, n’en fait plus partie. Privée de son homme fort, les résultats ne sont plus aussi bons, symbolisés par la Bérézina de Berne contre les Hollandais il y a deux ans.
La première escarmouche a lieu le 11 juin contre les forces uruguayennes. Domenech maîtrise bien les assauts adverses grâce à deux lignes de quatre défenseurs (Sagna, Gallas, Abidal, Evra, Reveillère, Toulalan, L.Diarra, Cissokho). Malheureusement la communication passe mal entre lui et Henry. Ce dernier interprète mal les consignes du coach et ne franchit pas la ligne médiane. 0-0 score final. “C’est une victoire, nous avons bien neutralisé Forlan”, pense le stratège français. Il espère que ce premier “bon résultat” lui donnera un avantage psychologique.
Le deuxième match est pensé comme une diversion à destination des futurs adversaires. Notre brillant meneur d’homme national brouille donc les pistes. Ribéry est titularisé en pointe à côté de Cissé et les clefs du jeu sont confiées à Malouda et au jeune tambour Rémy. L’empereur confie son arrière garde au fidèle Boumsong. Avides de montrer leur valeur, les habituels remplaçants se ruent à l’attaque. Boumsong se laisse emporter par l’euphorie ambiante et délaisse son poste pour porter l’estocade. Las! Il perd la balle et la France le match sur le score cruel de 1-0.
Domenech n’a plus le choix pour le dernier engagement contre l’Afrique du Sud. Il lance la vieille garde, Vieira, qui ne devait pas entrer en jeu avant les quarts afin de la ménager. Malheureusement les joueurs ne prennent pas les bonnes décisions sur le pré. Abidal prend un rouge pour un tacle assassin sur le seul adversaire dangereux, Steven Pienaar, sans même parvenir à blesser son adversaire. Le match tourne alors au mauvais vinaigre. Henry n’attend pas le soutien de son arrière garde pour se jeter vers l’avant. Ses chevauchées coupent l’équipe en deux. Ajoutant à la confusion, Govou, chargé de propager la parole du chef sur le terrain, est complètement Soult et interprète tout à l’envers. Lorsque Vieira se blesse à la 60ème minute de jeu, la panique se lit sur les visages. C’est la débandade, les Français quittent le terrain avant le coup de sifflet final. Lloris se fait fusiller par les tirs ennemis après leur avoir dit “merde“. Raymond propose à Estelle Denis un voyage de noces sur l’Ile Sainte Hélène.
Fachoda, 1898
Le 11 titulaire à Fachoda
Johannesburg, 2 juillet 2010, quart de finale de la coupe du monde. Contre toute attente, la France et l’Angleterre sont sur le pré. Oubliés le barrage contre l’Irlande et les matches de préparation ratés côté français. Au placard les histoires d’adultère et les latéraux en carton côté anglais. Pour la première coupe du monde africaine, les deux sélections imposent leur empire sur la compétition. De manière inattendue, les Bleus sont venus facilement à bout de leur groupe en gagnant tous leurs matches. Ils ont ensuite disposé des Coréens 2 à 0 en huitième. De leur côté, les Anglais ont également fini premiers du groupe C malgré une défaite contre les USA. Mais derrière, ils ont étrillé les Serbes 3-0 en huitième de finale. Les autres grosses équipes ont eu des démarrages plus poussifs, le Portugal et l’Espagne ont même été sortis en huitièmes. Du coup, le coq et le lion font partie des favoris de la compétition. Ah, le temps béni des colonies !
Les deux puissances se retrouvent donc face à face. En début de match, ce sont les Bleus qui ont l’initiative. Emmenés par un Gourcuff qui s’est imposé en un vrai chef d’expédition, les tricolores jouent au pas de course. Se dépensant sans compter, ils finissent par être récompensés : ils sont les premiers à ouvrir le score sur une percée d’Anelka. Mais la perfide Albion n’a pas dit son dernier mot. Comme réveillée par le but français, elle se met enfin en marche et finit par entamer un siège de la surface française. Ils égalisent en toute fin de première période par l’entremise de Rooney, et poursuivent un inlassable siège. La mi-temps ne change rien à la situation. Au retour des vestiaires, on retrouve des Bleus diminués par leurs efforts de la première mi-temps, mais qui refusent de lâcher le morceau à des Anglais ultra-dominateurs.
La situation est complètement bloquée sur le terrain. La délivrance viendra des coulisses. A la 63ème minute du match, Arsène Wenger quitte subrepticement sa cabine de consultant. Comme il n’avait lâché que deux phrases et demi jusque là, son absence n’est pas remarquée. L’Alsacien n’a qu’une idée en tête : dénouer la crise avant qu’il n’y ait trop de dégâts. Il craint surtout pour ses joueurs d’Arsenal engagés dans la bataille. Bakary Sagna n’en peut plus de contenir les assauts de Wright-Philips et William Gallas se déchire en six pour pouvoir tenir la maison bleue. Alors Arsène, ce bon vieil anglophile, va retrouver un membre du staff britannique en vestiaires et lui tient à peu près ce langage : “100 000 livres et je vous fais coucher la France. Ah, et vous vous arrangez pour que Rooney signe à Arsenal la saison prochaine”. Banco pour les Anglais. Arsène part alors en goguette vers le banc de touche français et fait passer discrètement une boulette de papier à Nasri, qui lui même la confie à Raymond la science. Qui sort les deux joueurs d’Arsenal dans la minute qui suit pour faire rentrer Boumsong et Abidal…
Même si l’héroïsme est du côté français, les Anglais marquent deux buts un peu raccro par l’entremise de Crouch et se qualifient en demi-finale. En terre sud-africaine, ils y retrouvent les Pays-Bas pour un revival sympa de la guerre des Boers. L’histoire ne dit pas si Frank et Ronald étaient en tribunes.
Juin 1940
Trous béants dans la défense française
Cela fait quelques années que la France bétonne derrière sa nouvelle ligne Maginot, la barrière Toul’Diarra. De braves iconoclastes (Lizarazu, Riolo, Ménes) s’excitent pour que ce gauchiste de Domenech mette en place des brigades légères, plus mobiles et créatives. Le fameux milieu relayeur – type Benoît Cheyrou. Mais faut pas déconner, une Coupe du monde se gagne sur les fondamentaux. La campagne sud-africaine débute par une expérimentation étrange lors des trois matchs amicaux (Costa Rica, Tunisie, Chine): trois milieux défensifs, planqués dans leur camp: A. Diarra, L. Diarra, et J. Toulalan, suppléés au besoin par les seniors C. Makelele et O. Echouafni.
La France, trop confiante, se réveille avec une sale gueule de bois le 12 juin au matin. La veille, la “percée du Cap” a fait très mal. La Blitzkrieg uruguayenne, redoutable d’efficacité, laisse exsangue l’effectif tricolore. Diego Perez, le boucher de Montevideo, finit les restes de Gourcuff et Henry. Hugo Lloris, hat-trické par Diego Forlan, décide de rejoindre son papi et sa mamie en vacances dans le sud de la France. Le 17 juin, la première période de Mexique-France laisse augurer d’un possible redressement tricolore. Un petit inconnu, Kévin Gameiro, fait des misères à l’arrière garde mal protégée des verts. Mais guère réalistes, les Bleus doivent se contenter du match nul.
La campagne se termine sur un fiasco. Les jambes tricolores ne répondent plus face aux raids éclairs des bafanas-bafanas, qui font le siège des buts de Mandanda. Sur le terrain sablonneux de Bloemfontein, c’est une boucherie. Escudé, Sagna et Gallas se claquent et doivent sortir au cours de la première période. Les ogives pleuvent dans la surface de réparation bleue. Boumsong décide de capituler et saisit le ballon de la main pour se faire expulser. Le match est interrompu à la 60e minute, faute de combattants sur le pré.
Raymond Domenech se réfugie au Maroc, mais il est exfiltré quelques semaines plus tard par un commando de la FFF. La fédé, désormais installée dans l’Allier et dirigée par un ancien ministre de l’identité nationale, le juge coupable de haute-trahison et le condamne à écrire les discours du nouveau DTN, Sébastien Frey.
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Quentin Girard, Olivier Monod, Lilian Murati et Sydney Maréval
hi hi hi
Quelle confiance en nos bleus!!! Il y a un paramêtre que beaucoup de journalistes sportifs (dont je ne vous ferez pas l’offense de dire que vous faites partie tant la chatoyance et l’originalité de vos articles éclairent les nuits noires de nos terrains verts) oublient ou omettent de dire tant cela pourrait choquer le supporter de base: le mental.
Un match amical entre potes (ils se connaissent tous avec la LDC) entre deux matchs pour la course au titre et les 1/4 de la LDC, franchement je comprends qu’ils se mettent pas “the balls on the field” pour gagner!
Une fois la victoire aquise, il est souvent dur d’avoir l’inévitable supplément d’âme nécéssaire pour aligner une seconde victoire dans une grande compét. Les francais ont eu 98 avec de la chance, 00 parce qu’ils le valaient bien et se sont écroulés par la suite (alors qu’en 2002 on avait les meilleurs buteurs de trois championnat différents!!!) car même s’ils en avaient envie c’était pas assez. Pareil pour les brésiliens qui gagnent quand ils en ont vraiment envie (1 coupe sur 3).Fatigue mentale du winner! Et fatigue mentale du foot (qui n’est qu’un sport faut-il se le rappeler, hein? ) Oui madame, oui monsieur! A presque 30 ans, après 15ans de foot tous les jours on en a un peu marre et cela devient un boulot comme les autres et le Thierry Henry qui à 20 ans pouvait casser la jambe d’un partenaire pour pouvoir jouer à laissé la place à un Thierry Henry tranquilou qui se sortira les doigts (pardon my french) quand il faudra comme le reste de l’équipe (cf 2006 vs Togo, et 2008 qui fut compliqué dès l’entame). Là, le groupe sud africain est parfait pour une montée en puissance, et ensuite… Haaaaaa chaudes soirées d’étés! Le suspense! La surprise! La joie simple d’un csc d’Escudé (joke) Le foot quoi! LE JEU.
Bien à vous
Tomso
Merci pour la bière
Comment réviser son Histoire de France grâce à Raymond.
Excellent article.
Excellent article, aussi drôle qu’original. Le féru d’histoire que je suis doublé de l’amateur de football a ri aux éclats en vous lisant.
N’empêche qu’avec cette équipe de bras cassés, notre séjour estival en Afrique du Sud ne devrait guère être plus glorieux que notre excursion en Corée du Sud en 2002.
Bref, préparons nous à une Bérézina !
[…] que c’est la France, bordel! S’il y a bien un trait commun aux tricolores, à part les grands gadins historiques, c’est cette capacité à se surpasser dans l’adversité, à réaliser des exploits […]